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Les chiens écrasés" (éditions La Dilettante)
de Ludovic Ribaudi .
- Citation :
"L'autre navet qui continue de trinquer avec la famille. Un coup pour la morte ! Un coup pour le père ! Pour la mère, les tantes et tout le saint-frusquin de la famille.., à n'en plus finir. Et plus l'alcool coule dans nos gorges et moins la décence nous habite. Déjà on titube sur nos jambes fatiguées et nos paroles ne sont plus que des borborygmes au lieu d'être des condoléances. Bientôt on commencera à sourire et puis à rigoler bêtement en se poussant du coude devant les blagues salaces qu'on s'échangera sous l'éclat brillant des boules de Noël du sapin en plastique. Une honte !"
D'entrée l'auteur nous fait partager le quotidien de ces deux acolytes sympathiques, Grand et Casa, des pieds nickelés de faits divers et de petites combines qui, pour améliorer leur ordinaire fait d'hotels miteux et de rencontres d'un soir, se sont spécialisés dans les notes de frais galopantes ...
Lors d'une mission dans un de ces bleds sinistres où un conflit oppose des SDF et le responsable d'un supermarché, Grand rencontre une militante, sexy et mystérieuse, qui lui chavire son coeur de baroudeur.
Dès lors il va tout faire pour rester sur place, n'hésitant pas à trafiquer les faits et y rajouter quelques éléments, histoire de les rendre plus vendeurs.
Son stratagème va vite déraper et l'affaire sombrer dans le désastre mais elle aura eu le mérite d'une prise de conscience chez notre compère.
Ribaudi s'en donne à coeur joie et son épopée ubuesque prend des allures de grosse farce frôlant souvent le sordide. Mais son style clair et direct n'épargne rien : les politiques, le monde de l'info et cette facilité malsaine à user du malheur des autres comme source de profit.
C'est cynique, absurde et drôle . Et pas si loin du réel ...