David Michôd

The Rover

Une assez forte déception après Animal Kingdom. Le choix d'une ambiance apocalyptique et fantomatique est à mon avis un échec car la mise en scène perd très vite en substance et en intensité. L'engrenage de la violence est mécanique, vide et agace par sa dimension répétitive.
David Michôd est pourtant ambitieux dans sa tentative de décrire un monde au bord de l'écroulement, sans repères ou chacun est livré à sa détresse solitaire et ne vise qu'à assurer sa survie dans ce désert australien, synonyme de mort et de désolation. Malheureusement, il n'évite pas la surenchère et seule la relation tendue entre Guy Pearce et Robert Pattinson retient l'attention au milieu d'une intrigue bancale. L'obsession de la vengeance est caricaturale et conduit à une certaine complaisance, notamment dans la perception des personnages féminins.
The Rover est donc un film agaçant dans son absence de nuances, enchaînant chaque scène (une poursuite en voiture, une fusillade) avec un regard distant et manipulateur.

Je te trouve dur quand-même...   
Je n'ai pas trouvé la "mécanique" plus répétitive que dans La Route (dont The Rover est finalement plus proche que Mad Max).
J'ai trouvé que chaque personnage (même le plus insignifiant) était finalement une métaphore de "que ferions-nous dans un monde livré au chaos ?", et en cela c'était plutôt pas mal fait.

Et aussi...:

Le lien père/fils dans La Route autorise quand même des perspectives, à partir de la possibilité d'une transmission alors que The Rover est entièrement marqué par la spirale des agressions infligées ou subies. Le point de vue de Michôd est assez nihiliste dans une rigueur démonstrative que je trouve désagréable, même si je reconnais de l'efficacité et du savoir-faire pour installer une ambiance étouffante, glauque et toujours vaguement menaçante.

C'est sûr qu'il n'y a pas beaucoup de perspectives positives (la seule est portée par la femme docteur... je trouve intéressant symboliquement parlant que ça soit un personnage féminin, d'ailleurs). On est effectivement en face d'humains qui perdent peu à peu toute humanité... (et la signification de ce qu'il y a dans le coffre d'Eric, c'est vraiment ça pour moi. Et au dernier plan, il l'enterre, il n'est plus vraiment un être humain dans un monde qui ne l'est plus non plus...).
C'est un monde qui s'effondre inexorablement, sans espoir de renouveau, c'est effectivement nihiliste comme message. Il y a peut-être une forme d'avertissement ?