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 Simone Weil [Philosophie]

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Allumette
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Allumette
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MessageSujet: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 11:08

weil - Simone Weil [Philosophie] Simone10

Simone Weil, philosophe française du XXième siècle


Elle est née à Paris le 3 février 1909 et décédée à Ashford (Angleterre) le 24 août 1943, à seulement 34 ans.
Bien qu'elle n'est jamais adhéré explicitement au christianisme, elle est reconnue, et elle se considérait, comme une mystique chrétienne.

Biographie

[source principale : Wikipédia au 16 octobre 2014]

Simone Weil est née dans une famille d'origine juive alsacienne, installée à Paris depuis plusieurs générations. Sa famille habite alors au 19, boulevard de Strasbourg. Elle a trois ans de moins que son frère, le mathématicien André Weil. La famille Weil habite à Laval d'octobre 1917 à janvier 1919, où son père chirurgien-militaire avait été muté. En 1924-1925, elle suit les cours du philosophe René Le Senne au lycée Victor-Duruy, à Paris, et obtient, au mois de juin 1925, à seize ans le baccalauréat de philosophie (selon la dénomination en vigueur à cette époque-là).

Puis, en octobre 1925, elle entre au lycée Henri-IV, où elle passe trois ans. Elle a pour professeur de philosophie le philosophe Alain, qui demeure son maître. Simone de Beauvoir, d'un an son aînée, qui croise son chemin en 1926 dans la cour de la Sorbonne, accompagnée d'une « bande d'anciens élèves d'Alain », avec dans la poche de sa vareuse un numéro des Libres propos et L'Humanité, témoigne de la petite notoriété dont elle bénéficiait déjà :
« Elle m'intriguait, à cause de sa réputation d'intelligence et de son accoutrement bizarre... Une grande famine venait de dévaster la Chine, et l'on m'avait raconté qu'en apprenant cette nouvelle, elle avait sangloté : ces larmes forcèrent mon respect plus encore que ses dons philosophiques. »

Elle entre à l’École normale supérieure en 1928. Elle obtient son agrégation de philosophie en 1931.
Elle commence une carrière d’enseignante dans divers lycées de province. Au Puy, solidaire des syndicats ouvriers, elle se joint au mouvement de grève de l'hiver 1931-1932 contre le chômage et les baisses de salaire, ce qui provoque un scandale. Syndicaliste de l’enseignement, elle est favorable à l’unification syndicale et écrit dans les revues L’École émancipée et La Révolution prolétarienne. Communiste anti-stalinienne, elle participe à partir de 1932 au Cercle communiste démocratique de Boris Souvarine, qu’elle a connu par l’intermédiaire de Nicolas Lazarévitch.

weil - Simone Weil [Philosophie] Bourge10
Maison où vécut Simone Weil, professeur au Lycée de jeunes filles de Bourges en 1935-1936.


Elle passe quelques semaines en Allemagne, au cours de l'été 1932, dans le but de comprendre les raisons de la montée en puissance du nazisme. À son retour, avec beaucoup de lucidité, elle exprime dans plusieurs articles ce qui risquait de survenir.

Provisoirement, elle abandonne sa carrière d'enseignante, en 1934-1935.
Elle est alors ouvrière sur presse chez Alsthom (dans le XVème arrondissement de Paris), devenue depuis Alstom, puis elle travaille à la chaîne aux établissements JJ Carnaud et Forges de Basse-Indre, à Boulogne-Billancourt, et chez Renault, jusqu'au mois d'août 1935. Elle note ses impressions dans son Journal d'usine.

Sa mauvaise santé l'empêche de poursuivre le travail en usine. Simone Weil souffre en particulier de terribles maux de tête qui dureront toute sa vie.
Elle reprend l'enseignement de la philosophie, et donne une grande partie de ses revenus à des personnes dans le besoin. « Décidée à vivre avec cinq francs par jour, comme les chômeurs du Puy, elle sacrifiait tout le reste de ses émoluments de professeur à la Caisse de Solidarité des mineurs. » Elle prend part aux grèves de 1936. Elle milite avec passion pour un pacifisme intransigeant entre États.

En août 1936, elle s’engage dans la Colonne Durruti au début de la Guerre civile espagnole pour combattre le coup d'État du général Franco. Bien qu'intégrée dans une colonne de la CNT anarcho-syndicaliste, elle s'élève contre l'exécution d'un jeune phalangiste et s'interpose pour éviter qu'un prêtre franquiste soit fusillé. Gravement brûlée après avoir posé le pied dans une marmite d'huile bouillante posée à ras du sol, elle doit repartir assez rapidement pour la France. En 1937, elle collabore aux Nouveaux cahiers, revue économique et politique défendant une collaboration économique franco-allemande.

Simone Weil se rapproche peu à peu du christianisme. Elle éprouve la présence du Christ, à partir de l'année 1938, et entre en contact avec des prêtres et des religieux, afin de leur poser des questions sur la foi de l'Église catholique. Le père Joseph-Marie Perrin, religieux dominicain, l'accompagne et a un rôle important lorsqu'elle est à Marseille, entre 1940 et 1942. Mais elle reste très discrète sur son évolution spirituelle, et ce n'est qu'après sa mort que ses amis découvrent la profondeur inouïe de sa vie spirituelle.

Juive, lucide sur ce qui se passe en Europe, elle est sans illusion sur ce qui les menace, elle et sa famille, dès le début de la guerre. Lorsque Paris est déclarée « ville ouverte », le 13 juin 1940, sa famille et elle se réfugient à Marseille. C'est à cette époque qu'elle commence la rédaction de ses Cahiers. Les études qu'elle rédige sur la Grèce, sur la philosophie grecque, en particulier sur Platon, sont rassemblées après la guerre dans deux volumes : La Source grecque et les Intuitions pré-chrétiennes. Elle travaille également sur la physique contemporaine, et écrit sur la théorie des quanta. Elle entre en contact avec les Cahiers du Sud, la revue littéraire la plus importante de la France libre, et y collabore sous le pseudonyme d'Émile Novis, anagramme de Simone Veil. Elle participe à la Résistance en distribuant les Cahiers du Témoignage Chrétien, réseau de résistance organisé par les jésuites de Lyon. Au cours de l'été 1941, elle rencontre le philosophe et agriculteur Gustave Thibon qui propose de l'accueillir en Ardèche ; elle est embauchée comme ouvrière agricole et mène une vie volontairement privée de tout confort.

En 1942, elle emmène ses parents en sécurité aux États-Unis, mais, refusant le statut de citoyenne américaine qu’elle ressent comme trop confortable en ces temps de tempêtes, elle fait tout pour se rendre en Grande-Bretagne et travaille comme rédactrice dans les services de la France libre. Son intransigeance dérange. Elle démissionne de l'organisation du général de Gaulle en juillet 1943.

Soucieuse de partager les conditions de vie de la France occupée, malgré sa santé de plus en plus défaillante, elle souhaitait rejoindre les réseaux de résistance sur le territoire français ; elle est déçue par le refus de l'entourage de de Gaulle (Schumann, Cavaillès, André Philip) de la laisser rejoindre ces réseaux de la résistance intérieure. Elle y risquait en effet d'être rapidement capturée par la police française, identifiée comme juive et déportée. Atteinte de tuberculose, elle meurt au sanatorium d'Ashford, le 24 août 1943, à l'âge de 34 ans.

Selon le médecin légiste, la mort de Simone Weil serait en fait un suicide ; celle-ci se serait volontairement privée de nourriture, ce qui aurait accéléré sa mort. De ce constat du légiste qui l'a examinée s'est ensuivie une série de spéculations concernant les causes psychologiques ayant pu entraîner ce jeûne. Une hypothèse communément répandue à ce sujet est que Simone Weil souhaitait faire preuve de solidarité envers ses concitoyens en refusant de se nourrir plus que ce que permettaient alors les tickets de rationnement. Selon sa principale biographe, Simone Pétrement, des lettres du personnel du sanatorium dans lequel elle se trouvait lors de sa mort prouvent pourtant qu'elle a essayé à diverses reprises de manger durant son hospitalisation ; selon elle, le jeûne aurait en fait simplement été une conséquence de la détérioration de son état de santé.

Tous les livres ayant paru sous son nom ont été publiés après sa mort, à l'exception des Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale.



Dernière édition par Allumette le Jeu 16 Oct 2014 - 11:16, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Allumette
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 11:11

Bibliographie de Simone Weil


1932-1942 Sur la science, Paris, Gallimard, 1966.
1933 Réflexions sur la guerre, revue La Critique sociale, no. 10, Novembre 1933
1933-1934 Leçons de philosophie (lycée de Roanne 1933-1934), transcrites et présentées par Anne Reynaud-Guérithault, 1re éd. Paris, Plon, 1959 ; puis Paris UGE, coll. « 10/18 », 1970. Réédition en 1989 Lire en ligne, Les Classiques des sciences sociales.
1934 Un soulèvement prolétarien à Florence au xive siècle, revue La Critique sociale, no. 11, Mars 1934, sur la révolte des Ciompi
1933-1934 Carnet de bord ("en réalité le premier des Cahiers de Simone Weil, et le seul qui soit antérieur à la guerre, il contient essentiellement des esquisses préparatoires aux Réflexions..."). 1ère éd. Œuvres complètes, t. VI, Gallimard, 1994
1933-1943 Oppression et liberté Paris, Gallimard, coll. "Espoir", 1955, 275 p. Regroupe "Perspectives" (1933), "Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale" (1934), "Y a-t-il une doctrine marxiste ?" (1943), etc.
1934 Réflexions sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale, revue "La révolution prolétarienne" ; Œuvres complètes, t. II, 1955. Premier livre (ou grand article) de S. W.
1936-1942 La Source grecque, 1re éd. Paris, Gallimard, coll. "Espoir", 1953. Extraits dus à M. et Mme Weil, ses parents.
1937 La Condition ouvrière ; 1re éd. avec avant-propos d'Albertine Thévenon, Paris, Gallimard, 1951, coll. « Espoir », 276 p. ; rééd. Gallimard, coll. « Folio », 2002, 528 p. en ligne, université du Québec. Deuxième livre (ou grand article) de S. W.
1939 L'Iliade ou le poème de la force (sous le pseudonyme Émile Novis), revue "Les Cahiers du Sud", Marseille, déc. 1940-janv. 1941. Troisième livre (ou grand article) de S. W.
1940 Note sur la suppression générale des partis politiques, 1re éd. 1950 ; Paris, Climats, 2006.
1940-1942 Cahiers. I (dès oct. 1940, à Marseille), 1re éd. (par Simone Pétrement) Paris, Plon, coll. « L'Épi », 1951 ; nouvelle éd. revue et augmentée (par Florence de Lussy), Gallimard, 1970.
1940-1942 Cahiers. II, 1re éd. Paris, Plon, 1953, coll. « L'Épi » ; nouvelle éd. revue et augmentée, 1972.
1940-1942 La Pesanteur et la Grâce (extraits des 11 Cahiers écrits à Marseille entre oct. 1940 et avril 1942, confiés à Gustave Thibon en avril 1942), préface de Gustave Thibon, Paris, Plon, 1947, 208 p. Premiers extraits, dus à Gustave Thibon.
1940-1943 Pensées sans ordre concernant l'amour de Dieu, Paris, Gallimard, 1962.
1941-1942 Intuitions pré-chrétiennes, Paris, La Colombe, 1951, Éd. du Vieux-Colombier. Extraits, dus au Père Perrin.
1942 Lettre à un religieux, Paris, Gallimard, coll. « Espoir », 1951 ; nouvelle éd. Paris, Seuil, coll. « Livre de Vie », 1974.
1942 Attente de Dieu (lettres de janv. à mai 1942 au Père J.-M. Perrin), introduction de Joseph-Marie Perrin, O. P., 1ère éd. Paris, La Colombe, Éd. du Vieux Colombier, 1950, 344 p. ; rééd. Paris, Fayard, 1966. Extraits dus au Père Perrin
1942-1943 La connaissance surnaturelle, 1re éd. (par Albert Camus) Paris Gallimard coll. "Espoir", 1950, 337 p. ; rééd. Oeuvres complètes, t. VI, vol. 4, 2006, 656 p. : Cahiers, juillet 1942-juillet 1943, La connaissance surnaturelle (Cahiers de New York et de Londres)
1943 « L'agonie d'une civilisation vue à travers un poème épique » et « En quoi consiste l'inspiration occitanienne » dans le numéro spécial des Cahiers du Sud consacré au « Génie d'Oc et [au] monde méditerranéen » (sous le pseudonyme Émile Novis)
1943 L'Enracinement, Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain, 1ère éd. (due à Albert Camus) Paris, Gallimard, coll. « Espoir », 1949, 381 p. ; rééd. Gallimard, coll. "Folio essais", 1990, 384 p. Lire en ligne, université du Québec Cet ouvrage a été traduit en arabe par le traducteur syrien Mohamed Ali Abdel Jalil et publié à Beyrouth, Liban.
1940 Venise sauvée, 1re éd. Gallimard, coll. « Espoir », 1955.
1940-1942 Cahiers. III, 1re éd. Paris, Plon, 1956, coll. « L'Épi » ; nouvelle éd. revue et augmentée, 1974.
1943 Écrits de Londres et dernières lettres, Paris, Gallimard, 1957, coll. « Espoir », 416 p.
Écrits historiques et politiques, Lire en ligne, université du Québec, Paris, Gallimard, coll. « Espoir », 1960.
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 12:40

Merci infiniment pour cette présentation, Allumette (j'espère que ce n'était pas trop fastidieux !), qui nous montre l'engagement total d'une femme d'une rare intelligence et d'un profond altruisme.

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Allumette
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 12:59

Moi aussi je suis admirative de son parcours, de ses idées et de ses écrits, surtout quand on réalise qu'elle est décédée à 34 ans.
Du coup, j'ai vraiment hâte de commencer la lecture commune !
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 14:12

si vous le souhaitez nous pouvons commencer ce week=end où nous attendons lundi ?

je ne sais pas à quel rythme je vais aller, les vacances scolaires arrivent pour 2 semaines donc devoir de mamy sourire
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 14:16

Merci Allumette pour cette présentation qui éveille grandement mon intérêt.

Allumette a écrit:

Bien qu'elle n'est jamais adhéré explicitement au christianisme, elle est reconnue, et elle se considérait, comme une mystique chrétienne.

Comme je peux comprendre ça !

Du coup, j'ai bien envie de participer à votre LC...
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 14:18

Very Happy oui, rejoins nous coli !

Bédoulène : pour moi, peu importe, je fais en fonction de vous 2 ou... 3 !
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 14:23

L'enracinement est à la bibliothèque de Genève, pas dans celle de ma commune... je ne pourrai pas me le procurer avant la semaine prochaine, pas grave si je vous rejoins sur le tard ?

Vous l'avez peut-être déjà expliqué, mais pourquoi le choix de ce titre en particulier ?
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyJeu 16 Oct 2014 - 22:19

le fil de la LC ICI

Marie avait suscité l'intérêt de Shanidar sur ce titre ; je ne connais pas les écrits de cette auteure mais son discours entendu dans un reportage sur les grèves en 1936 pendant le Front Populaire avait accroché mon attention.

le sujet " Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain" , l'humanité donc a été étudié autant par la philosophie que par la religion. Avec Simone Weil je pense que nous aurons donc les 2 approches.

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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyVen 17 Oct 2014 - 11:31

Exactement Bédou, c'est à Marie que nous devons le choix de ce livre (le dernier écrit par Simone Weil).

Voici ce qu'en disait Camus : Il me paraît impossible d’imaginer pour l’Europe une renaissance qui ne tienne pas compte des exigences que Simone Weil a définies dans L’Enracinement.

De mon côté j'ai croisé le nom de Simone Weil dans la biographie de M. Surya, consacrée à Georges Bataille. En 1933-34, Bataille et Weil participent (quoique Simone Weil n'ait jamais été adhérente du comité) au Cercle Communiste Démocratique fondé par Boris Souvarine et dont l'un des organes visibles est la revue : La Critique Sociale.

L'idée est de réunir les exclus de PCF et ceux qui comme Bataille n'ont jamais adhéré au Parti mais dont les opinions sont tournées vers la Révolution. Weil et Bataille vont régulièrement s'affronter car si Weil défend l'idée d'une révolution rationnelle, méthodique et morale (je reprends les termes employés par Surya), Bataille prône plutôt la révolte dans ce qu'elle a d'irrationnelle, de catastrophique et de libération des instincts. Cette profonde opposition entre deux êtres qui ont vu et dénoncé aussi bien le nazisme que le communisme stalinien à l'époque où l'aveuglement de la plupart des intellectuels est largement avéré, pourrait paraître anecdotique, mais elle scelle une sorte d'amitié-repoussoir qui fascine. Là où Weil voit un homme malade, sorte de mystique noir hanté par l'idée de sacrifice, Bataille écrit le Bleu du ciel, dans lequel le personnage pas mal égratigné de Lazare est Simone Weil.

Voici le portrait que fait Bataille de Weil :

Citation :
[...] bien peu d'êtres humains m'ont intéressé à ce point. Son incontestable laideur effrayait, mais personnellement je prétendais qu'elle avait aussi, en un sens, une véritable beauté (je crois encore que j'avais raison). Elle séduisait par une autorité très douce, très simple ; c'était certainement un être admirable, asexué, avec quelque chose de néfaste. Toujours noire, les vêtements noirs, les cheveux aile de corbeau, le teint bistre. Elle était sans doute très bonne, mais à coup sûr un Don Quichotte qui plaisait par sa lucidité, son pessimisme hardi, et par un courage extrême que l'impossible attirait. Elle avait bien peu d'humour, pourtant je suis sûr qu'intérieurement elle était plus fêlée, plus vivante qu'elle ne croyait elle-même [...] Je le dis sans vouloir la diminuer, il y avait en elle une merveilleuse volonté d'inanité.
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyVen 17 Oct 2014 - 11:41

Vous me faites rire avec Simone Weil. Je suis d'ailleurs intéressé par ses Notes sur la suppression des partis politiques. Pour ce qui est de L'enracinement, je l'ai dans mon édition Quarto. Je verrai bien si l'envie me prend de le lire (200 pages)...
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyVen 17 Oct 2014 - 11:52

jack-hubert bukowski a écrit:
Vous me faites rire avec Simone Weil. .

Rire jemetate ?
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyVen 17 Oct 2014 - 11:58

C'est la description que Bataille en fait qui révèle un côté comique, juste à imaginer les réactions affectives que les humains peuvent inspirer.
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyDim 2 Nov 2014 - 20:59

J'ai essayé d'être brève mais je n'ai pas réussi. Cette oeuvre est trop dense et globale pour être abordée linéairement. Le meilleur moyen d'en parler serait de ne pas le faire, mais on ne peut pas faire connaître sans en passer par le langage.

L’Enracinement (1942)


weil - Simone Weil [Philosophie] Enraci10

Dangereuse et brillante. Simone Weil peut faire tourner la tête à n’importe qui. Une liesse croissante s’empare au cours de la lecture de l’Enracinement. Oui, oui, oui ! c’est cela ! J’imagine Simone Weil parler en face d’un auditoire et le public l’applaudir sans discontinuer… ou rester muet, figé d’humilité à l’écoute de paroles aussi pures et authentiques.


« Quatre obstacles surtout nous séparent d'une forme de civilisation susceptible de valoir quelque chose. Notre conception fausse de la grandeur ; la dégradation du sentiment de la justice ; notre idolâtrie de l'argent ; et l'absence en nous d'inspiration religieuse. On peut s'exprimer à la première personne du pluriel sans aucune hésitation, car il est douteux qu'à l'instant présent un seul être humain sur la surface du globe terrestre échappe à cette quadruple tare, et plus douteux encore qu'il y en ait un seul dans la race blanche. »


Comment aurait évoluée la République française après 1789 si Simone Weil s’était imposée en amont ? Que serait devenu le marxisme si Karl Marx avait planché sur ses écrits ? Quel monde aurait créé Hitler s’il avait été biberonné aux idéaux de cette mystique ? Que deviendrait notre société si, enfin, on faisait une croix sur des valeurs héritées du mensonge ?


L’analyse historique de Simone Weil s’éloigne de toutes les considérations habituellement remâchées. Qu’est-ce que cette fierté française qu’on veut nous faire avaler ? Le triomphe de la force et de l’esclavage, hérités de la Rome antique, avilissent les hommes, les sociétés et les valeurs et corrompent la justice, empêchant le rétablissement de tout équilibre. La situation devient critique à partir des siècles derniers, alors que la volonté d’unification sous le couvert de la notion galvaudée de « patrie » se charge d’effacer les dernières traces de corporatisme ou de régionalisme. Ce qui restait d’authentique et de vrai disparaît, dominé par une nouvelle forme de violence qui se dissimule sous les oripeaux de la devise « Liberté, égalité, fraternité ». La revendication de laïcité rend obsolète une religion qui, déjà, s’était laissée contaminer par la force et l’individualisme depuis qu’elle avait été associée à la monarchie –première étape vers sa destruction. La science la remplace, sans se rendre compte qu’elle ne constitue qu’une nouvelle manifestation de la foi dont le contenu métaphorique aurait été remplacé par un contenu métonymique sans aucune valeur nutritive. Cette science perfide, remuée avant tout par des intérêts qui visent la gloire personnelle et l’entretien financier plus la justice, ne ressemble plus à la science noble pratiquée par les grecs antiques. Elle se dégrade en même temps que la notion de justice et aboutit à la conception de l’utilitarisme, cette doctrine qui légitime la toute-puissance de la force en lui permettant de se fondre à l’insu de tous dans la coquille vide de la justice. L’utilitarisme légitime à son tour le libéralisme économique lorsque la force se quantifie en pièces sonnantes et clinquantes, elle légitime le marxisme lorsque la force prend le nom d’Histoire et admet la lutte des classes, elle légitima le nazisme et légitime encore aujourd’hui la violence d’une société vouée entièrement à la consommation et à la distraction, au détriment des valeurs fondamentales nécessaires à l’épanouissement de l’être humain. Toutes nos fonctions d’alimentation sont désormais assurées, sauf celle qui confère à l’âme sa substance. Simone Weil a analysé les formes du déracinement dans les milieux ouvrier et agricole, on en analyserait aujourd’hui les formes telles qu’elles se manifestent dans la classe moyenne sous l’apprêt  de névroses ou de suicides programmés. Les névrotiques, éternels insatisfaits, désespérés et malheureux, subissent le déchirement que nous inflige une société qui se meut dans l’erreur. Les racines de ces malheureux n’ont pas été totalement arrachées, celles qui restent leur rappellent encore l’inscription de tout individu dans la continuité d’un monde peuplé d’ancêtres, de tradition et de vie. Ceux qui programment leur condamnation sont ceux qui n’ont plus de racine, ou qui ne les écoutent plus : ils se sont lancés dans la bataille tête la première et ont oublié que les victoires durables ne sont pas seulement celles du triomphe personnel. Il ne s’agit peut-être là que d’une forme plus accentuée de névrose.


Restent ceux qui sentent leurs racines plus que les parasitages du monde extérieur. S’ils veulent renouer le contact, ils se libèreront progressivement de la détresse et de la lassitude. Ils doivent croire qu’ils ne sont pas seuls. Simone Weil fournit une première voix qui confère la confiance.


« Tant que l'homme tolère d'avoir l'âme emplie de ses propres pensées, de ses pensées personnelles, il est entièrement soumis jusqu'au plus intime de ses pensées à la contrainte des besoins et au jeu mécanique de la force. S'il croit qu'il en est autrement, il est dans l'erreur. Mais tout change quand, par la vertu d'une véritable attention, il vide son âme pour y laisser pénétrer les pensées de la sagesse éternelle. Il porte alors en lui les pensées mêmes auxquelles la force est soumise. »


Sa parole est une grâce à laquelle on craint d’abord de céder –les pires tyrans ne sont-ils pas ceux qui revendiquent l’absolue vérité de leur parole envers et contre celle de tous les autres ? mais si on consent à lâcher la bride une fois, l’effusion de chaleur se répand. Rien ne permet de prouver la bonté qui sous-tend le discours de Simone Weil, sinon cette adhésion spontanée de l’âme qui n’a pas besoin d’être érudite pour discerner le bien durable du bien immédiat, celui qui est bientôt couronné par ses conséquences funestes. C’est aussi ce que le philosophe grec Epicure discernait lorsqu’il différenciait les désirs naturels des désirs vains (richesse, gloire, immortalité…).


Simone Weil propose des mesures concrètes qui permettraient de transposer au niveau terrestre la transcendance qui remplissait le message chrétien avant sa corruption. Rien de compliqué : il s’agit de rendre à l’individu sa dignité afin qu’il lui soit permis de se tourner vers ses semblables le cœur plein d’amour et de grâce parce que libéré de ses frustrations.  Il s’agit de le rendre conscient de l’harmonie prodigieuse qui relie l’immanence de sa vie terrestre à la transcendance de l’humanité, sur terre et dans le ciel (ou au moins dans la continuité de nos généalogies, traditions, civilisations et âmes collectives). Cela peut se faire sur le plan intellectuel, par exemple en ôtant la culture des mains du pouvoir dominant et en lui rendant son caractère véridique, en lien avec les réalités endurées au quotidien par les hommes. :


« Par exemple, quelle intensité de compréhension pourrait naître d'un contact entre le peuple et la poésie grecque, qui a pour objet presque unique le malheur ! Seulement il faudrait savoir la traduire et la présenter. Par exemple, un ouvrier, qui a l'angoisse du chômage enfoncée jusque dans la moelle des os, comprendrait l'état de Philoctète quand on lui enlève son arc, et le désespoir avec lequel il regarde ses mains impuissantes. Il comprendrait aussi qu'Électre a faim, ce qu'un bourgeois, excepté dans la période présente, est absolument incapable de comprendre – y compris les éditeurs de l'édition Budé. »


weil - Simone Weil [Philosophie] L_angy10

Cela peut se faire également sur le plan pratique, en rendant leur âme aux ateliers à la manière des corporations médiévales :


« Un ouvrier pourrait parfois montrer à sa femme le lieu où il travaille, sa machine, comme ils ont été si heureux de le faire en juin 1936, à la faveur de l'occupation. Les enfants viendraient après la classe y retrouver leur père et apprendre à travailler, à l'âge où le travail est de bien loin le plus passionnant d'un métier, et pourraient à leur choix se perfectionner dans celui-là ou en acquérir un second. Le travail serait éclairé de poésie pour toute la vie par ces émerveillements enfantins, au lieu d'être pour toute la vie couleur de cauchemar à cause du choc des premières expériences. »


Mesures utopiques dans l’état actuel des choses, non seulement au niveau politique mais aussi au niveau éthique. Même les meilleurs d’entre nous doivent être purgés pour retrouver le sens d’un monde régi par la justice, l’obligation et l’obéissance à la vérité. Après des siècles passés à nous faire prendre l’esclavage pour la liberté, nous ne savons plus que la liberté n’est possible qu’à condition d’être obéissance au bien éternel, et non plus aux satisfactions temporelles de la force. La notion d’obéissance même fait peur et nous rappelle les pires totalitarismes mais c’est parce que nous l’avons subordonnée à la force depuis des millénaires, alors que l’obéissance à la vérité et à la justice ne devrait pas conduire au malheur de l’humanité. Et qu’importe si ce n’est qu’une utopie ? Irréalisable peut-être, mais concrète dans les exigences qu’elle requiert et dans les idéaux qu’elle construit.


« On n'a même pas la certitude que l'idée d'un ordre où toutes les obligations seraient compatibles ne soit pas une fiction. Quand le devoir descend au niveau des faits, un si grand nombre de relations indépendantes entrent en jeu que l'incompatibilité semble bien plus probable que la compatibilité.

Mais nous avons tous les jours sous les yeux l'exemple de l'univers, où une infinité d'actions mécaniques indépendantes concourent pour constituer un ordre qui, à travers les variations, reste fixe. Aussi aimons-nous la beauté du monde, parce que nous sentons derrière elle la présence de quelque chose d'analogue à la sagesse que nous voudrions posséder pour assouvir notre désir du bien. »



L’obéissance ultime, sur le plan de notre réalité terrestre, se concrétise selon Simone Weil dans l’assujettissement absolu au travail physique. C’est ici la conclusion la plus définitive de la disparition de l’âme individuelle dans l’âme collective, mais c’est en même temps son chant du cygne et l’éclat paradoxal de sa gloire, qu’il serait peut-être bon de rapprocher de cette humble constatation de Sainte Thérèse :


« Un jour que je me plaignais d’être obligée de manger de la viande et de ne pas faire pénitence, j’ai entendu qu’on disait qu’il y avait parfois plus d’amour du moi que de désir de pénitence dans un semblable chagrin. »


L’extrémité d’un tel sacrifice devrait rester un horizon pour nos destinées, ou la tentation d’un ultime orgueil. Mais peut-être ne le devrait-elle pas et alors, Simone Weil court beaucoup trop loin devant nous pour que nous puissions la rattraper. Nos âmes ne sont peut-être pas encore assez passionnées, ni assez affamées pour reconnaître la nécessité d’une telle consomption. Le prophète est à l’heure, mais le Messie vient toujours trop tôt.


*peinture : L'Angélus, Jean-François Millet
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MessageSujet: Re: Simone Weil [Philosophie]   weil - Simone Weil [Philosophie] EmptyLun 3 Nov 2014 - 11:29

merci Coli ! pour ce commentaire aussi construit, fouillé, aussi beau, je suis certaine que Simone Weil aurait apprécié, même si elle t'aurait certainement destiné une !ongue lettre passionnée pour répondre aux interrogations ou aux doutes qui te restent encore.
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