Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Pascal Mercier [Suisse]

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coline
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MessageSujet: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyLun 12 Mar 2007 - 15:05

Pascal Mercier [Suisse] Mercie10

Pascal Mercier est le nom de plume de Peter Bieri.
Né en 1944 à Berne, il vit aujourd’hui à Berlin où il enseigne la philosophie. Il est un philosophe réputé en Allemagne.


Bibliographie

Citation :
Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)

Romans (sous le nom de plume de Pascal Mercier)

1995, Perlmanns Schweigen, page 2,
2008 Train de nuit pour Lisbonne, 10/18, pages 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9,
2010 L'Accordeur de pianos, 10/18, pages 2, 4, 5, 8,
2011, Lea, 10/18, pages 2, 9,

Citation :
Mise à jour le 24/07/2011, page 9


Dernière édition par kenavo le Lun 31 Déc 2012 - 9:24, édité 3 fois (Raison : Ajout d'un index.)
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyLun 12 Mar 2007 - 16:11

Train de nuit pour Lisbonne

Je n’ai pas encore terminé ce roman mais j’ai hâte d’en parler…
Alors je vais évoquer le début. Parce que dès le début, j’ai été happée par ce livre. Je pourrais être moi-même, comme le héros, subjuguée par les sonorités d’une langue.

Raimund Gregorius a 57 ans. C’est un professeur suisse, érudit en grec, latin et hébreu. Il enseigne ces langues anciennes dans un lycée de Berne. Son érudition force l’admiration de ses confrères et de ses élèves. Certains l’appellent le Papyrus, d’autres Mundus.

Un matin, tandis qu’il se rend à ses cours, il fait la rencontre, sur un pont, d’une femme qu’il sauve du suicide. Elle le suit jusqu’à son lycée.

« Quelle est votre langue maternelle ? » avait-il demandé.
« Português », avait-elle répondu.
Le o, que de façon surprenante elle prononçait comme un ou, la claire intonation montante et étrangement étouffée du ê et le doux ch final, se fondirent en une mélodie qui résonna beaucoup plus longuement que dans la réalité et qu’il aurait voulu entendre tout le long du jour.
»

Après s’être installée un moment à son cours, la femme s’éclipse et lui, peu après, quitte son lycée sachant qu’il ne va plus jamais y revenir.

Dans une librairie spécialisée, il tombe sur un livre écrit en portugais par un auteur inconnu, Amadeu Inacio Almeida Prado. Le livre date de 1975 et s’intitule Um ourives das palavras.

« Le libraire était arrivé, il jeta un coup d’œil sur le livre et lut le titre à voix haute. Gregorius n’entendit qu’un flot de sons chuintants ; les mots avalés, à peine audibles, lui semblaient n’être là que comme prétexte à répéter le ch qui bruissait à leur fin.
« Parlez-vous portugais ? »
Gregorius secoua la tête.
« Cela veut dire Un orfèvre des mots. N’est-ce pas un joli titre ?
- Calme et élégant. Comme de l’argent mat. Voudriez-vous le dire encore une fois en portugais ? »
Le libraire répéta le titre. Au-delà des mots eux-mêmes, on pouvait entendre qu’il savourait leur sonorité veloutée. Gregorius ouvrit le livre et tourna les pages jusqu’au début du texte. Il le tendit à l’homme qui lui lança un coup d’œil étonné et satisfait et commença à lire. En écoutant, Gregorius ferma les yeux. Au bout de quelques phrases, l’homme s’arrêta.
» Faut-il que je traduise ? »
Gregorius fit un signe de tête affirmatif. Et alors il entendit des phrases qui provoquèrent en lui un effet étourdissant, car elles sonnaient comme si elles avaient été écrites pour lui seul, et non seulement pour lui, mais pour lui en ce matin-là où tout avait changé.
»

Et le libraire donne le livre à Gregorius.
Alors le spécialiste des langues anciennes se met aussitôt au portugais. Il sait d’emblée traduire les textes de Prado. Dans la nuit, il va prendre le train pour Lisbonne afin d’aller à la rencontre de cet auteur…
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyMer 14 Mar 2007 - 12:28

Je viens d'achever la lecture de Train de nuit pour Lisbonne...et oui, comme je le supposais dès les premières pages, j'ai envie de "crier au chef-d'oeuvre"!

Presque cinq cents pages dans la lecture desquelles jamais ne s'insinue l'ennui...
C'est toujours à regret que j'ai posé le livre...Et c'est avec regret...et nostalgie déjà que je le referme...
Mais je sais que je ne suis pas près de le ranger sur les rayons de la bibliothèque...Il est si riche que je vais avoir besoin de m'y replonger...

Riche de la pensée de cet auteur portugais imaginaire, Prado, qu'a inventé Pascal Mercier.
Cette pensée qui s'écrit peu à peu, tout au long du livre en lettres italiques...
Cette pensée que traduit Gregorius, le professeur de Berne, parti un matin, comme ça, brusquement sur les traces de Prado, par un train de nuit pour Lisbonne...

Tout l'intérêt du roman (beaucoup plus qu'un roman!) c'est de faire qu'avec Gregorius, on n'a de cesse de découvrir qui fut Prado ..A la fois à travers ses écrits publiés par sa soeur dans le livre Um ourives das palavras (Un orfèvredes mots) et aussi par la rencontre de tous ceux qui ont connu Prado, sa famille, ses amis, et aussi les résistants comme lui à la dictature de Salazar...

C'est un roman à la fois passionnant (on est tenu en haleine du début à la fin!), intelligent, profondément intelligent... et bouleversant...
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyMer 14 Mar 2007 - 12:33

Je vous livre quelques passages d'Um ourives das palavras (Un orfèvre des mots): le livre de Prado inventé à l'intérieur du livre de Pascal Mercier...
(Prenez le temps de les lire à un moment où vous saurez que vous avez la disponiblité pour le faire...)

« S'il est vrai que nous ne pouvons vivre qu'une seule partie de ce qui est en nous, qu'advient-il du reste ?»

« Etait-il possible que le meilleur chemin pour s’assurer de soi-même passât par la connaissance et la compréhension d’un autre ? »

- Y a-t-il une différence entre le vrai et le faux ? Ou les prétendus faits vrais sont-ils seulement les ombres trompeuses de nos histoires ?

- Toute activité humaine n’est-elle que l’expression hautement imparfaite et même ridiculement maladroite d’une vie intérieure cachée, à la profondeur insoupçonnée ?

- Je tremble à la seule idée de la violence involontaire et inconnue, avec laquelle des parents laissent en leurs enfants des traces qui ne s’effaceront jamais. J’ai vaguement entrevu qu’il y a en moi un texte fort qui a régné sur tout ce que j’ai senti et fait jusqu’à présent, un texte caché et incandescent. Depuis ma petite enfance, j’ai lu ce texte dans votre regard, père.[…] Un père qui ratait la plupart du temps ses sourires.

- Dire quelque chose à un autre : comment peut-on attendre que cela produise un effet ? Le torrent de pensées, images et sentiments qui coulent en nous à tout moment, il a une telle force, ce torrent déferlant, que ce serait un miracle s’il n’emportait pas pour les livrer à l’oubli toutes les paroles qu’un autre nous dit, sauf si par hasard, tout à fait par hasard, elles s’adaptent à nos propres paroles.

- La peur de la solitude. En quoi consistait la solitude ? La solitude n’a donc pas simplement à voir avec la présence des autres. Est-il vrai que tous nos actes sont en partie déterminés par notre peur de la solitude ? Est-ce pour cela que nous renonçons à toutes les choses que nous regrettons à la fin de notre vie ? Est-ce pour cette raison que nous disons si rarement ce que nous pensons ? Pourquoi, sinon, tenons-nous à tous ces mariages désunis, à ces amitiés mensongères, à ces ennuyeux repas d’anniversaires ? Qu’est-ce qui arriverait si nous renoncions à tout cela, si nous mettions fin à ce chantage insidieux et décidions de nous assumer ? Si nous laissions jaillir comme une fontaine tous nos désirs réduits en esclavage et la fureur que nous causent leurs servitudes ? Car cette solitude redoutée, en quoi consiste-t-elle réellement ? Dans le silence des reproches qui nous sont désormais épargnés ? Dans la nécessité abolie de marcher à pas feutrés sur le champ de mines des mensonges conjugaux et des demi-vérités amicales ? Déplorons nous la liberté de nous asseoir, à table, en face de personne ? Ne voilà-t-il pas des choses merveilleuses ? Un état paradisiaque, Pourquoi alors en avoir peur ? Est-ce à la fin une peur qui n’existe que parce que nous n’avons pas réfléchi à son objet ?

-Le paysage intérieur est déployé dans l’espace et dans le temps.
Ne vous laissez pas tromper par ce que nous appelons, avec une superficialité ridicule, le présent. Je suis médecin, mais je suis quand même encore ce garçon anxieux sur les marches de l’école. Et nous ne sommes pas déployés seulement dans le temps. Dans l’espace aussi, nous nous étirons loin au-delà de ce qui est visible. Nous laissons quelque-chose de nous quand nous quittons un lieu, nous y restons bien que nous en partions.
Nous commettons une faute, un acte absurde de violence, quand nous nous concentrons sur l’ici et le maintenant, dans la conviction de saisir ainsi l’essentiel. L’important serait de se mouvoir dans le paysage intérieur que nous sommes, déployé dans le temps et dans l’espace.

- La position intellectuelle est la modestie.

- Celui qui voudrait vraiment savoir qui il est, devrait être un infatigable et fantastique collectionneur de désillusion.
La désillusion est « un baume frais, apaisant, qui nous ouvre les yeux sur les vrais contours de nous-mêmes.
La déception est un fil conducteur qui mène jusqu’à soi-même.

- Ainsi pourrait-on décrire la peur de la mort comme la peur de ne pas pouvoir devenir celui que l’on s’est donné pour but.
Les outils de sa propre réalisation sont alors l’imagination, la littérature et la poésie des mots.
L’imagination, c’est notre ultime sanctuaire.
Que savons-nous de quelqu’un quand nous ignorons tout des visions que sa force imaginative lui présente ?

-Il y avait ceux qui lisaient et il y avait les autres. On remarquait vite si quelqu’un était un lecteur ou non. Il n’y avait pas de plus grande différence entre les hommes.

-Il y a des choses qui sont trop grandes pour nous humains : douleurs, solitude et mort, mais aussi beauté, noblesse et bonheur. Pour cela nous avons crée la religion. Qu’arrive-t-il quand nous la perdons ? Ces choses sont alors toujours trop grandes pour nous. Ce qui nous reste, c’est la poésie de la vie individuelle. On ne s’enthousiasme pas pour la poésie. On la lit. On la lit avec la langue. On vit avec elle. On ne parle pas d’elle et on en fait moins encore la chair à canon d’une carrière académique.

- Penser est la deuxième plus belle chose du monde. La plus belle est la poésie. S’il existait une pensée poétique et une poésie pensante, ce serait la paradis.
La poésie l’emporte sur tout. Elle annule toutes les règles.

-Au commencement le Verbe était et le verbe était avec Dieu. Le verbe, le mot est la lumière de l’homme. Les choses n’existent vraiment que lorsqu’elles sont saisies avec les mots. Et les mots doivent avoir un rythme, comme par exemple en ont les paroles de Saint Jean. C’est seulement quand ils sont poésie qu’ils projettent réellement de la lumière. Dans la lumière changeante des mots, les mêmes choses peuvent avoir des apparences très différentes.
-Je ne voudrais pas vivre dans un monde sans cathédrale. J’ai besoin de leur beauté et de leur noblesse. J’ai besoin d’elles contre le caractère ordinaire du monde.
J’ai besoin de leur silence impérieux. Je veux entendre la voix murmurante des orgues, cette inondation de sons supraterrestres. J’ai besoin d’elles.
J’aime les hommes priants, j’ai besoin de leur vue. J’ai besoin d’eux contre le poison sournois de la superficialité et de l’absence de pensée.
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyJeu 21 Juin 2007 - 1:34

ESTOU A VIVER EM MIM PROPRIO COMO NUM COMBIO A ANDAR
J'HABITE EN MOI COMME DANS UN TRAIN QUI ROULE

Je ne suis pas monté volontairement, je n'avais pas le choix et j'ignore le lieu de destination. Un jour du lointain passé je me suis réveillé dans mon compartiment et j'ai senti que je roulais.C'était excitant, je guettais la trépidation des roues, j'explosais ma tête au vent de la course et je savourais la vitesse avec laquelle les choses passaient devant moi. Je souhaitais que le train n'interrompît jamais son voyage. En aucun cas, je ne voudrais qu'il s'arrêtât quelque part pour toujours.
Ce fut à Coimbra, sur le banc dur de l'amphithéâtre, que j'en ai pris conscience: je ne veux pas descendre du train.......



Il y a des livres dont on n'a pas envie de sortir, c'en est un, il y a des livres que l'on a envie de donner à tout le monde, c'en est un également.
Coline en a déjà longuement parlé, je ne vais pas raconter l'histoire.
C'est l'histoire d'un voyage qui aurait pu se faire en Perse . Qui se fait au Portugal à une autre époque. Mais cela importe peu, ce voyage n'est qu'un prétexte. Car il n'est pas tant géographique qu'intérieur, pour le merveilleux héros de ce livre.
C'est une profonde réflexion sur l'identité , ce qui la forge, ce qui est susceptible de la modifier, de la transformer , et ce qui ne peut pas l'être.

Je n'ai malheureusement pas le talent d'écriture qu'il faudrait pour pouvoir parler d'un tel livre, alors je préfère vous redire de rejoindre très vite Gregorius , Prado et tous les personnages de ce roman.

Nos vies, ce sont des formations fugitives de sable mouvant, nées d'un coup de vent, détruites par le prochain. Des formations de fugacité, qui sont emportées par le vent avant même de s'être vraiment formées...
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyJeu 21 Juin 2007 - 10:30

coline a écrit:
Presque cinq cents pages dans la lecture desquelles jamais ne s'insinue l'ennui...
C'est à regret que j'ai posé le livre...Et c'est avec regret...et nostalgie déjà que je le referme...
Mais je sais que je ne suis pas près de le ranger sur les rayons de la bibliothèque...Il est si riche que je vais avoir besoin de m'y replonger...


Aujourd'hui Marie écrit:
"Il y a des livres dont on n'a pas envie de sortir, c'en est un, il y a des livres que l'on a envie de donner à tout le monde, c'en est un également."

Saurons-nous vous convaincre de ne pas passer à côté?Wink
Les libraires l'ont repéré aussi puisqu'il fait partie de la liste de L'été des Libraires.
Il a été un peu question de ce livre dans les medias lors de sa sortie . Pas suffisamment il me semble en regard de toutes ses qualités.
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyVen 22 Juin 2007 - 2:17

Citation :
Saurons-nous vous convaincre de ne pas passer à côté?
C'est vrai que c'est là que je regrette qu'il me manque les mots justes pour parler d'un livre , dont la langue et les mots ( pour se dire le plus honnêtement possible, et pour tenter de communiquer) sont aussi un thème majeur....

Dans la série des livres que j'aimerais bien "passer" , il y a également "Le temps où nous chantions" de Richard Powers, dont j'avais eu du mal à sortir également.
Bien sûr, Coline, c'est un pavé, américain, mais je crois que tu devrais essayer.....
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyVen 22 Juin 2007 - 11:14

Marie a écrit:

Dans la série des livres que j'aimerais bien "passer" , il y a également "Le temps où nous chantions" de Richard Powers, dont j'avais eu du mal à sortir également.
Bien sûr, Coline, c'est un pavé, américain, mais je crois que tu devrais essayer.....

Je viens de noter, Marie, dans mon petit carnet moleskine...Wink
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyJeu 5 Juil 2007 - 1:36

Marie nous dit :
« C'est une profonde réflexion sur l'identité, ce qui la forge, ce qui est susceptible de la modifier, de la transformer, et ce qui ne peut pas l'être ».
Mais à la naissance de cette réflexion, ou méditation, il a fallu un matin. Un matin de vent et de pluie où l’homme s’arrête pour observer une inconnue qui se penche au-dessus du parapet.
Je ne suis pas sûre que ce soit sa voix, son accent à elle, qui le tiennent tout d’abord en alerte.
Tandis qu’il va à sa rencontre elle n’a pas encore prononcé un mot. Elle a seulement froissé pour la jeter la lettre qu’elle tenait.
- Chaque matin il traverse le pont comme une ligne droite tracée sur un fil immuable. Le fil qu’il a tissé pour son existence sans surprise. Tissu d’une vie dédiée au mot, au verbe, mais que revêt un regard chargé sous des verres trop épais pour y voir.

- Comme il y a des lectures dans lesquelles on a du mal à entrer, il doit y avoir aussi des matins qui se succèdent dans une forme d’aveuglement et qui repoussent le moment de la rencontre (avec soi, avec l’autre).
Pourquoi soudain le moment vient pour nous d’entrer en lecture ? Pourquoi Gregorius accélère sa marche en l'apercevant ce matin-là sur le pont de Kirchenfeld ?
L’identité :
- Gregorius entretient des relations singulières avec ses ophtalmologues, ophtalmologistes et opticiens : à Berne ou à Lisbonne. Leur spécialité : donner à voir. Un nombre de dioptries s’écartant de l’ordinaire le désarçonne. Un jour, il découvre que ses corrections peuvent être faites dans un matériau plus léger et ses verres enchâssés dans une monture aussi plus légère.
O interirior de exterior do interior : Amadeu de Prado voit son reflet dans la vitrine devant laquelle il s’arrête : « cela m’ennuyait de me faire obstacle ».
Découvrir son reflet. Réaliser que ce que l’on pensait savoir de soi n’a plus de sens. Et comment l’autre appréhende ce que l’on est véritablement.
« Est-ce que les autres aussi ne se reconnaissent pas dans leur aspect extérieur ? Leur reflet leur apparaît-il comme un écors grossièrement déformé ? Remarquent-ils avec terreur un abîme entre la perception que les autres ont d’eux, et la manière dont ils se vivent eux-mêmes ? »
Grégorius, en échos au texte d’Amadeu, tente de se regarder lui aussi tel un étranger qu’il croise pour la première fois.
Dans le train en arrêt à la gare de Valladolid, Silveira lui avait dit : « Le problème, c’est que nous n’avons pas de vue d’ensemble de notre vie. Ni en avant ni en arrière… ».
Pourtant, donc, un matin, cette vue d'ensemble. D'un seul coup, voir.
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyJeu 5 Juil 2007 - 1:44

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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyJeu 5 Juil 2007 - 1:52

Citation :
D'un seul coup, voir.
Oui,et enfin ouvrir les yeux....C'est si difficile d'ouvrir les yeux pour de bon!
Tu as raison de noter l'importance des rapports de Gregorius avec les ophtalmologistes, et avec ses lunettes! Les nouvelles lunettes lui ouvrent tout un monde, et quelquefois il préfère ne pas le voir et remet ses anciennes lunettes, plus rassurantes.
Voir ce que l'on est. Prado cherche à le voir dans les mots qu'il écrit. Gregorius cherche sa propre identité dans les mots et l'histoire d'un autre.
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyJeu 5 Juil 2007 - 14:58

"Sur la Place Bubenberg, il s'arrêta et laissa errer son regard. C'était là qu'il avait passé toute sa vie, là, il connaissait tout, là il était chez lui. Pour un homme aussi myope, c'était important. Pour un homme tel que lui, la ville qu'il habitait était une coquille, une caverne confortable, un bâtiment sûr. Tout le reste signifiait du danger. Seul quelqu'un qui portait comme lui d'épaisses lunettes pouvait comprendre cela."

De cette Place Bubenberg, il connaît tout...Elle le rassure...C'est une "coquille", une "caverne"...
Il est myope, ce qu'il y a au-delà de son milieu et de sa vie, il le voit mal et le redoute...
Mais qui serait heureux au final d'avoir passé toute sa vie dans un abri, une "coquille", une "caverne"?...
L'appel à en sortir se fait par l'intermédiaire d'une étrangère puis d'un auteur étranger ...qui lui est aussi étranger car il n'en a jamais entendu parler: Prado n'entre pas dans le vaste domaine de ses connaissances, de sa culture...
Cet appel est si fort que Gregorius va surmonter et dépasser son handicap de regard, physique et psychologique, il va s'ouvrir à ce qui n'est pas son univers ...mais surtout, confronté à des situations nouvelles et aux mots de Prado, il va se découvrir lui-même...
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyMar 14 Aoû 2007 - 22:56

Je me suis inscrit à Parfum de livres uniquement à cause de ce "Train de nuit pour Lisbonne". J'ai été tellement subjugué par ce livre qu'il me fallait savoir s'il existait d'autres adeptes. Ce que je lis des commentaires de Coline, de Marie ou de Babelle me conforte dans mon enthousiasme. Voilà des lectrices de qualité. Mais où sont les lecteurs? Je n'ai pas retrouvé la citation, mais je pense que Gregorius fait un commentaire sur la qualité des lecteurs et lectrices. Quel personnage attachant que ce Gregortius, presque d'un autre temps. A la limite, on le dira même conservateur, mais conservateur des valeurs essentielles. En tous les cas, pas de grossièretés dans ce livre, pas de sexe vulgaire, mais rien que des questions essentielles. On pourrait écrire un livre entier sur le livre, tant les interpellations sont nombreuses et prégnantes. Faut-il dès lors renoncer à toute critique? Il me reste des questions. Autant Amadeus de Prado se découvre, autant Gregorius demeure dans une certaine réserve. Sa relation difficile avec sa femme l'interroge peu. Et la citation de Marc-Aurèle "Mais quand on est pas attentif aux émotions de sa propre âme, on est nécessairement malheureux" qui est un des thèmes du récit. Que faut-il en conclure? Je la comprends mal. Je ne crois pas être un adepte excessif du stoïcisme, l'affect, l'émotionnel me paraissent trop essentiels. Gregorius surmontera-t-il sa froideur intrinsèque? Quoi qu'il en soit, quel livre extraordinaire! J'en suis à ma quatrième lecture et je pense qu'il y en aura encore beaucoup d'autres. Je n'ai connu cette enchantement qu'auprès du Grand Meaulnes, au temps lointain de mon adolescence, et à la lecture de 'Au-desous le Volcan" de Malcom Lowry, avec le très pahétique consul Geoffrey Firmin. Mais où demeure donc la bonne littérature française de qualité?
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyMer 15 Aoû 2007 - 9:23

Bonjour Huwart! J'espère que vous allez rester , parce qu'il nous sera agréable de vous lire. Parler de Train de nuit pour Lisbonne, mais aussi de vos autres lectures, quelqu'un qui relit quatre fois ce livre me réjouit! Par exemple, vous pourriez nous parler du fameux Au dessous du volcan? Que je n'ai pas lu, vous pourriez m'en convaincre?
Citation :
Mais où sont les lecteurs?
Ils arrivent, Huwart, plus nous parlons de ce livre, plus il y en aura. Déjà, ce livre fait l'objet d'un échange, il va tourner et toucher, je l'espère, le plus de monde possible.
Je reste brève, il est tard chez moi, mais je reviendrai demain, je ne le trouve pas froid, Gregorius.
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MessageSujet: Re: Pascal Mercier [Suisse]   Pascal Mercier [Suisse] EmptyMer 15 Aoû 2007 - 9:48

Bonjour Huwart, bienvenue dans ce train de nuit... J'espère lire encore vos impressions sur ce roman, détails, remarques, questionnements ou réponses... Ce n'est pas souvent que l'on a le désir de revenir ainsi quatre fois sur une même lecture...
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