Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Roger Caillois

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colimasson
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MessageSujet: Roger Caillois   Roger Caillois EmptyMar 10 Nov 2015 - 23:28

Roger Caillois (1913-1978)


Roger Caillois Avt_ro10

Biographie
Citation :
Agrégé de grammaire, auditeur à l'École pratique des hautes études, où il assista aux conférences de Georges Dumézil, Alexandre Kojève et Marcel Mauss, Roger Caillois allait développer une pensée originale, nourrie de sociologie et d'anthropologie, vouée notamment à l'exploration du sacré. Auteur, dès avant la guerre, de deux essais intitulés Le Mythe et l'Homme et L'Homme et le Sacré, Roger Caillois fondait en 1938 avec Georges Bataille le collège de Sociologie. Son nom, à cette époque est lié à plusieurs activités de l'extrême-gauche antifasciste.

[...]

Son œuvre, qui doit beaucoup à l'exploration des mondes poétiques de l'imaginaire et du fantastique, constitue un apport essentiel et parfaitement original à la critique littéraire et aux sciences humaines du XXe siècle. On citera entre autres : Le Rocher de Sisyphe, Puissance du roman, Babel, Poétique de Saint-John-Perse, L'Incertitude qui vient des rêves, Les Jeux et les Hommes, Puissances du rêve, Au cœur du fantastique, Anthologie du fantastique, La Pieuvre, Essais sur la logique de l'imaginaire, Approches de l'imaginaire, Le Fleuve Alphée.

L'homme enfin, fasciné par l'univers minéral, consacra plusieurs ouvrages aux pierres et à la gemmologie.
Source


Oeuvres
Spoiler:
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MessageSujet: Re: Roger Caillois   Roger Caillois EmptyMar 10 Nov 2015 - 23:43

Approches de l'imaginaire (1935-50)


Roger Caillois 41gg6610

Première approche de Roger Caillois avec ce recueil de textes, publiés entre 1935 et 1950, préliminaires à l’élaboration d’une vision du monde qui se démarquera ensuite progressivement des prémisses ici esquissées. Ce n’est sans doute pas l’idéal pour se faire une idée précise de l’enseignement considéré aujourd’hui comme étant définitif de Roger Caillois, mais rien n’indique qu’il ne soit pas instructif d’errer avec lui dans ses pensées du bas-fond pour mieux comprendre ce qu’il a finalement décidé de retenir. Dans sa préface, Roger Caillois précise qu’il n’approuva plus tous les textes de ce recueil quelques années plus tard, ce qui nous conforte au moins sur sa légèreté.  


Pourtant, on découvre ici un Roger Caillois très sévère, lançant des procès contre le surréalisme auquel il appartint pourtant quelques années, contre le rationalisme  sans limites, contre le romantisme, le mysticisme et la science poétique tout à la fois, contre la psychanalyse et le marxisme, et enfin contre le roman et le cinéma. On ne peut guère le lui reprocher mais enfin, il semble en faire partie lui aussi. Tout en négatif, il s’efforce toutefois de suggérer ainsi les caractéristiques du paradigme qu’il espère. Un court paragraphe semble particulièrement décisif, dans lequel il rêve impersonnellement d’une société dirigée par une élite éclairée :


« Récusant la force, elle devra posséder une magie ou une grâce, quelque vertu enfin qui sera son principe et qui paraîtra à la nature comme surnaturelle. Et rien ne saurait mieux stupéfier celle-ci que l’abandon volontaire des avantages qu’on s’assure à profiter de sa pesanteur. »


Roger Caillois fait le diagnostic d’une société qui s’est perdue dans la multitude. La désacralisation des valeurs anciennes a provoqué un tumulte dans lequel on se goberge, ne sachant plus à qui vouer notre besoin irrépressible d’obéissance. Même les recherches qui semblent les plus audacieuses finissent par s’essouffler lorsqu’on démasque le culte de la personne qui en est à l’origine. C’est une épidémie que Roger Caillois dénonce, et une épidémie dont la contagion ne cesse de s’accélérer par le vecteur du roman et du cinéma, entraînant la multiplication des prétendants pensant pouvoir prêcher la bonne parole. La quantité augmente, la qualité diminue. Roger Caillois exige plus de rigueur : « Il n’en faut pas moins quitter, à la suite de Rimbaud, toute attitude d’adoration en face du désordre de son esprit. L'imagination ne fait pas d’aveux aussi facilement que le premier coupable venu, sous prétexte qu’elle est bourrelée de remords ». Avec son Collège de Sociologie, il réclame que l’on mette en question l’imagination de la façon suivante :
- En réalisant des expériences provoquant des phénomènes imaginatifs dans les meilleures conditions de contrôle.
- En établissant des techniques permettant d’analyser les déterminations inconscientes.
- En faisant l’étude de toute espèce de conventionnalisme spontané.
- En réalisant l’interprétation réciproque des phénomènes du monde intérieur et extérieur pour placer dans une nouvelle lumière le rapport de la subjectivité et de l’objectivité.
- En récoltant tous les compte-rendus neutres de dépressions, confusions, angoisses et expériences affectives personnelles.
- Enfin, en mettant au jour le problème de la connaissance à l’aide des constructions épistémologiques nécessitées par les problèmes de la méthodologie scientifique contemporaine.


Sans doute, ce dernier point révèle le plus ce qui deviendra l’exigence principale de Roger Caillois pour la suite : la recherche d’une unité entre les figures obsessionnelles de l’imagination et les formes troublantes du monde naturel. Et s’il maltraite le roman et le cinéma, ces formes de l’imagination qu’il juge dévolues au compromis doucereux et lâche, il ne lui échappe pas qu’en faisant l’analyse inconsciente de l’état actuel de la société, elles contribuent à faire prendre du recul au lecteur et à l’isoler, transformant sans le vouloir la société qu’elle se proposait pourtant d’observer. C’est ainsi que la littérature peut devenir une force sociale et, à l’instar de Balzac (je ne suis pas responsable de cette référence et ne fais que rapporter l’opinion de l’auteur, j’aurais plutôt pensé à Walter Benjamin et à son essai sur l’œuvre d’art à l’époque de la reproductibilité technique), c’est dans ce sens que Roger Caillois se propose d’œuvrer.


Roger Caillois Alessa10
Alessandra Sanguinetti


A propos de l'équivoque surréaliste :

Citation :
« Tant d’œuvres […] se présentent comme poèmes, qu’il est difficile d’y trouver autre chose que les plus inexcusables escroqueries sentimentales, artistiques ou intellectuelles, qu’il n’est pas possible à une pensée sévère de ne pas considérer la poésie comme le droit donné à n’importe qui de dire n’importe quoi, et cela sans garantie, sans obligation de rendre des comptes. »


Contre les vieux Romantiques :

Citation :
« Maintenant aussi un terrorisme est nécessaire. Ce serait en tout cas une inqualifiable faiblesse, je ne dis même pas de se refuser, je dis de tarder à brûler ce qu’on adorait hier, tant les circonstances sont pressantes. Il importerait de pouvoir donner à choisir aux confus et aux bavards entre la soumission et le silence. Car, à constater à quel point dépassés par le temps, ceux qui étaient naguère à l’avant-garde de l’investigation sont aujourd’hui les champions des opinions reçues et des erreurs accréditées, on se persuade aisément qu’il est temps de recourir à la dictature de la rigueur. »


Suspicion à l'encontre des sciences infaillibles :

Citation :
« Une science conjecturale ou semi-conjecturale est fatalement amenée à se tenir pour infaillible, […] une science infaillible n’est pas une science, et […] l’infaillibilité, avantage pour la théologie, est rédhibitoire pour le développement de la science. »

Citation :
« La science n’est plus donnée comme une connaissance libre, ouverte, désintéressée et objective. Elle est désignée officiellement comme le bien d’une faction, dont elle doit exprimer les besoins et servir la politique. […] La politique décide à tout moment ce que doit être la science. »


Puissance du roman :

Citation :
« Une pression hypocrite et continue condamne l’individu à une existence « timide, incomplète et rebelle », à la terrible et stérile insatisfaction vague qui nourrit les désirs et les songes. Cette pression lui interdit également l’extase et le désespoir. Elle le force sans cesse à réprimer ses instincts, à retenir ses élans, à calmer ses fureurs. Il ne peut être de satisfactions totales dans ce monde trop commode et ordonné. Et comme peu trouvent les moyens ou l’énergie d’en sortir pour vivre le roman, la plupart laissent flatter leur cœur par les récits qui les transportent à si peu de frais dans l’univers qui leur manque, et se contentent de lire. »

Citation :
« On poursuivrait volontiers le roman comme le poison le plus subtil et le plus dangereux qui puisse endormir l’homme moderne et le livrer sans défense aux barbares robustes qui ne remettent pas le soin de vivre aux êtres imaginaires, si l’on n’était pas conduit à penser qu’il porte en lui le remède des maux qu’il propage et qu’il est destiné à guérir les blessures qu’il fait. »

Citation :
« [Pour Balzac] le roman fournit une expression de la société, qui agit sur un public de plus en plus étendu et sensibilisé. C’est dire qu’avec lui la littérature devient à son tour une force sociale. Elle n’est plus seulement art et parure, illustration et divertissement. Elle cesse de rassembler des œuvres produites par des spécialistes pour la satisfaction d’une élite. »
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