Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Louis Calaferte

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Mordicus
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 20:49


Des fois ils devraient laisser la couverture blanche et mettre un petit mot en bas : laissez aller votre imagination de Crayolas.

...

Je l'ai pourtant bien tenu dans les mains. Mais pas moyen de me dire "Aller sois pas superficielle, sois une Grande !"... Ben non, j'suis un PetiTroll...

Huhu.
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 20:54

Mordicus a écrit:

Des fois ils devraient laisser la couverture blanche et mettre un petit mot en bas : laissez aller votre imagination de Crayolas.

...

Je l'ai pourtant bien tenu dans les mains. Mais pas moyen de me dire "Aller sois pas superficielle, sois une Grande !"... Ben non, j'suis un PetiTroll...

Huhu.

Moi j'ai été grande !

(Et non j'aimerais pas trop faire ma propre couv'... ou alors, si, peut-être après la lecture... En fait je ne sais pas)
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chrisdusud
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 20:57

Franchement je n'avais même pas remarqué qu'elle était moche (mais j'avoue qu'elle est). Ceci dit quand on le lit on ne peut pas la voir en même temps, c'est l'aspect positif du problème. Sinon tu peux mettre des autocollants...
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 21:13


Toi aussi customizzz ta couv' !!! C'est FraiziFantastique !

(Si ça c'est pas slogan de jeune cadre dynamique hein !)
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 21:20

Queenie a écrit:

Si ça peut aider, éventuellement : Septentrion a l'air d'être SON œuvre.

Au fait pourquoi ça s'appelle Septentrion?
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 21:22

Autant c'est un concept à lancer, et tu pourrais faire fortune (et me donner mes 10.000 pesetos).



Citation :
Au fait pourquoi ça s'appelle Septentrion?

C'est une bonne question... déjà je ne savais même pas ce qu'était ce mot avant... et maintenant... je suis à la moitié du bouquin, et j'en sais rien, et je trouve qu'il y avait 33 milles titres bien mieux et bien plus parlant pour ce bouquin.


Dernière édition par Queenie le Lun 2 Fév 2009 - 21:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 21:27


(Queenie, tu fais ta Bulle)
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 21:33

Mordicus a écrit:

(Queenie, tu fais ta Bulle)

(Je ne vois absolument pas de quoi tu parles... Vive la fonction "éditer")
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyLun 2 Fév 2009 - 21:45

Queenie a écrit:
Autant c'est un concept à lancer, et tu pourrais faire fortune (et me donner mes 10.000 pesetos).



Citation :
Au fait pourquoi ça s'appelle Septentrion?

C'est une bonne question... déjà je ne savais même pas ce qu'était ce mot avant... et maintenant... je suis à la moitié du bouquin, et j'en sais rien, et je trouve qu'il y avait 33 milles titres bien mieux et bien plus parlant pour ce bouquin.

Apparemment il semblerait qu'il y ait une connotation religieuse (encore!) évoquant la mort ou la fin du monde... Dans ses entretiens il revient souvent sur des thèmes mystiques. Septentrion c'est l'indication du Nord, de Dieu lui-même?, d'un créateur, et il y a cette citation de l'ancien testament qui a peut-être un rapport...

Citation :
Le châtiment annoncé est terrible, mais Dieu se justifie:

Il me dit: "Fils d'homme, lève les yeux du côté du septentrion!" Je levai les yeux du côté du septentrion; et voici, cette idole de la jalousie était au septentrion de la porte de l'autel, à l'entrée. Et il me dit: "Fils d'homme, vois-tu ce qu'ils font, les grandes abominations que commet ici la maison d'Israël, pour que je m'éloigne de mon sanctuaire? Mais tu verras encore d'autres grandes abominations."

Alors il me conduisit à l'entrée du parvis. Je regardai, et voici, il y avait un trou dans le mur. Et il me dit: "Fils d'homme, perce la muraille!" Je perçai la muraille, et voici, il y avait une porte. Et il me dit: "Entre, et vois les méchantes abominations qu'ils commettent ici!" Et il me dit: "Tu verras encore d'autres grandes abominations qu'ils commettent." Et il me conduisit à l'entrée de la porte de la maison de l'Éternel, du côté du septentrion. Et voici, il y avait là des femmes assises, qui pleuraient Thammuz. Et il me dit: "Vois-tu, fils d'homme? Est-ce trop peu pour la maison de Juda de commettre les abominations qu'ils commettent ici? Faut-il encore qu'ils remplissent le pays de violence, et qu'ils ne cessent de m'irriter? Voici, ils approchent le rameau de leur nez. Moi aussi, j'agirai avec fureur; mon oeil sera sans pitié, et je n'aurai point de miséricorde; quand ils crieront à haute voix à mes oreilles, je ne les écouterai pas."

Et un article sur le côté mystique de Calaferte:

Citation :
Pour Louis Calaferte, « la poésie est ligne claire – voie droite » et participe à la mystique d’un auteur qui, dès Le Chemin de Sion, ses premiers Carnets (1956-1967), affirme sa conversion à la foi et voit le monde comme « un accompli métaphysique », bien qu’« imprégné de pauvreté catholique ». « Hors de l’Église, écrit-il, l’engagement religieux est participation à l’éclaircissement de la destinée humaine. » L’anarchisme de Calaferte est en effet double : celui de la haine des corps politiques, militaires et cléricaux, considérés comme des tueurs, et celui de « la voie anarchiste », c’est-à-dire « la voie chrétienne débarrassée des dogmes aveugles des Églises, de l’impérialisme des hommes ». Ainsi, pour ce desperado de Dieu, la poésie, « isolement de l’essentiel », est considérée comme le niveau de « la plus haute spiritualité où (Dieu) intervient dans notre circulation intime, nous livrant des signes que nous ne comprenons pas toujours, mais dont l’extérieur sera touché, car le poétique est signification infraconsciente, c’est-à-dire distorsion du réel ». L’âme poétique doit être « susceptible de saisissement du fugace et de fixation du grave », à l’image de ses Carnets alternant émerveillements quotidiens et réflexions métaphysiques débarrassées de ce divertissement qu’est la morale (Pascal n’étant jamais très loin).
Pour comprendre le titre de ces Carnets, le retour à l’étymologie du mot direction (à la manière du retour de l’écrivain à l’Église primitive) est éclairant. Si l’on déleste le terme de son sens figuré (directive, fonction d’un directeur de conscience), pour ne conserver que celui du latin directio, c’est-à-dire « orientation », « ligne droite », on comprend la cohérence d’un projet défini dès l’adolescence comme (con)vocation littéraire, direction imposée et distinction, suivant une « ligne essentielle (…) celle de la Force métaphysique », au moyen de la Poésie, « Voie droite » par excellence.
De Chemin de Sion à Direction, Calaferte n’a jamais forligné. Car, écrit-il le dimanche 27 décembre 1992 en conclusion des Carnets : « Le Poète se plante ainsi au Centre de la Vie. Il nous parle et nous écoutons. Sa parole est celle de l’âme. »
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyMar 3 Fév 2009 - 14:03

J'ai lu la mécanique des femmes et Septentrion:


J'avais d'abord commencé par lire "Septentrion" de cet auteur l'année dernière et je n'aurais jamais cru lire un autre livre de lui...
mais certains m'ont demandé de lire "La mécanique des femmes" car ils voulaient avoir un avis de femme sur ce livre.
Que dire? La structure du livre est déjà très particulière, des paragraphes en patchwork avec a priori aucune suite logique.
Ce sont des bribes d'histoires des bouts de dialogues et il m'a été difficile de savoir où l'auteur voulait en venir avec ce livre que l'on m'a présenté comme une mise à nu des fantasmes sexuels féminins.
Si cela était le but de l'auteur je pense que ça serait simpliste de croire après avoir lu ces quelques lignes où il décrit essentiellement des femmes abandonniques, en mal de reconnaissance, angoissées par la mort, se jetant avec frénésie dans la séduction de l'homme, les fantasmes féminins se résument à vouloir pratiquer des fellations à tout-va.
Par ailleurs, je ne pense pas que les fantasmes féminins (ou masculins d'ailleurs) soient uniformes et que l'on puisse facilement les résumer et les standardiser.
J'ajoute cependant que ce livre est beaucoup plus "soft" que "Septentrion", livre qui a fait que l'auteur avait été accusé de misogynie.
Pour "Septentrion":


Au départ ce livre a été un choc pour moi! étant autobiographique, l'auteur y exprime sa souffrance avec des termes agressifs, un vrai crachat à la face du monde :)
Son rapport aux femmes et la description qu'il en fait m'avaient choquée au début mais avec le recul on se rend compte qu'il y a quand même des vérités dans ce livre qui peuvent parfois faire écho en nous.
Un livre qui dégage une puissance, un ras-le-bol, à l'image je suppose de l'état d'esprit de l'auteur.
A lire parce que c'est très différent de ce qu'on lit d'habitude.
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyMar 3 Fév 2009 - 14:48

Je suis actuellement en train de débuter la partie Omphalos (il a décidément des titres bizarres), et franchement j'ai du mal à comprendre cette fixette sur les morceaux sexe de ce livre, parce qu'il n'y a vraiment pas que ça du tout là dedans.

Cette nouvelle partie commence avec son départ de chez la Van Hoeck, pour qui il est un supra gigolo. Il quitte le cocon douillet de l'argent plein les poches, pour retrouver une vie, pour se retrouver. Parce que même si, chez elle, il mange à sa faim, a des super fringues, baise quand il veut (et même quand il veut pas d'ailleurs)... il n'est plus lui. Il n'est qu'un toutou, qu'un docile amant.

Et cette partie Omphalos décrit l'homme sans le sou, à la rue, désabusé, perdu, seul, et pour la première fois dans le livre, il perd un peu de sa rage, de sa vitalité, il devient presque désespéré, triste, il souffre physiquement et moralement.
Il est obligé d'aller quémander auprès de ses anciens amis un toit, un lit, un peu d'argent.
Il rêve toujours d'écrire, et dès qu'il obtient quelqu'argent il en dépense une partie pour des cahiers qu'ils griffonnent jusqu'à noircir les pages en quelques heures.

Je vous noterais un extrait plus tard. Poignant, terrifiant.
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptyMar 3 Fév 2009 - 15:35

Queenie a écrit:

Et cette partie Omphalos décrit l'homme sans le sou, à la rue, désabusé, perdu, seul, et pour la première fois dans le livre, il perd un peu de sa rage, de sa vitalité, il devient presque désespéré, triste, il souffre physiquement et moralement.

Omphalos c'est directement une allusion à la mythologie. C'est le centre du monde. Le nombril... Sur Wikipedia ils précisent que c'est Zeus qui aurait laissé tomber cet omphalos.

Plus tu en dis plus j'ai envie de le lire!

Un site étrange sur les mappemondes fantasmatiques où il est question de Septentrion et d'Omphalos... ICI
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptySam 7 Fév 2009 - 13:10

Pourquoi le sexe omniprésent dans Septentrion, explication sous forme d'extraits du livre qui parlent d'eux-même :

Citation :
[...]Et le fait de suivre quelqu'un pendant quelques heures dans une chambre, de se dévêtir et de procéder ensemble, pour finir, à un brin de
toilette hygiénique devant la glace d'un lavabo d'hôtel n'est qu'une épreuve comme une autre dans le but d'échapper au moins momentanément au sentiment de désolation qui, quelquefois, vous envahit jusqu'à vous submerger. Moyen facile de renier sa réalité frelatée avec un gai
désespoir de soi
. Même si l'illusion a fait son temps, même si l'on est arrivé chacun de son côté à cette pauvre constatation que le sexe et ses labyrinthes morbides ne conduisent nulle part, ne peuvent élucider quoi que ce soit, parce que, chaque fois, au dernier moment, il y a quelque chose qui vient à manquer et gâche tout. On passe à un doigt – autant dire l'abîme – d'une vérité qui vous eût peut-être permis de voler en éclats, d'être métamorphosé en archange triomphant ou simplement en honnête père de famille assis le soir à la grande table de cuisine au milieu des enfants, distribuant à la ronde le pain terrible de la soumission.


Citation :
Avec quelle arrogance elles soutiennent votre regard. Coït visuel.
Devant le sexe, nous sommes faits pour nous comprendre à demi-mots. Préparés, tous, pour une même et unique randonnée. L'autre s'offre en holocauste, chair prise, dévastée. La vérité est quelque part, tapie au fond d'un sexe humide. Il nous faut les explorer tous, par toutes les parties de notre corps, hantés, opprimés, conquérants et coupables. Propre meurtre de soi-même, car au-delà du plaisir il y a l'insaisissable présence de Dieu.


Dernière édition par Queenie le Sam 7 Fév 2009 - 13:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptySam 7 Fév 2009 - 13:15

Et là où Calaferte, selon moi, est bouleversifiant de vérité de phrases qui vibrent de quelque chose d'incroyable :


Citation :
[...]La phraséologie pisse à gros bouillons de ma veine cave perforée que j'ai clouée dans l'encrier au bout de la plume, pisse à gros bouillons un jus noir, noir-sang, noir-atroce, où s'ébattent sans fin des crapauds pustulents à êtes de torturés cyniques, des clous plein les gencives, le crachat sur la Face, tatoués du triangle de la Trinité, de l'Oeil et de l'Etoile, dévidant par leurs bouches moussues de salive le bobineau du fil à plomb. Dans la vase du fond, je me retrouve moi-même brisé en morceaux, étendu sans vie dans toutes les régions de mon désespoir, tenant
entre mes mains crispées le poids de mes anciennes paroles flétries, et autour de mes cadavres éparpillés les femmes que j'ai abandonnées dansent une gigue de douleur,
jupes relevées sur leurs cuisses, le ventre ballonne, sexe lourd entre leurs jambes, comme une grappe d'œufs pendant sur leurs chevilles enflées d'eau. Elles ont, au préalable, écrasé mes visages à coups de pavés. Un rire déchiqueté reste au bord de mes lèvres. Je repose contre terre, inerte, sur le goudron mouillé de sang. Le mensonge germe dans chacune de mes narines. Un rameau de cigüe qui porte en guise de fleurs les corps tués de mes fœtus dont je n'ai pas voulu. Mes entrailles sorties baignent dans un sirop lacrymal. J'ai pleuré par les yeux des autres tout le mal que j'ai fait et tout se retrouve pour m'accabler dans cette rue déserte de mes morts innombrables.

Citation :
Entre nous il y avait juste un gouffre assez spacieux pour contenir au large une moitié d'humanité. La sienne.

Sur les matinées de journées de travail
Citation :
Avec le petit jour qui gratte, qui gomme soudain un coin de ce ciel sans horizon des villes. Tache volatile. Tache liquide. Comme un point d'impact en transparence sous la dernière vapeur de la nuit. Quelque part au-dessus des toits, entre la barricade des cheminées droites. Le petit jour écarquille son œil ensommeillé. Cheville enfoncée dans l'ombre. Les rues pâlissent. Glaire mouvante de la clarté sur la glycérine des trottoirs. Une lumière d'eau jade chenille le long des façades. En bas, à ras de terre, la nuit se tasse, encore compacte, soufflée par la fraîcheur nouvelle de l'air du matin. Le ciel s'épluche. Pureté du jour. Les bruits éclatent. Tintamarre. Moteurs. Ferraille. La talonnade de la foule broie la croûte de silence. Rues en folie. Les gares dégorgent. Alerte au travail. L'usure commence

Citation :
Inutile d'être venu ici. Inutile d'en repartir. L'heure suivante, demain, l'année en cours, les années à venir. Inutile. Comme tout ce que j'ai projeté jusqu'à aujourd'hui même. Espérances, ambitions, travail, pages écrites, raturées, toutes les discussions que j'ai pu soutenir sur les idées auxquelles je croyais, la foi intacte pour certains livres, certaines œuvres, certains hommes. Ma vie. Inutile. Il est dit que cette journée n'en finira pas.

Après avoir été "taper" un vieux copain de quelques billets :
Citation :
Arrêt subit. Je ne sais pas comment ça se passe, mais je suis poussé à tendre la main et à la refermer sur l'argent. Pas un mot. Je mets rapidement le billet dans ma poche parce que je pense que je vais devoir lui donner une poignée de main. Jeu de manipulateur. Sa main, la mienne. Nos rapports d'hommes à homme doivent se terminer dans la minute qui s'écoule. Limite de franchissement. C'est lui qui a été très heureux de me revoir. Peut-être aurons-nous l'occasion. Chez Sicelli. Un jour prochain. Chez Sicelli, ou au musée des antiquités. Ou à la droite du Père, plus probablement. Enchanté d'avoir passé ce moment avec moi. Bonne chance. Ne pas manquer de lui envoyer mon livre quand il paraîtra. Silhouette dégagée devant moi. Le tissu du costume sait ce qu'il a à faire pour faciliter chaque mouvement. Je reste sur place. Les bras ballants. Silhouette absorbée par la façade, là-bas. La rue lustrale. Pommadée de lumières. Il me faut un moment pour rompre avec l'envoûtement de cette amabilité méthodique. Pour m'apercevoir du vide que cet homme creuse en vous et autour de vous à l'abri de sa correction exemplaire.

Je m'arrête là, je pourrais citer des pages et des pages entières.
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MessageSujet: Re: Louis Calaferte   Louis Calaferte - Page 4 EmptySam 7 Fév 2009 - 16:50

Louis Calaferte - Page 4 20704010

Satori
(Extraits)

J'ai effacé par erreur mon message précédent. J'évoquais ce recueil de réflexions poétiques sur tous les thèmes de prédilection de Calaferte. Son aspect tour à tour nostalgique, violent, hallucinatoire, érotique, trivial et émouvant. Un travail sur le langage qui évoque Lautrémaont, Céline ou Bataille.

Le plus expérimental (on pense aux Chants de Maldoror):

Citation :
Je porte enceinte cravate et col blanc, empesé, empoissé, enfoissé de turquoises virlandes qui gouttent, glairolulent, coalées du trou gorle, imberbe bouche ivrante languissamment lovée au phalle médullaire de mon aorte vénérienne. Mon plastron de nacre est un bourgeon orphique où viennent s'encorbeller les cheveux des femmes florilèges. Live glaise d'amour. Luxées de sexe opian, elles lanvent, gourlandes, à ce sorbe cramois pâmoisé. (Du temps de mon aquatique Éden, je m'accouplais sous les lunes moroses aux filandres végétales, enlacements visqueux, cordelières étreintes - et, frivole, frottais mon embonpoint d'écailles grumeleuses aux crins ardus des poissons-scies. Quelque part de moi se souvient encore, aujourd'hui encore, après tant d'opacité quotidienne, du crénelin de mes nageoires hérissées de barbues corallines. Qui a voulu que je sois soustrait aux eaux ? Une mangouste auxiliaire s'allaite à mon sein. Je souffre en silence le crampon étroit des morsures. Trop de femmes, oui, trop de femmes cherchent une proie...)
Ô ! Mère ! Mère perverse ! Pourquoi m'avoir frustré de virilité ? Je ne puis m'empêcher de palper avec épouvante cette couture granuleuse qui me clôt le ventre. Cruelles et autoritaires, le regard affranchi, elles s'étonnent, en gloussant, de me voir pleurer mes urines. Mais tout est perle dans mes larmes, et je passe mes nuits à leur confectionner de longs colliers phosphorescents dont elles parent leurs poitrines obsédantes - ces nefs ogivales, roides édredons qu'un jour j'enclouerai de la pointe de mon index barbare, que je déchirerai entre mes dents agacées. Car un jour sera où je m'aspergerai de leur sang nauséabond, écorchées vives, leurs sexes en tabatières - où, enfin, je me nourrirai de leur chair attisante. Car enfin, comprenez : il faudra bien un jour que je les tue. Si vous saviez, ô Mère bienheureuse ! comme elles sont immondes et belles ! Et je voudrais tellement pouvoir dormir en paix !
(... elles m'ont ancestralement humilié en m'excluant de leur luxure.)

Le boudinement de ses orteils nus dans des sandales d'appartement. Entassés, comprimés les uns contre les autres, grassouillets, mollement blancs. Un gros essaim de courtes limaces crevées. Elle avait cela au bout des pieds, ces dix petits abcès de suif, et elle ne s'en doutait pas. Une lourdeur m'oppressait l'estomac.

Le monde blennorrhagé s'achemine vers un écoulement silencieux.

Le plus mystique jusque dans le doute:

Citation :
Issu d'une grande ferveur religieuse infusée dans le sang de mes ancêtres (j'aimais les croix, l'auréole translucide des statues pieuses, le jaune ennui des cierges, les bouquets de la Fête-Dieu, le cours monotone des processions, la splendeur des chasubles, l'Enfant-Roi au vitrail, l'ombre équivoque du confessionnal, la pesanteur cuirée des livres, le vin dans les riches burettes, l'ornement compliqué des autels, la grotte cramoisie des tabernacles, l'élévation et son hostie, l'écho des pas dans la travée, le long fuseau des colonnades, les noms effacés sur la pierre, les yeux fermés des pénitentes, l'essoufflement des harmoniums, l'enluminure des missels, la parabole du bon grain, la fine averse des clochettes, la coupe des fonts baptismaux, les ferrures des grands portails, la paix vieillotte du silence, l'usure au ventre des prie-Dieu, la blancheur calme des dentelles, la somnolence d'un vieillard, la timidité des chapelles, un brin de buis sur le dossier, la toux qui résonne longtemps, les draperies fleuries de larmes, un visage enfoui dans les mains, la paille safranée des chaises, l'eau qu'on se passe au bout des doigts, le parfum moisi d'un recoin, le flexible de leurs murmures, cet abri dans la confusion, le plâtre bariolé des saints, les épaules courbées, un enfant las qui bâille, ce qu'on suppose de fardeaux, la velure des bancs cirés, François au milieu des oiseaux, l'ivoire ensanglanté d'un Christ, le suisse gras sous son bicorne, la voix des hommes dans les chants, la pensée brusquement absente, cette profondeur de sépulcre, un désir d'être dorloté, l'assurance des patriarches, les mosaïques malhabiles, quelque chose de son enfance, les bouches à la communion, le fracas d'un livre échappé, la pourpre sombre des tapis, des mains croisées sur les poitrines, la nonchalance des signets, cette unanimité sereine...) pourtant, je ne trouvais pas mes mots...


Les grands automnes cuirassés. Pelage bistre de la terre somnolente.
Il est attentif à ce dénudement graduel du paysage, à cette agonie journalière qui, lentement, se parfait dans la luxuriance flamboyante des couleurs. Jamais autant de chaudes splendeurs qu'à l'instant de disparaître. (La mélancolie, la colère impuissante qui l'étreignent à ressentir l'inutilité de la durée, promise enfin au déclin.)
Dévasté par le vent, le ciel autour de lui a cet éclat mat du vieil argent qui accentue sa profondeur où il n'est plus possible de déceler que la dimension angoissante de sa propre solitude. (Dieu est absent de ce pourrissement.) Devant la maison, la maigreur noire de l'arbre dépouillé. Il a le sentiment que la mort est l'expression du Mal à son plus haut degré. (Sa main ouverte glissant sur l'écorce calleuse, qu'il caresse avec insistance, comme un col de bête ; pénétré de respect pour le mystère de cette vie qui est aussi celui de toute vie. La pudeur le retient d'un embrassement.)
Il songe, attendri, à tout ce qui est mort, déjà, depuis la fin des chaleurs - insectes entre les herbes. Et comme ces morts chétives semblent insignifiantes. Dans quel éloignement, quel silence elles ont lieu. (L'écart est-il le même, de Dieu à nous?)
Tourné vers les rafales, il offre son visage à la moiteur fade du vent.

Le plus solitaire:

Citation :
Il est des saisons - le plein été orpaillé de lumières, ou l'automne mûrissant - qui exaspèrent en lui son goût de l'abandon. Sa mort, survenant, il s'y engloutirait avec une bienheureuse lascivité, comme on passe au sommeil. Si absorbé à savourer ce délaissement de soi, qu'il n'aurait regret d'aucune possession - ni des êtres, ni des connaissances, ni même des désirs en suspens.
Il s'imagine, seul, dans un endroit retiré du jardin, comme se dévêtant de son corps, afin de rendre libre ce qui doit l'être. Rien qu'une nécessaire élimination. (Suicide ou vieillesse, ce n'est pas aussi clairement que se présente la mort ; qui est une chose sale, comme est sale la naissance. Que les deux pôles soient voués à la souillure et que, dans leur intervalle, l'amour et la nourriture le soient aussi.)
Ce monde en tout pollué.


Dernière édition par Marko le Lun 9 Fév 2009 - 15:45, édité 4 fois
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