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| | Cesare Pavese [Italie] | |
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Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Cesare Pavese [Italie] Mar 19 Fév 2008 - 23:28 | |
| "Attendre est encore une occupation. C'est ne plus attendre qui est terrible". Cesare PAVESE Cesare Pavese est né en 1908 à San Stefano Belbo et mort en 1950 à Turin. Pavese s'est suicidé en 195O, mais on peut dire que la mort et le suicide ont été des obsessions constantes chez lui. Il a aimé les femmes qui ne le lui ont pas rendu. Peut etre la solitude était elle trop apparente chez lui. Et aussi ses blessures, sa mélancolie... Comme d'autres auteurs de sa génération -Fenoglio, Vittorini-, Pavese s'est intéressé toute sa vie à la littérature américaine, et il a meme traduit plusieurs auteurs, de Melville à Faulkner. Arrété pour antifascisme en 1933 par le pouvoir fasciste, il est exilé en Calabre pendant 8 mois. Exil qu'il supporte beaucoup moins bien qu'un écrivain comme Carlo Levi, qui profita de son séjour forcé pour écrire un beau livre : Le Christ s'est arrété à Eboli... Pavese se suicide en 195O après une liaison malheureuse avec une actrice américaine. Il me semble inutile d'épiloguer sur le suicide de Pavese -ou de qui que ce soit. Peut etre n'aimait il pas assez la vie. Peut etre aimait il trop les les femmes et trop mal. Peut etre n'y avait il pas de vrai chemin pour lui. En tout cas, à le lire, et à lire surtout son autobiographie : Le métier de vivre, on a presque l'impression douloureuse que le suicide était programmé chez lui depuis très longtemps et que la mort n'était que le doute menant à la certitude... La seule... Pavese a écrit des romans et deux recueils de poèmes. Bibliographie - Citation :
- Index: (cliquez sur les numéros de page pour y accéder directement)
1929 La Trilogie des Machines (1929) recueil de trois essais futuristes, 1936 Travailler fatigue, 1942 La plage, 1946 Feria d'agosto, 1947 Dialogues avec Leuco, 1947 Le camarade, 1949 Avant que le coq chante, recueil de trois récits : Par chez nous, La prison et La maison sur les collines, Page 11949 Le bel été, Page 11950 La Lune et les feux, Page 31952 Nuit de fête ou Notte di festa, posthume, 1952 Le Métier de vivre, posthume, Page 11965 Le Bel été. Le Diable sur les collines. Entre femmes seules, Page 32003 Terre d’exil et autres nouvelles, Page 22010 Histoire secrète, Trois nouvelles extraites de Vacances d'août (disponibles dans le Quarto), Folio, Page 2 - Citation :
- mise à jour le 29/01/13, page 3
Dernière édition par Portouverte le Mer 20 Fév 2008 - 0:24, édité 1 fois | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Cesare Pavese Mar 19 Fév 2008 - 23:48 | |
| Je n'ai pas relu les romans ou nouvelles de Pavese, mais seulement quelques poèmes de La mort viendra et elle aura tes yeux... C'est donc un poème de ce recueil que je vous cite : "La mort viendra et elle aura tes yeux cette mort qui est notre compagne du matin jusqu'au soir, sans sommeil, sourde comme un vieux remords ou un vice absurde. Tes yeux seront une vaine parole, un cri réprimé, un silence. Ainsi les vois tu le matin quand sur toi seule tu te penches au miroir. O chère espérance, ce jour-là nous saurons nous aussi que tu es la vie et que tu es le néant. La mort a pour tous un regard. La mort viendra et elle aura tes yeux. Ce sera comme un vice, comme voir resurgir au miroir un visage défunt comme écouter des lèvres closes. Nous descendrons dans le gouffre muets." | |
| | | K Main aguerrie
Messages : 352 Inscription le : 30/11/2007 Age : 51 Localisation : Belgique
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Mer 27 Fév 2008 - 16:25 | |
| Le métier de vivre est le journal intime que Pavese commence à rédiger en 1935, alors qu'il se trouve en résidence surveillée pour ses idées antifascistes, et se terminera en 1950, peu de temps avant son suicide. Je ne connaissais quasiment rien de cet écrivain et n'avais rien lu de lui. En fait, c'est le titre qui m'avait interpellé et qui résume bien le contenu de ce journal. Car vivre, effectivement, ne va pas de soi comme on pourrait le croire et certains - tel Pavese - n'y arrivent jamais vraiment. Reste alors l'écriture comme remède possible mais cette sublimation à travers l'écriture a ses limites et Cesare Pavese en fera l'expérience comme tant d'autres.
Ce journal intime est un des plus émouvant que je connaisse. L'auteur y fait preuve d'une honnêteté exemplaire grâce à la rigueur avec laquelle il objectivise son moi (sa prose n'a rien de geignarde) et par l'intelligence de ses observations sur l'art d'écrire. Tels sont les deux parties autour desquelles s'articulent l'ouvrage, entre le constat lucide de l'échec d'une vie privée - et surtout affective - et une analyse inspirée de son métier d'écrivain et de la littérature en général. Pavese revient sur ses tourments amoureux, sa solitude, ses erreurs, avec un stoïcisme non dépourvu pourtant d'une sorte de masochisme que l'écrivain avoue lui-même. Et sur tout cela plane l'idée omniprésente du suicide, jusqu'aux dernières pages : "La grande, la terrible vérité, c'est celle-ci : souffrir ne sert à rien" et, à la dernière page, "Tout cela me dégoûte. Pas de paroles. Un geste. Je n'écrirais plus". Et contrairement à d'autres écrivains qui passe leur vie entière a disserter sur le suicide (et meurent de vieillesse !), Pavese, lui, a été jusqu'au bout de ses idées (et de sa douleur).
Quelques extraits :
La littérature :
Ce qui sert le plus à la poésie, à la "littérature" de quelqu'un qui écrit, c'est cette partie de sa vie qui, quand il la vivait, lui semblait le plus loin de la littérature. Des journées, des habitudes, des événements qui non seulement parurent une perte de temps, mais un vice, un péché, un gouffre. Là, la vie de cet homme s'enrichit.
L'amour :
On ne se tue pas par amour pour une femme. On se tue parce qu'un amour, n'importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant.
L'horreur de la répétition :
L'unique joie au monde c'est de commencer. Il est beau de vivre parce que vivre, c'est commencer toujours à chaque instant. Quand ce sentiment fait défaut - prison, maladie, habitude, stupidité - on voudrait mourir. C'est pour cela que lorsqu'une situation douloureuse se reproduit identique, qu'elle apparaît identique, rien n'en vainc l'horreur. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Mer 27 Fév 2008 - 17:24 | |
| - K a écrit:
- Le métier de vivre est le journal intime que Pavese
L'amour :
On ne se tue pas par amour pour une femme. On se tue parce qu'un amour, n'importe quel amour, nous révèle dans notre nudité, dans notre misère, dans notre état désarmé, dans notre néant.
L'horreur de la répétition :
L'unique joie au monde c'est de commencer. Il est beau de vivre parce que vivre, c'est commencer toujours à chaque instant. Quand ce sentiment fait défaut - prison, maladie, habitude, stupidité - on voudrait mourir. C'est pour cela que lorsqu'une situation douloureuse se reproduit identique, qu'elle apparaît identique, rien n'en vainc l'horreur. Superbes citations qui donnent envie dedécouvrir le livre...Merci K! | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Cesare Pavese Mer 27 Fév 2008 - 19:22 | |
| A lire Le métier de vivre, on se rend compte que c'est un texte maitrisé, très littéraire et plein de retenue. Un peu comme le Journal de Kafka. Je me suis souvent dit que ce livre-là était une sorte de testament littéraire. Une sorte de plaidoyer posthume pour lui-meme : Le métier de vivre n'a pas été publié du vivant de Pavese, mais il avait certainement conscience de sa valeur. Il écrit dans une lettre : "On dit que Fitzgerald buvait beaucoup et qu'il est mort presque fou. On voit que c'est le destin de finir comme ça quand on a au dedans de soi quelque chose à dire." J'ai pensé aussi que si ce journal n'avait pas aidé à vivre Pavese, il l'a peut etre aidé à mourir... | |
| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Mer 7 Jan 2009 - 16:04 | |
| - Citation :
- Un soir nous marchons le long d'une colline, en silence. Dans l'ombre du crépuscule qui s'achève, mon cousin est un géant habillé tout de blanc, qui marche d'un pas calme, le visage bronzé, taciturne. Le silence c'est là notre force. Un de nos ancêtres a dû être biens seul - un grand homme entouré d'imbéciles pour enseigner aux siens un silence si grand. - Cesare Pavese
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| | | Madame B. Zen littéraire
Messages : 5352 Inscription le : 17/07/2008 Age : 50
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Mer 7 Jan 2009 - 16:38 | |
| Je n'ai plus que quelques souvenirs des oeuvres de Pavese mais je trouve toujours magnifique son poème cité ici "La mort viendra et elle aura tes yeux". Le temps n'altère pas sa beauté. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Mer 11 Fév 2009 - 21:50 | |
| Avant que le coq chante ll s'agit d'un recueil de trois longues nouvelles, dans chacune au centre, un homme qui vit un moment décif de sa vie. Par chez nous : un petit malfrat sort de prison en même temps qu'un paysan, ce dernier le persuade d'aller chez son père pour travailler en tant que mécanicien. Notre héros va vite se rendre compte que celui qu'il prenait pour un pauvre paysan naïf est bien plus retors et dangereux qu'il n'y paraît. La prison : Stefano se retrouve en résidence surveillée dans un village de sud de l'Italie, il y a été comdamné pour des activités politiques, après avoir connu la prison. Il supporte de plus en plus mal la réléguation, et la solitude, n'arrive pas vraiment à comprendre les gens avec qui il est amené à vivre. La maison sur la colline : Corrado, fils de paysan, après de brillantes études est devenu professeur. Nous sommes vers la fin de la deuxième guerre mondiale, Corrado se voit plutôt comme un opposant au fascisme, mais son opposition ne se traduit pas en actes. Il rencontre son ancienne maîtresse Cate, qu'il n'a pas l'impression de regretter, mais elle a changée, a un enfant, Dino, peut être celui de Corrado. Les amis de Cate sont des opposants beaucoup plus actifs que Corrado, certains prennent le maquis, d'autres sont arrêtés, et Cate elle même connaîtra ce sort. Corrado essaie de s'occuper de Dino, mais l'enfant s'enfuie, et Corrado va se réfugier dans sa famille, pendant que la guerre s'intensifie. J'ai beaucoup aimé la troisième nouvelle, La maison sur la colline, Pavese rend magistralement compte des indécisions, de la difficulté de s'engager de choisir, ou de s'attacher de Corrado. Il rend le personnage pathétique, pitoyable et attachant. Il fait un beau portrait de Cate et de Dino, les personnages secondaires existent vraiment autrement que par les yeux du personnage principal, ce qui n'était pas trop le cas dans les deux premières nouvelles. La langue est somptueuse. | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Mer 11 Fév 2009 - 22:49 | |
| J’ai lu à deux reprises ce petit roman suivant, qui m’a fait d’entrée aimer Pavese. Maintenant j’ai encore deux recueils de nouvelles (en allemand) en attente. En ce qui concerne la biographie de Pavese, j’ajoute qu’il avait été lecteur chez Einaudi, grand éditeur italien à Turin. Je pense qu’un certain Primo Levi fréquenta la maison…
Le bel été
Gina, seize ans, découvre la vie et un premier amour dans le milieu de jeunes artistes. Et on l’accompagne dans son innocence du début, oui, même une certaine naïveté, puis une attirance-répulsion pour le milieu de jeunes artistes jusqu’au premier amour vécu avec l’un deux pour lequel elle aussi, elle va s’offrir comme un modèle pour ses études. L’auteur sait à merveille, dans une langue apparemment simple et comme avec des touches de pinceau, faire allusion par exemple aux luttes intérieures de Gina : est-ce qu’elle « doit/veut », presque contre sa nature, s’offrir comme modèle au peintre adoré et aimé ?
J’ai bien aimé ce livre que je recommande vivement aux amateurs des grands auteurs italiens… | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Mer 11 Fév 2009 - 22:56 | |
| - tom léo a écrit:
- J’ai bien aimé ce livre que je recommande vivement aux amateurs des grands auteurs italiens…
tout à fait.. j'ai fait connaissance de cet auteur avec ce livre - et du coup j'ai lu les deux autres qui font partie de son cycle Turiner Romane - romans de Turin?! Et les nouvelles m'attendent aussi | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Sam 17 Oct 2009 - 20:14 | |
| J'adore la collection L'un et l'autre et je viens de voir qu'un nouveau livre est sorti chez eux: Jean-Pierre Ferrini, Le pays de Pavese - Citation :
- Présentation de l'éditeur
Comme j'ai compris dans les collines de San Martino que là quête de mes origines italiennes était illusoire, j'ai compris que la lettre "v" que j'ai extraite du nom de Pavese pour entrer dans son paese ne signifiait pas vita, mais via; que ce n'était ni à Luino, le pays de mon père, ni dans la biographie que j'avais une chance de trouver la route qui mène au pays de Pavese, cette route, libératrice, que Pavese suit dans Le Métier de vivre à la date du 25 avril 1945. Les papillons, les fleurs un jour de printemps, les péta-les des pommiers et des poiriers volent dans l'air. "Faire sa route et rencontrer des merveilles, voici le grand thème - spécialement le tien." | |
| | | Camille19 Main aguerrie
Messages : 484 Inscription le : 24/06/2009 Age : 34
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Dim 18 Oct 2009 - 17:49 | |
| Il attend sagement dans ma PAL | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Dim 9 Mai 2010 - 19:41 | |
| Cesare Pavese n'a pas souffert de désespoir amoureux pour n'importe laquelle des actrices américaines, mais pour la sublime Constance Dowling ... Toi aussi tu es colline Et sentier de rochers Brise dans les roseaux Et tu connais la vigne Qui se tait à la nuit. Tu es sans paroles. Il y a une terre taciturne Et ce n’est pas ta terre Sur arbres et collines. Des eaux et des campagnes. Tu es silence muré Inflexible, tu es lèvres, Sombres yeux. Tu es la vigne. C’est une terre qui attend Et qui est sans paroles. Des journées ont passé Sous des cieux enflammés. Tu as joué aux nuages. C’est une terre mauvaise – Et ton front le sait bien. ça aussi c’est la vigne. Tu retrouveras Nuages et roseaux, et les voix Comme une ombre de lune. Tu retrouveras des paroles Par-delà la vie brève Et nocturne des jeux, Et l’enfance fervente. Le silence sera doux. Tu es la terre et la vigne. Un silence fervent Brûlera la campagne Comme les feux au soir.
(In "La mort viendra et elle aura tes yeux", NRF Gallimard ... Poèmes du désespoir amoureux, écrits pour l’actrice Constance Dowling.)
Illustration : photo de Constance Dowling | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Dim 9 Mai 2010 - 20:16 | |
| Oui mais voilà ! Contance -enfin celle-là !- était inconstante et Pavese suicidaire...
La mort viendra et elle aura tes yeux... écrivait Pavese et la mort s' en suivit ! | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Cesare Pavese [Italie] Lun 10 Mai 2010 - 9:41 | |
| - bix229 a écrit:
- Oui mais voilà !
Contance -enfin celle-là !- était inconstante et Pavese suicidaire...
La mort viendra et elle aura tes yeux...
écrivait Pavese et la mort s' en suivit ! Effectivement, sa rupture avec Constance Dowling, qui le poussa au suicide, ne fut que la catalyseur d'un mal de vivre, dont l'origine se trouve dans l'enfance ... d'ailleurs, chez les adultes (pour les ados c'est une autre affaire) , tous les suicides amoureux sont révélateurs de profondes failles dans la construction de la psyché ... | |
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