Jean-Jacques Rousseau

swallow a écrit:

Et puis, si de son côté Jean-Baptiste del Amo conclut en se servant de Rousseau,même sans avoir encore pu lire le roman, j´aimerais lire ce texte de Rousseau, ou tout au moins savoir de quelle oeuvre est tiré le fragment en question, afin de pouvoir le rechercher. Merci.

C'est un extrait de Emile ou De L'éducation :

"Tout est bien sortant des mains de l'Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l'homme. Il force une terre à nourrir les productions d'une autre, un arbre à porter les fruits d'un autre ; il mêle et confond les climats, les éléments, les saisons ; il mutile son chien, son cheval, son esclave ; il bouleverse tout, il défigure tout, il aime la difformité, les monstres ; il ne veut rien tel que l'a fait la nature, pas même l'homme ; il le faut dresser pour lui, comme un cheval de manège ; il le faut contourner à sa mode, comme un arbre de son jardin.
Sans cela tout irait plus mal encore, et notre espèce ne veut pas être façonnée à demi. Dans l'état où sont désormais les choses, un homme abandonné dès sa naissance à lui-même parmi les autres serait le plus défiguré de tous. Les préjugés, l'autorité, la nécessité, l'exemple, toutes les institutions sociales, dans lesquelles nous nous trouvons submergés, étoufferaient en lui la nature, et ne mettraient rien à sa place. Elle y serait comme un arbrisseau que le hasard fait naître au milieu d'un chemin, et que les passants font bientôt périr, en le heurtant de toutes parts et le pliant de toutes parts."

Merci Stella. J´avais hâte de découvrir de quelle manière un écrivain contemporain pouvait emprunter à un "classique" un argument, une image et établir une connexion avec son propre récit.
Une preuve de plus que les idées ne sont pas enfermées dans des écoles ou des périodes, mais qu´elles fluent librement, d´un siècle à l´autre, independamment des étiquettes ou des carcans dans lesquels nous voudrions les enfermer, pour notre propre commodité.

On peut très bien encore aujourd´hui écrire dans le style du XVIII e. Je vous invite à lire un fragment de Claude Lévi-Strauss, sur son fil, et comprendre pourquoi quand un scientifique a cette plume, les portes de la Pléiade s´ouvrent en grand pour le recevoir, même s´il ne provient pas du monde littéraire.

Rousseau se défend très bien lui-meme quand on essaie de le lire sans préjugés et
en oubliant tout ce qu'on nous enseigne, les clichés, le débat Voltaire - Rousseau, etc. ...

Par exemple, j'aime bien l'idée de Rousseau selon laquelle le bonheur - impossible à réaliser - réside dans l'espoir qu'on s'en fait.
Cela met en jeu l' imagination, le désir et donc l' espérance...

Ce matin, je suis tombé sur une phrase qui me ravit :

" Une mauvaise herbe est une plante dont on n'a pas trouvé les vertus ".

Je n'aime pas Rousseau, je n'accroche pas du tout a sa philosophie. Et je n'aime pas sa personnalité, je vais encore ressortir un clichés, mais il faut être vraiment prétentieux et culloté (dans le mauvais sens du terme) pour aller écrire un ouvrage sur l'éducation alors que l'on a abandonné ses enfants. Certes il avait des raisons, et il ne pouvait peut être pas subvenir a leur besoin et a ce moment peut être valait-il mieux pour eux d'être placer a l'assistance publique, mais a ce moment là je pense que la décence aurait pu lui éviter d'aller donner des leçons aux autreq.
Enfin j'ai quand même commencé a lire Les confessions, c'est effectivement accessible et très bien écris, mais qu'est-ce que Rousseau est insupportable! j'ai vraiment eut du mal a passer la première page ou il se couvre de louange, se peignant comme le meilleurs des hommes, comme un être au destin extraordinaire. Je vais quand même le lire en entier car j'aime bien terminer ce que j'ai commencé.

Victor Hugo a écrit:

Enfin j'ai quand même commencé a lire Les confessions, c'est effectivement accessible et très bien écris, mais qu'est-ce que Rousseau est insupportable! j'ai vraiment eut du mal a passer la première page ou il se couvre de louange, se peignant comme le meilleurs des hommes, comme un être au destin extraordinaire. Je vais quand même le lire en entier car j'aime bien terminer ce que j'ai commencé.

C'est pour ça que je ne l'ai jamais commencé... je sais bien qu'il faut distingue l'homme de l'écrivain, mais quand l'écrivain met l'homme en scène, que faire ?

Distinguer l'homme de l'écrivain, en général, est-ce vraiment possible (et souhaitable) ? Et en ce qui concerne Rousseau, la question se pose certainement, son oeuvre et sa vie privée sont intimement liées donc difficile de faire l'impasse sur ce qu'il était et la façon dont il a vécu. Pour moi (mais je suis loin d'être spécialiste), il faut aimer un peu l'homme pour apprécier ce qu'il a écrit, même s'il est plein de contradictions. Personnellement, ça ne me dérange pas, personne ne peut prétendre vivre à 100% selon ses principes, louables ou pas.

D' accord avec toi, Epi !

J' aime bien Jean Jacques Rousseau...
Trop facile d' aimer POUR ! Aimer c' est accepter MALGRE...
En tout cas c' est vrai pour Rousseau. Conseil de lecture : La transparence et l' obstacle
de Jean Starobinski, un grand livre.
Au fait, les Suisses, il est Suisse aussi Starobinski !

eXPie a écrit:

je sais bien qu'il faut distingue l'homme de l'écrivain, mais quand l'écrivain met l'homme en scène, que faire ?

un crochet par Le livre à venir ? Rousseau est un des auteurs dont il rend vraiment curieux, à rejeter un oeil dedans il me semble que Blanchot propose une vision réunissant les deux qui à défaut de faire accepter donne au moins envie de lire. (Blanchot cite d'ailleurs Starobinski).

Encore une fois c'est un auteur que j'ai du lire cette année.
J'ai du lire "Les Confessions" et j'ai adoré, vraiment! C'est parfois un peu complexe mais on recommence la phrase et on la comprend, alors on la trouve belle... Et puis j'aime bien son côté prétentieux lorsqu'il pense qu'il est le seul à faire une autobiographie, son côté confession totale!
J'aime!

A l’occasion du tricentenaire de la naissance de Rousseau, l’Université de Genève organise une série de conférences du 29 septembre au 22 décembre 2011.

Citation :

Jean-Jacques Rousseau est né le 28 juin 1712 à Genève, où il a passé les seize premières années de sa vie. Proposé par le Département de la culture et du sport de la Ville de Genève, 2012 Rousseau pour tous a pour but de célébrer le tricentenaire de la naissance du philosophe et écrivain, et de rappeler toute l’importance de l’héritage genevois dans la vie et l’œuvre de Rousseau.

Musique, arts du spectacle, patrimoine culturel, arts plastiques et visuels, philosophie, littérature, traduction, pédagogie, botanique… 2012 Rousseau pour tous se veut un projet rassembleur.

Le site officiel : ICI

Un cours public dédié à la lecture de l’Emile est proposé jusqu’au 21 décembre, entrecoupé et suivi par un entretien tous les mois. Parmi ceux programmés au cours de cette année 2011, nous trouverons « Rousseau et la philosophie », « Rousseau et les sciences », ou encore « Rousseau et l’économie ».
La liste complète des entretiens peut être consultée ICI

Ces réunions ont lieu chaque mercredi de 18h15 à 20h. Je m’y suis rendue hier pour le premier cours public. Un peu sujet à spéculation, il m’a toutefois éclairé sur de nombreuses notions liées à Rousseau que je connaissais peu ou mal (le rousseauisme, la théorie de l’homme, le système, l’œuvre, la méthode, les objets de la méthode…). Abordé un peu également l’influence de Rousseau sur Kant. Et étudié rapidement le choix du titre de l’Emile et la forme du roman.
Si vous êtes dans le coin et que vous vous intéressez à Rousseau, ça peut être une bonne occasion d’en apprendre un peu plus.

ICI, une page qui récapitule les grandes idées de Rousseau…

Une question amusante posée au cours de ce premier cours public : Combien de fois faut-il lire Rousseau ?

Quelques indices :

« Je dois lire et relire Rousseau jusqu’à ce que la beauté de l’expression ne me trouble plus. »
Kant, Remarques touchant les observations sur le sentiment du Beau et du Sublime

« Mon admiration pour Rousseau est d’abord esthétique : quel style ! Il dit en cinq mots ce qui ‘men demanderait quinze. Et puis viennent toutes sortes de considérations si complexes que j’ai du mal à les débrouiller. »
Lévi-Strauss, De près et de loin

« Quand on s’obstine à suivre le fil [de mon système], il faut y revenir avec effort plus d’une fois. »
Rousseau, Troisième dialogue

Rien de très précis dans tout cela. Heureusement, Rousseau nous donne la réponse exacte lorsqu’il écrit à Moultou :

Spoiler:

Il va falloir beaucoup de temps devant soi…

Merci Bix !
Pour le moment, je vais quand même essayer de comprendre Rousseau avant de chercher à voir ses contradictions

Il me semble que Rousseau est davantage un philosophe qu'un écrivain, est il bien classé ici ?