Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Yves Bonnefoy

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ArturoBandini
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyMer 21 Oct 2015 - 22:37

Je révise un poil mon jugement initial suite à la lecture des Planches courbes (en cours).
Les textes intitulés Dans le leurre des mots sont vraiment très bons, et profonds.
Ce serait trop long à copier ici.
Par contre, je ne sais pas ce qu'il a avec le sable, mais il en use et abuse... rire
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colimasson
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyMer 21 Oct 2015 - 23:04

J'ai pas dû commencer par le bon recueil...

Sullien a écrit:
colimasson a écrit:
Merci bonjour
Entendons-nous bien, pas de bêtise : la discussion est inutile au sens où elle se fonde sur la posture éthique de l'auteur. Autrement dit, tu mets en doute la sincérité de Bonnefoy que tu accuses d'être de mauvaise foi. Qu'y a-t-il à répondre à cela ? Quels arguments avancer, exactement ?
Il n'y a qu'à se taire. Ce que j'ai accepté, avec un peu de rudesse, certes.

Oui, c'est vrai, je n'ai avancé qu'une hypothèse. Je ne sais pas si on peut parler d'éthique. J'ai utilisé le terme de mauvaise foi de manière sans doute incorrecte. Je voulais simplement signifier qu'Yves Bonnefoy construit sa poésie sur la recherche du concret, en-dehors du concept, et plus il pousse loin sa recherche, plus il se perd dans l'abstraction. C'est parfois assez ridicule. Alors oui, il y a une sorte d'errance de la mauvaise foi. "Je vais vous raconter l'histoire du concret", et ceci dit, il se perd en cours de route et meurt dans le sous-bois de la spéculation. C'est assez fatigant.

Je vous lis avec beaucoup d'intérêt sur la question des sonorités et des formes en vers ou en prose. Je suis loin de pouvoir dire quoi que ce soit là-dessus. Alors, je me contenter de donner mon impression uniquement sur le sentiment procuré à sa lecture. En l'occurrence : de l'épuisement.
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyJeu 22 Oct 2015 - 3:48

ArturoBandini a écrit:
Je parle là, jusqu'au début 20ème, ensuite ce n'est plus une évolution mais une déflagration.
C'est ceci que je regrette, les poètes qui me transcendent sont ceux qui ont su conserver le meilleur, et jouer entre règles et libertés.

Là-dessus, rien de tel que de revenir aux classiques. À mon sens, Francis Ponge en a inspiré quelques uns, dont Jaccottet. J’ai bien vu que Roubaud est revenu dans la discussion. Disons que sa plume m’interpelle dans le sens où j’y trouve des affinités sans nécessairement être un oulipien. Donc, pour Bonnefoy, je ne veux pas décourager les gens d’avance à le lire, mais pour Colimasson, je préfère passer mon temps à défendre Ponge et sa conception du proême. Ponge est devenu une des références pérennes de mon œuvre à venir, ne fut que par le «Signéponge» qu’il pratique, tel qu’esquissé par Jacques Derrida.

Sullien a écrit:
Ce qui est comique, mais je dois vraiment mal m'exprimer , c'est que de manière générale, je suis bien plus sensible moi-même à la musique de la poésie métrique. Et ceux avec qui je discute régulièrement de littérature trouveraient bien étrange de me voir ainsi pris pour un défenseur du vers libre, croyez-moi !

Ouais, il le faut bien, Sullien pour aimer potasser les classiques de l’Antiquité. Pour ma part, je verse quelque peu du côté des Hugo et Neruda de ce monde, mais pour reconnaître une certaine distinction de ma pratique poétique, je remarque que les Jacques Réda et Robert Walser diffèrent de ma pratique d’écriture naturelle. Pour ce qui est de Bonnefoy, il faudrait bien que je daigne le lire, mais j’attends un peu comme au hasard des rencontres poétiques. S’il y a un Réda plus local que je préfère dans ma définition, il s’agit de Maxime Catellier qui est plus proche de mes sensibilités poétiques.

Sur la partie mystique de Bonnefoy, je préfère recourir à Ponge qui reste au plus près des mots pour recourir à une application du poème.
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyJeu 22 Oct 2015 - 10:00

colimasson a écrit:
J'ai pas dû commencer par le bon recueil...

Sullien a écrit:
colimasson a écrit:
Merci bonjour
Entendons-nous bien, pas de bêtise : la discussion est inutile au sens où elle se fonde sur la posture éthique de l'auteur. Autrement dit, tu mets en doute la sincérité de Bonnefoy que tu accuses d'être de mauvaise foi. Qu'y a-t-il à répondre à cela ? Quels arguments avancer, exactement ?
Il n'y a qu'à se taire. Ce que j'ai accepté, avec un peu de rudesse, certes.

Oui, c'est vrai, je n'ai avancé qu'une hypothèse. Je ne sais pas si on peut parler d'éthique. J'ai utilisé le terme de mauvaise foi de manière sans doute incorrecte. Je voulais simplement signifier qu'Yves Bonnefoy construit sa poésie sur la recherche du concret, en-dehors du concept, et plus il pousse loin sa recherche, plus il se perd dans l'abstraction. C'est parfois assez ridicule. Alors oui, il y a une sorte d'errance de la mauvaise foi. "Je vais vous raconter l'histoire du concret", et ceci dit, il se perd en cours de route et meurt dans le sous-bois de la spéculation. C'est assez fatigant.

Je vous lis avec beaucoup d'intérêt sur la question des sonorités et des formes en vers ou en prose. Je suis loin de pouvoir dire quoi que ce soit là-dessus. Alors, je me contenter de donner mon impression uniquement sur le sentiment procuré à sa lecture. En l'occurrence : de l'épuisement.

Oui, j'entendais "éthique" au sens de l'éthos d'un orateur (l'image que l'auteur donne de lui-même, l'image qui traverse le livre et ici plutôt, l'image qu'on se fait d'un auteur à travers ses écrits).
Quel recueil as-tu lu ?

jack-hubert bukowski a écrit:
ArturoBandini a écrit:
Je parle là, jusqu'au début 20ème, ensuite ce n'est plus une évolution mais une déflagration.
C'est ceci que je regrette, les poètes qui me transcendent sont ceux qui ont su conserver le meilleur, et jouer entre règles et libertés.

Là-dessus, rien de tel que de revenir aux classiques. À mon sens, Francis Ponge en a inspiré quelques uns, dont Jaccottet. J’ai bien vu que Roubaud est revenu dans la discussion. Disons que sa plume m’interpelle dans le sens où j’y trouve des affinités sans nécessairement être un oulipien. Donc, pour Bonnefoy, je ne veux pas décourager les gens d’avance à le lire, mais pour Colimasson, je préfère passer mon temps à défendre Ponge et sa conception du proême. Ponge est devenu une des références pérennes de mon œuvre à venir, ne fut que par le «Signéponge» qu’il pratique, tel qu’esquissé par Jacques Derrida.
Merci de me rappeler Ponge, JHB.
Sur Ponge/Jaccottet, peut-être as-tu constaté qu'un essai de Jaccottet sur Ponge a paru aux éditions Bruits du temps (Ponges, pâturages, prairies).
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyDim 25 Oct 2015 - 22:57

Merco Jaku de nous avoir signalé les liens entre l'écriture poétique de Ponge et la mystique. Quel recueil en particulier me conseillerais-tu ?

Sullien, j'avais lu L'improbable et autres essais. J'ai lu récemment L'arrière-pays, un peu mieux à mon goût, je reviendrai en parler.
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyDim 25 Oct 2015 - 23:15

colimasson a écrit:
Merco Jaku de nous avoir signalé les liens entre l'écriture poétique de Ponge et la mystique. Quel recueil en particulier me conseillerais-tu ?

Sullien, j'avais lu L'improbable et autres essais. J'ai lu récemment L'arrière-pays, un peu mieux à mon goût, je reviendrai en parler.

Ah d'accord, je comprends mieux : tu as abordé Bonnefoy par sa réflexion théorique.
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyLun 26 Oct 2015 - 5:16

colimasson a écrit:
Merco Jaku de nous avoir signalé les liens entre l'écriture poétique de Ponge et la mystique. Quel recueil en particulier me conseillerais-tu ?

Sullien, j'avais lu L'improbable et autres essais. J'ai lu récemment L'arrière-pays, un peu mieux à mon goût, je reviendrai en parler.

Le parti pris des choses et La rage de l'expression sont deux bons recueils d'introduction à l'univers pongien. Je trouve que Ponge est loin d'être mystique comparativement à Bonnefoy, par sa manière d'appréhender les mots.
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyLun 26 Oct 2015 - 23:14

Oui, commencé à lire Bonnefoy avec des textes théoriques. Pas forcément le mieux. Ce que je retiens de ces textes, de plus goûteux, c'est son appréciation de l'entrée de la perspective dans la peinture, autour du Quattrocento :

« Je ne sais pas si, égaré par l’idée que la perspective a eu pour souci une figuration de l’espace, on a jamais assez souligné son principal caractère, que je dirai conceptuel. Avant la perspective, avant cette réduction chimérique de l’objet à sa situation dans l’espace, la représentation des choses était métaphorique et mythique. […]
En un mot, l’analyse des qualités sensorielles a remplacé l’intuition de l’unité substantielle. […]
On voit donc que la perspective est au cœur d’un vaste projet, intellectuel et moral. Et qu’il en est ainsi parce qu’elle peut, elle aussi, être une évocation métaphorique et mythique : pour peu qu’elle se fasse un exercice du nombre. Par le nombre, par l’harmonie, […] la perspective pouvait dépasser le malheur de la représentation simplement exacte et redevenir un mythe, où se dirait analogiquement […] l’âme même de ce qui est. »


Ca me faisait un peu penser à Simone Weil qui expliquait la conception divino-mathématique des Grecs :


« La symbolique grecque explique le fait que Pythagore ait offert un sacrifice dans sa joie d'avoir trouvé l'inscription du triangle rectangle dans le demi-cercle.

Le cercle aux yeux des Grecs, était l'image de Dieu. Car un cercle qui tourne sur lui-même, c'est un mouvement où rien ne change et parfaitement bouclé sur soi-même. Le symbole du mouvement circulaire exprimait chez eux la même vérité qui est exprimée dans le dogme chrétien par la conception de l'acte éternel d'où procèdent les relations entre les Personnes de la Trinité.

La moyenne proportionnelle était à leurs yeux l'image de la médiation divine entre Dieu et les créatures. Les travaux mathématiques des Pythagoriciens avaient pour objet la recherche de moyennes proportionnelles entre nombres qui ne font pas partie d'une même progression géométrique, par exemple entre l'unité et un nombre non carré. Le triangle rectangle leur a fourni la solution. Le triangle rectangle est le réservoir de toutes les moyennes proportionnelles. Mais dès lors qu'il est inscriptible dans le demi-cercle, le cercle se substitue à lui pour cette fonction. Ainsi le cercle, image géométrique de Dieu, est la source de l'image géométrique de la Médiation divine. Une rencontre aussi merveilleuse valait un sacrifice. »



Jaku, c'était ce passage de ton ancien message qui m'avait fait penser à un versant mystique de l'oeuvre de Ponge :

jack-hubert bukowski a écrit:


Sur la partie mystique de Bonnefoy, je préfère recourir à Ponge qui reste au plus près des mots pour recourir à une application du poème.

Merci pour les suggestions de recueils, je vais les emprunter à la bibliothèque pour voir.
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyMer 28 Oct 2015 - 5:19

Sullien a écrit:
Merci de me rappeler Ponge, JHB.
Sur Ponge/Jaccottet, peut-être as-tu constaté qu'un essai de Jaccottet sur Ponge a paru aux éditions Bruits du temps (Ponges, pâturages, prairies).

Pour clore la parenthèse sur Ponge, oui, Sullien, j'avais relevé que Jaccottet avait écrit un essai sur lui qui a paru récemment. En outre, il a plein de choses intéressantes sur sa conception de la poésie qui ont ont été republiés dernièrement - Une transaction secrète et L'entretien des muses. Le coût est assez accessible pour les poètes en herbe.
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyVen 25 Déc 2015 - 22:58

L'Arrière-pays (1972)


Yves Bonnefoy - Page 3 Cvt_la10

La destination du voyage a changé en cours de route. Yves Bonnefoy se destinait d’abord à écrire un livre normal, c’est-à-dire un livre qui possèderait une structure, « avec ses exigences énigmatiques, son infini rentré, son autonomie silencieuse », certes tous ces mécanismes difficilement explicables de la littérature, mais pas assez étranges à l’âme dont l’ambition est de « comprendre », « seul dessein légitime ». En voulant raconter l’histoire du voyageur qui parcourt à nouveau son chemin, s’y engageant vraiment, allant où il n’avait jamais été, raisonnant sur les œuvres marquantes et poussant le paradoxe jusqu’à revivre les illusions qu’il n’avait eues qu’en rêve, Yves Bonnefoy connaît le risque de retrouver en même temps « l’écriture imaginative, et scellée », pas convenable. Alors il détruit ce livre qui aurait dû s’intituler « Le Voyageur » et il le reprend sous le titre de « L’Arrière-Pays », et nous obtenons cette « analyse avertie, condition de l’expérience morale ».


Yves Bonnefoy reste toutefois fidèle à lui-même et l’analyse avertie traîne davantage sur les sentiers de l’esthétique que de la psychologie. Les détours vers l’arrière-pays de la conscience s’accompagnent d’un choix de peintures et de photographies qui permettent d’appréhender le texte d’une autre façon. On y éprouve la nostalgie du temps passé, des visages qui se sont figés, des choses qui ont disparu à la place des mots. Le visage d’un personnage de la « Flagellation » de Piero della Francesca, capté de près, s’insère aux côtés de ce passage nostalgique, un rêve d’archéologue :


« Mais oui : elle se retourne, le regarde… […] Et avec quelle émotion maintenant je regardais moi aussi –je reconnaissais- ces yeux étincelants, ce sourire, ces cheveux dénoués sous le rayon d’une étoile. Mais quand l’archéologue allait recommencer à parler, d’un seul coup, sans qu’il comprenne pourquoi, il n’y avait plus rien, là devant lui, que le sable, et une autre plaque d’argile. Il ramassait ce peu d’écriture, il doutait malgré tout de sa vision. »


Je ne partage pas la sensibilité d’Yves Bonnefoy. Pourtant, Dieu sait que j’aime les choses mortes qui deviennent belles par cette occasion mais l’expression ronflante, presque pathétique, m’épuise lorsque Bonnefoy en parle. Il faut peut-être se montrer plus vigilant que moi : « Je ne puis oublier que le lieu où s’accomplirait le destin est là, mais inconnaissable à jamais. Et je prête l’oreille à tous les bruits de réunion, d’épreuves terminées, de retours ».
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyDim 3 Juil 2016 - 12:59

Yves Bonnefoy est décédé ce vendredi.
Puisse enfin sa barque toucher au rivage où convolait son désir.


Dernière édition par Sullien le Dim 3 Juil 2016 - 13:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyDim 3 Juil 2016 - 13:01

Sullien a écrit:
Yves Bonnefoy est décédé ce vendredi.
Puisse enfin sa barque toucher au rivage qu'embrassait son désir.


Triste de te revoir parmi nous avec cette nouvelle...
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyDim 3 Juil 2016 - 13:02

shanidar a écrit:
Sullien a écrit:
Yves Bonnefoy est décédé ce vendredi.
Puisse enfin sa barque toucher au rivage où convolait son désir.


Triste de te revoir parmi nous avec cette nouvelle...
Oui. Je ne m'en remets pas.
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyLun 22 Aoû 2016 - 10:38

La longue chaîne de l'ancre

Le recueil commence par un texte intitulé Le Désordre ; et peut-être faut-il, d'emblée s'arrêter sur ce titre et se demander pourquoi Bonnefoy a choisi de débuter ainsi son recueil, mélange de poésies en vers libres et de courts textes en prose. Le poète se pense-t-il chargé de dire, décrire, d'écrire le désordre ? Où est-il de ceux qui y mettent fin ? A-t-il le pouvoir de créer de l'ordre dans le désordre ou ne vient-il que pour donner à voir la folie des hommes ?

Le texte de Bonnefoy ne répond pas forcément à ces questions ou bien par la bande et au fil de ma lecture, c'est bien ainsi que j'ai perçu le travail de l'auteur : une manière de dire sans jamais affirmer, comme une sorte de flèche traversant l'air sans jamais atteindre un quelconque point d'arrivée (et déjà, là, disant cela avec une métaphore je trahis Bonnefoy qui n'en utilise pas).

Mais revenons à Désordre et cherchons à comprendre ce qui est en jeu ici. Car sous des mots d'une simplicité désarmante : le ciel, les nuages, la plage, les souvenirs, la neige, l'horizon, Bonnefoy trace un chemin, offre une trame qui tout en incluant les objets les plus triviaux de la vie humaine (un revolver, par exemple) ne cesse de regarder vers le haut.
Car en effet, s'il fallait faire une comparaison entre Bonnefoy et Guillevic, il serait facile de tomber d'accord : les deux poètes utilisent les éléments naturels sans jamais chercher la complication, le mot phare, la phrase fusée mais si Guillevic est un terrien-chtonien alors Bonnefoy est tout d'air et de grâce, d'envolée et d'aspiration céleste.

On ne s'étonnera donc pas, dès le troisième texte (en prose) de découvrir son attachement pour l'enfance, cette période gracile, gracieuse, envolée et les jeux qui l'accompagnent (mais attention qu'on ne se méprenne pas, les jeux de l'enfance sont toujours très sérieux, la langue de Bonnefoy n'a donc rien de futile). A plusieurs reprises dans ces textes, Bonnefoy regarde l'enfant jouer, marcher, se cacher, bondir et rêver.

Mais là où le poète m'a étonnée et même ravie c'est dans la liberté de sa réflexion philosophique, laquelle surgit presque impalpable au détour d'une phrase, une réflexion succincte, un bout d'éternité et ce qu'il dit de Dieu, du non-savoir, de cette fascination pour le langage (cette aporie) est absolument saisissant. Méfiez-vous des mots nous murmure Bonnefoy, ils sont parfois plus dangereux que leur absence et finalement, en creusant lentement la parole de l'auteur j'ai découvert un abîme pour la pensée et un moteur.

Mais plus encore que de l'étonnement, ce qui s'emparait de moi, c'était cette allégresse qui naît de ce qui surprend sans qu'on ait moyen de comprendre : cette joie qu'on a d'espérer que vont se rompre les chaînes de l'entendement d'hier, de toujours, et qu'à ne plus savoir on va enfin être davantage.

Il me semble que ce que dit Bonnefoy, en substance, c'est que si le monde peut mourir alors il n'est qu'une illusion et que seule l'inaliénable, ce qui ne meurt pas, ce que certains appellent Dieu, d'autres le Temps ou l'amour ou la poésie ou l'Absolu, enfin ce que vous pensez éternel, alors cela est réel. On retrouve ici en partie certaines des idées philosophiques indiennes qui rejoignent mes propres préoccupations et je suis bien heureuse d'avoir pu frotter ma pensée à celle, tellement douce, lénifiante, spacieuse, de Bonnefoy.

Une définition du langage : un ici qui respire et expire l'ailleurs, méduse aux dimensions d'une mer qui serait le monde.

L'écriture de poésie ? La terre de sous nos pas mais trempée comme après l'orage, creusée par de grandes roues qui ont passé, se sont éloignées. Terre tout ornières dont de brèves lueurs remontent.


Malgré tout, je ne peux m'empêcher de reconnaître une certaine réticence à l'égard des poèmes de Bonnefoy (ici des sonnets, sorte de tombeaux à d'autres poètes disparus de Verlaine à Mallarmé…) qui m'ont peu touchée, non qu'ils soient 'mauvais' mais parce que je suis insensible à ce genre d'écrits.

Je continue avec Le Lieu d'herbes...
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MessageSujet: Re: Yves Bonnefoy   Yves Bonnefoy - Page 3 EmptyLun 22 Aoû 2016 - 17:15

ton commentaire est intéressant, analysé, mais je ne me risquerais pas à cet auteur.
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