Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Michel Schneider

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Marie
Aeriale
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Aeriale
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MessageSujet: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyMer 11 Avr 2007 - 18:10

Michel Schneider Schnei10
Marilyn , dernières séances- éditions Grasset -2006-


Ce livre qui est une fiction, relate les rapports entre Marilyn Monroe et son dernier psychanalyste deux ans avant sa mort.
J'ai toujours beaucoup aimé le personnage de Marilyn, cette fragilité, cette demande énorme d'amour, ce déséquilibre constant et sa dépendance vis à vis de la psychanalyse la rend touchante, attachante et émouvante.

Marilyn qui avait souffert très tôt du sentiment d'abandon ,délaissée par une mère névrosée elle-même et emprisonnée rapidement dans une image qui la dévorait , était avant tout à la demande de celà: une reconnaissance , un respect , un amour qu'elle croyait trouver dans celui de son public ,bien qu'elle n'ait jamais été dupe.

On comprend à travers les écrits de Michel Schneider comment elle se soit retrouvée figée dans cette image de fille pulpeuse ,sexy ,de "ravissante idiote"qui ne lui ressemblait que partiellement , et qu'elle se soit ainsi volontairement protégée dans ce reflet facile , toujours à la recherche de son identité propre malgré tout.
L'auteur nous décrit une femme fragilisée , tourmentée par son parcours , mais nullement idiote .
Peu cultivée ,mais curieuse de connaître , avide de savoir et amoureuse de tout ce qui représentait pour elle cette image .
Elle s'est donc raccrochée aux "mots" , ceux qu'elle a cru touver chez les psy et les artistes qui l'ont entourée ,écrivains pour la plupart , s'est même mariée avec un d'eux, Arthur Miller , mais cette fusion était basée sur un malentendu .

Dans le cas ,en tout cas du Dr Greenson et de Marilyn , et Michel Schneider nous l'explique très bien , chacun se révait en l'autre .
Lui , brillant intellectuel ,reconnu mais narcissique et ambitieux lui enviait son" aura "et s'incrustait ainsi dangeureusement dans son univers professionnel.
Elle ,qui ne se supportait que dans la peau des autres , fascinée par sa connaissance , son goût des mots ,sa brillance intellectuelle , s'est retrouvée piégée dans le mécanisme du transfert , tout comme lui ...

Où devait se situer la vérité que recherchait Marilyn ?
Il y a toujours un décalage entre ces deux reflets de la réalité: l'image et les mots . Elle s'y est perdue et c'est ce que nous révèle brillament l'auteur dans ce livre particulier qui nous montre une autre facette de cette très touchante actrice Like a Star
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Marie
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyVen 9 Jan 2009 - 20:19

Glenn Gould piano solo, Aria et trente variations Michel Schneider

Glenn Gould, piano solo fut le premier ouvrage d’une collection ouverte chez Gallimard par J.B. Pontalis, dédiée à des " récits subjectifs à mille lieues de la biographie traditionnelle ".
Là, on peut dire qu’il atteint pleinement son but, hélas pour moi.

Après tout, peut-être est-ce cela que j’ai voulu faire: vêtir Gould d’un tissu de mots pour qu’il fût à l’abri. J’espère bien qu’une fois achevé le parcours dans lequel je l’ai accompagné, il se retournera en souriant, un peu plus loin encore.


Allons bon.. On peut rêver, je serais Glenn Gould, j’aurais plutôt tendance à me retourner dans ma tombe après cette lecture, lui qui, Schneider le dit bien, aspirait à la liberté ,se retrouve enseveli et bien profondément sous les mots, des mots qui ne sont pas les siens , Michel Schneider ne manque pas de le dire: Les faits que j’ai rapportés sont attestés par des témoins. Presque rien que j’aie connu directement. Je n’ai ni sondé les mémoires, ni fouillé les archives. Un récit de récits. Est-ce pourtant qu’il peindrait un Gould imaginaire? Sans doute.

Ce livre en forme de partition ne se veut pas une biographie. Mais des variations autour d’un thème, Gould et la solitude, Gould et le chantonnement, Gould et le froid, Gould et son piano, Gould et l’écriture , Gould et l’extase, etc.
Alors, effectivement, c’est un personnage propre à inspirer l’écriture du psychanalyste qu’est Michel Schneider, il y a d’ailleurs de beaux passages sur la solitude, le son , le bercement, l’attitude.. Mais ils sont suivis instantanément de digressions entièrement subjectives qui ne peuvent toucher que des férus du langage psychanalytique, ce qui n’est pas mon cas..
Est-ce que vraiment Glenn Gould s'identifiait non au piano, mais à ce qui était en souffrance à l'intérieur, un peu comme jadis le poisson pêché dans le lac Simcoe contenait l'indicible sous l'irisation de son ventre agité de soubresauts ; un instant, il avait été cette impossibilité, cette détresse. Ou bien, regardant la brillance de son Steinway, le miroitement des touches, et tout ce sombre, cet insondable, c'était le lac lui-même, ses reflets alternés qu'il revoyait, troué par le bruit mort du liège des filets descendus dans l'eau, espérant et redoutant à la fois ce qui allait sortir du noir. "???

Quand même de belles pages sur le son, le temps, la technique musicale , mais , à mon goût, noyées dans beaucoup trop d'élucubrations de digressions schneidériennes..
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Marko
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyVen 9 Jan 2009 - 20:51

Marie a écrit:
Glenn Gould piano solo, Aria et trente variations Michel Schneider

Quand même de belles pages sur le son, le temps, la technique musicale , mais , à mon goût, noyées dans beaucoup trop d'élucubrations de digressions schneidériennes..

C'est un travers fréquent en psychanalyse... Mais c'est à prendre à mon avis plus comme sa propre projection sur ce que lui inspire Gould et son univers que comme une analyse de Gould lui-même, non?
La psychanalyse comme tentative d'atteindre la poésie... Pas toujours réussi mais pourquoi pas laugh
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Marie
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptySam 10 Jan 2009 - 5:12

Citation :
Mais c'est à prendre à mon avis plus comme sa propre projection sur ce que lui inspire Gould et son univers que comme une analyse de Gould lui-même, non?

Oui, bien sûr, et je trouve qu'il pousse un peu loin.. beaucoup trop pour moi en tout cas.
Mais je ne voudrais pas être trop négative au sujet de ce livre , car le musicien qu'est Michel Schneider pose aussi de bonnes questions, et c'est brillamment écrit.Et si j'ai été souvent agacée, j'ai aussi été séduite par l'écriture.

Un extrait, un peu long, mais difficile de couper:

Gould était à la recherche de quelque chose d'impossible , qu'il nomme, à propos des Variations Goldberg, l"incorporalité" de la musique. La musique selon lui- la musique tout court?- est tension entre deux pôles: la complexité algébrique, mouvement de la pensée vers davantage d'éloignements, et l'élémentarité immuable cachée dans les sons. Je ne sais plus ce qu'il faut dire. Croire, comme il l'affirmait, que dès qu'on se met à l'instrument, dès que la musique s'incarne, alors se referme sur elle un espace fini, s'annonce une déficience, une privation, une déchéance inévitable? Qu'elle disparait dans son apparence? Ou bien penser, comme le jeu de Gould m'en persuade , que c’est seulement dans cette dépravation que quelque chose commence à être?

La musique? Des cordes soumises à des tensions incroyables, des étirements de peaux, des colonnes de vent emprisonnées dans des tuyaux de métal, des anches que le souffle fait trembler. Toute cette vibration mathématique de la matière pour seulement déplacer un peu d’air selon certaines fréquences. Et c’est cette pauvre chose qui rend audible le déjà plus et le pas encore; qui cause une infime et immense vacillation de l’espace sur lui-même

On comprend mieux l’affection de Gould pour Bach, qui transcende le clavier et survit à toutes ses incarnations instrumentales. La musique doit nier l’instrument, lui être aussi indifférente qu’à Dieu celui qui le sert. Que la note provienne du frottement d’un plectre, de la frappe d’un marteau, ou de l’ouverture d’un tuyau au souffle qui le traverse, la musique est ailleurs.

C’est que les limites de l’instrument excluent tous les autres possibles de l’œuvre et ravalent l’idéal à sa transitoire incarnation. Gould jouait le premier mouvement du Deuxième concerto de Beethoven avec l "una corda " pour rendre le son plus léger, plus pénétrant, et il aurait voulu que ses enregistrements de Beethoven possédassent le son de ceux de Schnabel, pauvres en harmoniques. A quoi son ingénieur du son répondit: «  Vous n’avez qu’à les écouter au téléphone sur un appel longue distance. » J’aime cette réponse qui allait au cœur de la physique et de la métaphysique gouldiennes, communiquant par sa musique, avec autrui et avec lui-même, de loin. J’aime cette idée que la musique puisse finalement n’être que cela: un appel longue distance. On joue, on ne sait qui on appelle. On ignore qui appelle en soi. Une simple vibration de l’air entre deux lointains, une ligne bruissante joignant deux êtres dont on ne sait rien, sinon qu’ils sont perdus.
Une distance si longue certains jours qu’il ne reste qu’elle, comme si la douleur, ou simplement l’intention de l’appel s’apaisait, à force de beauté, de froid, d’éloignement.
C’est une vieille question de pianiste: le son doit- il avant tout être beau, ou être vrai? Certains pianistes ont le son beau ( Arrau, Lupu), d’autres, le son vrai ( Richter, Petri), d’autres, encore, à la fois vrai et beau ( Novaes). Gould, c’est autre chose: un son qui est, et qu’aucun adjectif ne saurait qualifier. La désincarnation du son n’est pas contradictoire avec la densité de la phrase; Gould voulait dépouiller la musique de sa chair pour faire voir en pleine lumière son architecture indifférente aux couleurs, sa beauté d’os.
L’écoutant, parfois, c’est vrai, on sort brutalement dégoûté de tant d’immatérialité, ou bien on s’accroche aux éclats de voix, ces restes d’un autre chant, malhabile, inavoué. Ce sont les plaies du sublime, par où l’on redescend au corps. Alors, on se dit que c’est bien hérétique de croire à la résurrection , mais d’en exclure la chair, et bien fou de vouloir s’évader de la prison de la résonance, s’évader du corps de la musique. A ce compte, la craie blanche salit la figure de géométrie qu’elle trace.
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyLun 20 Juin 2011 - 19:37

En avant première pour le jury Fnac, son prochain roman est sur ma table...je le commence demain....normalement
Pour le reste, chut, pas un mot avant la parution officielle
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyMer 27 Juil 2011 - 14:50

Michel Schneider A394

extrait de son nouvel roman Comme une ombre à lire ici
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyMer 27 Juil 2011 - 14:57

je l'ai lu...na na nanère reeeee swing swing swing Mais je ne dirai rien avant la parution.....

Patience, patience!!!
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyMar 23 Aoû 2011 - 23:57

Comme une ombre

Grasset-août 2011-329pages
Citation :
« Il y a des histoires qui veulent être racontées. J'écris celle de mon frère comme en un miroir. Mais on ne sépare pas d'un miroir l'image qui s'y reflète. »
M.S.
Comme une ombre, c'est l'histoire de deux frères, Michel et Bernard, de leur enfance, de leur rivalité secrète, de leur impossible amour. D'effrayantes symétries entre les objets, les noms, les guerres, les amours. Des images obsédantes : une piscine municipale au bord de la Seine, un dancing, une caserne à Blida, un été espagnol... Et la mystérieuse L.
Michel Schneider raconte ici l'enquête du narrateur sur les traces de son double perdu : la guerre d'Algérie et ses douleurs, la musique et ses consolations, les femmes partagées à commencer par la mère, le désir, la trahison. Il explore le plus intime et confie la difficulté de grandir privé de son ombre.
Cherchant les mots qu'il ne lui a pas dits, et qui lui auraient ouvert ses bras, le survivant adresse au frère disparu une lettre qui ne lui parviendra pas.

« - Tu vas lui écrire cette histoire ? Pourquoi ton frère ? Et maintenant ? – Je ne sais pas bien. Pour lui rendre justice. Ou me faire pardonner quelque chose. Parfois j’ai l’impression ne n’être que son écho, son reflet, son ombre. »

Voilà un roman bien singulier, mais passionnant qu’il m’a été permis de lire presque malgré moi, si j’ose dire, tant j’ai jusque là eu tant d’appréhension à aborder le moindre ouvrage de Michel Schneider.

Mais au fond, est-ce vraiment un roman ? Peut-on parler uniquement de fiction ? Je n’ai que trop peu d’éléments de la vie de l’auteur, mais je ne peux m’empêcher de penser que ce que je viens de lire ne comporte pas une bonne part d’autobiographie …

La note de l’éditeur a, à mon sens, tendance à éloigner le lecteur de cette idée, mais…à postériori, j’ai tendance à penser que cette note peut jeter une certaine confusion.

Il n’empêche, dans une construction originale et méthodique, Michel Schneider emporte son lecteur dans son histoire familiale, et fraternelle.
Ils étaient plusieurs frères et sœurs, pas tous du même père. Mais il y avait surtout Bernard et Michel. Bernard est son ainé, a " fait " l’Algérie, en est revenu, est mort prématurément.
Michel, écrivain, a en commun le goût de la musique avec son frère, et par le biais de l’écrit part à sa recherche.
Dans les chapitres impairs, c’est Michel qui s’exprime sous forme d’enquête. Les chapitres pairs sont rédigés sous forme d’un récit, impersonnel.
Chacun des chapitres raconte l’histoire de ces deux frères, mais sous un mode différent, voir parfois antagoniste, comme si l’histoire n’était pas toujours la même selon l’endroit où l’on se place.
Cette quête n’est, en réalité, rien moins qu’un cri d’amour à un frère tant aimé, que la guerre d’Algérie a abimé profondément.
Les femmes, qu’ils ont parfois partagées, et la musique occupent une large place sans pour autant (pour la musique) que l’on puisse l’expliquer clairement.

« Jamais Michel ne saura s’il a aimé Bernard pour la musique, ou la musique pour Bernard. Jamais il ne saura ce que la musique lui disait, à lui. Son frère parlait peu de celle qu’ils partageaient. Il disait : Tais-toi, écoute ça ! »

Cette construction permet une lecture fluide et rapide, et permet de ne pas tomber dans l’écueil d’une narration linéaire qui retirait tout le charme de ce livre. Le sujet somme toute assez banal, prend, à mon sens, une tout autre dimension ; et de plus laisse toujours un doute quant à la possible note autobiographique. On referme le livre avec cette interrogation obsédante, mais absolument pas gênante. Ce livre est intrigant, et vaut au moins pour cela d’être lu.




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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyJeu 31 Mai 2012 - 21:55

Je viens de terminer Comme une ombre sur les recommandations de Mimi. J'ai presque un an de retard, quel exploit! Razz

Je dois reprendre certains passages et je vous livre bientôt un petit commentaire!

sunny
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyLun 4 Juin 2012 - 18:32

Alors je reviens avec un début de notes sur le livre Comme une ombre, paru chez Grasset.

Je m'aperçois que j'ai surtout relevé des passages concernant la réflexion de Schneider sur sa relation à son frère dans son rapport aux mots/aux morts, à ce qu'ils cachent.

Michel Schneider se livre tout au long de son récit à une réflexion sur le rapport qu’il a avec son passé ce qui l’amène par le fait à réfléchir sur l’acte d’écrire :

Citation :
« Quand on cherche dans le passé, comme un nécrophage, qu’on fouille parmi les dates incertaines, les noms effacés, les talus défleuris, il faut être prêt à toutes les erreurs, les surprises. Ce qu’on trouve n’est pas ce qu’on cherchait, ce ne sont pas des ombres errantes qui viennent à votre rencontre, mais des inconnus, des oubliés, des imposteurs, des figures amies. Je me dis qu’écrire est un drôle de jeu avec la mort, l’immortalité, les revenants. » (p.53)

L’idée de chercher dans la passé est propre à l’homme et partir dans cette direction peut se révéler une aventure surprenante puisque nous ne sommes pas sûrs de trouver ce que nous cherchions. On pense évoquer des figures connues et on s’aperçoit que plus on les côtoie ces figures disparues plus on s’aperçoit que finalement elle nous échappe. Il est certainement déroutant de faire cette expérience. « Des imposteurs » dans le sens où on se sent trahi mais finalement on aime ces « figures amies ».
Quant à l’immortalité, là tout de suite, cela me fait penser à Kundera, que je dois relire !
Michel Schneider s’interroge sur l’écriture, et moi, sur la lecture. Ecrire, lire, partir à la rencontre des autres, ici ou là, finalement nous sommes tous à la recherche de Marcel ! Razz

Il continue plus loin avec les revenants :

Citation :
« Avec les revenants, j’ai du mal. Du mal à les tenir. D’ordinaire, je les aime bien, dans les films ou les livres. Mais qu’ils ne s’visent pas de réapparaître, les vrais, les nôtres, comme on dit de ceux qui ne sont plus, qui ne sont plus rien, mais qui s’obstinent à demeurer dans le monde des vivants. Ils attendent réparation et crient vengeance pour les injustices qu’ils ont commises. Un comble. Ce ne sont pas des gentils spectres qu’on pourrait faire entrer dans la danse. Ils cassent l’ambiance, avec leurs silences, leur tristesse, leur colère. » p.53

Ce qu’il évoque, il me semble, à travers ces revenants, c’est l’écho de ses propres frustrations. D’une part, les morts reviennent nous visiter sans qu’on les ait invités et en plus ils nous harcèlent et nous narguent car ils ont emporté avec eux une part de mystère et en plus ils sont lâches car ils ne peuvent nous répondre alors que l’on a toujours plein de questions.
Finalement peut-on se débarrasser des morts ? Pourquoi nous hantent-ils ?

Je reviens plus tard. Wink
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MessageSujet: Re: Michel Schneider   Michel Schneider EmptyLun 4 Juin 2012 - 21:51

Quand Michel Schneider réfléchit à la façon de parler de son frère, soudain, il s'interroge :

Citation :
« Devais-je inventer mon frère ? Me mettre à sa place ? Qu’en dire qui ne soit mensonges, inventions, illusions ? Bernard. Répéter sans fin les syllabes de son prénom, comme un mot d’une langue morte, quoi d’autre ? Comment dire ce qu’il était ? Sa désintégration. Je ne pouvais que reconstituer le portrait brisé de mon double noir. Evoquer le passé en morceaux. Le raconter à l’envers. Ne pas chercher à savoir entre lui et moi qui était qui. Ne pas distinguer entre les sujets de chaque verbe dans les phrases remémorées ou inventées, au risque de m’embrouiller dans le désordre de la mémoire, et le lecteur de mon roman avec moi. Assujetti à l’incertitude des personnes qui parlent, et exilé dans la discordance des temps, ne devrais-je pas essayer d’y mettre de l’ordre, de la logique. Sans doute me faudra-t-il un jour écouter mon éditeur : « Chronologique, sois chronologique ; pas de temps figé, entrecoupé de retours en arrière. Avance, noue, dénoue. Il faut un ordre, une progression, une énigme qui peu à peu se résout. » Comment lui faire comprendre qu’à part le chagrin, rien ne passe, tout se redit ? Les histoires veulent qu’on les dise, mais demeurera toujours dans ce qui sera dit une part de non encore dit qui nous contraindra au devoir douloureux de la répétition. »p. 64

Et finalement, je m'interroge avec lui, c'est malin! On n'est pas prêt d'arriver à résoudre cette énigme! A défaut de livrer des réponses, je vous livre mes questions!
Oui, comment évoquer un proche sans le trahir? Comment s'y prendre pour en parler sans perdre le lecteur, sans se pedre soi-même? Il finit par constater que tout n'est que répétition : de nouveau plonger dans le passé, de nouveau affronter le chagrin et pour quel résultat? Le trahir? Les questions semblent demeurer sans réponse. Les phrases ne se font plus personnelles comme pour instaurer une distanciation.

J'ai trouvé un passage où il tente de parler de l'amour fraternel, mais, là également, les mots trahissent le doute :


Citation :
« Cinquante ans après, je réécoute l’Adagio. Beaucoup de musiques me font encore pleurer – quoique, avec l’âge, les larmes tarissent comme le reste – mais pas comme celle-là. Sans doute parce que j’avais quinze ans en 1959 et que j’aimais Bernard qui me l’avait donnée comme un gage – de quoi ? J’aimais mon frère caché dans cette musique. Je l’aimais comme on n’ose même pas aimer Dieu, et comme jamais je n’ai aimé une femme. Je mens. Pas tant que ça. Je veux dire : je ne l’aimais pas tant que ça, et je dis : je ne mens pas tant que ça. Je croire dire : je l’aimais plus que tout, et je dis : je ne l’aimais pas tant que ça. Je pourrais divaguer, affirmer que tout est faux aussi dans cette phrase : J’aimais Bernard. Quand on pense à quelqu’un en écoutant de la musique les larmes aux yeux, ce n’est pas sur lui qu’on pleure, mais sur la musique, ou sur celui qu’on était quand il était encore là. » p.162

Bernard qui avait du mal avec les mots lui a fait ce cadeauu. Mais au final, il semblerait que ce disque résonne comme un fardeau, une douleur. Ces hésitations écrites permettent de comprendre les phases traversées par l'auteur pour nuancer sa pensée sur la difficulté de dire ou plutôt d'écrire les sentiments qui l'unissaient à son frère.

Et je termine ce soir par un dernier court extrait :
Citation :

« Il est temps que j’écrive à mon frère que je l’ai aimé et trahi. On ne trahit que ceux qu’on aime. Si je n’écris pas sa vie, je le trahis, et si je l’écris, ce sera une autre trahison. Je suis son traître, il est le mien. Deux faux frères. C’est ça le thème de mon roman." p. 222

Il reste une centaine de pages au livre et l'auteur arrive en partie à livrer enfin le sujet du roman. Une histoire de double, de doute, de trahison et d'amour.
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