Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Javier Cercas [Espagne]

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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyMer 8 Juil 2009 - 14:55

Jl'ai pas fini... (sinon mon com' serait un chouia plus... "touffu")
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kenavo
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyMer 8 Juil 2009 - 14:59

Queenie a écrit:
Jl'ai pas fini... (sinon mon com' serait un chouia plus... "touffu")
honte bon d'accord.. mon enthousiasme m'a emportée Wink
mais si tu as aimé le début - tu vas aimer jusqu'à la fin Very Happy
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MessageSujet: A la vitesse de la lumière   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptySam 11 Juil 2009 - 16:09

A la vitesse de la lumière

Histoire d'un écrivain (qui n'écrit pas tant que ça d'ailleurs...), une opportunité l'amène jusqu'à une petite ville des Etats-Unis, Urbana, où il devient un assistant d'Espagnol.
Rien d'extraordinaire. Sauf qu'il rencontre le troublant Rodney Falk. Taciturne, cynique, barré, sûr de lui, peu sociable... Il semble porter le poids d'un monde douloureux et cruel.
Puis il disparaît...
L'écrivain le recherche un peu, apprend par le père des détails sombres du passé de Rodney au Vietnam, que cette guerre l'a définitivement changé, et semble le poursuivre.
Des années plus tard, ils se recroisent. L'écrivain est devenu célèbre, et s'est fait complètement happé par le succès, il dérive dans la cruauté, le mépris et l'angoisse.
Il rêve d'écrire l'histoire de Rodney. Des massacres.
Mais Rodney n'en parle jamais.

ça parait tout con, et habituel comme résumé : un bon gars américain plein d'avenir qui est complètement détruit par ce qu'il a vu et fait pendant la seconde guerre mondiale. Mais c'est parfaitement bien écrit, assez pour ne pas m'avoir fait dire : bon il me gonfle, je sais que la guerre c'est pas bien... ça va...
Parce que finalement il ne s'étale pas sur la guerre, il nous raconte deux-trois anecdotes significatives, et de là nous entraînent dans des réflexions sur le Mal inhérent à l'Humain, sur le danger du succès, de la transformation que celui-ci provoque, sur la difficulté d'être avec l'autre, de communiquer.

Aucune sentence, aucune morale. Juste des constatations. Ce n'est pas facile, et ce ne sera jamais facile. Et ça devient carrément dur et presqu'invivable lorsque l'on sait enfin que ce ne sera jamais facile.

Le style de Cercas coule étrangement tout seul, comme une masse sombre qui enveloppe petit à petit. Et je n'ai pu que hocher piteusement de la tête à toutes ses reflexions. Sans m'emballer et sans avoir quoique ce soit à rajouter.


Extraits, sur écrire et tout le tralala
Citation :
Seul devrait être écrivain celui qui ne peut pas être autre chose.

Citation :
[...]les idées deviennent des clichés non pas parce qu'elles sont fausses mais parce qu'elles sont vraies ou, du moins, parce qu'elles contiennent une part substantielle de vérité. Et quand on en a marre de la vérité et qu'on essaie de dire des choses originales pour faire l'intéressant, on finit par ne dire que des conneries. Dans le meilleur des cas, des conneries originales et même intéressantes, mais des conneries quand même.

Citation :
Peut-être que personne n'est vacciné contre le succès; peut-être qu'il suffit d'avoir assez de résistance face à l'échec pour se faire rattraper par le succès. et alors, il n'y a plus d'échappatoire. C'est la fin. Finito. Kaputt. Regarde Scott ou Hemingway : ils étaient tous les deux amoureux du succès et il les a achevés tous les deux, et bien avant qu'on les enterre. Surtout le pauvre Scott qui était le plus faible et le plus talentueux, et c'est pourquoi le désastre l'a surpris avant, ne lui laissant pas même le temps de comprendre que le succès est mortel, qu'il est une obscénité, un désastre irrémédiable, une humiliation pour toujours. Il aimait tant le succès qu'une fois celui-ci atteint il ne s'est même pas aperçu - bien qu'il se soit menti à lui-même avec ses protestations d'orgueil et ses démonstrations de cynisme - qu'il n'avait rien fait d'autre que le chercher et qu'alors qu'il le tenait entre ses mains il ne lui servait plus à rien et qu'il ne pouvait rien faire d'autre que se laisser corrompre par lui. Et il l'a corrompu. Corrompu jusqu'à la fin. Tu sais ce que disait Oscar Wilde : "Il y a deux tragédies dans la vie. L'une, de ne pas atteindre ce qu'on désire. L'autre, de l'avoir atteint."

Citation :
[...][Un écrivain] c'est aussi un type qui se pose des problèmes on ne peut plus complexes et qui, au lieu de les résoudre ou d'essayer de les résoudre comme le ferait n'importe quel individu sensé, les rend plus complexes encore. C'est-à-dire que c'est un cinglé qui regarde la réalité et qui parfois la voit.
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kenavo
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptySam 11 Juil 2009 - 20:21

contente que tes premières impressions sont restées positives jusqu'à la fin..
en tout cas pour moi le livre qui m'a donné envie que Javier Cercas continue d'écrire.. Very Happy
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Marie
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptySam 11 Juil 2009 - 20:43

Citation :
en tout cas pour moi le livre qui m'a donné envie que Javier Cercas continue d'écrire
A moi aussi, j'avais beaucoup aimé!
Mais je n'ai rien vu de nouveau depuis???
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptySam 11 Juil 2009 - 20:47

Marie a écrit:
Mais je n'ai rien vu de nouveau depuis???
jypeurien non.. j'attends... Basketball

et si on peut prendre quelques faits du livre étant des 'extraits' de sa vie, je pense qu'il se donne du mal à trouver du nouveau.. à écrire??
mais bon.. on va voir... et on espère Wink

et on ne peut pas dire qu'il nous manque de la lecture entre-temps, n'est-ce pas Very Happy


Dernière édition par kenavo le Sam 11 Juil 2009 - 23:16, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptySam 11 Juil 2009 - 23:07

Tes extraits, Queenie, m'ont bien donné envie de lire ce bouquin...

Il continue à écrire, Javier Cercas. Outre des critiques et des essais, il y a Anatomía de un instante qui est sorti cette année. 462 pages. On peut par exemple voir ici.
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptySam 11 Juil 2009 - 23:15

eXPie a écrit:
Tes extraits, Queenie, m'ont bien donné envie de lire ce bouquin...
le livre est disponible en cerclage Wink

eXPie a écrit:
Il continue à écrire, Javier Cercas. Outre des critiques et des essais, il y a Anatomía de un instante qui est sorti cette année. 462 pages. On peut par exemple voir ici.
¡gracias! bonjour
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MessageSujet: A la vitesse de la lumière.   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyDim 12 Juil 2009 - 12:38

A la vitesse de la lumière.

Extraits, sur la guerre (Vietnam), et le Mal en l'Humain.

Citation :
"Ce qui est atroce dans cette guerre, c'est que ce n'est pas une guerre. Ici, l'ennemi n'est personne car n'importe qui peut l'être, et il n'est nulle part car il peut être partout : dedans comme dehors, en haut comme en bas, devant comme derrière. L'ennemi n'est personne, pourtant il existe. Dans les autres guerres, il s'agissait de le vaincre ; pas dans celle-ci : dans celle-ci, il s'agit de le tuer, même si nous savons tous qu'en le tuant nous n'allons pas le vaincre. Il est inutile de se faire des illusions : ceci est une guerre d'extermination, de sorte que plus nous tuons - que ce soient des gens ou des animaux ou des plantes, peu importe -, mieux c'est. Nous allons détruire le pays : nous ne laisserons rien derrière nous. Et même ainsi, nous ne gagnerons pas la guerre, tout simplement parce que cette guerre ne peut pas être gagnée ou ne peut être gagnée que par les Viets : eux, ils sont prêts à tuer et à mourir, alors que nous ne voulons qu'une chose, que les douze mois que nous devons passer ici filent le plus vite possible et que nous puissions rentrer. Entre-temps, on tue et on meurt, mais personne ne sait pourquoi. Bien sûr, nous nous efforçons tous de faire semblant d'y comprendre quelque chose, de savoir pourquoi nous sommes ici et pourquoi nous tuons et risquons de mourir mais nous ne le faisons que pour ne pas devenir complètement fous. Parce que, ici, nous sommes tous fous, fous et seule et sans possibilité de perdre ou de gagner, comme si on tournait sans cesse dans le fond d'un puits vide, où il n'y a jamais de soleil. J'écris dans le noir. Je n'ai pas peur. Mais parfois je redoute d'apprendre qui je suis, de voir apparaître, après n'importe quel détour sur n'importe quel chemin, un soldat qui est moi."

Citation :
[...]"C'est surtout à la joie de tuer que je pense, non seulement parce qu'on reste vivant tandis que les autres meurent, mais aussi parce qu'il n'est pas de plaisir comparable à celui de tuer, il n'est pas de sensation comparable à celle, si prodigieuse, de tuer, d'arracher à un autre être humain, absolument identique à nous, absolument tout ce qu'il possède et qu'il est, on sent alors ce qu'on ne pouvait même pas imaginer pouvoir sentir, une sensation semblable à celle qu'on a dû éprouver en naissant et qu'on a oubliée, ou à celle éprouvée par Dieu au moment de nous créer, ou à celle qu'on doit avoir au moment d'accoucher, oui, c'est exactement ce qu'on ressent quand on tue[...] la sensation de finalement accomplir quelque chose d'important, de véritablement essentiel, quelque chose pour quoi on
s'était préparé toute sa vie sans le savoir et qui, si l'on n'avait pas pu l'accomplir, aurait irrémédiablement fait de nous des déchets, des hommes sans vérité, sans cohésion, sans substance, parce que tuer est si beau que cela nous complète, nous oblige à atteindre des zones de nous-mêmes qu'on ne soupçonnait pas du tout, c'est comme si on découvrait d'immenses continents de faune et de flore inconnues là où on n'imaginait qu'une terre colonisée, et c'est pourquoi à présent, après avoir connu la beauté transparente de la mort, la beauté illimité et étincelante de la mort, je me sens grandi, comme si je m'étais élargi et rallongé et prolongé au-delà de mes limites antérieures, si mesquines, et c'est pourquoi je pense aussi que tout le monde devrait avoir le droit de tuer afin de s'élargir, de se rallonger et de se prolonger autant qu'il peut, afin d'atteindre l'extase ou la béatitude
que j'ai vues sur le visage de ceux qui tuens, afin de se connaître à fond en allant aussi loin que la guerre le permet, et la guerre permet d'aller très loin et très vite, chaque fois plus loin et plus vite encore, plus vite, plus vite, plus vite, il y a des moments où soudain tout s'accélère et où il y a une fulguration, un vertige et une perte, et la certitude devastatrice que si on arrivait à voyager plus vite que la lumière on verrait l'avenir.[...]

Citation :
"Pendant des années, je n'ai pas pu oublier une seule des personnes que j'ai vues mourir[...]. Elles m'apparaissaient constamment, comme si elles étaient vivantes et ne voulaient pas mourir, comme si elles étaient des fantômes. Puis j'ai réussi à les oublier, ou c'est ce que j'ai cru, même si, dans le fond, je savais qu'elles n'étaient pas parties. Maintenant elles sont de retour. Elles ne me demandent pas de leur rendre des comptes et je ne le fais pas. Il n'y a pas de comptes à rendre. C'est seulement qu'elles ne veulent pas mourir, qu'elles veulent vivre en moi. Je ne me plains pas, parce que je sais que c'est juste."
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyMer 25 Aoû 2010 - 15:41

Le dernier livre de Javier Cercas vient de paraitre en français :

- Anatomie d' un instant, chez Actes Sud

Cet instant c ' est le coup d' Etat raté du 23 février 1981 à Madrid. Un documentaire historique
plus haletant qu' un polar... Télérama.
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyMer 25 Aoû 2010 - 17:25

bix229 a écrit:
Le dernier livre de Javier Cercas vient de paraitre en français :

- Anatomie d' un instant, chez Actes Sud

Cet instant c ' est le coup d' Etat raté du 23 février 1981 à Madrid. Un documentaire historique
plus haletant qu' un polar... Télérama.
cheers ah oui, j'attends le 1er septembre avec impatience (date de parution), un moment très important pour l'Espagne et Javier Cercas a écrit d'après les critiques - et le public - en Espagne, un chef d'oevre Very Happy
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyMar 11 Jan 2011 - 20:54

Anatomie d'un instant

J'avais déjà été impressionné par Les soldats de Salamine et A la vitesse de la lumière, Javier Cercas abordant l'Histoire avec passion et exigence, mêlant une ampleur romanesque à la rigueur d'une enquête. Ses romans témoignent ainsi d'une vision intime et d'une perspective collective, avec une hauteur de vue nécessaire pour scruter des blessures et des traumatismes.
Anatomie d'un instant m'a encore marqué davantage...sans doute par le biais de l'évènement retracé, le coup d'état manqué du 23 février 1981, bien plus récent que la guerre d'Espagne mais aussi davantage enfoui : à la fois vestige du franquisme et tournant définitif vers l'acceptation démocratique, il occupe une place inconfortable dans l'histoire récente du pays.

Cercas creuse avec obstination les enjeux politiques qui entourent la date fatidique, en prenant soin de ne jamais se contenter d'une lecture à posteriori. Une décision, une action ne prennent sens que dans un contexte précis, et se révèlent parfois eux-mêmes remplis de contradictions. D'un strict point de vue littéraire, Anatomie d'un instant est un régal : les chapitres s'enchaînent avec une tension constante, le rythme s'emporte puis se relâche dans un mouvement perpétuel. Cercas interroge des points de vue, des protagonistes, rejoue chaque scène jusqu'à en dénouer tous les fils.

Mais au-delà d'une écriture virtuose et limpide, le roman offre surtout une analyse poignante de gestes figés dans le temps...notamment celui d'Adolfo Suarez, président du gouvernement démissionnaire, qui reste debout face aux putschistes qui menaçent de leurs armes l'hémicycle parlementaire. Suarez est accompagné dans sa révolte par son vice-président Manuel Gutierrez Mellado et le leader communiste Santiago Carillo.
Ce sont trois figures politiques liées par un instantané de l'Histoire, suivant une trajectoire commune alors qu'aucun vestige de leur passé ne semblait pouvoir les rapprocher. A travers l'ultime sacrifice d'une vie publique, en décrivant des trajectoires construites sur des renoncements, il montre que l'homme politique est toujours le produit d'un environnement politique et social. Sa capacité à s'en détourner est liée à des circonstances, à des ambitions et des déceptions, à un contexte qui devient brutalement favorable. C'est le cas pour Adolfo Suarez, qui passera alors du statut de bureaucrate franquiste et arriviste médiocre, fruit d'une société verrouillée de l'intérieur, à celui d'acteur indispensable d'une période-clef faite de compromis.

En observant la fragilité de ces destins, Cercas dévoile la noblesse et la valeur d'une génération d'abord sourde, car figée par le verrou du régime franquiste. Et quand le regard de l'écrivain bascule encore une fois de l'universel au particulier, pour retracer sa relation à un père qu'il a trop longtemps méprisé, la richesse du propos devient bouleversante.
Mon roman préféré de la rentrée littéraire 2010. Very Happy
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyMar 11 Jan 2011 - 20:59

C' est vraiment un roman, Avadoro ?

J' avais l' impression après avoir écouté l' auteur, qu' il s' agissait plutot d' un essai historique à
partir d' un fait que tous les espagnols connaissaient ?
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyMar 11 Jan 2011 - 22:12

Avadoro a écrit:
Anatomie d'un instant
cheers merci pour ton sublime commentaire
auteur que j'adore énormément.. mais à cause du pavé que représente ce livre, il se trouve toujours sur ma PAL.. je pense qu'il va m'accompagner en vacances Wink
en tout cas tu m'as donné envie de le découvrir à mon tour


bix229 a écrit:
un fait que tous les espagnols connaissaient ?
j'espère que non seulement les Espagnols ont connaissance de ces événements, c'était quand même un sacré moment historique!
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 2 EmptyMar 11 Jan 2011 - 23:07

Cercas a d'abord voulu écrire une fiction "à partir" du 23 février 1981, mais détaille dans le prologue d'Anatomie d'un instant (qu'il intitule "Epilogue d'un roman") son incapacité à "dépasser" la réalité. Car malgré la proximité temporelle des faits historiques, il s'est aperçu combien l'interprétation du coup d'Etat s'était rapidement liée à des fictions collectives et des idées rassurantes (notamment sur le rôle joué par le roi Juan Carlos). Le fait que la plupart des protagonistes se sont rapidement retirés de la vie politique a contribué à obscurcir davantage ce moment fondateur de la démocratie moderne espagnole.
Et c'est justement parce que l'évènement historique lui semblait presque devenu irréel, qu'il a senti qu'il se devait de raconter la réalité, d'en rester aux faits.
Sur le genre de l'ouvrage, il est difficile de trancher tant Cercas cherche à mélanger des formes (de l'analyse de l'historien à la chronique journalistique, jusqu'à la confession). Mais je trouve que par son implication personnelle, l'inventivité de sa narration, il parvient aussi à transcender cette réalité, et donc à faire aboutir malgré tout son projet de "roman".
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