Séance rattrapage dvd 2011

J'aime bien te demi-points distribués J'aurais du mal à être aussi précis dans mes appréciations mais ça donne une baromètre utile pour faire son choix dans tes propositions.

Le jour où tu verras 6,33 ou 5,66, tu pourras commencer à t'inquiéter pour ma santé mentale

1984 est l’histoire bien connue d’une société divisée en trois Etats : l’Océania, l’Eurasia et l’Estasia. La société elle-même, surveillée par l’omniscient Big Brother, est divisée en trois catégories : le Parti intérieur, le Parti extérieur, les Prolétaires. Winston, modeste employé au service de Big Brother, va connaître une remise en question du mode de fonctionnement de la société lorsqu’il tombe amoureux de Julia et qu’il commet le crime par la pensée.
L’adaptation de Radford est donc très fidèle au roman d’Orwell. L’exercice ne consiste pas à s’inspirer de la société de base décrite dans le livre pour se livrer à quelques petites expérimentations ou exercices de style. Il apparaît clairement que Radford a voulu rendre hommage au chef d’œuvre d’Orwell, et cette seule tâche constitue à elle seule une gageure. D’ailleurs, le défi me semble n’avoir été relevé qu’à moitié…
Ma lecture de 1984 date de quelques années et certains principes de la société, certains de ses modes de fonctionnement, me sont devenus plutôt flous. La visualisation du film ne permet malheureusement pas de se rafraîchir les idées, et il est encore moins question de découvrir 1984 par son biais au risque de patauger dans l’incompréhension la plus totale du début jusqu’à la fin du film. Ce défaut ne tient peut-être pas seulement au réalisateur. Il me semble plutôt inhérent au livre en lui-même car la densité des idées qu’il contient est telle qu’un film de facture classique ne pourrait suffire à en donner une version suffisante. Michael Radford a dû effectuer des choix qui, s’ils ne nuisent pas forcément à la bonne compréhension du film (quoique…), en réduisent toutefois nettement l’intérêt. Il suffit de se pencher sur le seul développement de l’histoire d’amour entre Winston et Julia pour le comprendre : alors que le livre l’amenait progressivement à franchir les barrières naturelles de la méfiance entre les deux individus, le film l’achève en quelques minutes, ce qui nuit énormément au climat de tension sociale qui règne dans la société de Big Brother.

La bonne volonté de Michael Radford pour retranscrire le plus fidèlement possible l’œuvre d’Orwell incite toutefois au respect. Le choix des acteurs est très judicieux et leur jeu froid, tout en retenue, contribue à l’atmosphère glaçante du film. Complétée par la bande-son électronique signée Eurythmics, l’immersion est parfaitement achevée.

Il ne manque à ce film qu’une ou deux heures supplémentaires qui auraient permis à Michael Radford de retranscrire avec plus de détails la société telle que décrite par Orwell. A moins d’admettre que ce roman n’est tout simplement pas calibré pour être adapté dans un format standard de productions cinématographiques. Ceci rappelle encore une fois la grandeur de l’œuvre d’Orwell et montre le courage (ou la prétention ? ou la folie ?) de Michael Radford, tentant de rivaliser à l’échelle cinématographique.

J'ai emprunté à la médiathèque Le fantôme de l'opéra de Schumacher.
J'y arrive pas. C'est au-delà de mes forces. Je passe pas les 20 minutes. C'est normal ?

colimasson a écrit:

J'ai emprunté à la médiathèque Le fantôme de l'opéra de Schumacher.
J'y arrive pas. C'est au-delà de mes forces. Je passe pas les 20 minutes. C'est normal ?

C'est normal puisque c'est Joel Schumacher ! Il n'est pas vraiment réputé pour sa finesse...

Ouais ben je connaissais pas le gus. Malheur à moi !

colimasson a écrit:

Ouais ben je connaissais pas le gus. Malheur à moi !

Il a réalisé Chute Libre (avec Michael Douglas qui pète les plombs), Le Client (d'après John Grisham ; c'est d'autant plus visible qu'il y a Susan Sarandon et Tommy Lee Jones dedans), et puis deux Batman, et des films plus ou moins racoleurs, du genre "je dénonce la violence en en montrant un maximum, regardez comme c'est pas beau" ("8 mm", avec Nicolas Cage) ; Tiger Land (avec Colin Farrell) était visible ; Bad Company (avec Anthony Hopkins et Chris Rock... bof) et puis il a fait Phone Game (toujours avec Colin Farrel coincé dans sa cabine téléphonique pendant tout le film ; trop long...) ; Le nombre 23 (avec Jim Carray : bof, un peu raté).
Enfin, quand il y a un film pas trop subtil à faire, ou un scénario que d'autres jugent trop casse-gueule (celui de Phone Game, par exemple, qui avait traîné pendant des années, parce que faire un film avec un type qui reste tout le temps dans sa cabine téléphonique, c'est rapidement tiré par les cheveux), le bon vieux Joel Schumacher est là, un vieux routier d'Hollywood...

Vu quelques inédits ces dernières semaines. Je commence par mes deux préférés.


Scènes de Kaitan (Kaitanshi kotei, Kuzuyoshi Kumakiri, 2010, Japon)
Kaitan, une ville (imaginaire) industrielle en bord de mer, sans attraits particuliers. Cinq histoires que rien ne relie, si ce n'est le lieu, l'époque, autour du nouvel an, et le ton, désabusé. Kumakiri ne signe pas un film "omnibus" de plus, sa tristesse profonde, son style en apparence terne captent superbement l'ultra-moderne solitude urbaine et l'absence de communication. Des existences figées dans le temps, des gens modestes : un ouvrier des chantiers navals, une vieille femme, un employé du planétarium, une hôtesse de bar, etc. Le film dure 150 minutes. Il ne les "fait" pas.

Note : 7,5/10



La taupe (Kret, Rafael Lewandowski, 2011, Pologne)
30 ans après les événements, un héros de Solidarnosc est accusé d'avoir été à la solde des communistes. Fort bien écrit, le film s'attache avant tout à décrire les réactions de la nouvelle génération polonaise et des descendants de ceux qui étaient en première ligne, en 1981. Un thriller à la fois politique et intime, sur fond de mensonges et de trahisons, qui souffle le show et l'effroi, jusqu'aux révélations finales. Magistral.

Note : 7,5/10

eXPie a écrit:

colimasson a écrit:

Ouais ben je connaissais pas le gus. Malheur à moi !

Il a réalisé Chute Libre (avec Michael Douglas qui pète les plombs), Le Client (d'après John Grisham ; c'est d'autant plus visible qu'il y a Susan Sarandon et Tommy Lee Jones dedans), et puis deux Batman, et des films plus ou moins racoleurs, du genre "je dénonce la violence en en montrant un maximum, regardez comme c'est pas beau" ("8 mm", avec Nicolas Cage) ; Tiger Land (avec Colin Farrell) était visible ; Bad Company (avec Anthony Hopkins et Chris Rock... bof) et puis il a fait Phone Game (toujours avec Colin Farrel coincé dans sa cabine téléphonique pendant tout le film ; trop long...) ; Le nombre 23 (avec Jim Carray : bof, un peu raté).
Enfin, quand il y a un film pas trop subtil à faire, ou un scénario que d'autres jugent trop casse-gueule (celui de Phone Game, par exemple, qui avait traîné pendant des années, parce que faire un film avec un type qui reste tout le temps dans sa cabine téléphonique, c'est rapidement tiré par les cheveux), le bon vieux Joel Schumacher est là, un vieux routier d'Hollywood...

Ouuuuh, mais je crois que le 8 mm me dit quelque chose, mais c'est pas reluisant dans mes souvenirs. Et pour le reste, félicitations eXPie, tu donnes pas du tout envie d'y jeter un oeil ! Ouf, que de temps économisé. Merci.

Belvedere (Belvedere, Ahmed Imamovic, Bosnie, 2010)
Srebenica, 15 ans après la fin de la guerre. Deux soeurs et un frère handicapé vivent dans un camp de réfugiés (Belvedere), logés dans des préfabriqués. Ils attendent que la fouille des charniers leur donne enfin l'occasion d'enterrer les dépouilles du reste de la famille. Filmé en noir et blanc, le film montre que l'horreur de survivre n'est pas loin de valoir les atrocités de la guerre. Seules scènes en couleurs : celles des images de la télévision serbe qui diffuse une stupide émission de télé-réalité. Le film est austère, grave et implacable.
Note : 7/10




Aveugle (Beul la in deu, Ahn Sang-hoon, Corée, 2011)
Un thriller horrifique dont les coréens ont le secret. Avec une héroïne aveugle, un flic pas très futé et un tueur en série. Un dispositif sans surprise qui ne manque cependant ni de crédibilité ni d'intensité. De la bonne adrénaline, dans le respect des règles intangibles du genre. Avec un final qui tient toutes ses promesses en matière d'atrocités.
Note : 6,5/10



La fleur de neige et l'éventail secret (Kucha yu misham, Wayne Wang, Chine, 2011)
Le dernier Waybe Wang est un beau livre d'images qui suit deux intrigues parallèles, l'une au Hunan en 1820, l'autre à Shanghai, de nos jours. Des histoires liées au Laotong, ce serment échangé entre deux jeunes filles qui les fait soeurs pour la vie. Les deux récits s'interpellent de façon assez artificielle et évoquent la condition de la femme chinoise au fil du temps. Wang ne fait que survoler son sujet, optant pour un mélodrame qui ne séduit que modérément. Dans ce produit d'exportation trop beau pour être honnête, on retiendra la magnifique interprétation de la superbe Li Bingbing et l'apparition fugitive de Hugh Jackman.
Note : 6,5/10

traversay a écrit:

Aveugle (Beul la in deu, Ahn Sang-hoon, Corée, 2011)
Un thriller horrifique dont les coréens ont le secret. Avec une héroïne aveugle, un flic pas très futé et un tueur en série. Un dispositif sans surprise qui ne manque cependant ni de crédibilité ni d'intensité. De la bonne adrénaline, dans le respect des règles intangibles du genre. Avec un final qui tient toutes ses promesses en matière d'atrocités.
Note : 6,5/1

Ils ont l'air d'être vraiment spécialisés dans les atrocités, nos amis Coréens... Enfin, s'il y a moins d'invraisemblances ou de trucs vraiment tirés par les cheveux que dans I saw the Devil...

Wasted Youth (Argyrys Papadimitropoulos/Jan Vogel, Grèce, 2011)
Athènes. Un été pendant la crise. Deux existences parallèles, le temps d'une journée. Un adolescent : skateboard, embrouilles avec le paternel, petite amie fuyante ; un adulte dépressif qui abandonne son idée d'ouvrir un restaurant et reprend son métier de flic. Deux destins appelés à se rencontrer au bout de la nuit. Dans la dernière minute d'un film réalisé avec des moyens limités, mis en scène avec sécheresse, brutalité et une dramatisation ultimement violente. Pas mal.
Note : 6,5/10




Georg (Peeter Simm, Estonie, 2007)
Une évocation de la vie de Georg Ots, célèbre baryton estonien de l'après-guerre. A travers les yeux de sa deux deuxième femme, caractérielle, dépressive et alcoolique. Sujet passionnant en grande partie gâché par une mise en scène d'un académisme rigide. Belle reconstitution de l'époque soviétique, cela dit.
Note : 6/10




Jour et nuit (Tag und Nacht, Sabine Derflinger, Autriche, 2010)
Plutôt que de prendre un emploi partiel de serveuse, deux amies étudiantes se lancent dans la prostitution occasionnelle. Pas de moralisation, mais un certain goût pour le sordide et l'avilissement dans ce film autrichien qui ne fouille pas réellement son sujet.
Note : 5,5/10

Le livre de l'été (Tatil kitabi, Seyfi Teoman, Turquie, 2008)
Une petite ville turque. L'été commence. Un jeune garçon essaie de se faire de l'argent de poche ; son frère aîné veut quitter l'armée ; leur mère soupçonne son mari d'avoir une liaison ; celui-ci a une attaque cérébrale. Filmé de façon léthargique, le passage des jours semble le seul sujet. Pas très excitant.
Note : 5/10




Cilada.com (José Alvarenga, Brésil, 2011)
Une comédie "romantique" extrêmement grossière, évident démarquage de ses homologues américaines. L'interprétation est un désastre. Les brésiliennes sont très jolies, mais ça on le savait déjà.
Note : 4,5/10




Belladonna (Annika Glac, Australie, 2008)
Sur le point de se marier, Luke voit se matérialiser la fille qui hante ses cauchemars depuis des années. Qu'est-ce que c'est ce truc ? Une tentative d'expliquer la métempsycose avec le mythe de l'amour éternel ? Entre l'époque contemporaine et australienne, et les scènes de l'époque médiévale et polonaise, aucune cloison dans ce film qui se voudrait sans doute lynchien. Il n'est que ridicule.
Note : 3,5/10

Sorti le 16 février dernier. Raté en salle. Rattrapé par le collet en VOD. Bonne pioche.



La bella gente d'Ivano de Matteo

Citation :

Alfredo et Susanna, la cinquantaine, sont des gens cultivés, aux idées larges. Choquée par la vue d’une jeune prostituée humiliée et frappée par un homme au bord de la route, Susanna décide de l'accueillir dans leur maison de campagne.

Alfredo et Susanna sont heureux. Leur vision du monde est libérale, comme leurs métiers. Ils sont aisés, mais pas trop. Bourgeois, mais sans oeillères. Du moins en apparence. Révoltée par le traitement que subit une très jeune prostituée, Susanna décide de la "kidnapper" et de lui offrir un toit, au moins pour un temps. Appelez cela comme voulez, c'est un geste qui correspond aux convictions du couple. La bella gente, oui, ce sont des gens bien, qui veulent aider leur prochain et faire quelque chose d'utile. Quelle illusion ! Patiemment, sans esbroufe, avec une simplicité rafraichissante, le réalisateur, Ivano de Matteo, démonte la mécanique de la bonne conscience et de l'altruisme désintéressé. Et fait remonter à la surface, au fur et à mesure de l'intégration de la jeune femme, des instincts basiques comme la jalousie, la paranoïa ou la crainte de voir ses certitudes se fissurer. Une pute dans un foyer, c'est forcément une bombe à retardement, pense Susanna, dont la si belle générosité pourrait bien dissimuler la peur de vieillir et de voir sa vie confortable ébranlée. Lâcheté des hommes, hostilité des femmes entre elles, La bella gente est d'une amertume profonde concernant notre pauvre condition humaine et nos préjugés sociaux. Le tout, dans un récit prévisible, certes, mais jamais démonstratif ni moralisateur. Un film bello !

Si j'aurais su, je l'aurais pas vu !