Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Alain Mabanckou [République du Congo]

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MessageSujet: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptyMer 9 Mai 2007 - 23:50

Alain Mabanckou [République du Congo] Mabanc10
Biographie de l'auteur
Né au Congo-Brazzaville, Alain Mabanckou vit aux Etats-Unis et enseigne la littérature francophone à l'université de Californie-Los Angeles. Son roman Verre Cassé, publié au Seuil, lui a valu le prix Ouest-France / Etonnants Voyageurs, le prix des Cinq Continents de la Francophonie et le prix RFO du livre.

Citation :
Bibliographie/Index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)

Romans et récits
1998 - Bleu-Blanc-Rouge
2000 - L'Enterrement de ma mère
2001 - Et Dieu seul sait comment je dors
2002 - Les Petits-fils nègres de Vercingétorix
2003 - African Psycho
2005 - Verre cassé Pages 1, 2, 3
2006 - Mémoires de porc-épic Pages 1, 2, 3, 4
2009 - Black Bazar Pages 2
2010 - Demain j'aurai vingt ans Pages 3, 4
2013 - Lumières de Pointe-Noire Pages 4
Poésie
1993 - Au jour le jour
1995 - La Légende de l'errance
1995 - L'Usure des lendemains
1997 - Les arbres aussi versent des larmes
1999 - Quand le coq annoncera l'aube d'un autre jour...,
2007 - Tant que les arbres s'enracineront dans la terre
Essais
2007 - Lettre à Jimmy (James Baldwin
2009 - L'Europe depuis l'Afrique
2011 - Écrivain et oiseau migrateur
2012 - Le Sanglot de l'homme noir
Anthologie
2010 - Six poètes d'Afrique francophone (Senghor, Birago Diop, Dadié, Loutard, U Tam'si et Rabemananjara
Livres pour la jeunesse
2010 - Ma Sœur Etoile

Citation :
Arrêté à la page 4 le 13/01/2013


Mémoires de porc-épic


"C'est un livre qui m'a été inspiré par les contes et légendes que me racontait ma mère, lorsque j'étais enfant. En ce temps-là, on nous disait que chaque être humain qui venait sur Terre venait toujours avec un animal, et cet animal devenait en quelque sorte son double"


Sorte de fable philosophique où le lecteur incrédule se retrouve transporté en Afrique, au coeur des rites et des croyances de son preuple. On est partagé entre le rire et la tendresse, souvent surpris par le bon sens des propos.
Ce Porc-Epic a une mission : "manger" les humains qui oseraient nuire à Kibandi, son maître. On suit les péripéties truculentes de ce sympathique animal qui nous délivre au passage un tas de réflexions très drôles et pertinentes sous formes d'adages.
Mabanckou épingle joyeusement le genre humain et on sourit de sa malice. Les clins d'oeil et le allusions ne manquent pas et Edgar Poe ou Hemingway se retrouvent implicitement cités tout comme est parodié le mythe de Narcisse (passage sur Amédée l"intellectuel")
Bref, on ne s'ennuie pas et les histoires défilent à vitesse grand V (aidées par l'absence de ponctuation )
Un récit original qui m'a laissé un sourire au coin des lèvres et certaines vérités à méditer telles celle-ci:

j'ai appris des hommes le sens de la digression, ils ne vont jamais droit au but, ils ouvrent des parenthèses qu'ils oublient de refermer

Un bon moment de lecture!Very Happy
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Lou
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Lou


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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptyVen 11 Mai 2007 - 12:15

Mon avis sur le porc-épic :)

L’histoire : un porc-épic se confie à un baobab suite à la mort de son maître Kibandi. C’est ainsi que l’on apprend qu’il existe des doubles pacifiques, très sympathiques et fort utiles, ainsi que des doubles nuisibles, chargés de commettre les pires atrocités au nom de leur maître. Bien évidemment, notre petit porc-épic est de cette trempe (car sinon, qu’aurait-il eu à nous raconter ?).

De son côté, suite à un rite initiatique et après avoir goûté un breuvage abject, Kibandi s’est vu pourvu d’un double et de certains pouvoirs. C’est ainsi qu’il apprend à lire seul et devient le meilleur charpentier de la région. Suite à la cérémonie, il reçoit également pour double nuisible le petit porc-épic, qui va l’accompagner tout au long de sa vie et, en principe, mourir à ses côtés.

Notre héros raconte donc les meurtres perpétrés au nom de son maître. Voisins peu respectueux, lettrés arrogants, fiancée inaccessible, tous périront à coups de piques de porc-épic. Les traces disparaîtront ensuite, le meurtre restant inexpliqué. C’est ainsi que les initiés pourvus de doubles maléfiques « mangent » leurs ennemis. Même l’épreuve du cadavre accusateur – le cercueil confondant son meurtrier – restera sans effet. Jusqu’au centième meurtre à venir. Là, les esprits se vengeront et causeront la mort de Kibandi, laissant le porc-épic seul en vie pour nous raconter son histoire.

Mon avis : ce roman se lit d’une traite et il est difficile de quitter notre ami porc-épic à qui l’on s’attache facilement. Débordant d’humour, cette petite histoire hautement ironique et racontée par le plus sympathique des meurtriers a le mérite de nous dépayser, de nous arracher à la pluie et aux nuages de la métropole pour nous inviter sur les terres d’Afrique aux couleurs chaudes et ensoleillées. Faisant allusion à la littérature africaine, ce livre est une invitation à la lecture et nous incite à découvrir les conteurs traditionnels méconnus en Europe. Ces « mémoires » sont aussi un clin d’œil à la littérature occidentale, pour le plus grand bonheur des lecteurs amoureux d’Edgar Allan Poe, de Faulkner et d’Hemingway.

Respectant une ponctuation minimale (ni majuscule, ni point), ce récit nous entraîne à une allure folle dans des aventures rocambolesques, tandis que le porc-épic se fait une joie de nous rappeler nos propres travers. Le sourire aux lèvres, nous assistons donc à la périlleuse aventure du jeune (Narcisse) Amédée qui, pour mieux se contempler dans les eaux du fleuve, se perche sur une pierre recouverte de mousse et tombe à l’eau, y laissant un peu de sa dignité.

Fiction et réalité, imaginaire et histoire sont entremêlés dans Mémoires de porc-épic, et l’on est si vite happés par ce roman que l’on attend d’avoir lu la dernière ligne pour reprendre notre souffle et nous interroger sur l’honnêteté douteuse du narrateur.
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptyLun 18 Juin 2007 - 19:00

J'ai "verre cassé" dans ma PAL mais j'avoue que je ne suis pas plus pressée que ça de le lire ; il prend à ce que j'ai compris de grandes libertés avec la ponctuation ou la syntaxe et j'ai peur que ça me déplaise... Rolling Eyes
Quelqu'un l'aurait-il lu?
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptyJeu 12 Juil 2007 - 9:17

Citation :
Quelqu'un l'aurait-il lu?
Je n'avais pas vu, excuse moi. Oui, je l'ai lu. Et bien aimé, c'est drôle et touchant.
Oui, il ne ponctue pas son texte , mais aussi il s'est arrangé pour mettre dans le livre les titres de nombreuses oeuvres littéraires françaises, et c'est un vrai jeu de piste de les reconnaitre!
J'en avais recopié un extrait ailleurs, j'essaierai de retrouver pour te donner une idée.
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptyJeu 12 Juil 2007 - 12:21

Merci pour ta réponse, Marie Wink
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 9:18

J'ai retrouvé - ça et autre chose, grands dieux Shocked -


" L'histoire "très horrifique" du Crédit a voyagé, un bar congolais des plus crasseux, nous est contée ici par l'un de ses clients les plus assidus, Verre Cassé, à qui le patron a confié le soin d'en faire la geste en immortalisant dans un cahier de fortune les prouesses étonnantes de la troupe d'éclopés fantastiques qui le fréquentent. . dans cette farce métaphysique où le sublime se mêle au grotesque, Alain Mabanckou nous donne à voir grâce à la langue rythmée et au talent d'ironiste qui le distinguent dans la jeune génération d'écrivains africains, loin des tableaux ethniques de circonstance, un portrait vivant et savoureux d'une autre réalité africaine"

Alain Mabanckou est né au Congo-Brazzaville en 1966. Il a déjà publié six recueuils de poésie et quatre romans, parmi les quels "Bleu-Blanc-Rouge", "Les Petits-Fils nègres de Vercingétorix" et African Psycho. Il a obtenu le Grand Prix littéraire d'Afrique noire en 1999. Il enseigne aujourd'hui les littératures francophones et afro-américaine à l'université du Michigan.

Un extrait du début, en feuilleton..

Premiers feuillets


il faut que j'évoque d'abord la polémique qui a suivi la naissance de ce bar, que je raconte un peu le calvaire que notre patron a vécu, en effet on a voulu qu'il pousse son dernier soupir, qu'il rédige son testament de Judas, ça a commencé avec les gens d'Eglise,qui, s'apercevant que le nombre de leurs fidèles diminuait les dimanches, ont mené une véritable guerre sainte, ils ont jeté chacun leur Bible de Jérusalem devant Le Crédit a voyagé , ils ont dit que si ça continuait comme ça y aurait plus de messes dans le quartier, y aurait plus de transes lors des chants, y aurait plus de Saint-Esprit qui descendrait au quartier Trois-Cents, y aurait plus d'hosties noires et croustillantes, y aurait plus de vin sucré, le sang du Christ, y aurait plus de garçons de choeur, y aurait plus de soeurs pieuses, y aurait plus de bougies, y aurait plus d'aumône,y aurait plus de première communion, y aurait plus de deuxième communion, y aurait plus de cathéchisme, y aurait plus de baptême, y aurait plus rien du tout, et alors tout le monde irait droit en enfer, et puis il y a eu le coup de force des cocufiés du week end et des jours fériés, ils ont prétendu que si leurs femmes ne préparaient plus de la bonne nourriture, si leurs femmes ne les respectaient plus comme les dames du temps jadis, c'était pour beaucoup à cause du Crédit a voyagé, ils ont dit que le respect, c'était important, qu'il n'y avait pas mieux que les femmes pour respecter les maris parce que ça a toujours été comme ça depuis Adam et Eve,
et ces bons pères de famille ne voyaient pas pourquoi on devait révolutionner les choses,fallait donc que leurs femmes rampent, qu'elles suivent les consignes des hommes, ils ont dit ça, mais en vain aussi, et puis il y a eu les intimidations d'une vieille association d'anciens alcoolos reconvertis en buveurs de flotte, de Fanta, de Pulp'Orange, de grenadine, de bissap sénégalais, de jus de pamplemousse ou de Coca-Cola light trafiqué au Nigéria avec des feuilles de chanvre indien, ces gars intégristes ont assiègé le bar pendant quarante jours et quarante nuits, mais en vain aussi, et puis il y a eu une action mystique des gardiens de la morale traditionnelle, des chefs de tribu avec leur gris-gris qu'ils jetaient à l'entrée de l'établissement, avec leurs paroles de malédiction qu'ils adressaient au patron du Crédit a voyagé , avec des âmes mortes qu'ils faisaient parler, et ils prophétisaient que le commerçant allait crever à petit feu, qu'ils allaient le pousser doucement à prendre lui même un ascenseur pour l'échafaud, mais en vain aussi, et puis il y eu enfin une action directe des groupes de casseurs payés par quelques vieux cons du quartier qui regrettaient la Case de Gaulle, la joie de mener une vie de boy, une vie de l'époque de l'exposition coloniale et des bals nègres de Joséphine Baker gesticulant avec des bananes autour de la taille, et alors ces gens de bonne réputation ont tendu un piège sans fin au patron avec leurs casseurs cagoulés qui sont venus au milieu de la nuit, au coeur des ténèbres, ils sont venus avec des barres de fer de Zanzibar, des massues et des gourdins du Moyen Age chrétien, des sagaies empoisonnées de l'ère de Chaka Zulu, des faucilles et des marteaux communistes, des catapultes de la guerre de Cent Ans, des serpes gauloises, des houes pygmées, des cocktails Molotov de mai 68, des coupe-coupe hérités d'une saison de machettes au Rwanda, des lance-pierres de la fameuse bagarre de David contre Goliath, ils sont venus avec tout cet arsenal impressionnant, mais en vain aussi, et ils ont quand même démoli une partie de l'établissement, et toute la ville en a parlé, et toute la presse en a parlé," la rue meurt"," La Semaine africaine", Mwinda", "Mouyondzi Tribune", il y a même eu des touristes qui venaient des pays voisins pour voir ce lieu de très près comme des pélerins visitant le mur des Lamentations, et ces touristes prenaient des photos en pagaille pour je ne sais quel but, mais ils prenaient quand même des photos, il y en a même parmi les habitants de cette ville qui n'avaient pas mis les pieds dans le quartier Trois-Cents et qui le découvraient avec stupéfaction, ils se demandaient alors comment les gens faisaient pour vivre en parfaite cohabitation avec les immondices, les mares d'eau, les carcasses d'animaux domestiques, les véhicules brûlés, la vase, la bouse, les trous béants des artères et les maisons qui étaient au bord de l'effondrement, et notre barman a donné des interviews à gauche et à droite, et notre barman est devenu du jour au lendemain un martyr, et notre barman est passé du jour au lendemain dans toutes les émissions


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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 9:21

.il a parlé en lingala du nord du pays, en munukutuba de la forêt du Mayombe, en bembé des habitants du pont de Moukoukoulou qui ont la manie de régler leurs différends au couteau, et tout le monde le connaissait maintenant, il devenait célèbre, il inspirait de la pitié, on voulait l'aider, il y a même eu des lettres de soutien, des pétitions pour ce brave type qu'on a alors commencé à appeler "L'Escargot entêté", mais il fallait surtout compter avec les soûlards qui sont toujours solidaires jusqu'à la dernière goutte de vin et qui sont donc passés à l'action, ils se sont retroussés les manches pour réparer les dégats matériels causés par les gens qui regrettent l'exposition coloniale, la Case de Gaulle, les bals nègres de Joséphine Baker, et cette histoire banale pour certains est devenue un fait national , on a parlé de "l'Affaire Le Crédit a voyagé", le gouvernement en a discuté au Conseil des ministres, et certains dirigeants du pays ont réclamé la fermeture immédiate et sans condition de l'établissement, mais d'autres s'y sont opposés avec des arguments à peine plus convaincants , du coup le pays a été divisé en deux pour cette petite querelle de lézards, et alors, avec l'autorité et la sagesse qu'on lui connaissait désormais, le ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises, Albert Zou Loukia, a élevé la voix, il a fait une intervention mémorable, une intervention qui est restée ici comme un des plus beaux discours politiques de tous les temps, le ministre Zou Loukia a dit à plusieurs reprises " j'accuse" , et tout le monde était si médusé que dans la rue, pour un oui ou pour un non, pour une petite dispute ou une injustice mineure, on disait "j'accuse", et même le chef du gouvernement a dit à son porte-parole que ce ministre de l'Agriculture parlait bien, que sa formule très populaire de "j'accuse" resterait dans la postérité, et le Premier ministre a promis qu'au prochain remaniement du gouvernement on confierait au ministre de l'Agriculture le portefeuille de la culture, il suffirait alors de rayer les quatre premières lettres du mot "agriculture", et jusqu'à ce jour, on s'accorde à reconnaitre que le ministre avait fait un discours brillant, il récitait des pages entières des livres de ces grands auteurs qu'on cite volontiers à table, il suait comme chaque fois qu'il était fier d'avoir séduit par son érudition, et c'est ainsi qu'il avait pris la défense de crédit a voyagé, il avait d'abord loué l'initiative de l'Escargot entêté qu'il connaissait bien pour avoir été à l'école primaire avec lui, puis il avait conclu en disant ces mots que je cite de mémoire:
" Mesdames et Messieurs du Conseil, j'accuse, je ne veux pas être le complice d'un climat social aussi moribond que le nôtre, je ne veux pas cautionner cette chasse à l'homme par mon appartenance à ce gouvernement, j'accuse les mesquineries qui s'abattent sur une personne qui n'a fait qu'imprimer un itinéraire à son existence, j'accuse l'insipidité des agissements rétrogrades de ces derniers temps, j'accuse l'incivilité des actes barbares orchestrés par des gens de mauvaise foi, j'accuse les outrages et les défis qui sont devenus monnaie courante dans notre pays, j'accuse la complicité sournoise de tous ceux qui prêtent le bâton aux casseurs, aux fauteurs de troubles, j'accuse le mépris de l'homme par l'homme, le manque de tolérance, l'oubli de nos valeurs, la montée de la haine, l'inertie des consciences, les crapauds-brousse d'ici et d'ailleurs, oui, Mesdames et Messieurs du Conseil, voyez comme le quartier Trois-cents est devenu une cité sans sommeil, avec un visage de pierre, or cet homme que l'on appelle désormais L'Escargot entêté, en dehors du fait qu'il ait été un de mes anciens camarades de classe, très intelligent par ailleurs, cet homme qu'on traque aujourd'hui est victime d'une cabale, Mesdames et Messieurs du Conseil, consacrons plutôt nos efforts à traquer les vrais bandits, j'accuse donc ceux qui paralysent impunément le fonctionnement de nos institutions, ceux qui brisent ouvertement la chaîne de solidarité que nous avons héritée de nos ancêtres les Bantous, je vous avouerais que le tort de l'Escargot entêté a été d'avoir montré aux autres compatriotes que chacun , à sa manière, pouvait contribuer à la transformation de la nature humaine ainsi que nous l'enseigne le grand Saint-Exupéry dans "Terre des hommes" , c'est pour cela que j'accuse ,et j'accuserai toujours."
le lendemain de l'intervention du ministre Zou Loukia, le président de la République en personne, Adrien Lokouta Eleki Mingi a piqué une colère...........
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 9:22

..... en écrasant les raisins qu'il aimait pourtant manger comme dessert tous les jours, et nous avons appris par Radio-Trottoir FM que le président Adrien Lokouta Ekeli Mingi, qui était par ailleurs général des armées, manifestait sa jalousie quand à la formule "j'accuse" du ministre de l'Agriculture, en fait le président-général des armées aurait voulu que cette formule populaire sorte de sa bouche à lui, il ne comprenait pas que ses conseillers n'aient pas imaginé une aussi courte formule pourtant efficace sur le terrain alors qu'on lui faisait dire des formules ampoulées du genre " Tout comme le Soleil se lève à l'horizon et se couche le soir sur le majestueux fleuve Congo", et alors, vexé, mortifié, diminué, rabaissé, frustré, le président Adrien lokouta Eleki Mingi a convoqué les nègres de son cabinet qui lui vouaient un grand amour, il leur a demandé de bosser comme ils n'avaient encore jamais encore bossé jusque là, il ne voulait plus de formules ampoulées servies par une poésie faussement lyrique, et les nègres de son cabinet se sont mis au garde-à-vous, en ordre, du plus petit de taille au plus grand, comme les Dalton que traque Lucky Luke dans les champs de cactus du Far West, et ces nègres ont dit en choeur " oui, mon commandant", alors que notre président adrien Lokouta Eleki Mingi était un général des armées, il attendait d'ailleurs avec impatience une guerre civile entre nordistes et sudistes pour écrire ses mémoires de guerre qu'il intitulerait en toute modestie " Mémoires d'Adrien" , et le président-général des armées les a tous sommés de lui trouver une formule qui pourrait rester dans la postérité comme le " j'accuse" qu'avait prononcé le ministre Zou Loukia, et les nègres du cabinet présidentiel ont travaillé la nuit entière, à huis clos, ils ont ouvert et feuilleté pour la première fois les encyclopédies qui prenaient de la poussière dans les rayons de la bibliothèque présidentielle, ils ont aussi cherché dans les grands livres écrits en tout petit, ils ont remonté depuis l'origine du monde en passant par l'époque d'un type nommé Gutenberg, et celle des hiéroglyphes égyptiens jusqu'aux écrits d'un certain Chinois qui avait parait-il disserté sur l'art de la guerre et qui avait vécu prétendument à l'époque où on ne savait même pas que le Christ allait naître par une opération du Saint-Esprit et se sacrifier pour nous autres les pécheurs, mais les nègres d'Adrien n'ont rien trouvé d'aussi fort que le "j'accuse" du ministre Zou Loukia, alors le président-général des armées a menacé de virer son cabinet entier s'il n'avait pas son mot pour la postérité, il a dit " pourquoi je vais continuer à payer un tas d'imbéciles incapables de me trouver une formule qui frappe, qui reste, qui marque, je vous préviens que si j'ai pas ma formule avant que le coq n'annonce l'aube d'un autre jour, y aura des têtes qui vont tomber comme des mangues pourries qui tombent d'un arbre, oui pour moi vous n'êtes tous que des mangues pourries, c'est moi qui vous le dis, commencez à faire vos cartons et à chercher un pays catholique pour votre exil, ce sera l'exil ou la tombe, je vous dis, personne ne sort de ce palais à partir de cette minute , que je ne sente même pas l'odeur du café depuis mon bureau, encore moins les cigares Cohiba ou Montecristo, pas d'eau à boire, pas de sandwiches non plus, rien, rien et rien, ce sera la diététique tant que vous ne trouverez pas ma formule à moi, et alors dites moi donc comment ce petit ministre Zou Loukia a trouvé son "j'accuse" dont tout le monde parle dans le pays, hein, les Services de sécurité présidentielle m'ont dit qu'il y a même des bébés qui se prénomment "j'accuse", et que dire alors de toutes ces jeunes filles en chaleur qui se sont fait tatouer cette formule sur leur paire de fesses, hein, et d'ailleurs, ironie du sort, les clients des prostituées exigent que celles-ci aient ce tatouage, vous voyez dans quelle merde vous me foutez, hein, c'était quand même pas sorcier à trouver, cette formule, voyons, est ce que les nègres du ministre de l'Agriculture sont meilleurs que vous, hein, est ce que vous êtes conscients que ses nègres à lui n'ont même pas chacun une voiture de fonction, ils prennent le bus du ministère, ils ont des salaires minables pendant que vous vous la coulez douce ici au palais, vous vous baignez dans ma piscine, vous buvez mon champagne, vous regardez tranquillement les chaînes cablées étrangères qui rapportent n'importe quoi sur moi, vous mangez mes petits fours, vous mangez mon saumon, mon caviar, vous profitez de mon jardin et de ma neige artificielle pour skier avec vos maîtresses, c'est tout juste si vous ne couchez pas avec mes vingt femmes, hein, finalement, dites moi, vous me servez à quoi dans ce cabinet, hein, est ce que je vous paye pour venir vous assoir comme des fainéants ici, hein, autant embaucher comme directeur de cabinet mon chien stupide, bande de bons à rien", et le président Adrien Lokouta Eleki Mingi a claqué la porte de son cabinet en criant de nouveau " bande de nègres, plus rien ne sera comme avant dans ce palais, y en a marre d'engraisser des limaces de votre espèce qui me bavent des conneries, vous serez jugés au résultat, et dire que parmi vous y a des énarques et des polytechniciens, mon cul, oui."
les nègres du cabinet présidentiel se sont mis au travail...
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 9:24

...forcé avec une sagaie de Chaka Zulu et une épée de Damoclès qui pendaient au dessus de leur tête pendant que les échos des dernières paroles du président résonnaient encore dans le palais et alors, vers minuit, commes les idées leur faisaient défaut, parce que dans notre pays on a le pétrole en pagaille mais pas les idées, ils ont songé naturellement à téléphoner à une personnalité influente de l'Académie française qui était parît il le seul Noir dans l'histoire de cette auguste assemblée, et tout le monde a applaudi cette idée de dernière minute, et tout le monde a dit que l'académicien en question n'en serait que plus honoré,et ils ont écrit une longue lettre avec des subjonctifs imparfaits bien roulés, y avait même certains passages émouvants qui étaient en alexandrins, avec des rimes riches, ils ont vérifié la ponctuation de très près , ils ne souhaitaient surtout pas être tournés en dérision par les académiciens qui n'attendent que ça pour démontrer au monde entier qu'ils servent à quelque chose et pas seulement à remettre le Grand Prix du roman, et dire que les nègres du président avaient failli en venir aux mains parce que certains d'entre eux soutenaient qu'il fallait mettre un point-virgule à la place d'une virgule, d'autres ne partageaient pas cet avis et étaient pour le maintien de la virgule afin de donner une cinquième vitesse à la phrase, et ce dernier camp restait sur sa position malgré l'avis contraire du Dictionnaire des difficultés de la langue française d'un certain Adolphe Thomas qui donnait raison au premier camp, et le second camp a maintenu sa position, tout ça pour faire plaisir à l'académicien noir qui, rappelait-on avec déférence, était l'un des premiers agrégés de grammaire française du continent africain, disons que tout ce serait passé comme prévu si les nègres d'Adrien ne s'étaient pas dit que l'académicien ne répondrait pas si vite, que la sagaie de Chaka Zulu et l'épée de Damoclès allaient leur tomber dessus avant un petit signe venant de la Coupole, le nom qu'on donne au bulbe dans lequel ces sages immortels observent le bruissement de la langue et décrètent sans voies de recours que tel texte, c'est le degré zéro de l'écriture, mais y avait une autreraison plus pratique qui avait poussé les nègres à battre en retraite, c'est qu'un membre du cabinet, major de sa promotion à l'ENA et qui possédait les oeuvres complètes du négro-académicien, a prétendu que celui-ci avait déjà lui-même laissé une formule pour la postérité, " l'émotion est nègre comme la raison est hellène", cet énarque a expliqué à ses collègues que l'académicien en question ne pouvait plus trouver une autre formule parce que la postérité c'est quand même pas la cour du roi Pétaud pour qu'on puisse prendre ses libertés plus de cinq fois, on n'a droit qu'à une formule, sinon ça devient du bavardage creux, beaucoup de bruit pour rien, et c'est pour ça que les formules qui entrent dans l'Histoire sont courtes, brèves et incisives, et comme ces formules traversent les légendes, les siècles et les millénaires, les gens oublient malheureusement qui en ont été les vrais auteurs et ne rendent plus à Césaire ce qui est à Césaire


sans désespérer les nègres du président-général des armées ont trouvé un autre truc de dernière minute , ils ont décidé de mettre leurs idées et leurs découvertes dans une corbeille, ils ont dit que c'était ça qu 'on appelait le brainstorming dans les grandes écoles que certains d'entre eux avaient fréquentées aux Etats-Unis et ils ont écrit chacun sur une feuille de papier plusieurs formules qui sont entrées dans la postérité de ce monde de merde, et ils ont commencé le dépouillage comme on le fait dans les pays où on a le droit de voter, et ils ont commencé à tout lire d'une voix monocorde sous l'autorité du chef des nègres , on a débuté par Louis XIV qui a dit " L'Etat c'est moi", et le chef des nègres du président-général des armées a dit "non, c'est pas bon cette citation, on ne la garde pas, c'est trop nombriliste, on nous prendrait pour des dictateurs, on passe", Lénine a dit " Le communisme, c'est le pouvoir des Soviets plus l'électrification du pays ", et le chef des nègres a dit " non,c'est pas bon, c'est prendre le peuple pour des cons, surtout les populations qui n'arrivent pas à payer leur facture d'électricité, on passe", Danton a dit " De l'audace, encore de l'audace", et le chef des nègres a dit " non, c'est pas bon, trop répétitif, en plus on risque de croire qu'il nous manque de l'audace, on passe " ,Georges Clémenceau a dit " La guerre, c'est une chose trop grave pour la confier aux militaires", et le chef des nègres a dit "non, c'est pas bon, les militaires risquent de se fâcher, et c'est le coup d'Etat permanent, n'oublions pas que le président lui-même est général des armées,faut savoir où on met les pieds, on passe, Mac-mahon a dit " J'y suis, j'y reste", et le chef des nègres a dit " non, c'est pas bon, c'est comme si quelqu'un n'était pas sûr de son charisme et se raccrochait au pouvoir, on passe", Bonaparte a dit lors de sa campagne en Egypte " Soldats, songez que du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent", et le chef des nègres a dit"non, c'est pas bon,c'est prendre les sodats pour des ignares, pour des gens qui n'ont jamais lu les livres du grand historien Jean Tulard, or nous avons pour mission de montrer au peuple que les militaires ne sont pas des imbéciles, on passe", Talleyrand a dit " Voilà le commencement de la fin" et le chef des nègres a dit "non, c'est pas bon, on croirait au commencement de la fin de notre propre régime, or nous sommes censés être au pouvoir à vie, donc on passe", Martin Luther King a dit " J'ai fait un rêve", et le chef des nègres s'est énervé, il n'aime pas entendre parler de ce type qu'il oppose toujours à Malcolm X son idole, et il a dit " non, c'est pas bon, y en a marre des utopies, on attend toujours que son rêve en question se réalise, et je vous dis qu'on attendra encore un bon paquet de siècles, allez on passe",.......
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 9:26

... le président camerounais Paul Biya a dit " Le Cameroun, c'est le Cameroun", et le chef des nègres a dit "non, c'est pas bon, tout le monde sait que le Cameroun restera toujours le Cameroun, et il ne viendrait à l'idée d'aucun pays du monde de lui voler ses réalités et ses lions, qui sont de toute façon indomptables, allez, on passe", l'ancien président congolais Yombi Opangault a dit " Vivre durement aujourd'hui pour mieux vivre demain", et le chef des nègres a dit " non, c'est pas bon, faut jamais prendre les gens de ce pays pour des naïfs, et pourquoi ne pas mieux vivre dès aujourd'hui et se moquer du futur, hein, d'ailleurs ce type qui a dit ça a vécu dans l'opulence la plus choquante de notre histoire, allez, on passe", Karl Marx a dit " La religion, c'est l'opium du peuple", et le chef des nègres a dit " non, c'est pas bon du tout, nous passons notre temps à persuader le peuple que c'est Dieu qui a voulu de notre président-général des armées, et on va encore dire des conneries sur la religion, est ce que vous ignorez que toutes les églises de ce pays sont subventionnées par le président lui-même, hein, allez, on passe", le président François Mitterand a dit " Il faut laisser le temps au temps",et le chef des nègres s'est énervé, il n'aime pas entendre parler de ce type, et il a dit "non, c'est pas bon, ce président a pris tout le temps pour lui même, et il presque laminé et ses adversaires et ses amis avant de tirer sa révérence et aller s'installer à la droite de Dieu, allez, on passe", Frédéric Dard alias San Antonio a dit " Il faut battre le frère quand il est chauve", et le chef des nègres a dit " non, c'est pas bon, y a trop de chauves dans e pays, les gens du sud du pays vont croire que c'est une phrase en patois du Nord et les gens du nord du pays vont croire que c'est une phrase en patois du Sud,il faut éviter ces quiproquos, allez, on passe", Ponce Pilate a dit "Ecce homo", et le chef des nègres a dit "non, c'est pas bon, je fais la même remarque que pour les élucubrations de Caton l'Ancien, on passe", Jésus en mourant sur la croix a dit " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez vous abandonné", et le chef des nègres a dit "non, c'est pas bon, c'est trop pessimiste, c'est trop pleurnichard pour un gars comme ce Jésus qui avait pourtant tous les pouvoirs entre les mains pour foutre la merde ici-bas, on passe", Blaise Pascal a dit " Le nez de Cléopâtre, s'il avait été plus court, toute la face de la terre aurait changé", et le chef des nègres a dit "non, c'est pas bon, il s'agit aujourd'hui d'une question de politique et non de chirurgie esthétique, allez, on passe", donc les nègres du président ont passé en revue des milliers de citations et bien d'autres paroles historiques sans vraiment trouver quelque chose pour le premier citoyen du pays parce que le chef des nègres disait chaque fois " c'est pas bon, allez, on passe", et puis, à 5 heures du matin, avant le premier chant du coq, un des conseillers qui visionnait des documentaires en noir et blanc a fini par trouver une formule historique.....

.à midi pile, au moment où la population se mettait à table pour savourer le poulet-bicyclette, le président-général des armées a occupé les radios et la seule chaîne de télévision du pays, l'heure était grave, le président était tendu comme la peau d'un tambour bamiléké, c'était pas facile de choisir le moment propice pour laisser une formule à la postérité, et, en ce lundi mémorable, il était endimanché, paré de ses lourdes médailles en or, il ressemblait désormais à un patriarche à l'automne de son règne, et tel qu'il était endimanché, ce lundi mémorable, on aurait cru que c'était la Fête au bouc que nous célébrons pour perpétuer la mémoire de sa grand-mère, et alors, se raclant la gorge pour chasser le trac, il a commencé par critiquer les pays européens qui nous avaient bien bernés avec le soleil des indépendances alors que nous restons toujours dépendants d'eux puisqu'il y a encore des avenues du Général-de- Gaulle, du Général-Leclerc, du Président-Coti, du Président-Pompidou, mais il n'y a toujours pas en Europe des avenues Mobutu See SEko, Idi Amin-Dada, Jean Bedel-Bokassa et bien d'autres illustres hommes qu'il avait connus et appréciés pour leur loyauté, leur humanisme et leur respect des droits de l'homme, donc nous sommes toujours dépendants d'eux parce qu'ils exploitent notre pétrole et nous cachent leurs idées, parce qu'ils exploitent notre bois pour bien passer l'hiver chez eux, parce qu'ils forment nos cadres à l'ENA et à Polytechnique, ils les transforment en petits Nègres blanc, et donc les Nègres Banania sont bien de retour, on les croyait disparus dans la brousse, mais ils sont là, prêts à tout, et c'était ainsi que notre président s'exprimait, le souffle coupé, le poing fermé, et dans ce discours sur le colonialisme, le président général des armées s'en est pris au capitalisme avec ses outrages et ses défis, il a dit que tout ça, c'était de l'utopie, il s'en est pris en particulier aux valets locaux des colonialistes, ces types qui habitent dans notre pays, qui mangent avec nous, qui dansent avec nous dans les bars, qui prennent les transports en commun avec nous, qui travaillent avec nous aux champs, dans les bureaux, aux marchés, ces couteaux à double lame qui font avec nos femmes des choses que la mémoire de ma mère morte dans la Tchinouka m'interdit de décrire ici, or ces types sont en réalité les taupes des forces impérialistes, disons que la colère du président-général des armées est montée de dix crans parce qu'il haïssait les valets de l'impérialisme et du colonialisme comme on pouvait haïr les chiques, les punaises, les poux, les mites, et le président -général des armées a dit qu'on devait traquer ces félons, ces marionnettes, ces hypocrites, il les a carrément traités de tartuffes, de malades imaginaires, de misanthropes, de paysans parvenus, il a dit que la Révolution prolétarienne triomphera, que l'ennemi sera écrasé, qu'il sera repoussé d'où qu'il vienne, il a dit que Dieu était avec nous, que notre pays était éternel comme lui même l'était, il a recommandé l'unité nationale, la fin des guerres tribales, il a dit que nous descendions tous d'un même ancêtre, et il a enfin abordé " L'Affaire Le Crédit a voyagé" qui divisait le pays, il a vanté l'initiative de l'Escargot entêté, il a promis de lui décerner la Légion d'honneur, et il a terminé son discours par les mots qu'il voulait à tout prix laisser à la postérité, on a su que c'étaient ces mos là parce qu'il les a répété à plusieurs reprises, ses bras ouverts comme s'il enlaçait un séquoia, et il a répété " je vous ai compris", sa formule aussi est devenue célèbre dans le pays, et c'est pour ça qu'ici, pour plaisanter, nous autres de la plèbe disons souvent que "le ministre accuse, le président comprend"
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 9:30

Oufti.......
En fait, ce sont deux pages du livre, c'est volontairement non aéré car le livre ne l'est pas du tout! Je me suis trompée, ce sont les majuscules et les points, qui n'existent pas, il y a des virgules.
Et les oeuvres citées à retrouver sont des titres trouvés dans la littérature mondiale.
Ce n'était pas quelque chose qui me tentait. Et pourtant, je suis ravie de le relire, je trouve qu'il a très bien réussi le style des récits africains, c'est drôle et très souvent très érudit, bref un excellent souvenir de lecture!
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 15:22

Ouh là, j'avoue que je n'ai pas tout lu, ça fatigue, surtout sur écran! J'espère que ça sera moins éprouvant avec le livre.
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 15:31

Oufti-bis!
Comment faites-vous tous pour copier de tels extraits? Ou du moins où les trouvez-vous? ... Ceci dit, je suis contente que tu les ai postés car ce Verre cassé me tente assez...J'ai eu beaucoup de mal avec le second(Mémoires de porc-épic) en grosse partie à cause du manque de ponctuation, mais j'y reviendrai!
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 17:26

grand merci pour ce (long) extrait... juste assez pour entrer dans le rythme et la nuance ?

cet extrait me fait passé de curieux à tenté cat
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MessageSujet: Re: Alain Mabanckou [République du Congo]   Alain Mabanckou [République du Congo] EmptySam 14 Juil 2007 - 20:11

Citation :
Comment faites-vous tous pour copier de tels extraits? Ou du moins où les trouvez-vous?
Je les recopie avec mes petits doigts Very Happy
En fait, c'était recommandé comme rééeducation après mon intervention cérébrale, donc......Et je l'avais recopié dans un autre forum, suffisait de retrouver.
C'est vrai que sur écran, c'est lourd! Mais en fait, on s'y fait très vite, on a très vite l'impression qu'un Africain nous raconte une histoire, une histoire où il se moque de tout le monde!
Ca m'a peut être aussi marquée parce que je vis avec des Tahitiens qui ont le même genre d'humour très sarcastique!
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