Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Król Roger / Le roi Roger

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Arabella
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MessageSujet: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyDim 21 Juin 2009 - 22:33

Comme nous certains parfumés (enfin Marko et moi) avons et vu ou verrons cet opéra, qui en plus passera sur Arte après les vacances, une petite présentation.


Karol Szymanowski (1882-1937)



Né à Tymoszówka, en Ukraine, qui à l’époque appartenait à la Russie, dans une famille de riches propriétaires terriens. Il manifeste très tôt une vocation musicale, et poursuit des études, d’abord à Elizavetgrad, puis à Varsovie (à l’époque dans l’empire russe). Il fait partie d’un groupe de jeunes musiciens, appelé « Jeune Pologne » et c’est sous cette étiquette que sont données ses premières œuvres. Il a toujours été très sensible aux influences et à la création d’autres artistes, en réalisant une sorte de synthèse personnelle de sources diverses. Au départ l’influence marquante est sans conteste la musique allemande, les compositeurs post romantiques comme Strauss ; Scriabine est aussi très important. Ensuite, Szymanowski va voyager en Europe, et même dans le Nord de l’Afrique, et sera très inspiré par la musique française, et par la musique orientale. Enfin, je trouve que plus que vraiment par la musique orientale, par l’idée qu’un occidental s’en faisait à l’époque. Puis, à la fin de sa vie, il va s’inspirer du folklore polonais, en particulier montagnard. Mais j’ai la sensation que toutes ces influences se superposent plus qu’elles ne s’excluent, donnant en réalité une musique de plus en plus complexe et aboutie, le compositeur trouvant un langage vraiment très personnel en multipliant les sources d’inspiration et les intégrant en un ensemble à sa façon.
Entre temps il aura connu une vie agitée à l’image de l’époque à laquelle il a vécu. La première guerre mondiale, pendant laquelle il est reformé (il boitait). La révolution russe qui prive sa famille de sa fortune. La création de l’état polonais, dans lequel sa famille va s’installer. Il a dirigé pendant plusieurs années le conservatoire de Varsovie, il a aussi joué en tant que pianiste, essentiellement pour gagner de l’argent, car la perte de la fortune familiale associée à une grande prodigalité lui ont causé de grands soucis financiers. Malade de la tuberculose, il va en mourir en Suisse en 1937.


Król Roger / Le roi Roger


C’est la deuxième tentative de Szymanowski dans le domaine de l’opéra, il avait précédemment donné Hagith, dont une partie est perdue maintenant, même si il y a eu récemment des représentations données de cette œuvre.
Król Roger est écrit sur un livret de Jarosław Iwaszkiewicz, un ami de jeunesse, les deux artistes ont les même origines sociales, sont nés dans le même coin. Iwaszkiewicz a très mauvaise presse aujourd’hui, car il fut un écrivain officiel au temps du communisme, mais il a été très marquant à une certaine époque, par exemple beaucoup de films des cinéastes polonais ont été tirés de ses œuvres. Dans une vaste fresque historique, traduite en français sous le nom de « La Gloire et la Renommée », il met en scène un personnage de compositeur, très inspiré par Szymanowski (cela doit être totalement introuvable maintenant).
Mais Szymanowski a beaucoup changé le livret, montrant à quel point cet ouvrage lui tenait à cœur. L’idée de faire un opéra associant les deux amis est venue en 1918, le sujet est inspiré par les voyages du compositeur, qui a visité entre autres la Sicile. Abandonné un temps compte tenu du contexte historique, l’œuvre est reprise à Varsovie, et une première esquisse du livret est prête en 1920. La composition est achevé en 1924, quelques extraits sont donnés, l’œuvre dans son ensemble est donné au Teatr Wielki de Varsovie en 1926, deux autres représentations sont donné à l’étranger avant la deuxième guerre mondiale. L’œuvre ne revient sur les scènes polonaises qu’en 1965.

Trois actes composent l’opéra.
Dans le premier, une grande messe est célébrée, les représentants de l’Eglise exigent que le roi sévisse contre un Berger qui proclame une religion nouvelle et semblent avoir de plus en plus d’adeptes. La reine Roxane, et son conseiller Edrisi, incitent le Roi à d’avantage de clémence. Le Berger est amené devant le Roi, et explique sa croyance. Le Roi le banni, avant d’être troublé par le personnage, à qui il demande de revenir pour un jugement le soir même.
Dans le deuxième acte, c’est le soir. Tout le monde attend le mystérieux Berger. Roxane en chantant un beau chant qui réclame la clémence. Le Berger arrive et détaille sa religion, et son charisme entraîne les présents, en particulier Roxane. Le Roi ordonne de l’enchaîner mais le Berger rompt ses chaînes et entraîne tout le monde à le suivre. Le Roi reste seul avec Edrisi, et décide d’essayer de retrouver le groupe.
Dans le troisième acte, le Roi n’a pas trouvé le Berger et ceux qui l’ont suivi. Il découvre les traces d’un récent sacrifice, et décide de lancer un appel. On lui répond, et Roxane se présente devant lui, et lui dit sa joie de sa vie nouvelle. Le Berger est Dionysos et incite Roger à le suivre tout en restant au loin. Le Roi se refusera à le rejoindre et va lancer un chant rayonnant devant le soleil qui se lève.

Très peu de véritable action, on a beaucoup écrit que cet opéra était très proche d’un oratorio, d’autant plus qu’une thématique religieuse y tient une grande place. Musicalement, il a été reproché à l’œuvre une très grande opulence sonore, un certain manque de sobriété. Je dirais en ce qui me concerne que tout cela dépend sacrement de l’interprétation, et que la tentation d’en faire trop au niveau musical existe, beaucoup ne l’évitent pas, mais ce n’est pas une fatalité. Pas mon œuvre préférée de Szymanowski, certainement pas mon opéra préféré,mais une œuvre étrange, avec des tas d’interprétations possibles, et une musique qui peut être très troublante.

Mais on en parlera lorsque Marko l’aura vu le 30 juin….

Des photos que j’ai trouvé d’une autre représentation à laquelle j’avais assistée en 2000 et j’avais beaucoup aimé


Król Roger / Le roi Roger Krolr110 Król Roger / Le roi Roger Thumb_10
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Marko
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyLun 22 Juin 2009 - 12:40

Je suis impatient de le découvrir. J'ai écouté la version enregistrée par Simon Rattle.
Król Roger / Le roi Roger 07243512

L'opulence qu'on lui reproche ("trop de notes" disait récemment le pianiste Piotr Anderszewski pourtant acquis à sa cause) est surtout une texture sonore somptueuse qui trouverait un compromis entre le symbolisme et l'impressionnisme d'un Debussy (les sonorités orientales encore plus marquées) et la puissance orchestrale de Richard Strauss. Il faut effectivement canaliser ce flux musical impressionnant et notamment les passages "religieux" qui sont majestueux comme on l'entend dans cet extrait d'une autre production:

Krol Roger

Dans le livret il est rappelé que cet opéra poursuit les thématiques développées par Szymanowski dans son roman érotique "Ephebos" (1918) où, comme dans Death in Venice de Benjamin Britten, s'opposent Dionysos et Apollon (le plaisir libre opposé à la sublimation des pulsions) dans un récit symbolique qui laisse clairement transparaitre son homosexualité. C'est émouvant de voir un compositeur s'exposer au travers d'une oeuvre grandiose et en même temps intimiste qui met en scène ses propres déchirements intérieurs.

Je vais voir ce que Krzysztof Warlikowski en aura fait. En ce qui concerne la direction de Kazushi Ono je ne m'inquiète pas. Il était en charge de l'orchestre de La Monnaie à Bruxelles et tout ce qu'il a abordé était fabuleux. Un très grand chef d'orchestre. En plus tu confirmes, Arabella, que musicalement c'était impeccable donc vivement le 30 juin!!!
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Arabella
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyLun 22 Juin 2009 - 23:56

Kazushi Ono arrive justement très bien à canaliser l'oeuvre, il met très bien à mon sens en évidences les tensions, les ruptures, voire une certaine apreté, au délà du beau son, il recherche un sens. Je trouve sa version bien plus passionnante que celle de Rattle, qui certes sonne merveilleusement et voluptueusement, mais par moments c'est un peu trop. Je crois que la très grande expérience de la musique comtemporaine de Kazushi Ono lui a permis de bien percevoir et mettre en évidence la modernité de l'opéra de Szymanowski mieux que d'autres.

Dionys et Apollo, j'en parlerai à un autre moment, là il faudrait que j'aille dormir. dentsblanches
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyMar 23 Juin 2009 - 15:27

L'opéra peut être regardé intégralement sur internet : Ici ou


Citation :
Visionnez Le Roi Roger de Karol Szymanowski en intégralité sur OPERADEPARIS.FR

L’Opéra national de Paris, ARTE et Bel Air Média se sont associés pour diffuser samedi 20 juin 2009 sur Internet l’opéra polonais Le Roi Roger de Karol Szymanowski, mis en scène par Krzysztof Warlikowski et dirigé par Kazushi Ono. Jusqu'au 20 août 2009, visionnez gratuitement cet opéra en intégralité sur OPERADEPARIS.FR
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyMar 23 Juin 2009 - 17:39

Dur de résister pour ne pas regarder cette vidéo dont j'ai visionné les premières minutes (ambiance assez torride!). Pour ceux qui tenteraient l'expérience (ça ne dure qu'une heure et quart environ) voici une interview du metteur en scène qui parle de sa vision de l'oeuvre:

Król Roger / Le roi Roger Z3435910
Krzysztof Warlikowski

Citation :
"Le fait que le compositeur Karol Szymanowski soit polonais comme je le suis, oui, ça compte. J’essaie de rendre cette dimension compréhensible pour moi-même et j’essaie aussi de la traduire dans un langage plus universel. Par exemple, on a beaucoup dit de Szymanowski qu’il avait une culture européenne mais, en même temps, je m’interroge sur la signification qu’il donne dans sa version des Bacchantes. Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire dans le contexte de la création de l’œuvre, à Varsovie en 1926, si différent de ce qu’on vit aujourd’hui ? Le décor où le compositeur plante son opéra, une Sicile idéalisée par la coexistence des pensées grecque, arabe et latine, je le vois comme une donnée trop culturelle : ça n’a pas de force aujourd’hui. Au fond, si l’on met cette vision vraiment à nu, on n’y voit aucune hésitation quand il s’agit de tuer, on n’hésite pas à y lapider, ce n’est donc nullement une société idéale pour qui lui est étranger. Szymanowski veut dire autre chose selon moi."

"C’est la société qui est lourde, pleine de normes qui ne nous conviennent pas, qui ne tiennent pas compte de la personne ; des normes qui servent seulement à rester au pouvoir ou à le conquérir. Pour moi, ces forces qui s’imposent aux individus condamnent tous ceux qui tentent d’y échapper. Il peut s’agir des liens de la tradition, si lourds quand nous voulons briser la tradition, rompre avec elle tandis que ceux qui la perpétuent croient que c’est là le seul chemin possible. Il y a là un point de vue critique, c’est écrit : quand on entend le chœur qui condamne un étranger à mort au motif qu’il est différent, c’est un indice, on s’interroge sur ce que c’est que cette société où il n’y a pas de place pour les individus. Or, c’est bien le problème parce que ça ne raconte pas que l’histoire d’un couple royal mais l’histoire d’une jeunesse mature confrontée à un choix : suivre son instinct, son penchant, sa singularité propre ou bien se conformer à la tradition et disparaître dans la foule de ceux qui, pour être admis à faire partie de la société, acceptent qu’on leur prescrive comment il faut être, comment il faut se conduire, comment parler et s’habiller, ce conformisme balisé d’autant de règles que d’interdictions."

"Concernant l’Orient de Szymanowski, il faut préciser qu’il s’agit d’abord, pour lui, de ce qui est orthodoxe. Donc, ce n’est pas l’Orient. On entend parfois dans la partition quelque chose de plus éloigné, de plus exotique mais je crois qu’à ce moment-là, dans sa vie, le compositeur reste assez profondément polonais avec le sentiment de ce qui est européen et de ce qui ne l’est pas. Ce qui était orthodoxe pour lui, c’était précisément ce qui était problématique parce qu’il était né à Tymoszowka, du côté de Kiev et, donc, en bordure de la civilisation latine."

"Concernant l’étranger autour duquel tourne cet opéra, je m’interroge sur ce qu’il apporte dans ce royaume : ce qui est interdit ? L’irrationnel ou le subconscient qu’on porte en soi ? Dans Le Roi Roger, habituellement on oppose ce personnage, un berger, à un État, disons, religieux, tandis que, pour moi, cet État, c’est la société où surgit quelqu’un comme n’importe qui d’autre sauf en son for intérieur, sauf par son expérience, sauf par son approche qui sont différents. Et ce quelqu’un va à l’encontre des normes. C’est un perturbateur, et il perturbe d’autant plus que le couple royal est apparemment assez conventionnel au départ. Mais le pressentiment vient en eux qu’il y a autre chose qu’ils se sont interdit et, au fur et à mesure qu’ils côtoient cet homme, celui-ci provoque des questions, certains pressentiments émergent de plus en plus fort."

"Concernant le dénouement assez énigmatique de l’œuvre, je ne veux pas encore donner mon point de vue. Je trancherai, bien sûr, même s’il n’y a pas de solution facile pour cet opéra. Mais je crois que cette énigme, justement, est ce qui est le plus intéressant et, d’une certaine manière, ça doit rester ambigu. C’est un voyage intérieur en soi, vers l’anéantissement ou l’épanouissement, vers la mort ou la vie éternelle, je ne sais pas."


Citation :
Brève rencontre avec...
Krzysztof Warlikowski : l'enfant terrible

On parle toujours de Krzysztof Warlikowski, 47 ans, comme du fer de lance du nouveau théâtre polonais. Il a fait des études d'histoire et de philosophie, à Paris notamment, avant de revenir en Pologne. Il est un de ceux qui croient encore que le théâtre peut faire bouger les choses, politiquement, socialement. Préoccupé par les questions d'identité sexuelle, il monte des oeuvres de Koltès, Shakespeare, Kafka, Gombrowicz, Sarah Kane. Il a les yeux fiévreux et agités, cultive son apparence de sale gosse un peu rimbaldien. Nous l'avons rencontré entre deux répétitions du «Roi Roger», l'opéra très peu connu de Karol Szymanowski, qu'il monte à Paris avant de s'attaquer au spectacle qu'il donnera cet été dans la Cour d'Honneur d'Avignon.

Pouvez-vous faire un portrait de Karol Szymanowski ?
C'était un Polonais excentrique, le premier gay à parler ouvertement de l'homosexualité, indépendant malgré son milieu conservateur et sa famille noble, un Européen qui a passé sa vie en voyages, à Vienne, Paris, en Allemagne... Il a connu plusieurs styles, trois en fait. D'abord l'influence de Chopin, puis l'éclectisme, et enfin le retour aux sources polonaises. Le début du «Roi Roger» est très religieux : on n'a jamais écrit de musique plus religieuse, mi-catholique, mi-orthodoxe. C'est très polonais, mais moderne, humain. Les personnages sont très solitaires. En fait, il y a deux directions opposées : une musique chaotique, individuelle, personnelle, qui n'entre pas dans des catégories et qui appartient à Dionysos; et puis une autre, religieuse, organisée, qui est du côté de l'Institution, d'Apollon.

Que raconte le «Roi Roger» ?
Comme dans Wagner, cet opéra nous met en contact avec ce qu'on ne peut pas vraiment rationaliser, nommer, toucher. Ce n'est pas une intrigue, une histoire à la Verdi. Le compositeur et son librettiste, Iwaszkiewicz, étaient cousins. Ils étaient tous les deux homos, le cousin homo refoulé, marié. Szymanowski était tuberculeux, donc condamné dès l'enfance, et non appelé à donner la vie. Il y a beaucoup du heurt entre les deux. Cela concerne l'ambivalence de la nature humaine, la dualité sexuelle, Dieu et Dionysos... Je suis très heureux de n'avoir rien à raconter, justement, d'avoir à servir le non-dit. Cela m'intéresse plus que de faire entrer et sortir une armée ou je ne sais quoi.

Qu'allez-vous monter à Avignon ?

«(A)pollonia» est la réunion d'Eschyle, Euripide et Hanna Krall, Polonaise d'origine juive. Son histoire à elle raconte celle d'une Polonaise pendant la guerre, qui cache des juifs. Elle est découverte, interrogée par les nazis, qui proposent à son père de mourir à sa place. L'«Alceste» d'Euripide relate l'histoire d'une femme qui donne sa vie pour son mari condamné par les dieux. Les parents du mari ont refusé de se sacrifier, eux. Dans «l'Orestie» d'Eschyle, Iphigénie donne sa vie pour la patrie, forcée de le faire par les Grecs et par son père. L'idée du spectacle, c'est donc les trois sacrifices des trois femmes. J'ai pris trois histoires au lieu d'une seule parce que je n'ai plus l'âge de m'attarder sur un cas unique. Je tends vers l'universel...
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyJeu 2 Juil 2009 - 1:04

Le Roi Roger

Król Roger / Le roi Roger Aroi0510

Citation :
Edrisi: Le rêve s'évapore! La chaîne des illusions se brise! Le Roi Roger

Citation :
Attention, me disais-je, de ne pas verser dans la sottise sentimentale, dans la rêverie ! Tu veux voir à tout moment des symptômes de bienveillance, voire de tendresse, de l'aîné pour le cadet. Et pourtant... j'assistais en même temps au phénomène contraire - la cruauté. Cette fleur de l'humanité, ce jeune fleuron de la biologie, se révélait presque toujours atrocement affamé: jeunes gens fixant par la vitre des grands restaurants leurs aînés en train de manger et de s'amuser à satiété; floraison travaillée dans l'ombre par mille instincts inassouvis, torturée par la beauté, jamais rassasiée, oui - fleur piétinée et repoussée, fleur humiliée... Fleur d'une adolescence subjuguée, brimée par ses gradés, qui l'envoient à la mort, - car toutes les guerres sont avant tout des guerres de jeunes, d'adolescents, de non-adultes, et l'ordre les maintient dans une discipline aveugle afin qu'ils sachent verser leur sang dès qu'on en a besoin. Terrifiant avantage de l'adulte : social, économique, intellectuel, qui se matérialise avec une cruauté méthodique, - acceptée du reste par les victimes. Ne semblait-il pas que la faim que ressent l'adolescent, la douleur de l'adolescent, la mort de l'adolescent eussent ainsi moins de poids que la mort, la douleur, la faim des adultes? Comme si le peu de poids de l'adolescent allait jusqu'à infecter ses souffrances ! Et ce peu de poids, cette « infériorité » du gosse, fait justement de la jeunesse une esclave asservie à des corvées d'une espèce peut-être plus basse que celles de l'humanité solidement assise. Si tout cela allait presque de soi, c'est simplement que dans notre société le poids et la portée de la personne humaine ne font que croître avec les années. Ne pouvait-on soupçonner toutefois que, si l'adulte avilit et dégrade ainsi son cadet, c'est pour ne pas tomber à genoux devant lui? L'oppressant halo d'opprobre qui embrumait cette question, et toutes ses pareilles, n'était-il pas la preuve qu'il se cachait ici un mystère inavoué ? Que le simple jeu des forces sociales ne suffit jamais à expliquer un phénomène? Et la vague infinie de l'amour interdit et flétrissant - amour qui véritablement jette l'adulte à genoux devant l'adolescent - n'était elle pas une revanche de la nature sur le viol que l'homme vieillissant perpétrait sur l'adolescent?

Le caractère fumeux, voire polyvalent et même arbitraire de ces questions, était loin de leur ôter du poids : comme si j'avais su d'avance qu'elles contenaient une part de vérité. Cependant le problème - celui de la vie descendante qui s'oppose à la vie ascendante - se compliquait, il devenait embarrassant. Pour moi, de quoi s'agissait-il? Avant tout de faire admettre et de tirer au grand jour la frontière fatidique qui sépare notre vie en deux grandes phases - non seulement distinctes, mais contradictoires. Et pourtant, dans notre culture, tout contribuait à effacer cette frontière, les adultes se comportant comme s'ils continuaient à vivre exactement la même vie que les adolescents.

On ne peut nier qu'il y ait de la vitalité dans l'adulte, voire dans le vieillard, mais, dans son essence même, elle est différente, car cette vitalité n'existe plus que contre la mort. Et ce sont précisément ces mourants qui détiennent souvent l'avantage ! Eux qui disposent de la force accumulée tout au long de leur vie, eux qui créent la culture. Oui la culture est oeuvre d'adultes : de moribonds.

Witold Gombrowicz (Journal, Tome I 1953-1958)

Cette citation de Gombrowicz, qu'on trouve dans le programme de l'opéra, est un éclairage important à la fois sur le livret et sur la mise en scène de Krzyztof Warlikowski. Je compte sur Arabella pour nuancer ou donner une toute autre vision de mon interprétation.

Le Roi Roger m'a constamment fait penser, du fait de cette scénographie très particulière, à Mort à Venise de Thomas Mann (1912) publié quelques années avant l'opéra de Szymanowski (1918/1924). Cette chorégraphie des 7 "doubles" du berger, la fascination pour la jeunesse et la beauté, la piscine qui remplace le bord de mer, le sentiment d'une projection onirique ou fantasmée, mortifère, de tout ce que l'on voit. Ce dieu solaire qui fascine et éblouit qui est à la fois un appel à la jeunesse éternelle et à la mort.

Morbidité et onirisme qui apparaissent dès le premier tableau. Un mannequin qui est le double de la reine Roxane flotte dans cette piscine comme un cadavre, un jeune homme qui reçoit une injection (est-il toxicomane? mourant? ) anticipe la propre chute du roi Roger qu'on retrouvera dans la même position à la fin... Cet espace dans et sous la piscine apparait d'ailleurs comme une sorte d' inconscient qui nous rappelle tout au long de l'histoire que tout ce qu'on voit en surface et autour n'est qu'illusion.

Król Roger / Le roi Roger Aroi0611


Car ce berger, qui se révèle être Dionysos lui-même, en invitant à l'extase éternelle, érotique et spirituelle, semble vouloir les emporter vers la mort dans une mascarade grotesque. Ce paradis promis est une sorte de parc d'attraction désaffecté qui s'illuminera pathétiquement dans les derniers instants en laissant apparaitre le mot SUN.

Dionysos apparaitra d'ailleurs comme un Mickey venu de Disneyland après avoir eu l'apparence d'un hippie travesti assez croquignolet et loin de l'image de l'éphèbe désirable. Seuls les doubles du Berger et la projection d'images de films d'Andy Warhol et de Paul Morrissey avec Joe Dallesandro suggèrent l'idée d'une beauté parfaite qui n'est qu'un leurre.

Król Roger / Le roi Roger Roger_10

L'orgie extatique devient une hallucinante séance d'Aquagym où les jeunes danseurs/acrobates soutiennent des vieillards, hommes et femmes, qu'ils semblent ramener transitoirement à la vie dans une danse sinistre et effrayante.

Le final qui devrait signifier, dans le livret, l'abandon du roi Roger à son homosexualité refoulée ou contenue, se révèle ici comme un dernier espoir onirique avant le retour à la réalité de sa propre mort.

De la même façon que l'écrivain Gustav von Aschenbach agonise sans être jamais parvenu à posséder cette beauté et cette jeunesse inaccessibles, Le Roi Roger meurt sans avoir pu jamais vivre ses vrais désirs et en s'étant contenter de les rêver.

Król Roger / Le roi Roger Aroi0110


Arabella a dit tout le bien qu'on peut penser de la direction musicale de Kazushi Hono et cette musique était un enchantement avec peut-être par moment quelques excès d'exotisme et d'orientalisme comme on en retrouvait dans Salomé de Richard Strauss avec la danse des 7 voiles à laquelle on pense à une ou deux reprises. Mais les couleurs impressionnistes et les choeurs extraordinaires font décoller la scène. Les gens autour de moi étaient tous conquis. C'est que c'est une musique, et une histoire, d'envoûtement et se sortilège!

Donc peu de réserves sur ce très beau spectacle qu'on peut regarder sur internet (quelle terrible réduction!) en attendant sa diffusion sur Arte puis en DVD.
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyVen 3 Juil 2009 - 0:57

En complément de l'opéra on peut voir une exposition-installation - Beau comme moi (évidemment je ne l'ai appris qu'après colere )

Król Roger / Le roi Roger Exposi10

Citation :
Autour du Roi Roger - exposition Beau comme moi à l'Opéra Bastille

Alors que Le Roi Roger est à l'affiche de l'Opéra Bastille, l'exposition Beau comme moi vous invite, du 16 juin au 10 juillet, à découvrir les sources, le contexte et les éléments limitrophes de l'oeuvre.

Le Roi Roger, opéra de Karol Szymanowski sur un livret de Jaroslaw Iwaszkiewicz et du compositeur, est sans doute l'une des plus importantes oeuvres d'opéra du XXe siècle. Fascinant traité philosophique, Bacchantes modernes, mystère polyphonique de la métamorphose... L'exposition-installation Beau comme moi (Piekny jako ja) se penche sur divers aspects de l'oeuvre et de son contexte de création, à savoir :
- la vie de Karol Szymanowski, avec des dates et des oeuvres liées de manière consciente et subconsciente au Roi Roger, comme le roman Ephebos ou les fragments choisis de quatre poèmes du compositeur qui forment tout un cycle plein d'images sensuelles et de mythologie (littéraire ou propre), d'oppositions et de tensions, d'élans du coeur et de solitude obscure
- la vie du "Roi Roger", notamment la collaboration avec Jaroslaw Iwaszkiewicz, éminent écrivain polonais, cousin éloigné du compositeur. Les deux hommes étaient unis par des liens qui dépassaient une simple amitié. C'est de cette relation que Le Roi Roger est né
- les images gravées dans la mémoire de Szymanowski et d'Iwaszkiewicz lors de l'élaboration de l'oeuvre, telles les photos de la maison familiale de Tymoszówka, Elisabethgrad, ou des images de Sicile que Szymanowski avait visitée à plusieurs reprises et que Iwaszkiewicz n'avait connue que par les récits de son cousin ; et enfin les photos de Wilhelm von Gloeden, aristocrate allemand vivant depuis 1876 à Taormine, qui photographiait les garçons siciliens avec passion. Il se peut que la photo de Jaroslaw Iwaszkiewicz intitulée Dionysies 1921 soit une variation sur ce thème. Lors de la création mondiale en 1926, Le Roi Roger a paru à Szymanowski comme étranger (d'après les souvenirs d'Iwaszkiewicz). Ce n'est qu'après la première de Prague, six ans plus tard, que le compositeur eut une illumination profonde : - On ne pourrait le comparer à quoi que ce soit dans ma musique, écrivait-il, hélas, même pas à Harnasie... Je ne peux pas me remettre de cette impression, et aussi de cette tristesse, que c'est déjà du passé et que je ne saurais sans doute écrire plus rien de pareil. Il serait intéressant de savoir ce qu'il aurait dit s'il avait su ce qui s'était passé et ce qui se passe avec son fascinant opéra aujourd'hui...
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyVen 3 Juil 2009 - 17:29

Les interprétations du Roi Roger opposent en règle général Dionysos et Apollon, le désorde et la liberté extrême à un ordre solaire, la nuit et ses désirs inavouables (là en général est évoqué l'homosexualité de Szymanowski, comme d'ailleurs d'Iwaszkiewicz, son libretiste) et le jour et se beautés plus présentables. Personnellement j'ai plus envie d'y voir trois dimensions.

D'abord l'opéra commence dans une église, par un chant chrétien. Donc la dimension du christianisme est présente; c'est une vision coercitive, puisque les représentants de l'église et les fidèles veulent des punitions extrêmes contre le contrevenant (le berger), c'est un ordre sévère, normatif, voir sadique, qui ne tolère pas la déviance. En deuxième lieu, Le berge (Dionysos) en est la négation, il défie tout ordre, il s'agit de suivre son instinct et son envie, quelles qu'en soient les conséquences. Et enfin en dernier lieu, Apollon, symobolisé par le lever du soleil du dernier tableau, qui est une sorte de réconcilliation et de synthèse. La musique et le chant de Roger sont à mon sens rayonants à cet endroit, rien de douloureux; alors que le personnage jusque là exprimait plutôt le doute, l'indécision, une douleur plus ou moins confuse, plus rien de tout cela, un jaillissement apaisé.

Et la fin du livret a été modifiée par le compositeur, le livret initial d’Iwaszkiewicz prévoyait que Roger suive le berger, ce final était donc vraiment important pour Szymanowski. Dans le mise en scène que j’avais vu à Varsovie en 2000, ces trois aspects étaient mis en évidence, l’aspect sévère et restrictif d’un ordre religieux et social rigide, qui s’oppose à la liberté extrême, avec ses excès (une scène de bacchanale qui rappelait Euripide, un des modèles de Szymanowski) et enfin un synthèse dans laquelle Roger se libère à la fois des contraintes étouffantes imposées par la société dans laquelle il vit et de la tentation de suivre sans frein toutes ses envies de façon immédiate, ce qui en fin de compte serait aussi asservissant de suivre les prescriptions sociales.

Warlikowski ouvre pour moi d’autres perspectives. Il semble évacuer pas mal l’aspect religieux (là c’est un comble pour un Polonais ou alors le comble de la provocation). C’est les conventions sociales, les normes sociales étouffantes et vidées de sens qui sont au premier plan (les costumes des choristes). Le berger, une sorte de hippie, motard tatoué, apparaît comme celui qui va apporter une façon de vivre plus libre. Mais dès le deuxième acte il apparaît comme une sorte de gourou d’une secte, lorsqu’il fait évoluer Roxane comme une marionnette, et dans son masque qui évoque Mickey il semble se faire le chantre de la société de consommation, qui pousse l’individu à satisfaire ses envies immédiates sans recul et sans aucun contrôle. Les deux étant le contraire de la liberté de l’individu, le premier de façon explicite, l’autre insidieuse, et finalement renvoyés dos à dos. C’est une lecture intéressante et pas en contradiction du tout avec l’œuvre. J’ai juste était gênée par la fin, à mon sens compte tenu de la musique rayonnante de Szymanowski, ce n’est pas une fin pessimiste, même s’il semble dire que la liberté est toujours dans la solitude, il pense qu’elle est possible.

Mais ce sont évidemment mes interprétations personnelles
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyVen 3 Juil 2009 - 20:43

Je te suis à 100 % en ce qui concerne la signification du livret lui-même et nos deux visions de l'adaptation qui en est faite peuvent se compléter. Il adapte les enjeux moraux de cette histoire au monde d'aujourd'hui et j'ai ressenti une vision assez crépusculaire. Mais peut-être adoucie par sa dimension onirique (ironique?). Entre la rigidité et l'intolérance des dogmes religieux et de l'ordre social d'un côté, l'illusion de la liberté et de la jouissance à travers la société de consommation qui génère surtout beaucoup d'addictions (notamment sexuelle mais aussi un quête de bonheur impossible à travers les drogues) de l'autre,l'homme est un peu perdu et seul effectivement. Et il n' a peut-être même plus l'espoir d'un après libérateur puisque la foi a elle-aussi en grande partie disparu. Ne reste qu'un monde de fantôches assez effrayant (et "qui ne signifie rien" comme disait notre bon Shakespeare). Que lui reste-t-il pour s'évader? Le pouvoir de l'imaginaire? Sa capacité à rêver, à créer?

Quand je pense que sa vision a été huée à la première! Les gens veulent des beaux décors et des beaux costumes. Ils ne cherchent même pas à voir ce qu'un grand metteur en scène peut apporter à une oeuvre. Et Warlikowski me semble avoir rendu cette histoire encore plus puissante qu'elle ne l'est à l'origine.
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptyVen 3 Juil 2009 - 21:56

Je n'irais pas jusqu'à dire plus puissante. Plus brutale sans doute, et effectivement il arrive à bien la situer dans le monde contemporain sans en dénaturer le sens, ce qui l'écueil de beaucoup de mises en scènes. Plus noire aussi sans doute que dans le livret, mais cela correspond sans doute bien aussi au moment actuel. C'est vraiment en tous les cas une vision qui succite la réflexion, et permet d'enrichir la vision de l'oeuvre. Mais comme toutes les oeuvres d'une certaine importance, il ne peut y avoir de vision définitive, d'autres lectures sont possibles et souhaitables.

La réaction du public, oui à Paris c'est systématique. J'ai assistée à la deuxième représentation qui était filmée, et Warlikowski s'est effectivement fait copieusement sifflé. J'ai bien peur que la majorité des personnes présentes dans la salle ne connaissaient tout simplement pas l'oeuvre, et que du coup les intentions du metteur en scène leur sont demeurées incompréhensibles. Je trouve encore plus gênante la critique du Monde, parce que là il s'agit en principe d'un professionnel, alors lire ce qu'il a écrit est tout simplement navrant.
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptySam 4 Juil 2009 - 14:15

Ce qui m'a le plus surpris à la représentation c'est qu'un papi très chic dans les premiers rangs a copieusement hué les choeurs et le chef de choeur! Il avait une étonnante technique avec les mains en entonnoir laugh Mais franchement les choeurs étaient quand même formidables intense reflexion
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MessageSujet: Re: Król Roger / Le roi Roger   Król Roger / Le roi Roger EmptySam 4 Juil 2009 - 14:31

Je viens de trouver cette critique sur resmusica qui rejoint un peu l'impression que j'en ai eue...

Citation :
Certains metteurs en scène ont leurs marottes : le lit (Robert Carsen), les néons (Olivier Py), la couleur bleu (Bob Wilson), … Pour Krzysztof Warlikowski ce sont les salles d’eau, les vieux, les enfants et les chefs d’œuvres du cinéma. Pour le second opéra de Karol Szymanowski, donné enfin en création scénique et ultime production de l’ère Mortier, nous avons eu droit à un ballet de cacochymes faisant de l’aquagym dans une station thermale, une troupe de Mickeys aux sourires grimaçants, beaucoup d’eau pour expier on-ne-sait quelles impuretés et de multiples références à Teorema de Pasolini. Gerard Mortier a réussi pour sa sortie à bousculer une fois encore les habitudes du public d’opéra, le baisser de rideau s’avérant copieusement fourni en sifflets et huées à l’encontre du metteur en scène.

Pourtant, cette mise en scène iconoclaste, malgré la lassitude engendrée par les projections vidéo en direct, marotte actuelle de tout dispositif scénique, est d’une rare intelligence. Roger ne règne pas sur Palerme (le livret traite de l’épisode historique du royaume Normand de Sicile) mais est le chef de file, homme brutal, parvenu nouveau riche et « bling-bling » d’une société bourgeoise et conservatrice. Une allusion à peine masquée à un personnage politique officiel actuel, sauf que son épouse Roxana a bien plus de décibels dans la voix. Le médecin arabe Idrisi est devenu un conseiller personnel cynique, et le Berger, Dionysos qui trouble cet ordre apollinien, un baba cool androgyne post-soixanthuitard. Si Roxana, fidèlement au livret, est conquise d’emblée, la douce extase finale du Roi Roger, homme du nord découvrant la lascivité méditerranéenne, n’est plus. Nous assistons impuissants à sa déchéance : abandonné par Roxana, mal conseillé par Edrisi, Roger est une épave humaine héroïnomane dont la dernière vision est une hallucination mesquine de cette société de loisirs et de consommation qu’il a toujours voulu vanter
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