- Wikipedia a écrit:
- Patrick James Rothfuss, né le 6 juin 1973 à Madison dans le Wisconsin, est un auteur américain de fantasy. Il est l'auteur de la trilogie Chronique du tueur de roi, qui fut repoussé par plusieurs maisons d'éditions avant que le premier tome, Le Nom du vent, soit publié en 2007, salué par la critique et fasse partie de la New York Times Best Seller list.
Le deuxième tome de sa série Chronique du tueur de roi, La Peur du sage, a été gratifié en juin 2012 du prix David Gemmell du meilleur roman de fantasy.
Mot de son éditeur français Bragelonne pour le décrire :
"Patrick Rothfuss vit dans le Wisconsin, où il enseigne à l’université. À ses heures perdues, il tient une chronique satirique, pratique la désobéissance civile et tâte de l’alchimie. Il aime les mots, rit souvent et refuse de danser." (en aparté, c'est étonnant le nombre d'auteurs de fantasy qui sont universitaires, comme le fut le père de la fantasy J.R.R Tolkien).
Les 3 romans dont je vais vous parler ont été vendus à 10 millions d'exemplaires en 8 ans, ils appartiennent à la
Chronique du tueur de roi.
La Chronique est l'histoire d'un ancien héros (encore jeune) qui veut se faire oublier et se fait passer pour un aubergiste. Arrive un jour un Chroniqueur dans son auberge et il décide de raconter son histoire. Entendez par là qu'il veut raconter la vraie histoire et pas toutes les versions fantaisistes qui circulent sur lui.
Tout d'abord les travers de la chronique:
- Comme bien (trop) souvent, l'épopée prend forme dans un voyage initiatique, on suit le personnage principal (Kvothe) de son enfance à ses 17 ans, avec tous les rites de passage que cela comporte (découverte que les adultes peuvent mentir, que la méchanceté gratuite est légion, les blessures, les souffrances, la découverte de soi, les 1ers émois...) et je dois dire qu'après
L'éducation sentimentale, on est vacciné à vie. Faites comme Stephen R. Donaldson (
Chronique de Thomas Covenant), son héro est un lépreux adulte (l'auteur a passé son enfance en Inde) et pourtant il a aussi vendu des millions d'exemplaires....
- Parfois une petite tendance à aller voir
du côté de chez Swann. Entendez par là qu'il a le même travers que Proust, dans les 7 tomes d'
A la recherche du temps perdu, vous avez les 3/4 de ce qui est raconté qui n'est autre que le quotidien de la vie et qui n'apporte rien à l'avancée de l'histoire. Oui, c'est bien sympathique, on se sent un peu chez soi, à l'abri, se réchauffant à la chaleur de la cheminée mais quand on lit environ 2000 pages (je parle de Proust), on a aussi besoin d'être réveillé de temps en temps.
- Le 3è élément est lié à l'éditeur Bragelonne qui est une bonne maison (tout comme sa fille Milady) avec un catalogue intéressant de plus de 1600 titres mais qui a découpé le tome 2 américain en tome 2 et 3 français. L'éditeur avance que la traduction en faisait un roman trop épais et je veux bien le croire. Les Américains n'hésitent pas à sortir des romans de 700 pages, nous on a plutôt tendance à les découper en 2 romans. Ce qui est gênant ici est que le tome 2 se tient et le diviser le déséquilibre, c'est faire une première partie fort proustienne et une seconde qui devant rééquilibrer se trouve en fort déséquilibre inverse... Imaginez un peu
Belle du Seigneur coupée en 3 parties, la 1re flamboyante, la 2de vide et la 3e déliquescente, vous auriez tué le génie de Cohen.
Vous me direz aussi qu'il vaut mieux vendre deux romans à 25€ qu'un seul à 35€...
Les points positifs:
- Patrick Rothfuss sait écrire et plutôt bien écrire (son traducteur aussi), j'ai noté environ une vingtaine de mots nouveaux à chacun de ses tomes pour enrichir mon vocabulaire. On voit aussi qu'il a esprit universitaire dans ses explications détaillées, assez poussées non seulement des personnages mais aussi des mécanismes, des langues et arts (surtout la musique).
- Il alterne les passages à la 3e personne, quand le héro est en présence du Chroniqueur donc au temps présent, et les passages à la 1re personne, quand il raconte son histoire. C'est ingénieux et cela permet de donner, comme dans un morceau de musique, une brisure, une respiration.
- Mettre en avant les différences entre la légende du héros et ce qu'il a réellement vécu est très intéressant d'un point de vu anthropologique.
- Certains passages sont très drôles et ils sont à chaque fois situés dans une envolée proustienne, ce qui nous sauve d'un bâillement.
- Les personnages secondaires qui l'entourent ne manquent pas d'intérêt, ils ont une personnalité bien tranchée et restent, pour certains d'entre eux, une belle énigme.
Au final, une Chronique intéressante mais loin d'être complète, à la fin du tome 3, il n'a tué aucun roi et, à l'allure où va l'intrigue, on se demande quand le titre sera expliqué (le tome 4 étant prévu pour 2016, quatre ans après le précédent).
Je continuerai à acheter ses romans pour la qualité d'écriture, l'envie de savoir la suite et... afin de vérifier les hypothèses que j'ai échafaudées quant à certaines énigmes.