Un peintre, un auteur 3 : Pierre Soulages

Merci pour ce fil très intéressant. Tous vos commentaires permettent peu à peu de mieux cibler les objectifs poursuivis par Soulages à travers la construction de son œuvre…

Moi aussi, celle-ci me laisse plutôt dubitative…
J’aime bien l’idée que tente d’exprimer le peintre à travers ses tableaux « lumineux », mais une seule bonne idée justifie-t-elle des années de travail, la création de nombreuses toiles qui servent uniquement de déclinaisons à l’ « original », ce qu’on peut appeler la première œuvre qui a marqué l’édifice de toute une longue série ? Bien sûr, Soulages a également été à l'origine d'autres tableaux mais ce ne sont pas ceci que l'on retient lorsque l'on parle de son travail.
Depuis 1980, en 30 ans, Soulages n'a-t-il eu aucune autre idée neuve ? Si on veut voir le bon côté de la chose, on pourra lui trouver un acharnement certain, c'est la moindre des choses...

A propos de Pierre Soulages dans Quand y a-t-il de l’art ? de Nelson Goodman :

« Les propriétés d’une peinture « puriste » sont celles que l’image rend manifestes, choisit, celles sur lesquelles elle se concentre, qu’elle exhibe, […] –celles qu’elle fait ressortir- en bref, ces propriétés qu’elle ne possède pas simplement, mais qu’elle exemplifie, dont elle est un échantillon. »

« Exemplifier est à coup sûr symboliser –l’exemplification n’est pas moins que la représentation ou l’expression, une forme de référence. Une œuvre d’art, pour être libre de toute représentation et expression, est encore un symbole, même si elle ne symbolise ni des choses, ni des gens, ni des sentiments, mais certains aspects de forme, couleur, texture, qu’elle fait ressortir. »

Merci pour ces vidéos Marko.
La deuxième est particulièrement intéressante. Étrange comme les peintures "noires" deviennent lumineuses lorsqu'elles sont plongées dans une obscurité partielle...

Mais les explications de Soulages ne me convainquent toujours pas entièrement... J'ai l'impression qu'il faut faire preuve d'un grand travail d'auto-persuasion pour arriver à ressentir ce que lui-même dit éprouver lorsqu'il regarde ses étoiles. Je n'ai même plus l'impression qu'il s'agit d'un travail artistique mais d'une démonstration scientifique qui se ferait par l'intermédiaire de moyens artistiques...

Mais c'est toujours intéressant à écouter, chercher à comprendre...

Oui, on nous dit que le noir n'est pas tout à fait du noir, oui, d'accord. Et alors ? Qu'est-ce que ça change au fait que c'est bien pauvre... Ce n'est pas désagréable (j'allais dire que ce n'est même pas moche), mais de là à dire que Soulage est un peintre important de la deuxième moitié du XX° siècle, ça paraît tellement excessif... (on pourrait citer tellement de peintres plus importants !).
L'appel à une relation émotionnel avec le monde...

Si l'appréciation de ses oeuvres se base sur l'émotion, c'est sûr que c'est un peu binaire : on ressent quelque chose -> on aime ; on ne ressent rien -> on n'aime pas...

Sa toile de 1946, au début de la deuxième vidéo, pour moi ce n'est qu'un gribouillis, je ne vois pas de construction, d'inspiration, de nécessité, j'ai l'impression qu'il a pris son gros pinceau, qu'il a fait hop hop, et voilà, le gribouillis est sur la toile. Mais, comme pour pas mal de musiques contemporaines, je dois être sourd ou aveugle à quelque chose.

Le reflet de la peinture, oui c'est pas mal... mais de là à faire combien de toiles, sur ce principe ? "C'est une peinture qui vous met face à vous même", c'est hyper cliché (mais faux pour autant ou pas ? un miroir aussi nous renvoie à nous-même).

C'est vraiment un mystère pour moi, tout ça...

inauguré le 31 mai 2014



site

pour les adeptes de ce peintre?


 
Lydie Dattas, La Blonde. Les icônes barbares de Pierre Soulages

Citation :

«Depuis toujours dans l’histoire de l’humanité, quand les nœuds de la civilisation sont devenus si serrés qu’ils ne laissent plus passer le sang de la Vie, un Barbare arrive avec une hache et dit : "ça suffit". Soulages est ce barbare éclairé qui fait table rase de tout pour retrouver l’essentiel. Dans cet Occident qui valorise les images au détriment des personnes, comment n’être pas fasciné par les présences anthracites du seul prophète de toute l’histoire de la peinture?»
Lydie Dattas.

Bonsoir,

J'ai eu le plaisir et la chance de pouvoir me rendre au musée Pierre Soulages de Rodez cet été. Après avoir vu la rétrospective au Centre Pompidou je me faisais une joie de me laisser couler de nouveaux dans ses œuvres.

Connaissant assez bien les peintures (et les vitraux pour avoir été les voir à Conques) je ne me souvenais plus des gravures du grand monsieur.
J'avoue avoir été frappée par son travail des plaques de zinc et de cuivre, par les différentes impressions et par la richesse des matières et des rendus. En illustration une des gravures du musée.

Par contre j'ai regretté qu'il n'y aie pas plus de grands tableaux. Pour cela la rétrospective m'avait beaucoup plus sevrée.

Hélo.