Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Ogawa Yôko

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zazy
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyVen 24 Fév 2012 - 13:29

Je ne sais pas si je passe à côté de quelque chose, mais je m'ennuie en lisant "la formule préférée du professeur" malgré cette filiation inattendue, malgré la tendresse de l'aide ménagère, son désir d'apprivoiser le professeur.....
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyVen 24 Fév 2012 - 19:54

zazy a écrit:
Je ne sais pas si je passe à côté de quelque chose, mais je m'ennuie en lisant "la formule préférée du professeur" malgré cette filiation inattendue, malgré la tendresse de l'aide ménagère, son désir d'apprivoiser le professeur.....
C'est un gentil roman. Je ne suis pas sûr que tu passes vraiment à côté de quelque chose en particulier... Je n'avais pas détesté, loin de là, mais je le trouvais un petit peu trop confortable (même dans son étrangeté très relative). Il n'y a pas vraiment d'histoire, ce sont surtout les personnages. Si tu n'entres pas dedans, c'est sûr que tu peux t'ennuyer.
Je crois que c'est le plus grand succès d'Ogawa au Japon. C'est un roman globalement paisible, les personnages sont sympathiques... Je l'ai trouvé très agréable à lire entre deux romans plus "forts".
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyVen 24 Fév 2012 - 20:00

zazy a écrit:
Je ne sais pas si je passe à côté de quelque chose, mais je m'ennuie en lisant "la formule préférée du professeur" malgré cette filiation inattendue, malgré la tendresse de l'aide ménagère, son désir d'apprivoiser le professeur.....

Je te rejoins. diablotin
J'ai passé toute la deuxième moitié du livre à me demander si je ne comprenais rien ou si le livre était vraiment sans aucun intérêt.
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zazy
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyVen 24 Fév 2012 - 21:18

Arabella a écrit:
zazy a écrit:
Je ne sais pas si je passe à côté de quelque chose, mais je m'ennuie en lisant "la formule préférée du professeur" malgré cette filiation inattendue, malgré la tendresse de l'aide ménagère, son désir d'apprivoiser le professeur.....

Je te rejoins. diablotin
J'ai passé toute la deuxième moitié du livre à me demander si je ne comprenais rien ou si le livre était vraiment sans aucun intérêt.
Je suis un peu rassurée
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyVen 9 Mar 2012 - 22:27

Je l'ai enfin terminé, ouf !!!!!

Une mère célibataire, aide à domicile entre au service d’un vieil homme amnésique qui n’a une autonomie de mémoire que de 80 minutes, pas une de plus. C’était un brillant professeur de mathématiques et, maintenant, il gagne sa vie en faisant les concours de mathématiques de revues spécialisées, concours qu’il gagne toujours sans que cela le trouble le moins du monde, il ne s’en souvient pas.

Il se prend d’amitié pour le fils de son aide ménagère qu’il surnomme Root et va l’initier à la beauté des nombres premiers, d’autant qu’il parte la passion du base-ball japonais.

Cette histoire de transmission du savoir m’a plu, au début, puis tout se gâte avec l’omniprésence des chiffres, des nombres premiers, des mathématiques, du base-ball…. Des explications auxquelles je n’ai rien compris et là, je me suis vraiment ennuyée.

C’est une histoire douce et bien écrite, trop douce peut-être, la plume de Yoko Ogawa est limpide, mais je me suis ennuyée et je le regrette. J’ai vraiment peiné à la finir, même si ces personnages sont attachants.
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyDim 29 Avr 2012 - 20:48

ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 Ogawa-12

Les Lectures des otages (Hitojichi no Rôdokukai, 2011). Récits traduits du japonais en 2012 par Martin Vergne. 190 pages. Actes Sud.

Citation :
"La nouvelle arriva d'un village situé de l'autre côté du globe, au nom compliqué, imprononçable si on ne l'entendait qu'une fois. [...] un minibus qui [...] transportait neuf personnes au total : les sept participants au voyage organisé par l'agence de tourisme W, plus leur accompagnateur et leur chauffeur locaux, avait été attaqué par la guérilla antigouvernementale et tous, sauf le conducteur, en tout huit personnes, kidnappés avec le véhicule.
[...] la revendication consistait en une rançon et la libération de tous les membres d'un groupe terroriste qui avaient été arrêtés et emprisonnés" (page 7).
(on ne sait pas si la rançon concerne aussi le véhicule).

Ceci se passe dans une zone montagneuse. Du temps s'écoule. Les négociations durent. Les forces d'intervention entrent en action.
Citation :
"Après l'explosion du mur est, une fusillade se produisit. [...] Tous les otages trouvèrent la mort dans l'explosion de dynamite déclenchée par leurs geôliers." (page 9).

Mais
Citation :
"Un magnétophone avait été dissimulé à l'intérieur d'un purificateur d'eau et d'un dictionnaire contenus dans la boîte de secours fournie par le Croix-Rouge internationale." (page 11).
Et, sans doute pour passer le temps, chacun des huit otages avait lu l'histoire de sa vie, ou du moins d'un moment important de sa vie.
Ces histoires composent les récits du recueil.

Il y a une femme ("Décoratrice d'intérieur, 53 ans, a profité de ses longues vacances accordées après trente ans de travail pour participer à ce voyage", page 27) qui, petite, avait aidé un ouvrier blessé dans un accident de balançoire.
Il y a aussi une femme qui travaille dans une biscuiterie. Sa tâche est très ogawaienne :
Citation :
"Après avoir effectué mes deux semaines d'apprentissage, je fus placée à la chaîne de la série alphabet. Pour être franche, j'étais soulagée que ce ne soit pas celle des reptiles ou du squelette. L'alphabet était l'une des séries les plus anciennes qui datait de la période de création, et avait une popularité stable.
Mon travail consistait à enlever parmi les biscuits qui passaient sur la chaîne devant moi les lettres de l'alphabet défectueuses. Incomplètes, fendues ou déformées, trop ou au contraire pas assez cuites... il y avait toutes sortes de défauts, et dans tous les cas je devais les découvrir rapidement, les saisir au milieu du flot de la chaîne et les mettre dans un panier qui leur était réservé." (page 33)
On suit les relations entre cette femme et son étrange logeuse.
Un homme - ("Ecrivain, 42 ans, au cours d'un voyage de documentation pour un roman qu'il publie en feuilleton", page 72) raconte les circonstances qui l'ont amené à devenir écrivain : la découverte de "la salle de propos informels B". Dans cette salle du bâtiment des réunions publiques, on est dans la lignée des conférences en petit comité des "Grandes Lignes" du Manuscrit Zéro : il y a un caractère participatif, par exemple lorsque se réunissent "les amis venant au secours des langues en situation critique" (page 55), et une sorte de communion dans les activités solitaires comme dans "l'assemblée de ceux qui écrivent Shakespeare sur un grain de riz." (page 67).
Peut-être est-ce cet homme qui a organisé les narrations des otages, qui sait ?

On rencontre également un vieillard qui vend des peluches pas très commerciales, une curieuse femme qui cuisine de façon extraordinaire un simple "consommé" (dans une cuisine ogawaienne, aussi : les ustensiles sont bien rangés, tout est organisé et propre) ; lorsque le consommé est prêt, tout est nettoyé, il ne reste plus trace de ce qui vient de se passer.
Et encore un lanceur de javelot qui s'exerce dans un stade dont "l'intérieur était saturé d'un calme auquel rien ne venait faire obstacle, pas même les bruits de la ville. Sans doute un temps assez long s'était-il écoulé depuis sa construction. Les lignes des couloirs de la piste étaient élimées par endroits, la pelouse du terrain central poussait en liberté, et des plantes grimpantes s'enroulaient autour de la clôture rouillée." (page 120). Un lieu calme, isolé, mais où l'on voit les traces du passage du temps.

Chaque otage laisse une trace, par la parole, de sa vie disparue, comme les gens qui s'exprimaient dans l'une des "langues en situation critique". On pense un peu au film After Life (Wandâfuru raifu, 1998) de Kore-eda Hirokazu.

Le fait que le lecteur connaisse la fin de vie tragique des narrateurs ajoute un petit quelque chose de grave, comme si l'on cherchait un signe avant-coureur, une forme de destinée dans un fragment de vie.

C'est un bon recueil, certes pas novateur dans l'oeuvre d'Ogawa : on retrouve les éléments, les types de lieux et de personnages qui lui sont chers et habituels, mais elle parvient encore à nous raconter des petites histoires avec des bizarreries qui fonctionnent bien.


Dernière édition par eXPie le Dim 29 Avr 2012 - 23:05, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyDim 29 Avr 2012 - 21:34

Il a l'air pas mal du tout celui-là. Je note!
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptySam 23 Juin 2012 - 10:33

eXPie a écrit:
ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 Ogawa-12

Les Lectures des otages (Hitojichi no Rôdokukai, 2011). Récits traduits du japonais en 2012 par Martin Vergne. 190 pages. Actes Sud.
Et, sans doute pour passer le temps, chacun des huit otages avait lu l'histoire de sa vie, ou du moins d'un moment important de sa vie.
Ces histoires composent les récits du recueil.

C'est un bon recueil, certes pas novateur dans l'oeuvre d'Ogawa : on retrouve les éléments, les types de lieux et de personnages qui lui sont chers et habituels, mais elle parvient encore à nous raconter des petites histoires avec des bizarreries qui fonctionnent bien.

Je ne suis pas aussi connaisseur d'Ogawa. J'ai aimé modérément, on va dire.

Entre 2008 et 2010, Yôko Ogawa a écrit 8 nouvelles pour une revue japonaise. Elle a ensuite imaginé un "subterfuge" pour les relier et cela a donné Les lectures des otages, récits enregistrés de huit personnages qui racontent non pas leur détention, mais un souvenir marquant de leur existence. Un neuvième témoignage conclut l'ensemble, signé d'un des membres de l'équipe d'intervention, qui a entendu les otages s'exprimer, sans les comprendre vraiment, puisqu'il n'est pas japonais. Comme dans tous les recueils de nouvelles, l'intérêt est inégal, mais le style et le ton d'Ogawa sont identifiables et inimitables. Des histoires ordinaires de gens normaux que l'auteure rend étranges et parfois maléfiques, dans une langue faussement simple, qui manie l'ironie ou le sarcasme, en filigrane. La nouvelle où une femme est sans arrêt harcelée parce qu'elle ressemble à la grand-mère disparue de ses interlocuteurs est particulièrement réussie. La dramatisation vient du fait que tous ses récits sont dits par des gens vivants, qui ne savent pas encore que la mort va les cueillir très vite. A travers chacun de leurs souvenirs, c'est la vie qui continue à palpiter, dans ce monde et dans l'au-delà.

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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptySam 23 Juin 2012 - 10:57

eXPIe, les lectures des otages, c'est des nouvelles collées côte à côte ou c'est vraiment un roman?
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptySam 23 Juin 2012 - 11:00

Il est écrit Récits, sur la couverture, topocl.
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptySam 23 Juin 2012 - 11:02

justement, ces descriptifs de couverture sont souvent tellement sans rapport avec le contenu...je voulais l’appréciation de quelqu'un qui l'a lu et j'avais lu ton commentaire trop rapidement.
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptySam 23 Juin 2012 - 11:07

L'ensemble peut constituer un roman, si l'on veut, puisqu'il y a un lien, une explication au début et une dernière nouvelle qui rassemble un peu les différentes histoires, en les mettant en situation. Mais ce sont avant tout 8 récits indépendants les uns des autres, même s'ils sont dits/écrits par des gens qui partagent la même situation d'otage. La 4ème de couverture est effectivement un peu ambigüe.
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyMer 22 Aoû 2012 - 11:01

« Cristallisations secrètes » est à l'image de son auteure : dire mille et une choses en-deça des mots, dans l'inter-texte voire le meta-texte.
D'une plume assurée, légère et aussi grave, Yoko Ogawa, relate ce que pourrait être le plus grand malheur du monde : la perte programmée de tout ce qui le construit, de tout ce qui le fait vivre. Dès les premières lignes, elle plante le décor de son roman oscillant entre douleur et acceptation de la perte subie.

« Je me demande de temps en temps ce qui a disparu de cette île en premier.
- Autrefois, longtemps avant ta naissance, il y avait des choses en abondance ici. Des choses transparentes, qui sentaient bon, papillonnantes, brillantes...Des choses incroyables, dont tu n'as pas idée, me racontait ma mère lorsque j'étais enfant.
- C'est malheureux que les habita,ts de cette île ne soient pas capables de garder éternellement dans leur cœur des choses aussi magnifiques. Dans la mesure où ils vivent sur l'île, ils ne peuvent se soustraire à ces disparitions successives. Tu na vas sans doute pas tarder à devoir perdre quelque chose pour la première fois.
- Ça fait peur ? lui avais-je demandé, inquiète.
- Non, rassures-toi. Ce n'est ni douloureux ni triste. Tu ouvres les yeux un matin dans ton lit et quelque chose est fini, sans que tu t'en sois aperçue. Essaie de rester immobile, les yeux fermés, l'oreille tendue, pour ressentir l'écoulement de l'air matinal. Tu sentiras que quelque chose n'est pareil que la veille. Et tu découvriras ce que tu as perdu, ce qui a disparu de l'île. »
(p 9)

Ogawa nous transporte dans une île, hors du temps et de l'espace, cela pourrait être partout et nulle part. Les habitants voient disparaître peu à peu des objets, des animaux, des plantes. Les oiseaux un beau jour sont partis et leur souvenir s'est aussitôt estompé pour s'éteindre complètement chez les habitants, puis ce fut au tour des bateaux....comment quitter l'île alors ?
La police secrète est partout, à chaque disparition elle vient vérifier que rien ne rappelle cette dernière. Seulement....certains habitants ont le pouvoir, la chance ?, de ne pas oublier, dont la mère de l'héroïne. Une artiste sculpteur qui dissimule les vestiges des disparitions au creux de certaines œuvres ou dans des armoires anodines, au fond d'une cave.
La jeune héroïne se liera d'amitié avec son éditeur et aidée de l'ancien mécanicien du ferry, le cachera dans le sous-sol de chez elle : son éditeur est comme sa mère, il ne peut oublier ce qui a disparu.
Comme, souvent chez Ogawa, deux récits s'imbriquent l'un dans l'autre, « Cristallisations secrètes » ne déroge pas à cette règle : la jeune heroïne est romancière et écrit un roman dans lequel une jeune femme tombe amoureuse de son professeur de dactylographie et commence avec lui une relation étrangement semblable à la situation vécue sur l'île. L'amant opère un enfermement de sa maîtresse en la murant peu à peu dans un silence : il lui vole sa liberté en lui dérobant le langage.
Ainsi, le lecteur voyage-t-il au centre d'un parallèle entre l'enfermement d'une société par un dictateur et celui d'une femme par un amant lors d'une relation amoureuse a-normale. Le dictateur, supposé de l'île, fait disparaître, de par la terreur subtile exercée sur ses concitoyens, les objets, les animaux, les fleurs puis les êtres tout simplement ; l'amant, serial killer en quelque sorte comme tout dictateur, prend la voix puis la volonté de sa jeune maîtresse avant de jeter son dévolu, une fois celle-ci « vampirisée » sur une autre proie.

On ne peut entrer plus dans les détails sans risquer de déflorer toute la subtilité de l'écriture et la vision du monde contemporain de l'auteure. Il y a des scènes touchantes, angoissantes et sublimes, où le lecteur touche du doigt l'intemporalité des choses, impermanence du monde. En quelques traits bien esquissés par les mots justes véhiculant des images qui parlent à notre âme de lecteur épris de liberté, Ogawa appuie là où le bât blesse dans notre société moderne, aliénante au possible, en raison des diktats produits par ceux qui font le monde et les pensées. Doucement, lentement, les citoyens que nous sommes, peuvent perdre peu à peu leur environnement s'ils n'y prennent garde. Il est tellement facile de se laisser porter par le flux majoritaire, celui qui draine un plus fort courant, il est tellement aisé de ne pas réfléchir et de se dire que c'est ainsi, qu'on y peut rien, qu'il faut vivre avec « son temps ». Justement, ce temps voleur d'âme qui au fil des anesthésies locales dépouille tout un chacun de ce qui fait son identité, de ce qui le construit.
« Cristallisations secrètes » est un peu l'histoire de la grenouille plongée dans une casserole d'eau que l'on met doucement à bouillir sur le feu : la température augmente lentement, la grenouille s'y habitue puis au moment où elle sait qu'elle va mourir, n'a plus l'énergie de sauter hors de la casserole pour se sauver.
...Car il est des dictatures invisibles qui dérobent le bien le plus cher de l'être humain, sa liberté de penser et sa capacité à raisonner. Et ces dictatures sont celles qui nous gouvernent sans que nous y prenions garde... mais il y a toujours des Veilleurs, des Gardiens qui collectent, qui engrangent ce qui n'est plus : tant que la mémoire vit, le souvenir des belles choses perdure.

Un roman qui ne laisse pas indifférent... bien au contraire: un étrange écho résonne, lancinant, tout au long de la lecture.
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyMer 22 Aoû 2012 - 19:33

Oui, c'est vraiment un bon livre ; c'est curieux de penser que Cristallisation secrète a mis beaucoup de temps pour être publié chez nous ; il date de 1994 et n'a été publié qu'en 2009. J'ai cru comprendre que l'éditeur pensait qu'il était trop sombre, qu'il attirerait moins les lecteurs que ses autres livres.
C'est vrai que même si on sent que c'est du Ogawa, il est quand même différent, j'ai failli dire "plus consistant". Plus de personnages, une atmosphère lourde...
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 EmptyMer 22 Aoû 2012 - 21:58

bon, j'ai tellement aimé son recueil de nouvelles La grossese-Les abeilles-La piscine et tellement survolé Hôtel Iris que je ne sais pas vraiment pas quoi poursuivre mais Cristallisations secrètes me semblent plutôt bien pour poursuivre avec cette auteure...
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MessageSujet: Re: Ogawa Yôko   ogawa yoko - Ogawa Yôko - Page 20 Empty

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