[Manga] Mase Motoro (Ikigami - Préavis de mort)

Ikigami.

Au Japon, dans une époque légèrement éloignée de la notre.
Le pays a trouvé une solution originale et macabre à la criminalité et aux divers délits, et également à l'improductivité : injecter, lors des vaccinations, une capsule à un enfant sur mille. Cet enfant, entre ses 18 et 24 ans mourra d'une crise cardiaque, due à l'explosion de cette capsule.
Ceci est fait dans le plus grand anonymat, et jusqu'au dernier moment, personne ne sait s'il va mourir ou non.

24h avant l'heure fatidique, un homme de l'état civil vient, et remet à la personne l'Ikigami. Il lui reste 24h pour profiter de ses dernières heures d'existence.

Ainsi les gens doivent comprendre l'importance de la vie, la respecter, l'honorer, et en profiter pleinement. Ce qui veut aussi dire : travailler dur et à fond.


Dans ce manga (pour l'instant 7 tomes en France - 9 au Japon), on suit Fujimoto, le fonctionnaire chargé de remettre des Ikigami dans sa ville. Il doute lorsqu'il voit les conséquences de l'Ikigami (certains profitent de ces dernières heures pour se venger, pète un câble et sombre dans la violence), il se demande s'il est vraiment nécessaire d'être confronté à la mort pour apprécier la vie.

Chaque tome est composé de deux ou trois dernières journées de condamnés. Tous avec des profils différents, permettant de donner un aperçu des différentes catégories de personnes. Comment chacun réagit face à sa mort prochaine.



Ikigami me laisse un peu perplexe à chaque lecture. Certes y'a un peu de critique du système de terreur mis en place... mais globalement chaque mort trouve une signification et des conséquences positives. Et ça met sacrément mal à l'aise...
Cette mise en avant de "Mort pour la Patrie" et qui a, en plus, permis de guider telle âme perdue, d'aider telle personne en souffrance... Les condamnés se retrouvent souvent d'abord très en colère, prêts à tout péter, pour finalement aider leur prochain (notamment à ne pas faire les mêmes erreurs que le porteur de l'ikigami a fait).

Bref.
Très moralisateur.


Le coup de crayon dépasse un peu le manga basique. Les expressions du visage sont parfois terrifiantes, et il s'en dégage pas mal de violence, de frustration, de colère.
Sans être un grand Wa! c'est tout de même bien absorbant comme ambiance.


Aux tomes 4-5, Fujimoto semble se rapprocher de plus en plus de la critique du système, et plane la menace de la police de la Loi pour la Prospérité Nationale...

J'ai lu les trois premiers pour le moment ; je n'avais pas vu le côté moralisateur. D'un mal peut naître un bien, et là on insiste plutôt sur le bien. Qui n'arrive parfois qu'en bout de course, parce que le type qui apprend qui n'a plus que 24 heures à vivre est parfois tenté de réglé ses comptes, et fait donc beaucoup de mal...
Au bout du compte, notre héros s'interroge sur le bien fondé du système.

Et : oui, c'est vraiment bien absorbant !
Se demander qui va recevoir l'ikigami... quelle va être la réaction du récipiendaire...

Si ça "met sacrément mal à l'aise...", c'est donc que ce n'est donc pas simplement moralisateur, non ?

eXPie a écrit:

J'ai lu les trois premiers pour le moment ; je n'avais pas vu le côté moralisateur. D'un mal peut naître un bien, et là on insiste plutôt sur le bien. Qui n'arrive parfois qu'en bout de course, parce que le type qui apprend qui n'a plus que 24 heures à vivre est parfois tenté de réglé ses comptes, et fait donc beaucoup de mal...
Au bout du compte, notre héros s'interroge sur le bien fondé du système.

Et : oui, c'est vraiment bien absorbant !
Se demander qui va recevoir l'ikigami... quelle va être la réaction du récipiendaire...

Si ça "met sacrément mal à l'aise...", c'est donc que ce n'est donc pas simplement moralisateur, non ?

Non pas seulement moralisateur.

Mais ça me met mal à l'aise, que tout finalement se mette bien en place à la mort du récipiendaire (ouwaou le mot). L'impression d'une valorisation de Harakiri tvois ? Du nationalisme aussi.
Même si y'a la remise en question par Fujimoto... c'est pour l'instant pas très évident. Mais c'est pas mal aussi... Du formatage peut naître des esprits divergents, faut juste trouver la force de se rebeller.
(Fait presque penser à du 1984 ou Meilleur des mondes non ?)

Etrange... Je regarderai si je le trouve en librairie.

Marko a écrit:

Etrange... Je regarderai si je le trouve en librairie.

Oh tu trouveras, stune grosse vente popu.

Je l'avais vu traîner à la devanture d'une librairie BD/Manga/Comics et me demandais de quoi il s'agissait... à la couverture, je sentais un truc "à la Deathnote", mais finalement, si ça y ressemble un peu, ça a l'air original. Mais si ça reste moralisateur, c'est pas la peine (quoiqu'à mon avis, ça risque de passer au bout d'un ou deux tomes).

J'ai tout de même du mal à comprendre en quoi l'existence des "capsules" va réduire la criminalité...

Ezechielle a écrit:

Je l'avais vu traîner à la devanture d'une librairie BD/Manga/Comics et me demandais de quoi il s'agissait... à la couverture, je sentais un truc "à la Deathnote", mais finalement, si ça y ressemble un peu, ça a l'air original. Mais si ça reste moralisateur, c'est pas la peine (quoiqu'à mon avis, ça risque de passer au bout d'un ou deux tomes).

J'ai tout de même du mal à comprendre en quoi l'existence des "capsules" va réduire la criminalité...

Ben... le fait d'être potentiellement condamné, fait que t'es censé tout faire pour vivre une vraie vie jusqu'à ce moment "fatidique". Donc, tu vas pas passer ton temps à risquer ta vie ou à finir en taule alors que tu peux mourir avant 25 ans.

Voilà.

La mort qui plane ferait qu'on protège la vie.
(Mais ils expliquent aussi que la criminalité est toujours là, et remonte même un peu)

J'ai bouclé le tome 5.

ça commence à pas mal tourner autour des fanatiques du Kokuhan, prêt à dénoncer quiconque balance un truc louche sur la Loi de la Prospérité... et autour des rebelles, de l'injustice d'une telle loi, de la remise en question par le peuple de ce système.

ça frôle la folie paranoïaque, tout le monde se méfie de tout le monde, et la violence explose (mais elle est bien vite réprimée).

C'est intéressant... à se demander comment ça va évoluer tout ça.

On sent que le Fujimoto pourrait bien rejoindre un groupe de dissidents...

Et les dessins sont vraiment bien foutus des fois.

Tu as parfaitement lançé le "pitch" Queenie. Mais ne raconte pas tout, ceux qui sont en train de le lire (je n'ai fini que le tome 2) voudraient peut-être garder le suspense...

Pour l'instant; c'est vrai que ce côté "moralisateur" dont tu parlais, peut transparaître dans l'histoire de ceux qui vont mourir (encore que...). Mais le récit concernant l'évolution de Fujimoto, le livreur d'"Ikigami", vis à vis des rouages du système et de la banalisation de l'idée de vie/mort est vraiment prenant.

Je ne tarderai pas à m'acheter les 2 prochains tomes. Mais il faut que je me remette aux romans !

J'ai un petit peu honte, et jamais eu le temps, de terminer Ikigami... Faudra...

Mais là, je vais parler de la nouvelle série de Motorô qui commence (2 tomes parus en France pour l'instant). Exini, tu l'avais peut-être terminé ? (Si tu m'entends dans les empilements de cartons)



démokratia


Deux petits génies de la robotique et de l'informatique se retrouvent autour d'un projet ambitieux : un androïde contrôlé démocratiquement par des internautes anonymes.
De là, leur question est : est-ce qu'ils tiennent pas ce qui mènerait à l'être parfait ?



En gros, ils présupposent que les gens, à la majorité, prennent les bonnes décisions.
L'androïde évolue dans un monde réel mais crypté (de manière à ce que les internautes ne puissent pas le localiser, et qu'il évolue en immersion total comme un véritable être humain). Tous ses mouvements, actions et paroles, sont décidés par les internautes. Chacun suggère une proposition. Un premier vote détermine 5 choix : les 3 plus populaires et les 2 moins populaires. Ainsi, il reste toujours le choix de la minorité, jusqu'au bout.

Dans le premier tome, c'est la découverte du procédé mis en place. Mais surtout c'est une nouvelle fois la peinture de portraits de personnages - ceux qui "manipulent" l'androïde (une femme du nom de Mai) et ceux qu'elle rencontre.
Comme dans Ikigami, Motorô s'intéresse à l'aspect social. Il dépeint des personnages soumis à une société, des parents, un mode de pensée, qui ne les correspond pas, et où ils ont du mal à trouver leur place.
On a droit à l'étudiant poussé par ses parents dans ses études, mais qui rêve secrètement d'être charpentier bouddhiste, sans pouvoir leur en parler.
Au gars gros et moche, qui n'arrive pas à trouver un boulot, un ami ou une copine, et qui cultive une haine de plus en plus forte contre la société.

Dans ce premier tome, on sent que Motorô pose déjà les questions de destinée, comment l'affronter, quels choix on peut avoir, ce que l'on peut en faire.
Son cadrage, et l'expressivité des visages, sert parfaitement à montrer l'enfermement dans lequel ils semblent tous plus ou moins victimes.
Toute une palette intense d'émotions prend vie sous les coups de crayon du mangaka, donnant une humanité attachante ou terrifiante à ses personnages.