Les peintres de batailles

coline a écrit:

La batailled'Anghiari de Leonard de Vinci

Merci coline !

J'avais déjà écrit ça, ailleurs :

Venise 1549, un écrivain italien qui se prénomme Antonio Francesco Domi envoie une lettre à un ami qui désire se rendre à Florence.
Je le cite " Quand tu auras monté les marches de la salle grande, ne manque pas de regarder attentivement un groupe de chevaux et d'hommes, l'illustration d'une bataille par Léonard de Vinci, et tu verras une chose merveilleuse"....!

C'est la bataille d'Anghiari, qui ne sera certes pas la plus meurtrière (elle ne causera "que" la mort d'un seul homme, après qu'il fut piétiné ) mais qui assoiera la suprématie Toscane des Florentins sur les Milanais.
Soixante ans après cette bataille, le 29 juin 1440 les magistrats florentins font appels aux services du bon Léonard pour immortaliser le fait d'arme.
En face du chef d'oeuvre, une autre scène représentant "la bataille de Cascina" est confié à un autre génie, Michel Ange.

Comme à son habitude, Léonard n'a pas achevé le tableau (prévue à l'origine pour mesurer trois fois la cène !). Seule la partie centrale dite "lutte pour l'étendard" a été peinte.

De Vinci considérait la guerre comme une pazzia bestialissima (folie bestiale).

La fresque a disparu vers 1563 alors que le peintre, écrivain et architecte Giorgio Vasari menait, au service des Médicis, la rénovation de la salle des 500, transformant et recouvrant les murs de ses propres oeuvres guerrières.
Pour M. Seracini (chercheur invétéré), Vasari admirait trop Vinci pour détruire sa bataille d'Anghiari. D'ou l'hypothèse du tableau caché....(éléments tiré d'un "Géo" hors série)

Je vous jure que si on le retrouve celui-là, c'est la découverte artistique...du siècle.

bélanger a écrit:

Je vous jure que si on le retrouve celui-là, c'est la découverte artistique...du siècle.

l'année dernière j'ai lu un peu partout concernant cette fouille - Maurizio Seracini est à la recherche

C'est très intéressant Bélanger...Merci!...

Et puis je suis contentede voir remonter ce fil qui porte le nom d'un beau roman...

Mais je t'en prie Coline !

Oui Kenavo, il y avait un super reportage sur Arte qui retraçait le parcours du bonhomme (il a entre autre " diagnostiqué " 27 Caravage et 33 Raphaël sans compter les révélations sur "l'adoration des mages"). C'était assez passionnant ! Mais bon Dieu qu'est ce qui se cache derrière ce Vasari

bélanger a écrit:

Mais bon Dieu qu'est ce qui se cache derrière ce Vasari

s'il est malchanceux.. que de la poussière

un que je croyais avoir déjà posté sur ce fil... (mais en fait pas du tout) : Albin Egger-Lienz


Toter Soldat


Finale

coline a écrit:

Je n'ai lu que Le peintre des batailles, aussi je ne peux pas comparer...
C'est un magnifique roman mais tout de même éprouvant...Il faut ledire...La réflexion y est dense et les évocations de la guerre terribles...

Je suis d'accord avec toi Coline. Il est préférable de lire ce roman après quelques autres romans de Perez Reverte. Le tableau du maître flamand m'apparaît bien fade à côté et pourtant j'avais aimé.

extrait de Le compagnon de voyage de Curzio Malaperte

Le combat se déroule dans ce flou allusif, presque onirique, d'une bataille de tableaux anglais ou hollandais: les hommes sont des ombres, les objets des ombres d'objets, un cheval emballé traverse la scène comme une "apparition", pas un animal vivant.


son fil est ici

encore un de la première guerre mondiale, assez effrayant, croisé par hasard (promenade dans Wikipedia Commons) :


William Orpen, Dead Germans in a Trench, 1917

Pour être précis, c´est de RUBENS.
Copie d’après des dessins de Léonard de Vinci
pour la Bataille d’Anghiari
Pierre noire, plume, encre brune et grise, lavis gris,
rehauts de blanc et de couleur - 45,3 x 63,6 cm
Paris, Musée du Louvre

Giorgio Vasari (1511-1574)
Bataille de Scannagallo
Florence, Palazzo Vecchio
Salle des Cinq-Cents

Bélanger a écrit:

Mais bon Dieu qu'est ce qui se cache derrière ce Vasari ?       

La leçon du passé, c´est que si Vasari s´est permis de peindre sur la fresque ( inachevée) ) de la bataille d´Anghiari de Leonard de Vinci, c´est une preuve de plus qu´à la Renaissance on avait bien moins de scrupules qu´aujourd´hui.
" Cette obsession patrimoniale n´appartient qu´à notre modernité inquiète. La Renaissance n´avait pas ce scrupule- et d´ailleurs, à lire Machiavel (contemporain de Vinci) elle n´en avait aucun.
Vasari n´a rien détruit: il a recouvert. Il n´a rien renié, il a continué. Sans se faire d´illusion, peut-être, sur la valeur de sa peinture au fini irréprochable, par rapport au "non finito" des maîtres disparus. Mais il sait aussi, sans doute, qu´on peut décider d´oublier pour toujours se souvenir.
Se souvenir de la bataille d´Anghiari que jamais personne n´a entièrement vue. Pour cela rassembler des traces, collecter des ombres". ( Patrick Boucheron, Léonard et Machiavel, p. 131).
"Toujours intrigués, les spécialistes confient aujourd'hui à leurs ordinateurs le soin d´en façonner l´artifice, tant il est vrai que l´image de synthèse semble naturellement exprimer la plasticité des "machines de pensées" que Léonard avait prophétisé, en imaginant des corps complexes manipulables en tous sens par l´esprit". Boucheron.
Et je préfère cette leçon du passé que nous livre sans prétentions l´historien (Boucheron) à  la surexcitation médiatique de l´opération-sensation produite par le team du National Geographic, de l´ingénieur Seracini de l´Université de San Diego (Californie) et du maire de Florence, Matteo Renzi  dont les accents me ramènent inévitablement aux romans de Dan Brown.
La fresque de Vasari ( qui cacherait celle de Léonard) a déjà souffert 7 perforations ( le team), et les résultats furent décevants. On ne sait toujours pas s´il y a un Léonard derrière le Vasari.
Maintenant, plus de perforations ayant été interdites, le Vasari peut respirer tranquille car il faut desormais attendre l´invention d´un nouvel appareil ( une espèce de géo-radar à neutrons ), non invasif qui permettra de voir si la Bataille d´Anghiari se trouve sous celle de Scannagallo. On estime une période de 30 à 50 ans, avant de franchir ce pas technique vers la construction de cet instrument. Alors soyons patients...
Pour plus de détails, sur la Tribune de l´Art, cet article de Stéphane Toussaint, Directeur de recherches du CNRS , italianiste et spécialiste de la Renaissance italienne, ainsi que la bande annonce-Video "Léonard, dernier secret" des recherches de Seracini.
http://www.latribunedelart.com/l-affaire-de-la-bataille-d-anghiari