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 Javier Cercas [Espagne]

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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyJeu 8 Oct 2015 - 8:48

ton commentaire interessant fait que je vais emprunter ce livre bientôt ; là j'ai "les soldats de Salamine" à lire
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kenavo
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyJeu 8 Oct 2015 - 12:22

Bédoulène a écrit:
là j'ai "les soldats de Salamine" à lire
ah oui, la meilleure façon d'entrer dans son univers... je te souhaite une bonne lecture...
pour moi c'était le début d'une 'amitié enchantée' avec cet auteur Very Happy
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyVen 16 Oct 2015 - 11:43

Les soldats de Salamine

Soixante ans après la fin de la guerre d’Espagne l’auteur souhaite écrire un livre mettant en vis à vis la mort d’ Antonio  Machado poète Espagnol  qui mit sa plume au service du parti républicain et de Rafael Sanchez Mazas écrivain Espagnol leader de la Phalange qui lui mit sa plume au service des Nationalistes.

Or l’auteur, journaliste, lors de l’interwiew  de l’écrivain Rafael Sanchez Ferlosio (fils de Rafael Sanchez Mazas) qui lui révèle la fausse exécution de son père, au Sanctuaire de Collell, car celui-ci  a réussi à s’enfuir et se cacher dans la forêt et épargné par un soldat Républicain qui l’avait découvert. Après des jours d’errance il rencontra et fut soutenu par « les amis de la forêt ».

L’auteur n’aura de cesse pendant deux ans de faire des recherches, de rencontrer les survivants de l’époque ou leur famille afin de reconstituer le parcours de cet homme, grâce à des documents, notamment un carnet écrit de la main de Sanchez Mazas  et aux souvenirs des uns et des autres.

Ce qu’il n’ a pu retrouver l’auteur le déduit d’après des évènements, le caractère de Sanchez Mazas, son implication dans la Phalange, le gouvernement de Franco et l’après-guerre, en s’appuyant sur les faits réels qu’il connait.
« Ainsi donc, ce que je consigne ci-après n’est pas ce qui s’est réellement dérouler  mais ce qui aurait pu se dérouler selon toute vraisemblance ; je n’offre pas des faits attestés mais des hypothèses raisonnables. »

A la relecture de son récit l’auteur n’est pas satisfait, il sent un manque pour  en faire un récit abouti. Il retourne travailler au Journal et c’est lors d’une rencontre avec  l’écrivain et poète Roberto Bolaño qu’il comprendra  ce  qui donnera à son récit un équilibre.  Il part donc vers une nouvelle recherche. Il n’obtiendra pas la réponse espérée, mais  demeure malgré tout « une hypothèse raisonnable » et une rencontre avec un Héros qui s’ignore et que l’histoire a ignoré comme tant d’autres.
C’est en le nommant lui et ses amis que l’auteur les honore.



Une écriture agréable, juste l’essentiel pour un récit réaliste  et qui apporte des connaissances à travers Sanchez Mazas et  quelques autres Phalangistes sur  le Franquisme, l’après-guerre. Très habile composition  de ce récit.
Une très bonne lecture qui m’a beaucoup intéressée.

Je retrouverai l’auteur dans un autre de ses livres, plus d’autres pistes de lecture qu’il donne.

Extraits :
« De fait, il n’est pas exagéré d’affirmer que Sanchez Mazas fut le premier fasciste d’Espagne, et il n’est pas moins exact de dire qu’il fut le théoricien le plus influent de cette idéologie. »

« Tout comme José Antonio, Sanchez Mazas fut l’un de ces phalangistes hostiles, selon le cas et en théorie à l’emploi de la violence (en pratique, il la fomenta : lecteur de Georges Sorel, qui la considérait comme un devoir moral, il y incite presque toujours dans ses écrits). »

« Après Barcelone, sur la route de l’exil, le spectacle devient apocalyptique : une horde épouvantée d’hommes, de femmes, de vieillards et d’enfants, de militaires et de civils confondus – chargés de vêtements, de matelas et d’ustensiles domestiques, les uns progressant péniblement d’un pas de vaincus, les autres montés sur les chariots et les mules du désespoir – encombre la chaussée et les fossés, parsemés, ça et là de cadavres d’animaux, les tripes à l’air ou de véhicules abandonnés. »

« Il le reconnait, ou croit le reconnaître, sans se sentir soulagé pour autant par l’idée que c’est lui et non un agent du SIM qui le sauvera de l’interminable agonie de la peur. Comme si cet outrage s’ajoutaire à ceux de ces années de fuite, il est humilié de ne pas avoir trouvé le mort aux côtés de ses compagnons de prison, ou de ne pas avoir su mourir en rase campagne et en plein soleil en se battant avec un courage dont il est dépourvu, au lieu de le faire ici et maintenant, crotté, seul et tremblant de frayeur  et de honte, dans un trou sans dignité. C’est ainsi, la tête enflammée, affolée et confuse, que Rafael Sanchez Mazas – poète exquis, idéologue fasciste, futur ministre de Franco – attend la décharge qui doit en finir avec lui. »

« … - cette région de militantisme républicain célébra l’entrée des nationalistes en grande pompe, avec des festins et des fêtes populaires que ne manquèrent pas une seule fois Sanchez Mazas et ses trois compagnons, toujours vêtus de leurs uniformes de soldats rouges et armés de leurs pistolets de neuf largo, mais protégés surtout par la présence intimidante du hiérarque, qui d’une manière un peu ironique mais sans faillir, les présentait comme sa garde personnelle. »

« Il exalta de vieilles valeurs – la loyauté, le courage – mais pratiqua la trahison et la lâcheté, et contribua plus que quiconque à altérer ces valeurs en usant de la rhétorique phalangiste :  il exalta aussi de vieilles institutions – la monarchie, la famille, la religion, la patrie – mais ne remua pas le petit doigt pour ramener le Roi en Espagne … »
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kenavo
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyVen 16 Oct 2015 - 21:17

contente de lire tes impressions pour ce livre...
et bonne idée de continuer avec cet auteur Wink
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptySam 17 Oct 2015 - 10:52

merci Kena !
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Avadoro
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyMer 4 Nov 2015 - 23:59

L'imposteur

Javier Cercas reste fidèle à son approche de l'écriture, avec un engagement personnel toujours aussi fort et donnant l'impression que l'ouvrage suit une perpétuelle remise en question, au bord d'un précipice. L'enquête sur la vie de l'"imposteur" Enric Marco devient ainsi une réflexion sur lui-même, ses interrogations, ses doutes et sa légitimité à aborder ce sujet, lorsque réalité et fiction sont tellement entremêlées qu'elles se confondent et se contredisent.

Si la construction du récit est élaborée et minutieuse, mêlant le passé de Marco au présent de la démarche de Cercas, la lecture est toujours limpide et finalement très accessible. L'imposteur est avant tout un miroir du XXème siècle tourmenté de l'Espagne, de la guerre civile à l'après-Franco...et face à la noirceur d'un héritage, c'est tout un pays qui est tenté de se redéfinir, par la réappropriation des évènements vécus. Cercas montre avec précision et obstination comment Marco représente le portrait banal d'une époque, tout en restant exceptionnel et insaisissable par l'ampleur de ses mensonges et sa capacité à "transformer" sa propre vie.

Comme l'a souligné Kenavo, l'épisode du camp de Flossenbürg n'est pour Marco que l'aboutissement d'une recomposition de soi, débutée dès les années 1940 pour sa vie personnelle, accentuée au cours des années 70, sur les ruines du franquisme, lorsqu'il s'est immiscé dans les milieux syndicalistes au prix d'une légitimité inventée. La fragilité de ses témoignages contradictoires est presque toujours passée inaperçue grâce à sa personnalité rassurante, pleine de conviction et porteuse d'un discours d'apaisement que l'Espagne recherchait justement.

Cercas creuse chaque période de la vie de Marco presque à la manière d'un roman policier. Les mensonges sont logiquement basés sur des trames de vérité et le personnage apparait toujours fuyant. Les bribes d'une enfance douloureuse (sa mère a été internée dans un asile à sa naissance, son père l'a rejeté) et la rencontre précoce de la guerre à travers les milieux anarchistes ont pu apporter un déséquilibre...et par la suite la recherche d'une légitimité et d'une reconnaissance. Mais comprendre Marco n'est pas le justifier, et Cercas s'impose une distance face à un manipulateur dont l'imposture est construite sur une approche de séduction. Un fil conducteur est cependant une interrogation sur l'art et la posture de l'écrivain. Marco ayant cherché à embellir et recréer sa propre vie, n'est-il pas proche d'un artiste ? Et l'écrivain Cercas n'est-il pas lui-aussi un imposteur, dans l'appropriation d'un sujet et à travers une volonté objective se heurtant à un mur ? Ce sont des questions sans réponses évidentes, régulièrement scandées au cours du roman et poussant aussi le lecteur dans ses retranchements. Avec une fascination intacte, dans l'ombre d'un Don Quichotte qui tient le rôle d'une figure tutélaire.
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kenavo
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyJeu 5 Nov 2015 - 5:32

bonjour quel commentaire!! cela devrait donner envie à d'autres de le lire Very Happy
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyJeu 5 Nov 2015 - 8:25

oh oui merci Avadoro, ton commentaire, après celui de Kena, confirme mon envie de lire ce livre.
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyJeu 31 Déc 2015 - 13:16

L'imposteur

Enric Marco est un imposteur de première, démasqué en 2005 par l’historien Benito Bermejo. Pas un escroc qui aurait fait fortune sur des mensonges, mais un homme qui s'est construit une biographie inventée pour apparaître au monde comme un phare, briller, capter l'attention.

Non seulement il s'est approprié une bravoure et une forme de résistance pendant la guerre d'Espagne, mais au final cela a plutôt été le lot commun de l'après-guerre. Mais il s'est aussi attribué des activités anti franquistes, et, cerise sur le gâteau et horreur suprême, il s'est monté de toutes pièces un séjour en camp de concentration allemand. Auréolé de  ce passé fictif ô combien valorisant, porté par un charisme et une réelle générosité, il a imposé cette image de héros, et a ainsi pu sortir de son image d'homme  ordinaire, toujours « du côté de la majorité ». seulement,

Citation :
Marco a oublié que le passé ne passe jamais, qu'il n'est qu'une partie ou une dimension du présent, qu'il n'est même pas le passé - c'est Faulkner qui le dit - et qu'il revient toujours mais pas toujours pour nous sauver (...)

Javier Cercas, qui dans toute son œuvre jongle entre vérité et mensonges, fiction et réalité, bien et mal, n'a pu lutter contre sa fascination pour ce « héros», fascination qui l'avait tout d'abord terrorisé,  par peur des vérités auxquelles il allait le confronter. Il y a finalement consacré une belle énergie : interviews, rencontres avec des proches amis ou hostiles, avec des intellectuels, compulsion de bibliographique et d'archives…

Si au départ il ne voulait que « comprendre » au fil de l 'avancée de son travail, il s'est alternativement demandé s'il voulait accuser, juger, justifier, réhabiliter, voire sauver Enric Marco. Il s’est surpris à ce qu'une certaine empathie prenne  le pas sur son dégoût pour le personnage, l'amène, sous certains aspects, à l'admirer , pourquoi pas l'aimer. Croyant maîtriser son œuvre il s'est vu tant manipulateur que manipulé, il s'est interrogé sur le rapport entre mensonge et fiction, réalité  et roman, ressortant son cher thème du récit réel et du roman sans fiction.

Se plaçant sous le double patronage de Truman Capote avec son récit collé à la réalité (De sang froid)  , et de Cervantès et son Don Quichotte qui se fantasme et s'invente  comme héros, Javier Cercas , une fois de plus, s'interroge sur lui même, homme et romancier, à travers son analyse trèèès méticuleuse de l'imposteur.

J'ai mis très longtemps à entrer dans le récit, comme c’est souvent mon cas avec Cercas. Mais ici, vraiment très longtemps, plus de la moitié du livre. La première partie est en effet factuelle  et descriptive, et plombée par la hantise de l'auteur de se laisser piéger par le mensonge. Cette prudence est comme une chape de plomb sur le récit, elle entraîne des réserves, des circonlocutions, des conditionnels,  des avertissements tendant à différencier vérité et hypothèses,  des redites nombreuses, des leitmotivs qui alourdissent le propos. Mais la deuxième partie (« le vol d'Icare » et l'épilogue), a fini par emporter mon intérêt, dans une interrogation sans réponse sur l'histoire et la mémoire (sa nécessité et son commerce), le repentir, et la capacité de dire Non.
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyJeu 31 Déc 2015 - 17:39

en définitive donc mitigé ?

c'est à dire qu'en première partie la prudence de l'auteur gâche le propos ?
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyJeu 31 Déc 2015 - 18:03

La prudence alourdit considérable le propos et donc la lecture. J'ai attendu bien 250 pages pour arrêter de me dire, c'est Cercas, je lui fais confiance, donc je continue. Mais comme la dernière impression est positive, et bien ce qui reste est plutôt favorable. (je l'ai passé à M topocl, et ça c'est un signe positif évidemment)
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyVen 1 Jan 2016 - 7:02

topocl a écrit:
Javier Cercas , une fois de plus, s'interroge sur lui même, homme et romancier, à travers son analyse trèèès méticuleuse de l'imposteur.

J'ai mis très longtemps à entrer dans le récit, comme c’est souvent mon cas avec Cercas. Mais ici, vraiment très longtemps, plus de la moitié du livre. La première partie est en effet factuelle  et descriptive, et plombée par la hantise de l'auteur de se laisser piéger par le mensonge. Cette prudence est comme une chape de plomb sur le récit, elle entraîne des réserves, des circonlocutions, des conditionnels,  des avertissements tendant à différencier vérité et hypothèses,  des redites nombreuses, des leitmotivs qui alourdissent le propos. Mais la deuxième partie (« le vol d'Icare » et l'épilogue), a fini par emporter mon intérêt, dans une interrogation sans réponse sur l'histoire et la mémoire (sa nécessité et son commerce), le repentir, et la capacité de dire Non.
oui, c'est vrai, c'est "la façon Cercas" de se mettre en question et en effet il l'a fait dans ce livre un peu plus que dans d'autres... mais ce qui est marrant, moi, j'ai presque plus aimé cette première partie parce que toutes les descriptions qu'il a élargie par la suite ont été mentionné au début...
mais c'est probablement parce que j'ai reconnu dans cette première partie ma façon de faire des commentaires, parler un peu de tout et de rien, ajouter des petites anecdotes (est-ce que c'est vraiment nécessaire de nous dire que lui et son fils adorent Rafael Nadal, pour moi oui, mais pour tout autre lecteur?! Laughing )... moi j'aime bien cet aspect, mais je comprends qu'on peut se lasser de toutes ces ellipses
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyVen 1 Jan 2016 - 17:47

Cercas se place en effet, plus qu'auparavant, au coeur d'un récit qui menace toujours de s'écrouler. Il n'évite pas certaines répétitions et des retours en arrière. Je trouve tout de même que ses contradictions et renoncements restent passionnants, formant un ensemble cohérent une fois la lecture achevée (et je suis pourtant loin d'être un admirateur du jeu de Rafael Nadal ! Very Happy ).
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptySam 2 Jan 2016 - 9:54

Avadoro a écrit:
Cercas se place en effet, plus qu'auparavant, au coeur d'un récit qui menace toujours de s'écrouler. Il n'évite pas certaines répétitions et des retours en arrière. Je trouve tout de même que ses contradictions et renoncements restent passionnants, formant un ensemble cohérent une fois la lecture achevée (et je suis pourtant loin d'être un admirateur du jeu de Rafael Nadal ! Very Happy ).

Oui, le livre ne se conçoit que dans son ensemble, je trouve.

Quant à cette histoire de Rafael Nadal, et d'autres notations personnelles, il dit lui-même que d'habitude il tient son cercle intime à l'extérieur de sa création littéraire et que là, le sujet était tellement prenant qu'il n'a pas su garder cette limite.
Il m'est arrivé de pense de ce fait pendant ma lecture à des auteurs comme Emmanuel Carrère (qu'il cite d’ailleurs à propos de L'adversaire et cet autre imposteur qu'est JC Romans) et cette façon de parler de soi-même à travers l'autre.
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MessageSujet: Re: Javier Cercas [Espagne]   Javier Cercas [Espagne] - Page 6 EmptyVen 29 Jan 2016 - 10:58

L'imposteur


Ecrire la vérité vraie de celle d'un imposteur qui fut pendant des décennies sous les feux des projecteurs : d'abord dans ses rôles successifs d'antifranquiste admiré  , militant anarcho-syndicaliste, parangon  incontestable de l'homme héroique dans tous ses combats , mais surtout comme porte-parole des survivants espagnols de l'Holocauste ,
Ecrire la vérité par souci de rendre justice aux vraies victimes de L'holocauste ? Ecrire la vérité pour tenter de réhabiliter un homme peut-être pas si monstrueux que cela après tout ? Ecrire la vérité pour satisfaire son petit ego d'écrivain qui cherche LE sujet de son chef d'oeuvre , écrire la vérité pour rendre justice ? Et si au final il ne s'agissait pas plutôt de tuer l'imposteur pour permettre à l'homme vrai de renaitre , une écriture salvatrice en quelque sorte ?

Mais où se situe la vérité finalement ? Un roman fictif est -il moins vrai qu'un roman qui soit disant écrit la vérité ? Et pourquoi les romans fictions ont -ils autant de sucès ? N'est-ce pas que ceux -ci mettent en lumière la vérité à travers une forme de mensonge ? Et toi Javier qui es-tu pour chercher à écrire l'impossible , quelle est ta légitimité dans cette histoire ? Mais est-ce la vérité que tu veux écrire ?

Tâche ardue car l'homme est complexe : Marco , l'imposteur est incernable . Et c'est bien ce qui aiguise la plume de Javier Cercas ! Décrivant avec une précision de détective ce que furent ces mois , ces années son travail de quête d'informations pour reécrire l'histoire de Marco , celle qui se cache derrière tous ses artifices et ses rôles de fieffé roublard , le vrai Marco . Au risque de .... perdre son âme comme Truman Capote après la publication de son "De sang-froid" .

Il est malin Javier Cercas : A travers cet histoire d'imposture Marco ne sera pas le seul sur la sellete . Pour qu'il y ait imposture , il faut aussi un contexte social ( y aurait -il mensonge en dehors du regard d'autrui ? Un Homme seul sur île déserte pourrait-il être un imposteur ? ) et ce contexte là ne serait pas si innocent que ça après tout puisque il a donné vie à cette imposture . Et puis , si on y regarde de plus près , ce Marco n'aurait il pas tout simplement exacerbé les petits mensonges de monsieur tout le monde , juste pour oublier qu'il n'est qu'un monsieur tout le monde , qui tente de survivre dans cette Espagne de terreur . En somme ne serait-il pas le petit menteur qui se cache en chacun de nous , juste un ...."gros poilique " exacerbé ? Et finalement L'industrie de la mémoire n'a t-elle induit le comportement de cet homme car n'est-il pas vrai que ce "devoir de mémoire" a été rattrapé par un phénomène presque "de mode" , ce qui reviendrait à dire que l'imposteur n'a que répondu à une demande inconsciente de la société du moment ?

Javier Cercas
interroge Marco , , interroge l'histoire , interroge les souvenirs , interroge l'actualité et s'interroge lui  et probablement le lecteur , ouvre des portes sans les refermer , et au final laissant chacun dans son libre-arbitre . Mensonge et vérité n'étant peut-être que des perceptions . Marco affabulateur invétéré mais au final peut-être plus sincère que l'opinion publique , Marco génial manipulateur sans scrupules à l'ego démesuré ou Marco victime de l'histoire de son pays qui n'a pu trouver d'autres moyens de survivre que de se réfugier dans un personnage . Javier Cercas écrivain lui aussi génial ou simplement petit bourgeois qui cherche à se donner une bonne conscience ?  
Et voilà on pourrait en écrire des tartines , le sujet est sans limites mais Javiers Cercas sait le faire mieux que moi !  cheers
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