Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Chantal Thomas

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kenavo
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyDim 3 Aoû 2008 - 16:40

Chantal Thomas - Page 2 Festiv11
Cafés de la mémoire

Aériale a déjà posté la couverture et le résumé de ce livre.. donc... pourquoi cette image de Matisse?
Parce que ce livre s'ouvre avec un chapitre ou Chantal Thomas nous emporte avec elle à Nice.. lors du carnaval.. et au Grand Café de Turin.
Avant d'avoir fait la connaissance d'Aériale, Nice me suggérerais seulement un nom: Matisse Wink
Donc voilà...
Tout ceci pour vous dire que j'ai adoré ce premier chapitre - qui est, hélas trop court.. et malheureusement aussi plutôt une introduction à ce qui va suivre.
J'aurais voulu rester assis avec Chantal Thomas dans ce Grand Café, l'écouter faire son 'tour du monde' où elle parle de tout et de rien, analyse aussi bien l'état de dégradation sentimental du couple assis à côté d'elle que de parler d'un tableau de Matisse (eh oui - elle nous en parle aussi.. comment ne pas le faire quand on est à Nice Very Happy )...
Mais tout cela n'est que 'préparation'.. introduction .. et ce qui s'ensuit est bien.. est beau à lire.. mais tout simplement pas fait pour mon état de lectrice du moment!
(Et elle a encore de la 'chance' - son livre je l'ai terminé, chez Annie Ernaux, je ne suis pas allé plus loin que la page 50-60...)
Tout ceci ne parle en aucun moment de la qualité du livre (non plus pour celui d'Ernaux) - je ne peux tout simplement pas me concentrer pour l'instant sur des 'bilans' de vie.. sur ces assemblages de mémoires
(ce qui est surtout drôle parce que je me sens très proche de Chantal Thomas - on partage beaucoup, beaucoup de souvenirs/expériences - perte du père assez jeune, un amour exceptionnel pour le grand père.....).

Une lecture qui m'était agréable parce que depuis la lecture de Chemins de sable j'aime sa façon d'écrire, j'ai des sympathies pour cette auteure.. mais pour moi c'était tout simplement pas le bon moment pour ce livre.

Mais comme je fais de temps en temps des relectures - ce livre va certainement dans le moment propice en faire partie d'une telle expérience Wink
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Aeriale
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyLun 4 Aoû 2008 - 9:45

kenavo a écrit:
J'aurais voulu rester assis avec Chantal Thomas dans ce Grand Café, l'écouter faire son 'tour du monde' où elle parle de tout et de rien, analyse aussi bien l'état de dégradation sentimental du couple assis à côté d'elle que de parler d'un tableau de Matisse (eh oui - elle nous en parle aussi.. comment ne pas le faire quand on est à Nice Very Happy )...
Déjà, merci Kenavo pour ton commentaire qui s'ouvre magnifiquement sur ce tableau de Matisse aime

Tu te doutes que j'ai moi aussi regretté de ne pas rester plus longtemps dans ce Café de Turin, et suivre l'auteure dans ses errances, au travers de ces gens croisés et du cadre qui l'entoure..
Je suis restée aussi un peu sur ma faim car rien de plus ne nous est dit sur ces premières "impressions de bar", dommage!
Mais en même temps, elle retranscrit bien par là l'essence de ses pensées, l'atmosphère de ces lieux où se mêlent des petits bouts d'existence que l'on capte dans l'instant et dont souvent on ne sait guère plus.

Des pensées qui l'amènent à ces souvenirs et là, je peux comprendre que tu n'aies pas été disponible. La connexion ne se fait pas toujours, bien qu'ils touchent à notre histoire commune et qu'ils nous soient livrés de façon plus personnelle, et forcément plus vivante que dans Les Années.

Dans quelque temps sans doute, le moment n'était pas le bon Wink
...Mais je suis presque sûre qu'un jour ils te parleront vraiment, et que tu seras là pour les entendre!
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kenavo
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyLun 4 Aoû 2008 - 15:12

aériale a écrit:
Mais en même temps, elle retranscrit bien par là l'essence de ses pensées, l'atmosphère de ces lieux où se mêlent des petits bouts d'existence que l'on capte dans l'instant et dont souvent on ne sait guère plus.

Des pensées qui l'amènent à ces souvenirs et là, je peux comprendre que tu n'aies pas été disponible. La connexion ne se fait pas toujours, bien qu'ils touchent à notre histoire commune et qu'ils nous soient livrés de façon plus personnelle, et forcément plus vivante que dans Les Années.
Mais oui.. je n'avais même pas pensé à ce point de vue! Tout à fait raison.. et cela donne aussi une autre approche au livre... oui...

aériale a écrit:
Dans quelque temps sans doute, le moment n'était pas le bon Wink
...Mais je suis presque sûre qu'un jour ils te parleront vraiment, et que tu seras là pour les entendre!
C'est certain.. comme je l'ai dit - j'aime bien son écriture et que je n'ai pas pu ‘entrer’ en entier dans ce livre est certainement pas la cause du livre. Je vais y revenir! Promis Wink
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Steven
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyDim 10 Aoû 2008 - 23:47

Les adieux à la reine

Le point de vue d'Agathe-Sidonie Laborde, ancienne lectrice en second de Marie-Antoinette, sur quelques journées qui ont agitées le royaume de France, du 14 juillet 1789 au 16 juillet 1789. Un point de vue modeste, mis en exergue par le fait que l'auteure est historienne, extérieur à la noblesse puisque la lectrice n'est pas intime à la reine. Elle la vénère, ne lui voit pas de défauts et est troublé par ces heurts et cette violence qui vient du peuple... La description de la panique, qui met en faillite toute l'organisation de Versailles le 16 juillet, est très vivace, m'a fait toucher du doigt à quel point l'équilibre était fragile dans le tissu social à cette époque.
Et puis, dans l'introduction, où Agathe-Sidonie, agée et amère, se rappelle cette lointaine époque à Vienne en 1810, il y a cette phrase, chargée d'amertume qui prend une valeur particulière :
Citation :
J'en suis convaincue - et ce ne sont pas les dernières images que j'emporterai de ce monde qui pourraient me persuader du contraire -, l'humanité ne progresse pas. Elle redispose autrement, selon d'autres convenance, d'après des aspirations différentes. Le système de la hiérarchie des castes avait ses défauts, mais celui de l'oppression par l'argent ne me semble pas préférable. L'obsession de s'enrichir...
Le livre se lit facilement et Chantal Thomas rend, par une foule de détails qui semblent véridiques, ce point de vue sur l'histoire très intéressant !
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Eve Lyne
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyLun 25 Aoû 2008 - 11:30

Ma première rencontre avec l'auteur s'est faite avec "les Adieux à la Reine". Moi qui pensais comme certaines qu'il s'agissait de la styliste. Embarassed

J'ai adoré l'écriture très structurée. On sait d'emblée ce qu'on va trouver dans le chapitre. On "lit" le temps défiler, avec une extrême précision dans le détail et les ressentis.

Ma découverte : un Versailles ouvert à tous, sale, fétide, grouillant de rats, toujours encombré d'échafaudages, un château mal en point qui n'a rien à voir avec le monument que nous pouvons visiter aujourd'hui.

On s'intéresse habituellement au Roi et à la Reine, place ici à l'entourage qui commente ce qui est en train de se passer, hésite entre fuir ou rester, ne sait s'il s'agit de rumeurs ou si le peuple ira plus loin dans sa rébellion. Il n'y a aucun scoop concernant leurs Majestés. Chantal Thomas rend compte avant tout d'une atmosphère et d'un vent de panique qui peu à peu atteint toute la cour.

On replonge, le temps de la lecture, dans le XVIIIe siècle et on en ressort avec une folle envie de pousser l'investigation.

Comme le disait le prince de Talleyrand : «Qui n'a pas vécu à cette époque n'a pas connu la douceur de vivre.»
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyLun 22 Sep 2008 - 19:44

Les adieux à la Reine


Agathe Laborde, la lectrice de la reine Marie-Antoinette, raconte les derniers jours de la Cour à Versailles. Elle est émigrée en Autriche, à Vienne, et elle se souvient....
De Versailles, sa puanteur, ses miasmes, sa crasse que tentent désespérement de masquer les froufrous et les parfums des courtisans. Des pièces où les rats font la sarabande la nuit venue, où la vermine grouille dans les perruques, où l'ombre est le royaume d'un peuple de rongeurs trottinant pour festoyer des remugles des Grands. Elle se souvient d'un Versailles d'où les enfants sont totalement absents, écartés très vite chez les nourrices au fin fond des campagnes. De personnages aussi discrets qu'importants à l'image de l'Historiographe de Louis XVI, perdu au fin fond du château, sous sa soupente, entouré de livres, de cartes et de parchemins qui encombrent le moindre recoin (il dort sur une paillasse au fond d'une vieille armoire....remplie de livres!). Elle se souvient de cet homme haut en couleurs et en senteurs épouvantables: le capitaine de La Grande Ménagerie qui ne se lave jamais et exhale des fumets plus atroces que ceux des animaux de la Ménagerie. Il regarde mourir, impuissant et triste, les uns après les autres, les grands animaux de zoo royal, le lion et l'éléphant, symboles de l'avenir menaçant la royauté française.
Agathe se souvient du Petit Trianon, seul endroit de Versailles où la Reine est enfin elle-même: gaie, simple, fraîche et riante. Marie-Antoinette, frivole, virevoltante, insouciante, ne pouvant pas se concentrer longtemps sur une lecture mais aimant feuilleter, inlassable, son Cahier des Atours, roman vivant des toilettes qu'elle a portées. Le Petit Trianon, paradis de l'intimité où la Reine peut être une mère attentive et aimante, sans avoir à respecter la pesante étiquette de la Cour, où elle peut rire, folâtrer aux côtés de son amie la plus chère, Gabrielle de Polignac, aussi lisse et imperturbable qu'une goutte d'eau glissant sur les plumes d'un cygne.
Elle revoit encore, l'amoureux secret de la Reine, qui la guette et l'attend sans espoir et avec une constance tellement pitoyable qu'elle en devient belle. La vie versaillaise peut être paisible et sordide, belle et répugnante, cage dorée caquetante où s'ébattent, vainement, les locataires d'une volière bruyante qui n'attend qu'une seule et unique chose: un regard de leurs majestés, l'espoir infime d'être remarqué après une interminable station debout (il faut avoir jarrets et molets bien musclés pour résister au train d'enfer de la Cour!).
Puis affluent les souvenirs de l'incertitude de la situation politique: Versailles est muet, a le souffle court, est insomniaque et perd tous ses repères: on se parle sans prendre garde au rang de son interlocuteur, c'est qu'il fait sombre dans les couloirs jonchés de détritus où s'avachissent les courtisans, effrayés par l'attente et l'angoisse, absourdis par le départ des serviteurs!
La nuit du 15 Juillet 1789 est lourde d'angoisse après la prise de la Bastille, forteresse réputée imprenable! Les manants ne devraient pas tarder à venir chahuter la Cour à Versailles, on dit que le Peuple serait en route, on dit qu'il a des armes, on dit qu'il y a des tracts distribués dans les rues sur lesquels 286 noms à abattre pour que les réformes se fassent, on dit beaucoup de choses moins rassurantes les unes que les autres. Pourtant le peuple semblait joyeux selon les journaux! Le temps s'écoule lentement lorsque les bougies ne brûlent pas, lorsqu'il fait plus sombre que dans un bois, lorsque les conversations, à voix basse, se tiennent sans se voir, lorsque l'errance dans les méandres du château est lugubre. Pourquoi a-t-on laissé les philosophes colporter des idées subversives comme celle du droit au bonheur ou de l'émancipation par son travail? Voilà où cela mène: à la peur glaçante, à l'envie de fuir au plus vite le navire qui est en train de sombrer. Que l'on regrette le temps de Louis XV où les auteurs appartenaient aux Princes sans avoir le privilège de manger à leur table, mais une voix s'élève dans le noir "Tous les Philosophes ne sont pas de "beaux esprits", des amuseurs. Les vrais Philosophes sont indépendants. Ils travaillent. Ils pensent. (les derniers mots étaient soulignés avec une emphase qui se voulait blessante) Il y a du bon et même de l'excellent chez les Philosophes. Qui n'a pas lu L'Esprit d'Helvetius ou Le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau ne saisit rien de la dynamique de l'époque." (p 85 et 86).
Sous la plume et par le prisme du regard de Chantal Thomas, la nuit, à Versailles, devient une scène de roman fantastique: les ombres deviennent le domaine des sorciers et autres êtres magiques inquiétants. Versailles est un navire en perdition que son capitaine ne contrôle plus. C'est la fin d'un monde. Les vagues de peur se succèdent aux semblants de mondanité: Versailles est dans l'attente de l'arrivée de la Révolution à ses portes et de la fin d'un style de vie tandis que La Panique étreint les logeants du château.
Le château est ouvert aux quatre vents: il n'y a pas une grille à avoir une serrure; c'est devenu le règne de l'obscurité, celle qui permet de se cacher, de se terrer mais aussi celle qui permet de ne pas voir ce que l'on ne veut surtout pas voir: la réalité sordide et terrible d'un univers qui s'écroule dans le fracas de l'angoisse. Versailles, dans une ambiance digne du fantastique, se transforme en une étrange Cour des Miracles: les réduits, logements des courtisans, sont mis à sac, les malles s'empilent, les voitures sont chargées, les rats quittent les lieux insalubres de la royauté qui s'effondre. La sédition est dans les rangs des serviteurs qui n'ont plus peur du bâton ni de la canne de leur maître: "Tu sais ce que j'ai fait hier matin quand le duc de Richelieu est entré? Non, quoi? Rien. Tu veux dire que tu n'as pas frappé deux fois du pied en clamant: Son Excellence le duc de Richelieu? Je n'ai pas moufté. Le duc s'est arrêté à l'entrée du salon, a attendu. M'a regardé. Rien. Rien, j'te dis (il hurlait, fou de son audace, et gigotait des jambes contre la statue). Tout duc et pair de France qu'il est, je n'ai rien fait. Pas un mouvement, pas un mot. Et pourquoi l'annoncer? Il le sait comment il s'appelle. Il a beau être une ruine avant l'âge. Un dégénéré, un fruit pourri des débauches de son père, il sait quand même comment il s'appelle. Son nom, c'est la dernière chose qu'on oublie." (p 124)
Agathe se souvient également, après cette nuit d'interrogations, de la fuite des courtisans qui abandonnent non seulement le château de Versailles mais aussi et surtout leurs enfants confiés aux nourrices à la campagne " C'est des gens qui partaient avec bagages que j'ai gardé l'image la plus vive. A cause de leur allure ridicule. A cause d'un mélange d'empressement et d'empêchement, de leur maladresse, touchante, qui se révélait à nu. Par leur seule manière de fuir, ils dérogeaient. C'était peut-être là l'origine de leur honte: non pas s'enfuir, mais qu'il faille s'enfuir dans ces conditions. Sans une tenue de voyage décente, comme le soulignait à son propre usage la Reine, quelques heures auparavant. Beaucoup, cependant, encore plus égarés par le sentiment d'urgence, s'en allaient les mains vides. Il leur semblait que leur vie tenait à un fil, que s'ils tardaient ils allaient périr victimes d'un massacre collectif." (p 204 et 205)
Quitter Versailles déchire le coeur d'Agathe Laborde: l'adieu à la chambre minuscule et aux livres tant aimés et lus, cocons douillets et chaleureux, est touchant et empreint d'une intense émotion car la vie ne sera plus jamais la même pour cette admiratrice lointaine, par le rang, de la Reine.
"Versailles était ma vie. Et comme pour ma vie, je ne m'étais jamais vraiment représenté ce que pouvait en être la dernière journée. Ni même qu'il y aurait une dernière journée, avec un matin, un après-midi, un soir, et rien d'autre de l'autre côté de la nuit. Rien de connu en tout cas. " (p 223)
Chantal Thomas dans "Les adieux à la Reine" réussit à nous faire vivre les derniers jours de Versailles, symbole de la puissance royale, entre terreur, angoisse et regards amusés sur les moeurs hallucinant des courtisans, faune extraordinairement exotique. Marie-Antoinette apparaît certes frivole, insouciante, éprise de plaisir et de belles choses, mais aussi fragile, délicate et terriblement perdue dans un monde où la méchanceté et le mordant sont de mise. L'Histoire se construit sur d'infiniment petits hasards qui font que quelques instants d'hésitation, d'incertitude, provoquent le basculement d'une vie, d'un monde, d'une époque. Nous sommes pris dans le piège sombre, oppressant et angoissant de l'attente d'un drame imminent, le souffle coupé, le coeur battant la chamade, à l'écoute du moindre bruit venant de l'extérieur. Le trou noir de la Révolution absorbe, lentement, irrémédiablement, les fastes délabrés d'un monde à l'agonie. Une belle fresque du crescendo d'une panique historique.
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyVen 17 Déc 2010 - 12:20

-Le testament d'Olympe-

Chantal Thomas - Page 2 11007710

Beau roman! J'ai adoré suivre les traces de ces deux soeurs issues d'une drôle de famille, bigote et quasi illuminée, dont le père réfractaire au travail est sans doute celui à cause de qui l'échappée devient vitale. D'abord Ursule disparue subitement, puis Appolline qui sortira d'un couvent pour être placée dans une famille avant de retrouver le fameux testament de sa soeur devenue courtisane du roi sous le nom d'Olympe.

Chantal Thomas nous brosse un tableau à la fois romanesque et aussi très réaliste de la France à une époque où le faste et le sordide se cotoyaient, où il ne faisait pas bon de naître femme et dans laquelle les hommes détenaient tous les pouvoirs. C'est écrit dans un style très fluide, alerte, on est complètement immergé dans cette ambiance de fin de siècle, flamboyante et cruelle, les sens, les couleurs, les mentalités, tout est si bien rendu que l'on a l'impression de vivre ce Paris bruyant et pervers. Il y a aussi en filigrane le portrait d'un roi bien complexe, solitaire, tiraillé entre le vice et la vertu, et pour qui la mort est le châtiment suprême.

Chantal Thomas - Page 2 Transp10

Une façon réjouissante de percer les ombres d'un monde qui se meurt, sans tralala et sans fioritures superflues. Je vous recommande vivement cette plongée dans l'Histoire car pour moi l'auteure a réussi son pari. Suivre la destinée de ces femmes sans entacher la vérité historique. Une réussite Very Happy
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyMar 6 Déc 2011 - 22:27

J'ai découvert une belle auteure et vos avis me renforce dans mon idée.
Je viens de terminer "Le testament d'Olympe" et je suis vraiment séduite

Le testament d’Olympe où la vie pas rêvée d’une aristo fauchée.

Sous le règne de Louis XV, 2 jeunes filles bien nées issue d’une famille fauchée et dévote vont connaître 2 destins diamétralement opposés. Lasse des brouets trop clairs du patriarche dévot, l’aînée rêve de partir, de théâtre et un beau soir, s’enfuit de chez elle…. Au désespoir d’Apolline, la plus jeune. Elle, son père l’envoie d’office au couvent avec comme gentil mot d’adieu : « vous ne pensiez pas qu’une grande fille comme vous allait passer toute sa vie dans la maison de ses parents » Attention, pas les couvents dont on parle dans les beaux romans, non, non, un couvent pour enfant bien né mais pauvre, quelque chose de sordide. Bon, soyons juste, il n’était pas le plus sordide !!! Elle n’en sortira que pour être préceptrice dans une famille aisée.
Mais revenons à Ursule qui a décidé d’arriver en haut de l’échelle qu’elle que soit l’art et la manière… Elle se met sous la tutelle du Maréchal-Duc de Richelieu, petit-neveu du Grand Richelieu, maquereau officiel du roi Louis xv. Devenue Olympe, elle part dans « la caravane » du Duc et se retrouve dans une soupente à Paris. Richelieu vient la voir, la peaufine, l’éduque, mais….. ne la touche pas. Le Duc « offre » sa vierge Olympe à sa Majesté priapique et elle se retrouve Parc-aux-Cerfs, bordel officiel de Louis xv. Voici notre favorite du moment enceinte et direction Versailles, mais pas le château. Pour elle ce sera un petit pavillon et, à force de vouloir supplanter LA Pompadour, elle se retrouve en disgrâce mariée de force à un noble désargentée et vivant en plein Aubrac. Là, ce faut le début de la fin. La chute fut rude. Elle nota tout dans un carnet qui se termine ainsi : « Moi, Olympe Ursule Aubain Bourbon de Quizière, née de Pauvrelieu, ai été assassinée sur ordre du roi, de lâche et épouvantable façon ». Ce livret-testament sera la seule chose que Pénélope aura en héritage.

Ce livre est composé de 2 parties très distinctes : la vie avant, la vie d’Apolline puis la vie d’Olympe. Chantal Thomas est comme un poisson dans l’eau avec ce 18ème siècle, cela se sent, se lit. Dans ce livre, on comprend qu’il ne faisait pas bon d’être une jeune fille sous Louis XV. Vous étiez mariée de force, mise au couvent sans votre accord…. Les femmes ne sont pas mieux loties lorsqu’elle nous décrit les sœurs au couvent, les femmes mariées, les servantes…. Son vocabulaire se fait volontiers picaresque « Il y avait là… des porcelaines superbes, même pour les usages les plus vils (je chiais dans des vasques de Sèvres !)… »
Nous dégustons une page de l’histoire de France à travers la vie d’Olympe et Apolline.

L’écriture soignée et moderne nous plonge dans un 18ème siècle fait de délices, d’horreurs (la guerre de 7 ans), de parfums subtils puanteur grandiose et sordide sous la coupe du Duc de Richelieu, baiseur impénitent et maquereau du roi et de notre « bon » Louis XV avec sa faim de sexe, sa peur du péché, de la mort….

En conclusion, un très bon livre

Je remercie et pour ce partenariat qui m’a fait découvrir Chantal Thomas dont je lirai avec plaisir d’autres titres.
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyVen 22 Nov 2013 - 10:31

Chantal Thomas - Page 2 56372410

L'échange des princesses
Citation :
En 1721, Philippe d’Orléans est Régent, dans l’attente que Louis XV atteigne la maturité légale. L’exercice du pouvoir est agréable, il y prend goût. Surgit alors dans sa tête une idée de génie : proposer à Philippe V d’Espagne un mariage entre Louis XV, âgé de onze ans, et la très jeune Infante, Maria Anna Victoria, âgée de quatre ans, qui ne pourra donc enfanter qu’une décennie plus tard. Ce laps de temps permet l’espoir d’un "malheur" qui l’assiérait définitivement sur le trône de France… Et il ne s’arrête pas là : il propose aussi de donner sa fille, Mademoiselle de Montpensier, comme épouse au jeune prince des Asturies, futur héritier du trône d’Espagne, pour conforter ses positions. La réaction à Madrid est enthousiaste, et les choses se mettent vite en place.
Dépoussiérer l'Histoire. Pour Chantal Thomas, il s'agit d'une matière vivante et vibrante qu'elle respecte, certes, mais à laquelle elle donne un rythme soutenu, une vitesse d'exécution qui tranche avec le tout venant des romans historiques. Il faut avouer que c'est parfois déconcertant dans L'échange des princesses d'autant que le livre cite à moult reprises des documents d'époque et des lettres lesquels nous replongent dans un XVIIIe siècle où les événements retrouvent une allure plus conforme à la période, toute en lenteur et en langueurs. L'échange des princesses est un regard moderne sur un épisode historique assez étonnant et il faut accepter ce décalage temporel, anachronique d'une certaine façon, pour goûter les qualités de l'ouvrage, qui n'en manque point. Chantal Thomas excelle dans l'art des portraits, ceux des deux princesses, tout d'abord, enfants jetées en pâture aux cours d''Espagne et de France, jouets de la géopolitique qui plus est consanguine. Stupeur et effroi devant le sort réservé à ces pauvres petites filles dont on attend qu'elles se comportent comme des adultes responsables et dignes de leurs charges. Mais on fera son miel également des "seconds rôles" qui tirent les ficelles ou sont eux-mêmes prisonniers d'un destin écrit contre leur gré : le Régent, Philippe d'Orléans ; le jeune Louis XV ; La Princesse Palatine (l'une des rares figures sympathiques) ; Louis 1er, éphémère roi d'Espagne ; Elisabeth Farnèse, la glaciale reine consort ... Chantal Thomas passe d'une princesse à l'autre, sans transition et sans s'essouffler. Ce qui n'est pas le cas du lecteur qui doit s'adapter à cette vivacité. Une fois la chose faite, il n'en appréciera que davantage ce singulier roman qui mêle avec virtuosité faits historiques et fiction intime.
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyVen 22 Nov 2013 - 11:07

Une de mes prochaines lectures, je suis curieuse de voir ça !
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topocl
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyJeu 31 Mar 2016 - 17:55

L'échange des princesses

C'est vraiment très bien : ces enfants manipulés comme des pions, sacrifiés selon les obligations diplomatiques et le bon vouloir des régnants.   C'est très documenté et  vivant à la fois, le charme d'un roman historique proche de ses personnages et qui ne manque pas d'humour, c'est vraiment plaisant.
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shanidar
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyJeu 31 Mar 2016 - 18:42

Depuis le temps que j'ai envie de lire un livre de Chantal Thomas... tu relances l'envie, topocl !
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptyJeu 31 Mar 2016 - 19:19

ah Topocl une lecture satisfaisante !
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MessageSujet: Re: Chantal Thomas   Chantal Thomas - Page 2 EmptySam 2 Avr 2016 - 12:05

shanidar a écrit:
Depuis le temps que j'ai envie de lire un livre de Chantal Thomas... tu relances l'envie, topocl !

Moi aussi. Je la note dans un coin surchargé de mon ordinateur pour ne pas l'oublier.
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