Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Louis Ferdinand Céline

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colimasson
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyVen 14 Nov 2014 - 18:37

Magnifique ta passion ! Very Happy

C'est intéressant ce que tu dis sur les limites du réalisme en roman. Justement, je lis La débâcle de Zola et je me disais que certains dialogues auraient bien pu figurer dans le Voyage...
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Max
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyVen 14 Nov 2014 - 19:49

colimasson a écrit:
je lis La débâcle de Zola et je me disais que certains dialogues auraient bien pu figurer dans le Voyage...
Ah ?... C'est en effet ce que j'ai cru comprendre d'après les échos que j'ai eus du roman de Zola. J'ai hâte de me lancer. Il faut que je trouve le temps de me caler ça. Il a l'air plus long que les autres.

colimasson a écrit:
C'est intéressant ce que tu dis sur les limites du réalisme en roman.
En fait je n'ai fait que m'appuyer sur ce que disait Céline dans une interview. Je ne suis pas très original...

Une interview donnée trois ans avant sa mort (en 1958). Je conseille à ceux qui ne l'ont jamais écoutée d'y prêter une oreille. C'est très très intéressant.

Mais ce n'est pas une interview. Je dirais plutôt une allocution  content D'où le "Céline vous parle". On lui a simplement posé un micro devant lui et demandé : "parlez-nous de vos livres". Et il part sur une improvisation énorme d'un quart d'heure.

S'il y a une archive sonore de Céline à écouter, c'est celle-ci.


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Chamaco
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyDim 16 Nov 2014 - 14:25

les propos de Max ont orienté mon achat de "Voyage au bout de la nuit"...Je le met dans ma L.A.L qui s'allonge et m'inquiète vu mon rythme de lecture et m'amènera peut être à modifier mon organisation journalière en créant un espace lecture en milieu d'après-midi..Decidement ce forum parfume ma vie en me ramenant bien des années en arrière... Laughing
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyDim 16 Nov 2014 - 17:08

C’est cool ça.

Si je peux me permettre.
Avant de démarrer ta lecture, pourquoi ne pas lire cette critique du Voyage par René Schwob ?
C’est à mon avis une des meilleures critiques du roman. La plus belle en tout cas.
(André Derval les a toutes réunies en un volume en 1993 : Voyage au bout de la nuit : critiques 1932-1935).

En fait c’est une lettre ouverte publiée dans la revue Esprit en mars 1933.
Un regard différent sur Céline.
C’est écrit magnifiquement. Je la relis souvent.

C’est très bien avant d’attaquer le Voyage (Sullien ?...)

Citation :

René Schwob
Lettre ouverte à L.-F. Céline
1er mars 1933

Monsieur,

Après tous les articles qui vous ont été consacrés et le torrent d’enthousiasme qui s’est déchaîné autour de votre livre, je ne me permettrais pas de venir vous écrire si je n’avais précisément aimé ce livre avant le déchaînement de cet enthousiasme. Et aussi parce que je sais par moi-même combien il peut être doux au cœur de recevoir un mot qui vient vraiment du cœur.
Je ne lis plus guère les ouvrages de nos contemporains : ils manquent par trop d’humanité et il y a mieux à faire que de perdre son temps avec eux. C’est par grand hasard — et grâce à une grippe — que je me suis embarqué avec vous. J’ai d’abord été un peu déconcerté par le ton « journal d’avant-garde » que, malgré de grandes beautés, me semblait avoir tout le début. Et puis, à partir du moment où l’on sent que cette atmosphère de cave n’a rien de factice, que celui qui s’y débat est un homme véritable et qui ne cesse d’en souffrir, alors votre livre ne m’a plus paru un livre comme les autres, mais, par rapport aux autres, ce que L’Opéra de quat’ sous est par rapport à tous les films : une prodigieuse épopée. Une des rares œuvres avec ce film et quelques musiques de Kurt Weill qui donnent l’impression du style propre à notre temps, un style plus profondément vivant, humain et douloureux que tout ce que nous avons connu jusqu’à présent.
Cela, d’un point de vue esthétique. Mais la grandeur de votre ouvrage c’est que, s’il arrive à créer cette esthétique nouvelle, c’est avec une apparente indifférence à toute esthétique.
(…)
Sous une forme de journal très simple vous avez si bien réussi à faire l’épopée de la misère humaine que toute intelligence critique et trop bien ordonnée semble, auprès de votre puissance, minable et ridicule.
Si je vous écris enfin, après avoir laissé tant de jours passer sans vous faire connaître l’impression profonde que j’ai ressentie à vous lire, c’est que je tenais à savoir si cette impression durerait aussi vive qu’aux premiers jours. Elle dure si bien qu’il me semble impossible d’écrire à présent comme on écrivait avant votre livre. Cette mise au jour d’un univers si sombre, cette fabuleuse révélation de la nuit où se débattent et grouillent tous ceux qui sont aux prises avec la misère quotidienne, non seulement nous fait honte de ne pas nous occuper davantage de cette misère-là, mais nous transforme au point de nous dépayser de nous-mêmes et de nous donner le dégoût de tout confort, si mince qu’il soit. C’est pour cela que je tenais à vous remercier : vous êtes un des très rares qui nous interdisent la tranquillité.
J’ajoute aussi qu’après avoir eu l’impression que vous haïssiez tous les êtres, je me suis aperçu que ce dont vous souffriez au contraire — tant est grand votre amour des êtres — c’est qu’il ne soit pas plus grand encore ; et qu’il reste impuissant à sauver ceux dont vous connaissez pourtant toutes les tares. Cette impossibilité d’être utile à qui que ce soit, telle est une des grandes leçons de votre livre, et qui pousse au délire notre dégoût de nous-mêmes. Il faut, je crois, que vous ayez beaucoup souffert pour être capable de nous convoquer, sans en parler, à un si grand amour.
Mais si l’une des raisons de la grandeur de votre œuvre est votre parfaite absence de complaisance à quoi que ce soit, — en raison même de votre certitude que tout arrêt est vain, qu’il n’y a rien à faire que de poursuivre le voyage sans s’arrêter et jusqu’au bout, — si ce constant désespoir qui vous force à marcher et à pleurer en marchant nous transporte enfin hors des mondes artificiels et mesquins où nos « grands » romanciers d’aujourd’hui nous enferment, c’est que cette absence de complaisance à tout vous l’éprouvez d’abord pour vous-même. Une vertigineuse résignation à la misère de votre état, à cette misère qui vous fait sentir le frère de tous les malheureux, voilà ce que nos grands hommes ignorent : ils se regardent vivre, ils s’écouter parler. Et quand ils se penchent sur la misère c’est encore pour se voir, s’intéressant à elle. Vous, vous ne vous intéressez à rien, parce que le désespoir avec la résignation est vraiment installé dans votre cœur — et qu’il ne vous laisse pas le temps de respirer. Que cette misère-là soit la misère de tant et tant de millions d’êtres, c’est ce qui donne à ce journal intime son immense portée et le pouvoir de retentir dans tous les cœurs.
Alors que je vantais votre œuvre à d’intelligentes personnes, je les entendis me répondre que vraiment vous exagériez, qu’il n’y avait pas que ces monstres-là sur terre. Ils ignoraient d’une part que vous n’aviez peint de tels monstres que pour mieux accuser la société de les avoir engendrés, que pour mieux accuser aussi votre propre responsabilité et cette impuissance à soulager vraiment qui que ce soit. Et c’est ma foi chrétienne qui me faisait vous défendre et vous approuver. Car si jamais, sauf en quelques lignes et pour le rendre ridicule, si Dieu n’apparaît jamais dans votre œuvre, il y est sous cette forme d’aspiration inavouée à l’Amour — sous cette forme de souffrance (qui s’exhale de chacune de vos lignes) à vous sentir doué d’un insuffisant amour. Oui c’est par là je crois que, tout en n’aimant que les œuvres où l’amour de Dieu et des êtres est exalté, j’ai pu être si sensible à votre œuvre où l’ignominie humaine est seule peinte. Parce que je vous ai senti plus misérable encore de votre incapacité à vous sacrifier totalement, de l’incapacité où est tout homme à se sacrifier pour un compagnon de misère, que souffrant de vos misères mêmes.
Gide me demandait un jour, parce que je lui déniais le sens de la spiritualité vraie, quel auteur aujourd’hui, en dehors des catholiques, m’en paraissait doué. Je lui répondis que je la trouvais chez bien peu d’auteurs catholiques. Par contre, si je vous avais lu alors, je lui aurais donné votre nom. Et même je suis sûr que c’est votre intense quoique secrète spiritualité qui a incité, à son insu, la N.R.F. à refuser votre ouvrage. Car il est bien curieux de constater à quel point cette vertu et cette maison peuvent être incompatibles.
Pour moi, Monsieur, qui n’avais commencé cette lettre que pour vous remercier du bien que vous m’aviez si cruellement fait, je vous prie de croire à ma durable reconnaissance, car, je vous l’avoue : peu d’auteurs — même chrétiens — m’ont autant que vous convaincu de l’inhabitabilité d’un monde sans espérance et sans amour.
Je suis à vous fraternellement dans ce Christ qui est l’Amour, et vers lequel, sans le savoir, vous nous poussez si violemment.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyDim 16 Nov 2014 - 19:29

Merci Max, je viens de lire le texte, il faudra que je le relise, j'y vois une veritable déclaration d'amour. C'est effectivement tres bien écrit. Une chose me gène cependant, ces références au christianisme qui semble donc selon Schwob avoir guidé les écrits de Céline. J'ai depuis longtemps pris mes distances avec la religion. Le souvenir que j'ai de ma lecture de "Mort à crédit" ne m'a pas laissé de souvenirs de cet aspect de l'auteur, c'est vrai que c'etait il y a tres longtemps... Very Happy
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyLun 17 Nov 2014 - 20:53

Catholique oui, mais peut-être n'exclut-il pas les autres confessions. Ce serait dommage de bloquer sur cette belle déclaration à cause de motifs aussi extérieurs. C'est une très belle lettre personnelle.

Max a écrit:
colimasson a écrit:
je lis La débâcle de Zola et je me disais que certains dialogues auraient bien pu figurer dans le Voyage...
Ah ?... C'est en effet ce que j'ai cru comprendre d'après les échos que j'ai eus du roman de Zola. J'ai hâte de me lancer. Il faut que je trouve le temps de me caler ça. Il a l'air plus long que les autres.



Oui, il est très long. J'ai du mal à avancer car le livre est dense. Il n'est pas écrit entièrement dans cette tentative de transcription orale des différents langages et le pré-Céline se trouve seulement dans quelques dialogues. Mais les descriptions sont souvent crues et sanglantes. On est quand même loin de l'émotion et du dynamisme célinien.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyLun 17 Nov 2014 - 23:46

J'ai cité cette lettre tout simplement parce qu'elle met en avant (de façon assez inattendue, certes) une certaine forme d'humanisme que l'on retrouve dans toute l’œuvre de Céline.


Quant à la place de la spiritualité dans ses livres, c'est un sujet très intéressant, avec plein de contradictions comme toujours chez lui. J'essayerais d'en dire un mot à l'occasion. Mais je ne suis pas le mieux placé pour en parler.
Mais tu as raison sinon. Pas de traces... et — ahem — c'est peu dire...
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyMar 18 Nov 2014 - 23:14

@ Coli et à Max, pour vous repondre.
Je n'affirme pas qu'il n'exclut pas les autres confessions, quoique ses pamphlets antisémites ne le plaident guère, c'est là comme souvent la plaie avec les religions, et je dis bien les religions, elles empêchent les eaux de rester claires et créent des conflits là où il ne devrait pas en avoir. C'est pourquoi je suis mefiant tout en n'étant pas athée. Lorsque j'entreprendrai la lecture de "Voyage au bout de la nuit" je serai attentif à relever ces imperceptibles ou perceptibles traces, et j'en ferai part le cas échéant... Very Happy
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyMer 19 Nov 2014 - 19:29

Sullien a disparu. Je lui ai fait peur ?


I.T. Nayrant a écrit:
Lorsque j'entreprendrai la lecture de "Voyage au bout de la nuit" je serai attentif à relever ces imperceptibles ou perceptibles traces, et j'en ferai part le cas échéant... Very Happy
Non mais ne cherche pas, tu ne trouveras pas grand-chose de ce côté... C'est l'interprétation de Schwob (juif apostat) qui crée la surprise. Mais il y a des vérités dans ce qu'il dit.

Et puis tu sais, Céline a écrit des "horreurs", des "abominations" sur l'Eglise. Des propos qui sont à nuancer évidemment. C'est sa façon d'écrire.

Pour le plaisir. A Milton Hindus :
Citation :
Breton, je suis mystique, messianique, fanatique tout naturellement — sans effort — absurde — j'ai été élevé tout naturellement en catholique = baptême, première communion, mariage à l'église, etc. (comme 38 millions de Français) La foi ? hum ! c'est autre chose — comme Renan, hélas, comme Chateaubriand, en désespoir... Pire, je suis médecin — Et puis païen par mon adoration absolue pour la beauté physique, pour la santé — Je hais la maladie, la pénitence, le morbide — grec à cet égard totalement — Je donnerais tout Baudelaire pour une nageuse olympique !
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyMer 19 Nov 2014 - 19:34

Max a écrit:
Sullien a disparu. Je lui ai fait peur ?
Présent !

Non, c'est plus prosaïquement que j'ai manqué toutes vos réponses ! Razz

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyMer 19 Nov 2014 - 19:38

Pas de souci  content
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyMer 19 Nov 2014 - 20:02

je termine mon Padura et je lirai Celine en priorité. Very Happy
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyMer 19 Nov 2014 - 20:56

Citation :
J’ai d’abord été un peu déconcerté par le ton « journal d’avant-garde » que, malgré de grandes beautés, me semblait avoir tout le début. Et puis, à partir du moment où l’on sent que cette atmosphère de cave n’a rien de factice, que celui qui s’y débat est un homme véritable et qui ne cesse d’en souffrir, alors votre livre ne m’a plus paru un livre comme les autres, mais, par rapport aux autres, ce que L’Opéra de quat’ sous est par rapport à tous les films : une prodigieuse épopée. Une des rares œuvres avec ce film et quelques musiques de Kurt Weill qui donnent l’impression du style propre à notre temps, un style plus profondément vivant, humain et douloureux que tout ce que nous avons connu jusqu’à présent.
C'est exactement mon ressenti d'alors, même s'il m'a fallu plus de temps (et beaucoup de relectures du début) qu'à R. Schwob pour me rendre compte que "cette atmosphère de cave n'a rien de factice". Croisé avec ce que tu disais sur le fait de "trouver la langue de son époque", ça ouvre de belles pistes de relecture.


Citation :
Sous une forme de journal très simple vous avez si bien réussi à faire l’épopée de la misère humaine que toute intelligence critique et trop bien ordonnée semble, auprès de votre puissance, minable et ridicule. (...) Cette mise au jour d’un univers si sombre, cette fabuleuse révélation de la nuit où se débattent et grouillent tous ceux qui sont aux prises avec la misère quotidienne, non seulement nous fait honte de ne pas nous occuper davantage de cette misère-là, mais nous transforme au point de nous dépayser de nous-mêmes et de nous donner le dégoût de tout confort, si mince qu’il soit. C’est pour cela que je tenais à vous remercier : vous êtes un des très rares qui nous interdisent la tranquillité.
Tout cela pourrait être dit mot pour mot de Victor Hugo, dans lequel je suis plongé. Qu'en est-il d'Hugo dans l'esprit de Céline ?

L'ensemble de la lettre est formidable. Même impression, à première lecture du Voyage, que l'auteur "haïssait tous les êtres", non parce qu'il dépeint une humanité basse et méprisable, mais parce que la nuit n'y connaît aucun horizon. Mais en effet, cri de "désespoir", rage "d'impuissance"... Vraiment, très intéressant, merci ! Plus qu'à relire le Voyage, donc.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyLun 23 Fév 2015 - 19:43

A la demande de Max, voici quelques impressions sur la trilogie allemande, ensemble de trois romans écrits par Céline dans la dernière partie de sa vie. Plus que d’autres, ces fictions sont en partie autobiographiques. L’auteur, raconte dans un style éblouissant ses aventures, avec sa femme Lili, le chat Bébert, parfois accompagné de « La Vigue » (l’acteur Le Vigan) dans l’Allemagne de la fin du IIIe Reich.
Dans « D’un château l’autre » Céline observe le milieu de la France de Vichy et des collaborateurs réfugiés à Sigmaringen. Au château logent Pétain et les dignitaires comme Laval et autres ministres ; en dehors, dans les auberges et celle où se trouve Céline s’entassent les moins bien lotis, nourris de soupe au choux et courant sans cesse aux toilettes qui débordent sur le palier. L’établissement est également occupé par un dignitaire nazi et sa compagne qui fait la loi avec ses gros molosses. La peinture que fait Céline de cette petite société qui rêve de reconquérir la France est souvent ironique, cruelle, mais parfois tendre, je pense en particulier à ce vieux couple de musiciens, contraint à des travaux de transport d’arbres, que l’auteur réussit à faire entrer au château.
« Nord » opère un retour en arrière. Le roman décrit l’arrivée de Céline à Baden-Baden après avoir fui Paris, son passage à Berlin dévasté par les bombardements, image magnifique de cet amateur d’antiquités dont un pan de l’appartement donne sur le vide, et surtout son séjour à Zondorf, un village au nord de la capitale. Là encore, nous avons droit à une galerie de portraits truculents : le médecin nazi qui entasse provisions et boissons de luxe, le comte du domaine lutinant de petites polonaises - image superbe aussi de son départ en grand uniforme sur son cheval pour repousser les russes - héritier impotent… Ce roman se distingue des deux autres par une intrigue quasi policière avec meurtre de plusieurs des protagonistes.
Enfin « Rigodon », associe le premier voyage de Céline à Sigmaringen à sa remontée au printemps 45 jusqu’au Danemark – où il a planqué de l’or – dans une Allemagne à feu et à sang. La thématique dans ce dernier opus est celle du train, des bombardements, des villes en feu. Là encore des images marquantes, je retiendrais en particulier cette vision des corps fondus dans l’asphalte à Hambourg, la montagne dans cette même ville qui a enfoui des magasins avec leur devanture, ces enfants, handicapés mentaux, qui accompagnent l’auteur dans la dernière partie de son périple.
Un point à signaler : le retour fréquent au temps présent avec les figures savoureuses d’Achille (Gaston Gallimard) et Loukoum (Paulhan), objets d’un humour que je pourrais qualifier de « vachard ».
Céline, ce n’est pas une nouveauté, s’inspire parfois de faits réels qu’il amplifie, déforme  ou qu’il invente purement et simplement. Il est souvent bien difficile de faire la part des choses.
Comme je l’ai dit, l’auteur est à mon avis, au sommet de son art, membres de phrases elliptiques ponctuées de points d’exclamation et de suspension. Cet aspect peut déconcerter et rebuter un lecteur néophyte. C’est pourquoi, je conseillerais de commencer par lire d’autres ouvrages de Céline avant cette trilogie. Par ailleurs, celle-ci ne prend tout son sens (et son sel) que si l’on est un peu familier du contexte de l’époque. A ce sujet, j’ai eu la chance de la lire dans l’édition de la Pléiade qui pour le coup offre une aide très appréciable par ses notices et notes diverse.
Vous l’avez compris, cette lecture m’a enthousiasmé ; un seul regret : la mort de Céline qui l’a empêché d’ajouter un dernier opus sur ses tribulations au Danemark.
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MessageSujet: Re: Louis Ferdinand Céline   Louis Ferdinand Céline - Page 19 EmptyMer 25 Fév 2015 - 17:57

Très sympa ton commentaire. Merci d'y avoir pensé.

De mon côté, je ne connais pas bien les romans de la fin. En fait, j'ai attendu longtemps avant de les lire. Je faisais tourner en boucle son œuvre 32-48. Mais à force de trop fantasmer sur le final, il m'a un peu déçu. Disons que je les ai lus un peu "à part", après une très longue première phrase de découverte et de relectures...

Je conserve quand même des scènes magnifiques en tête. Les descriptions de Berlin dans Nord, par exemple. Ou encore la scène de Lili Marlène dans D'un château l'autre... Tous les miliciens qui entonnent la chanson, puis ça se finit en orgie pas possible. C'est un passage intense parmi d'autres, mais cette scène qui va crescendo est très impressionnante. Elle m'a beaucoup marqué.

C'est cool que t'aies pris la peine de les lire à la file. Du coup je me demande un truc. Tu n'as pas eu du mal à te réadapter à des lectures "normales" depuis ?
Parce que moi si. A chaque fois.

C'est ce que Céline recherchait d'ailleurs : rendre les autres illisibles. Il le dit texto dans sa toute première interview radiophonique (1954). Il ne voulait pas dire par là que ses contemporains étaient nuls. Non, non. Il voulait dire par là que n'importe quel lecteur, après avoir lu un de ses livres, connaissait toujours une phase de réadaptation bizarre avant de pouvoir se remettre à lire correctement (= de façon "traditionnelle", académique) autre chose. Moi en tout cas j'ai beaucoup de mal, à chaque fois, après avoir lu Céline, à enchaîner d'autres lectures – même des écrivains que j'aime beaucoup !

Je vais essayer d'expliquer mon ressenti. Tu me diras ce que tu en penses.

Je crois que Céline bouleverse profondément notre façon de lire, d'abord parce que sa langue est brisée, mais surtout parce qu'il nous force à vivre les phrases "du dedans". Sans cet effort sur l'instant, improvisé, à vif, de notre part, on n'arrive pas à le suivre/lire... Mais dès lors qu'on parvient à se raccrocher à son rythme imposé, à sa transposition de tout instant, on finit tout naturellement, sans même s'en rendre compte, par suivre un autre rail, je ne sais pas, on finit par anticiper instinctivement toutes les embûches stylistiques que Céline nous impose. C'est comme une lecture "parallèle" dans notre tête. Sans compter les explosions émotives, cette vie réinjectée dans la phrase à tout moment qui crée une dynamique de lecture, j'ai envie de dire participative.
J'aimerais pouvoir m'exprimer avec des termes moins imagés et moins chiants  hs Ce que je veux dire, c'est qu'avec Céline, ce que l'on vit, ce n'est pas l'émotion que nous procure une scène. Ce que l'on on vit, et qui nous émeut, c'est, d'abord, sur l'instant, la structure elle-même de la phrase. C'est très étonnant d'y réfléchir après coup. J'y pense tout le temps. Ca me travaille beaucoup... Mais ça ne veut pas dire que Céline se résume à de la technique (et donc à du bluff), car cette structure "vécue" débouche, pour qui sait la pénétrer, donc secrètement, sur l'intimité d'un langage aux possibilités infinies... (avec comme accessoires, sa tendresse, ses haines, son humour, etc.), que je ne suis d'ailleurs pas apte à décrire bien...

Bref, tout ça pour dire que quand on passe à un autre auteur, sur le moment on trouve ça écrit "à plat", sans expressivité, sans vie, vraiment inconsistant, sans palpitation aucune, sans émotion.
Et puis finalement, après disons une bonne cinquantaine de pages, tout se remet en place, on peut lire et apprécier de nouveau quelqu'un d'autre.
Donc, s'il s'estompe assez rapidement, il y a incontestablement un sortilège célinien...

Et ça fonctionne d'ailleurs exactement pareil dans l'autre sens. Lorsqu'on (re)lit un Céline, on trouve d'entrée ses tics de plume maladroits et un peu faciles... "Hum hum. Dans mes souvenirs, c'était plus consistant..." Et finalement on s'y (re)met, et alors on ne peut plus lire qu'avec cette écriture. Dernièrement, j'ai relu Les beaux draps, ben il m'a fallu patienter les 1/5 du livre avant de turbiner plein pot. Encore que ce livre soit un des moins transposés.

...

Tu ressens la même chose, ArenSor ? A moins que t'aies pas attaqué de nouvelles lectures depuis ? content
Tu me diras peut-être que cette phase de réadaptation est la marque des grands écrivains. Ouais ouais. Mais je crois (vraiment) qu'il n'y a que lui (et Proust, avec des procédés tout à fait différents), en prose, qui soit capable de chambouler à ce point notre façon de lire.

Bon mais il s'est longuement expliqué sur ce point : de même, nous dit Céline, qu'on fait avoir le trot au cheval, alors que son allure naturelle est le galop, le verbe a remplacé l'émotion chez l'homme. On a sorti l'homme de la "poésie spontanée du sauvage" pour le faire entrer dans la dialectique, en homme civilisé, académisé, mécanisé, plus en homme sensible. Le travail de Céline consistait donc, si on le suit, à restituer une certaine poésie intime primitive dans la phrase même (ce qui n'a rien à voir avec le fait d'exprimer des émotions par des phrases).
C'est ainsi qu'il écrivait à l'actrice Marie Bell : "ne jamais oublier que l'Homme chantait avant de parler. Le chant est naturel, la parole est apprise. Les sources à poésie sont au chant – pas au bavardage."

Oups, j'ai écrit plus que prévu. Comme à chaque fois. Désolé. Louis Ferdinand Céline - Page 19 937463
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