Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Juan Gelman

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3 participants
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swallow
Sage de la littérature
swallow


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MessageSujet: Juan Gelman   Juan Gelman EmptyJeu 16 Jan 2014 - 9:25

Juan Gelman Gelman11



Juan Gelman vient de disparaître, mardi dernier.

Poète, traducteur, journaliste, militant révolutionnaire, Juan Gelman est né à Buenos Aires en 1930. Touché dans sa chair par la dictature des années 76-82 (son fils et sa belle-fille disparaîtront dans les geôles de militaires) il connaît un long exil en Europe durant lesquels il écrit ses textes les plus impressionnants. Agé aujourd’hui de 81 ans,  lauréat des plus grands prix de poésie hispaniques comme le Prix Cervantès, le Nobel espagnol en 2007, il est considéré comme l’un des plus grands poètes latino-américains vivants. Plusieurs de ses livres ont paru en français dont Salaires de l’impie et autres poèmes, traduit par Jean Portante, éditions PHI, Luxembourg, Lettre à ma mère traduit par François-Michel Durazzo, Myriam Solal éditeur, Paris, 2002, L’opération d’amour, traduit par Jacques Ancet, Gallimard, 2006, Lettre ouverte  suivi de  Sous la pluie étrangère 2011  sont publiés aux éditions Caractères, dans une traduction de Jacques Ancet.

Si vous voulez en savoir plus sur les circonstances tragiques de sa vie, et l´ infatigable recherche -durant 25 ans- de sa petite fille ( Macarena Gelman), sa belle fille étant enceinte quand elle disparut sous le regime militaire de Videla, Juan Gelman supposait que le bébé aurait été donné en adoption à un couple de militaires, comme cela se faisait durant la dictature, écoutez Jacques Ancet, sur France-culture.
http://www.franceculture.fr/emission-ca-rime-a-quoi-juan-gelman-jacques-ancet-1ere-partie-2012-01-15

Et pour terminer, son dernier poème, écrit le 28 Octobre, quand la mort le talonnait, offert à son ami Joaquin Sabina, chanteur madrilène et poète aussi.
3 jours de deuil national en Argentine, mais Juan Gelman continuait son long exil au Mexique.

Verdad es
 
Cada día
me acerco más a mi esqueleto.
Se está asomando con razón.
Lo metí en buenas y en feas sin preguntarle nada,
él siempre preguntándome, sin ver
cómo era la dicha o la desdicha,
sin quejarse, sin
distancias efímeras de mí.
Ahora que otea casi
el aire alrededor,
qué pensará la clavícula rota,
joya espléndida, rodillas
que arrastré sobre piedras
entre perdones falsos, etcétera.
Esqueleto saqueado, pronto
no estorbará tu vista ninguna veleidad.
Aguantarás el universo desnudo.
 
Juan Gelman
La Condesa DF
28 de octubre de 2013


Dernière édition par swallow le Ven 17 Jan 2014 - 8:50, édité 1 fois
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shanidar
Abeille bibliophile
shanidar


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MessageSujet: Re: Juan Gelman   Juan Gelman EmptyJeu 16 Jan 2014 - 11:41

J'ai beaucoup de mal à lire de la poésie mais je vois que Carlos Liscano a écrit un essai : L'impunité des bourreaux, l'affaire Gelman, qui pourrait m'intéresser...
En tout cas merci, swallow de nous faire découvrir cette figure marquante de l'Argentine.
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swallow
Sage de la littérature
swallow


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MessageSujet: PLAN CONDOR ( Videla).   Juan Gelman EmptyJeu 16 Jan 2014 - 18:46

Depuis l´Espagne, nous suivimes son combat acharné ( durant 25 ans) auprès des gouvernants, des présidents, des ambassades et même du Vatican dans sa lutte pour retrouver son petit fils ( qui sera en fait une petite fille). Ces lettres bouleversantes que leur écrivait Juan Gelman  étaient ensuite publiées dans la presse internationale.
Voici celle du 2 Novembre 1999, Publiée dans " Libération" et traduite en français. Elle fut  envoyée au président uruguayen Sanguinetti qui avait promis une aide qui ne fut jamais accordée.

"Le poète argentin Juan Gelman n'a jamais connu son petit-fils ou sa petite-fille. Son fils, Marcelo, et sa belle-fille, María Claudia, enceinte de huit mois, ont été enlevés le 24 août 1976 à Buenos Aires, dans le cadre du plan Condor. Marcelo a été assassiné. María Claudia a été transférée en Uruguay, où elle a accouché, avant de disparaître avec son bébé. On pense qu'elle a été tuée et que son enfant a été confié à un militaire ou à un policier, comme cela s'est produit des centaines de fois en Argentine. Gelman et sa femme ont mené une longue enquête pour retrouver leur trace, mais sans le concours des pouvoirs publics uruguayens ils ne peuvent aller plus loin. Le président uruguayen, Julio Maria Sanguinetti, leur avait promis une aide, qu'il n'a jamais donnée. Voici des extraits de la lettre que le poète a écrite au président uruguayen." ( Libération).

Citation :
«Monsieur le président de la République d'Uruguay, «Au terme d'une enquête minutieuse que mon épouse et moi avons menée en marge de tout organisme ou toute institution, nous savons qu'après avoir été séquestrée le 24 août 1976 par un commando de l'armée argentine, María Claudia fut transférée par des militaires uruguayens ["] dans les locaux du Service d'information de défense (SID) à Montevideo. Ce fut une intervention typique du plan Condor. Ma belle-fille était enceinte de huit mois lors de son transfert. Elle fut retenue prisonnière au rez-de-chaussée de ce bâtiment, puis emmenée à l'hôpital militaire de Montevideo pour accoucher, après quoi on la ramena au SID, d'où elle sortit, portant son bébé dans un couffin, fin décembre 1976, en partance pour une destination inconnue. Ils étaient escortés par des membres bien connus du SID ["] qui échangèrent cette terrible phrase devant leurs subordonnés: "On est parfois obligé de faire des choses embêtantes.
«Je me demande pourquoi ["] vous gardez le silence sur cette affaire. Le vol d'enfants en captivité est le plus aberrant des crimes perpétrés par nos dictatures. Ce crime contre un être sans défense coupe non seulement sa filiation mais le soustrait à l'Histoire. ["] «Monsieur le Président: connaissez-vous un crime plus abominable que celui-là? Ma petite-fille ou mon petit-fils ­ nous ne connaissons même pas son sexe ­ a été dépouillé(e) de son père, qu'on a retrouvé dans un fût de 200 litres rempli de ciment et de sable, assassiné d'une balle dans la nuque tirée à 50 cm de distance ["] Elle ou il a été dépouillé(e) de sa mère. Elle ou il a été dépouillé(e) de moi, qui ai entrepris cette recherche pour honorer l'unique legs que m'a laissé mon enfant: retrouver le sien.
«Je vous souhaite de ne jamais vivre ces angoisses, le poids de ce double vide. Les couches de silence qui recouvrent le vol de bébés constituent une tache intellectuelle qui ne cesse de s'étendre, car le silence amplifie le crime qu'il occulte.».
GELMAN Juan


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MessageSujet: Re: Juan Gelman   Juan Gelman EmptyLun 8 Juin 2015 - 21:41

En hommage à ce poète argentin mort en 2014.



Source : Francopolis

sud-américains



est-il parti à travers l’air ou était-il
une invention de gorge verte ?
Isidore Ducasse de Lautréamont
est parti à travers l’air ou était :
une invention de gorge verte
un Isidore de l’autre amour
qui mangeait des visages pourris
mélancolies désespoirs
peines toutes blanches tristes rages
et dressait ensuite son courage
et remplaçait l’infortune
par l’une ou l’autre clarté

le sud-américain mag-
nifique aux algues dans la bouche
où trouvait-il des clartés ?
il les trouva sur des visages pourris
mélancolies désespoirs
peines toutes blanches tristes fureurs
qui lui touchèrent le coeur
comme on dit le pourrirent
désespéré attristé
on le vit comme un petit oiseau
au coin de Canelones et Boul’ Mich’
promenant la Mélanco Lie
comme une fiancée pure
dissimulant des viols
commis dans le quartier

« oh douce fiancé » lui disait-il
la clouant contre ses bras
ouverts et une sorte de
mer lui sortait
par le regard par la bouche
par les poignets par la nuque
« voyons comment tu meurs » lui
disait-il « ma belle » lui disait-il
pendant qu’il l’aimait spécialement
et la désarmait à Paris
comme une fête comme un feu
hier continue de crépiter
dans une chambre de Poissonnières
qui sent la sueur américaine

ea Ducasse Lautréamont
montévidéen ea ea
eu vide o monte de ta mort
pareille à une boule d’or
une chaleur dégainée
la tristesse décapita
la fureur apaisa
il est parti à travers l’air ou était
un Isidore Ducasse mort
cette fois-ci seulement
ou comme pluie d’un autre amour
mouilla Notre Dame de
la Commune armée et aimée
avec la beauté qui montait
de sa gorge vert pourri

en mille neuf soixante-sept
par le ravin des perroquets
on l’entendit presque voler
ou il semblait crépiter
contre la forêt trouée
les désespoirs du pays
les mélancolies les plus grosses
mais ce fut l’autre qui tomba
cette fois-ci seulement
pendant que Ducasse se reposait
dans un campement d’ombres



Extrait d’Obscur ouvert, éditions PHI, 1997

  https://poesiemuziketc.wordpress.com/2012/05/24/juan-gelman-poemes/

.
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