Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 LC Giono - Le grand troupeau

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animal
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 13:49

micro extrait :
Citation :
- Pute de nature !
- Qu'est-ce que tu lui veux à la nature ? C'est pute de nous qu'il faut dire.
- Pute de nous, si tu veux; j'ai dit ça par habitude.
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topocl
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 13:54

ça m'avait bien plu aussi
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 13:55

niarf, j'aurais pu m'en douter.  mdr2 
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 13:58

Le nombre de phrases ou petits paragraphes que j'ai envie de recopier est hallucinant. Je les relis pour m'en régaler
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 14:33

animal a écrit:
micro extrait :
Citation :
- Pute de nature !
- Qu'est-ce que tu lui veux à la nature ? C'est pute de nous qu'il faut dire.
- Pute de nous, si tu veux; j'ai dit ça par habitude.

Je crois que je vais être obligée de vous rejoindre !
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 15:42

oui j'avais relevé aussi, les dialogues entre les ainés au "Cercle des Travailleurs" pas mal aussi

je continuerai ce soir
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églantine
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 19:22

animal a écrit:
et là je commence les pages du front. yerk.

et que d'humidité et de boue (avec ce qu'il y a dedans...).

Peu de temps aujourd'hui : juste celui de lire ces pages du front , je ne sais pas si je vais pouvoir continuer ......Je n'ai jamais lu d'ouvrages sur le guerre contrairement à vous tous ....Pour le coup , m'immerger dans cette vilenie à travers la plume de Giono , c'est à peine soutenable !
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shanidar
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 22:10

églantine a écrit:
animal a écrit:
et là je commence les pages du front. yerk.

et que d'humidité et de boue (avec ce qu'il y a dedans...).

Peu de temps aujourd'hui : juste celui de lire ces pages du front , je ne sais pas si je vais pouvoir continuer ......Je n'ai jamais lu d'ouvrages sur le guerre contrairement à vous tous ....Pour le coup , m'immerger dans cette vilenie à travers la plume de Giono , c'est à peine soutenable !

C'est pour cela que je parlais un peu plus haut de crudité, églantine ! cela faisait longtemps que j'avais lu un ouvrage aussi dur ! je crois que cela vient du fait que Giono accumule les détails, des détails qui sont, si on y réfléchit bien absolument atroces, mais qui sont donnés comme les éléments d'un ensemble, comme en passant, l'air naturel, et du coup l'effet en est d'autant plus amplifié sur le lecteur qui voit bien que cette accumulation de détails (juste des détails) est atroce ! Bon il est aussi capable de décrire, sans aucun lyrisme, la manière dont les cadavres se font dépecés, mais là encore les actes sont décrits comme 'naturels', il est naturel que des rats ou des corbeaux se comportent comme des charognards, et ces descriptions sont sans complaisance aucune comme des photographies d'une réalité ordinaire, de vision au jour le jour terrible, choquante, innommable et pourtant bien réelle.
Cela donne des frissons d'effroi. (Stephen King peut aller se rhabiller à Verdun !!)
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyJeu 24 Avr 2014 - 23:07

c'est terrible de vérité, c'est la mort ce n'est jamais beau, là dans la guerre tout s'extériorise, se liquéfie, se délite, les hommes, les bêtes même la nature en supporte les éclats.

Puis arrivent les "nouveaux" :

"Ils avaient des capotes neuves et des cuirs neufs, et des cartouchières toutes plates, comme trois petites pancartes de cuir autour du ventre. Leurs sacs, jetés à terre à moitié défaits, luisaient de courroies luisantes. Leur drap était d'un beau bleu de ciel avec de la bourre qui frissonnait. Ils avaient les visages pétris avec des choses paisibles de la vie. C'était tout écrit, tout marqué dans leurs yeux, et sur leur chair, et devant le pli de la bouche, et dans le poil de la barbe, et sur le fil de la moustache qu'ils lissaient aec le crochet de leurs doigts. On y voyait tout, tout ce qui était là-bas derrière les collines, toute l'humidité, toute la santé, toute la force de la vie ; la bonne grosse soeur ainée qui va chercher le lard à la resserre avec ses doigts en boudins, la mère qui repousse ses cheveux gris derrière l'oreille, la petite fille dans son tablier d'écolière et qui chante : Tire, lo, lo, lo ; l'épouse couchée à plat dans le lit, comme une source d'eau claire dans l'herbe.
Ils avaient ça sur leurs visages et c'était amer de la grosse amertume. Ils avaient des fusils neufs et on entendait ronfler, derrière eux, des camions de cartouches."


Et à l'arrière, il y a la vie, l'amour qui nourrit :

"Elle était le pain. Elle a dit : "mange-moi !" Elle est venue d'elle-même sous la dent, avec sa lèvre toute chaude et son corps ouvert. Elle est le pain avec la mie et, la croute, le léger et le lourd. Se mêler à lui, se joindre à lui par tout son corps, l'apaiser, le nourrir, le faire têter à sa chair de femme neuve ; lui donner son lait de paix et de joie ; se donner, puisqu'elle est le pain de cette grande faim d'homme et de malheur."

Sur le front, les hallucinations compensent l'absence.

Les villages aussi sont victimes " La halte, devant un gros village étripé et qui perd ses boyaux dans les champs.

J'aime la façon dont Giono nous livre sa vision de la guerre qui s'abat sur toutes les vies, hommes, bêtes, Nature, objets.
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyVen 25 Avr 2014 - 12:13

(ça ne s'arrange pas forcément églantine).

il y a finalement quelque chose sur la longueur, quelques nouvelles injustices notables avec le capitaine qui n'en a pas grand chose à faire de ce qui lui dit Joseph, son éclaireur ou encore la tentative de fausse réquisition de bêtes à la ferme. Et c'est aussi les blessures et ceux qu'on a croisés avant et qui meurent ou disparaissent, et ce ne sont plus les hommes qui marchent vers le front mais des mouvements indéfinis qui ressemblent à du sur-place.

j'ai toujours une certaine distance qui persiste mais c'est terriblement marquant et l'écriture est forte, très superlative, mais c'est du solide...
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyVen 25 Avr 2014 - 13:26

Un passage des plus marquants la lutte d'Oilivier et du cochon qui mange l'enfanton !

accrochez bien votre estomac !
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyVen 25 Avr 2014 - 13:28

Je vous rassure, la fin se veut douce. Je le regrette presque.
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyVen 25 Avr 2014 - 13:50

shanidar a écrit:
églantine a écrit:
animal a écrit:
et là je commence les pages du front. yerk.

et que d'humidité et de boue (avec ce qu'il y a dedans...).

Peu de temps aujourd'hui : juste celui de lire ces pages du front , je ne sais pas si je vais pouvoir continuer ......Je n'ai jamais lu d'ouvrages sur le guerre contrairement à vous tous ....Pour le coup , m'immerger dans cette vilenie à travers la plume de Giono , c'est à peine soutenable !

C'est pour cela que je parlais un peu plus haut de crudité, églantine ! cela faisait longtemps que j'avais lu un ouvrage aussi dur ! je crois que cela vient du fait que Giono accumule les détails, des détails qui sont, si on y réfléchit bien absolument atroces, mais qui sont donnés comme les éléments d'un ensemble, comme en passant, l'air naturel, et du coup l'effet en est d'autant plus amplifié sur le lecteur qui voit bien que cette accumulation de détails (juste des détails) est atroce ! Bon il est aussi capable de décrire, sans aucun lyrisme, la manière dont les cadavres se font dépecés, mais là encore les actes sont décrits comme 'naturels', il est naturel que des rats ou des corbeaux se comportent comme des charognards, et ces descriptions sont sans complaisance aucune comme des photographies d'une réalité ordinaire, de vision au jour le jour terrible, choquante, innommable et pourtant bien réelle.
Cela donne des frissons d'effroi. (Stephen King peut aller se rhabiller à Verdun !!)


Je suis complètement d'accord avec toi ...La guerre fait partie d'un tout , d'un chaos général , pas plus pas moins ....Les cervelles éclatées , le sang qui se déverse partout , des bouts de chair humaine mélangés au désordre de cette nature qui reprend ses droits , les rats qui se font de joyeux festins .....et ..
Citation :
. "La belle fête .
Et tout débordait ...."
"Il ne restait plus que le soleil , la pluie , le vent , la terre : tous libres , tous libérés des hommes ; ça recommençait à vivre la grande vie d'avant ."
Et la nature dévoreuse , monstrueuse reprend ses droits en l'absence de l'homme qui est là pour réguler , créer un équilibre .....
Finalement la première partie du livre où il nous parle de "ceux qui restent" ne fait que réveiller des sentiments connus par le lecteur .
Par la suite , dans cette description du front , le lecteur d'aujourd'hui n'a aucun champ référenciel dans son affect ......on nage dans l'horreur absolue et le fait d'essayer d'imaginer quelques secondes cette partie de l'histoire a quelque chose de très destabilisant .....Giono nous parle "de nous" : cela s'est passé dans toute l'horreur décrite : ce n'est pas un thriller ......cette histoire est inscrite dans nos gènes , elle fait partie de nous , et je crois que c'est ce qui est très dérangeant pour nous lecteurs .....une lecture extrêmement éprouvante , dont on ressort peut-être grandis car les mots de Giono sont beaucoup plus percutants que tous les films sur le sujet ....difficile de garder une certaine distance avec ce texte .....
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyVen 25 Avr 2014 - 17:27

shanidar a écrit:
avons nous perdu Sigismond ??
Non non, du tout ! Quelques jours sur la côte, j'ai d'ailleurs achevé "Le grand troupeau".

En avant pour le multiquote:

églantine a écrit:
De belles phrases certes mais Giono ne ménage pas son lecteur : la cruauté du monde éclabousse chaque page ! c'est extrêmement puissant .vie et mort se cotoient dans le quotidien .....le chapitre "A la charité du monde" suscite une grande émotion malgré et peut-être à cause d'une économie de mots , voire une pauvreté de vocabulaire qui accentue le dénuement psychologique de ces victimes de l'histoire ....Je ne sais pas où tu en es .....
Oui, l'ensemble dégage une grande puissance, ce côté juxtaposition de la vie animale et de la vie "de l'arrière" avec des scènes de guerre éclabousse le lecteur je trouve, se reçoit en tous cas en pleine figure. Shanidar le note avec beaucoup de justesse:
shanidar a écrit:
Giono parle de ceux qui restent. Il raconte non pas la vie mais le changement dans la vie que la guerre a produit sur ceux de l'arrière. Il raconte la folle descente des alpages d'un troupeau de bêtes éventrées, suintantes de sang coagulé et d'abeilles mortes dans la laine, il raconte la vie des pères, des femmes, des mères qui voient partir leurs fils, leurs époux le sel de la terre, ceux qui la font vivre, prospérer, qui la cultivent et la travaillent.
Et puis, au milieu de ces scènes de l'intérieur survient Joseph, le soldat, dont on ne sait rien sauf qu'il doit attendre avec deux blessés (bientôt moribonds) une hypothétique ambulance. La guerre est dite dans l'ombre, dans l'attente, le sommeil infernal et les blessures qui suintent.
De la campagne blessée, vidée de ses hommes à la campagne meurtrie, guerrière, la lisière est bien mince et l'angoisse identique.

  Oui, la guerre est filigranée ici, mais si lourde, qu'elle n'en est peut-être que davantage oppressante et omniprésente, parce que sous-tendue. Procédé littéraire osé, au demeurant.

Par ailleurs:

  Outre l'entrée en matière par ce troupeau immense, la scène du cochon dans la soue que va chercher le boucher (si vous en êtes là), et pas mal d'autres (les animaux de guerre, c'est-à-dire les chevaux) met le roman je n'ose écrire sous le signe de la bête, mais en tous cas de la bestialité, opposée à la vie, à l'humanité, mais à laquelle la vie des survivants s'adapte, finit toujours par s'adapter, je re-quote shanidar qui le souligne à merveille:
shanidar a écrit:
La vie continue... mais quid de la guerre ? Elle est à peine nommée, l'ennemi n'est pas désigné, n'apparait pas, n'intervient pas, il ne fait que bombarder et mitrailler, il est invisible. De chaque côté du temps, celui civil et celui militaire, plus rien ne fonctionne comme avant. La terre travaillée par les femmes et la nature qui en profite pour reprendre ses droits, coloniser à nouveau avec les herbes folles et de l'autre côté les morts que les rats et les corbeaux dépècent, là aussi la nature reprend le pouvoir avec sa cohorte de vers...
D'ailleurs, l'une des figures prépondérantes du roman semble être la pourriture, pourriture de la vigne, pourriture des hommes puant la mort et pourriture de la terre qui se fait cimetière épouvantable. Les forces en jeu sont autant celles des hommes (et encore) que celle du vent, du soleil, des nuages musclés et des forêts qui attirent... Les hommes semblent retrouver leur animalité, leurs instincts les plus primaires (pour se terrer ou ne pas se laisser déposséder de ses chèvres, car la guerre vampirise tout et tous) et la nature semble elle aussi revenir au chaos, à la démence de temps anciens. Ce n'est pas tant le fer qui crie que l'âme même de la terre qui éructe.


Et je rejoins topocl sur la densité toute ténébreuse d'un texte d'une rare puissance d'évocation.


shanidar a écrit:
Je suis sidérée par la crudité de certaines scènes au réalisme éprouvant (pas de gnognotte chez Giono, un rat est un rat), heureusement atténuée par le lyrisme tout personnel de l'auteur à propos du rapport entre les hommes et la nature.

 Oui, mais la nature, la vie des campagnes est crue aussi, ce sont des éléments premiers.
 
 C'est-à-dire que Giono considère que l'être humain est pétri par l'entourage dans lequel il évolue, le summum étant le paysan qui agit sur sa terre - mais n'est-ce pas la terre qui le façonne ? Il y a un rapport, dans l'absolu Gionesque, la nature est un être vivant et son destin a forte partie liée avec ceux qui la travaillent, voir par exemple Regain, Batailles dans la montagne, ou même Colline. Donc les trous, la mitraille, les boyaux, tranchées, etc... sont aussi le mal absolu fait à la terre. Pour le lecteur non familier avec cette constante de son univers littéraire, Giono a soin d'introduire un personnage secondaire porteur de ce message, au demeurant (le forestier, dénommé Régotaz si ma mémoire est bonne).

Cette façon d'envisager le rapport à la terre et l'existentialisme, à un tout premier degré, de celui qui la travaille ou sévit dessus n'est pas sans rappeler le Bosco du Mas théotime, du reste.


shanidar a écrit:
églantine a écrit:
animal a écrit:
et là je commence les pages du front. yerk.

et que d'humidité et de boue (avec ce qu'il y a dedans...).

Peu de temps aujourd'hui : juste celui de lire ces pages du front , je ne sais pas si je vais pouvoir continuer ......Je n'ai jamais lu d'ouvrages sur le guerre contrairement à vous tous ....Pour le coup , m'immerger dans cette vilenie à travers la plume de Giono , c'est à peine soutenable !

C'est pour cela que je parlais un peu plus haut de crudité, églantine ! cela faisait longtemps que j'avais lu un ouvrage aussi dur ! je crois que cela vient du fait que Giono accumule les détails, des détails qui sont, si on y réfléchit bien absolument atroces, mais qui sont donnés comme les éléments d'un ensemble, comme en passant, l'air naturel, et du coup l'effet en est d'autant plus amplifié sur le lecteur qui voit bien que cette accumulation de détails (juste des détails) est atroce ! Bon il est aussi capable de décrire, sans aucun lyrisme, la manière dont les cadavres se font dépecés, mais là encore les actes sont décrits comme 'naturels', il est naturel que des rats ou des corbeaux se comportent comme des charognards, et ces descriptions sont sans complaisance aucune comme des photographies d'une réalité ordinaire, de vision au jour le jour terrible, choquante, innommable et pourtant bien réelle.
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Hum...en effet;
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 EmptyVen 25 Avr 2014 - 18:07

je viens de terminer

j'aime beaucoup ce que tu dis Sigismond, c'est ce que j'ai ressenti.

"Il y a un rapport, dans l'absolu Gionesque, la nature est un être vivant et son destin a forte partie liée avec ceux qui la travaillent, voir par exemple Regain, Batailles dans la montagne, ou même Colline. Donc les trous, la mitraille, les boyaux, tranchées, etc... sont aussi le mal absolu fait à la terre. Pour le lecteur non familier avec cette constante de son univers littéraire, Giono a soin d'introduire un personnage secondaire porteur de ce message, au demeurant (le forestier, dénommé Régotaz si ma mémoire est bonne). "

la fin avec les présents des Bergers par Thomas m'a beaucoup émue.

La guerre est morte, la vie reprend. Peut-être que l'on retrouve cette idée dans les nouveaux-nés (des jumeaux si j'ai bien compris) la fille a des jambes mortes et le garçon est plein de promesses.
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MessageSujet: Re: LC Giono - Le grand troupeau   LC Giono - Le grand troupeau - Page 4 Empty

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