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 Steve Hodel

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MessageSujet: Steve Hodel   Steve Hodel EmptyLun 26 Mai 2008 - 0:11

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Steve Hodel

L'affaire du Dahlia noir (2004)

Plusieurs ouvrages documentaires et romans ont déjà été écrits sur cette célèbre affaire criminelle mais le livre de Steve Hodel a une particularité troublante : son auteur suspecte son propre père d'être l'assassin du Dahlia noir (ainsi que de plusieurs autres femmes).
Selon l'expression consacrée, la réalité dépasse ici largement la fiction en horreur et en duplicité. Qu'on en juge...

A la mort de son père, Steve Hodel - ancien inspecteur de la police criminelle à la retraite - trouve parmi les affaires de son paternel un petit album photo dans lequel Hodel pense reconnaître Elisabeth Short, alias le Dahlia noir, une jeune femme sauvagement assassinée et mutilée en 1947. Hodel, gagné par une intuition, va se mettre à enquêter sur les rapports que son père, George Hodel, a pu entretenir avec la jeune femme et à cette occasion rouvre le dossier qui traîne depuis une cinquantaine d'années dans les bureaux du LAPD.
A l'époque des faits, le père Hodel habitait Los Angeles, dans une sompteuse villa. Médecin respecté, homme charismatique mais froid et autoritaire, il lui arrive d'organiser des soirées très spéciales chez lui (des partouzes, entre autres). Son carnet mondain est bien fourni en personnalités influentes de toutes sortes. Bref, George Hodel mène la grande vie.
C'est aussi un homme de pouvoir qui, fort de sa situation de médecin, possède des dossiers compromettants sur nombre de personnes importantes venues le consulter (vedettes de cinéma, hommes d'affaires, politiciens, hommes de loi...). De quoi avoir de bons moyens de pression en cas de nécessité.
Dans ces années-là, son fils Steve n'est encore qu'un enfant et les vicissitudes de son père ne lui sont évidemment pas connues. Ce n'est que lors de son enquête que Steve Hodel se met à reconstituer le mode de vie familiale et va de surprises en surprises.

Parallèlement à cette partie biographique, l'auteur revient de manière exhaustive (le livre fait plus de 500 pages) sur les événements ayant conduit au meurtre du Dahlia. Grâce à son expérience héritée de ses longues années à la criminelle et une solide documentation reprenant tout ce qui a pu être écrit sur l'affaire à l'époque des faits (coupures de presse, témoignages, rapports de police, photos, rapports d'autopsie) ou annexées à celle-ci (lettres, journaux intimes,...), Hodel livre au lecteur le fruit de plusieurs années de travail approfondi.
Il reconstitue également, par recoupements, les derniers semaines d'Elisabeth Short, s'interroge sur sa personnalité, son mode d'existence, ses relations (nombreuses et éphémères) jusqu'à ce fameux matin où elle est retrouvée morte dans un terrain vague, le corps sectionné en deux parties et défigurée. Ce ne sont là d'ailleurs que les premières constatations, un examen plus poussé révélant par la suite que la jeune femme a subi de longues heures de torture mais je vous passe charitablement les détails, cette partie du livre étant particulièrement éprouvante.

Après ce travail aussi complet qu'il est possible - n'oublions pas que les faits remontent à environ cinq décennies - Steve Hodel revient à nouveau à son père, tentant de trouver des preuves irréfutables de la connexion existant entre lui et le Dahlia pour commencer, et son rôle possible dans l'assassinat. A défaut d'être irréfutables, un grand nombre d'indices matériels probants, de coïncidences (très) troublantes - qu'il serait trop long de détailler ici - tendent à accréditer peu à peu son hypothèse.
George Hodel, individu pervers et manipulateur, ami d'un autre homme dont la réputation de psychopathe est avérée, aurait été l'amant d'Elisabeth Short avant de la torturer et de la tuer (avec ou sans l'aide de son complice). D'autres femmes dont on retrouvera les corps mutilés à la même époque auraient subis le même sort de la part de cet homme obsédé par le contrôle exercé sur autrui et une violence bien dissimulée.
De plus, au-delà de l'affaire concernant le Dahlia, Steve Hodel découvre dans sa quête de vérité d'autres éléments confondants, comme par exemple cette plainte d'une mineure pour les abus sexuels dont elle aurait été victime dans la maison des Hodel. Hors, si la plainte aboutit bien à un procès, Hodel père est finalement acquitté en bénéficiant d'un non-lieu. Les raisons ?

C'est ici que nous arrivons au troisième aspect du livre de Steve Hodel : la corruption régnant dans le Los Angeles de l'immédiat après-guerre, aussi bien chez les policiers que chez les magistrats et les politiques. Un Los Angeles qu'a si bien décrit James Ellroy dans ses romans (il signe d'ailleurs la préface de ce livre). Profitant de toutes ses influences et de ses appuis, George n'a aucun mal à sortir blanchi de cette affaire de pédophilie qui donne cependant lieu à un petit scandale et précipitera vers les années 50 la décision de Hodel de quitter le pays pour plusieurs décennies.
Une décision d'autant plus pressante qu'à cette même époque, le FBI commence à suspecter sérieusement le médecin mondain d'être l'assasssin du Dahlia. La maison des Hodel avait d'ailleurs été mise sur écoute durant plusieurs mois, jusqu'à ce qu'une consigne prise en haut-lieu les force à abandonner.

Au vu de tous ces faits - et de bien d'autres patiemment récoltés - Hodel fils ne peut qu'arriver à la surprenante conclusion : son père est bien le meurtier d'Elisabeth Short (et probablement d'autres femmes). La police de Los Angeles le savait mais aurait laissé partir George Hodel pour protéger ses propres intérêts.
L'affaire du Dahlia noir n'avait plus qu'à être classée.
Nouvelle preuve pour Steve Hodel : cette scène située dans un hôtel bien des années plus tard où, alors qu'il était accompagné de son père, Steve entendit soudain celui-ci évoquer l'affaire du Dahlia par des propos qui, avec le recul, sont lourds de sous-entendus...

Néanmoins, il convient de considérer tout ceci au conditionnel. La force de conviction de Steve Hodel est certes efficace, sa probité indubitable, son enquête extrèmement fouillée et ses arguments a priori valables. Lorsqu'on referme le livre, on est encore sous le coup de l'émotion face à ce rouleau compresseur de plus de 500 pages qui laisse une impression de malaise tenace. Devant tant de barbarie, de corruption, de machiavélisme. Il y a aussi la tentation d'avoir enfin découvert le fin mot d'une affaire légendaire.
Mais méfiance. Le livre de Hodel n'est-il pas qu'une hypothèse de plus parmis tant d'autres ? Un ensemble de coïncidences, renforcées encore par la conviction de l'auteur qui l'aurait empêché d'être vraiment objectif ? Le cas est ici d'autant plus délicat que l'auteur est personnellement impliqué dans l'histoire, même de façon indirecte, puisqu'il s'agit de son père.
Alors ? Steve Hodel a-t-il trop laissé ses spéculations guider sa conduite ou a-t-il vraiment résolu une des plus grandes énigmes criminelles du XXiè siècle ? Je l'ignore.

Quoiqu'il en soit et même en faisant abstraction de l'hypothèse, le livre possède d'autres atouts. Il constitue un passionnant document sur une période trouble de la Cité des Anges, dans ses aspects les moins reluisants, un compte rendu détaillé d'une affaire qui fascine encore aujourd'hui et, si l'hypothèse de Hodel est juste, la description d'un cas de pathologie criminelle particulièrement monstrueuse.
Et qui se terminerait par le pire crime de lèse-société : la totale impunité du "monstre" avec la complicité de ceux censés représenter la justice.
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