Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Romeo Castellucci

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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyLun 7 Juil 2014 - 13:07

Marko a écrit:


L'année Castellucci continue avec la reprise, après Avignon et dans le cadre du festival d'automne à Paris (Grande Halle de la Villette), de Schwanengesang D.744 du 28 au 30 novembre

Schwanengesang D.744

Je vous invite à regarder ces extraits mais  s'ils vous semblent surprenants, à (re)lire ce que nous avions écrit, Marko et moi, après avoir vu le spectacle au Festival d'Avignon (plus haut sur ce fil).
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyLun 7 Juil 2014 - 16:35

Je n'avais pas encore vu ces extraits. C'était un "petit " spectacle de Castellucci mais un beau souvenir rétrospectivement. Ça me fait penser qu'Orphee et Eurydice devrait être bientôt visible sur le site de La Monnaie...

P.S c'est du 9 au 29 juillet
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyLun 7 Juil 2014 - 17:18

coline a écrit:
Vivement le 9 juillet! content 

Streaming Orfeo

La Monnaie vous propose de découvrir toutes ses productions d'opéra gratuitement sur Internet. Dans les jours qui suivent la dernière représentation de chaque spectacle, vous pouvez voir ou revoir nos opéras, gratuitement et pendant trois semaines sur ce site.


Orphée et Eurydice est à voir intégralement à partir du mercredi 9 (20h) jusqu'au mardi 29 juillet 2014.


Marko a écrit:
Ça me fait penser qu'Orphee et Eurydice devrait être bientôt visible sur le site de La Monnaie...

P.S c'est du 9 au 29 juillet

Bé oui...c'est justement ce que je disais... Very Happy 

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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyLun 25 Aoû 2014 - 15:24

Les places au Festival d'Automne de Paris sont en vente à partir d'aujourd'hui. J'ai pu avoir mes places pour Le Sacre du Printemps et Go Down, Moses cheers

Dossier de Presse des 3 spectacles présentés (avec Schwanengesang déjà vu à Avignon):  Castellucci: Festival d'Automne
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyLun 25 Aoû 2014 - 19:29

Marko a écrit:
Les places au Festival d'Automne de Paris sont en vente à partir d'aujourd'hui. J'ai pu avoir mes places pour Le Sacre du Printemps et Go Down, Moses cheers

Dossier de Presse des 3 spectacles présentés (avec Schwanengesang déjà vu à Avignon):  Castellucci: Festival d'Automne

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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyVen 17 Oct 2014 - 23:59



Je bave d'avance. Vivement le 10 novembre.

Et ses préparatifs pour sa version du Sacre du Printemps:

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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyMer 22 Oct 2014 - 16:24

Pas de Go Down, Moses pour moi ...mais Le sacre du Printemps, oui!!! bounce
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyDim 26 Oct 2014 - 21:13

Gwénola David - La Terrasse a écrit:
ROMEO CASTELLUCCI, LA PUISSANCE D’UNE ŒUVRE RADICALE.

Créateur majeur de la scène européenne, le metteur en scène italien Romeo Castellucci est invité au Festival d’Automne à Paris avec trois productions témoignant de la puissance d’une œuvre radicale, qui fouille la poussière du temps pour révéler la matrice du présent.

La figure de Moïse et les tables de la loi, au cœur de Go down, Moses, traversent depuis longtemps vos spectacles. Renvoient-elles à la question de la représentation, thème central dans votre œuvre ?

Romeo Castellucci : L’irreprésentabilité est le noyau même de mon théâtre. Moïse est le seul homme qui a rencontré Dieu. Il se voile la face devant lui. Le visage de Dieu est terrible, insoutenable. La loi mosaïque énonce l’interdiction de la représentation et toute image contient cette tension du désir de voir ce qui est caché, de la transgression de l’interdit de regarder, et porte en elle-même le paradoxe d’être là alors qu’elle ne devrait pas être là.

« L’irreprésentabilité est le noyau même de mon théâtre. »

Go down, Moses s’inspire de la vie de Moïse. Concrètement, comment se construit cette pièce ? Comment traitez-vous les scènes fondatrices, qui appartiennent à la culture occidentale ?

R. C. : Je regarde Moïse, prophète mais aussi homme solitaire, à travers la figure de la mère, qui abandonne son enfant pour le sauver. Il n’est pas présent en tant que personnage mais à travers des références à des épisodes de son existence. Il ne s’agit surtout pas de construire un récit chronologique ni d’illustrer les épisodes célèbres. Je cherche une forme qui contienne un signifiant à la fois ouvert et caché, à travers des repères visuels qui proviennent pour la plupart de notre époque. Les scènes renferment des paraboles, qui ne sont jamais totalement dévoilées. Chacun de nous sans doute donne une interprétation singulière au buisson ardent ou au veau d’or. Devant quoi nous mettons-nous à genoux ? Qu’est-ce que nous idolâtrons aujourd’hui ? La réponse est différente d’une personne à l’autre. J’essaie justement de faire résonner ces questionnements, politiques, religieux, et ces symboles enfouis dans notre psychologie profonde qui échappe à la lumière.

La Bible est-elle une source d’inspiration pour vous ? Quel lien existe-t-il entre le théâtre et la théologie ?

R. C. La Bible est un livre d’une richesse inépuisable, matrice de la littérature et de l’art occidental. Tout y est. Quant au théâtre, c’est de la théologie. Il est né avec la religion et vice versa. Il relève de la même nature, fonction et structure, aborde les mêmes questions mais les traite avec des moyens et des techniques différents. La façon d’être face à l’image repose toujours sur un rapport religieux.

L’image est aussi ce qui constitue le sujet car elle se forge à travers des signes qui permettent le partage du symbolique au sein de la communauté des hommes. Comment travaillez-vous la forme et les images scéniques ?

R. C. : On ne peut toucher le cœur et l’esprit des spectateurs qu’avec la forme, pas avec des intentions… C’est la discipline esthétique. Chercher la forme juste, c’est une quête permanente, infinie. Elle naît de la combinaison d’images visibles existantes, qui en fait surgir soudain d’autres, invisibles, dans l’imagination de chaque personne. On ne peut rien inventer mais agencer les images en une infinité de formes, qui relient, par superpositions, les gestes primitifs à notre contemporanéité, qui plongent dans l’archéologie des idées, des images, dans leur interprétation. L’art travaille sur l’image qui n’existe pas, sur ce qui est voilé.

Comment appréhendez-vous Le Sacre du printemps, œuvre emblématique du XXe siècle, qui puise dans les rituels païens de la Russie ?

R. C. : Ce rituel revêt aussi une dimension religieuse et n’est pas sans rappeler les orgies et les sacrifices humains ou les cérémonies du veau d’or. La musique de Stravinsky est d’une puissance et d’une expression nerveuse paroxysmique qui surpasse l’énergie humaine, qui est même presque inhumaine. J’ai toujours été déçu par les chorégraphies que j’ai vues, souvent basées sur le vitalisme. Quel sens donner aujourd’hui à ce rituel qui appelle la fertilité de la terre, qui célèbre le printemps, la jeunesse, la renaissance de la vie ? Qu’est-ce que la nature aujourd’hui ? Plutôt que d’illustrer la musique, j’ai travaillé sur l’idée originale de Stravinsky pour l’inscrire dans notre époque, j’ai cherché ce que ces concepts signifient de nos jours. J’ai gardé l’idée de la chorégraphie, dansée ici par de la poussière d’os d’animaux, produit utilisé comme fertilisant dans l’agriculture. Notre rapport à la nature passe maintenant par l’industrie. Les danseurs sont atomisés dans l’air en quelque sorte.

Schwanengesang D744, Le Chant du signe, que vous avez créé sur des lieds de Schubert, joue aussi sur la disparition ou la dissolution de l’acteur. Quel est son rôle dans votre théâtre ?

R. C. : C’est un révélateur. Dans cette pièce, Valérie Dréville commet le péché de l’acteur : regarder le public en face. Ce faisant, elle pose la question de l’interdit, interpelle le spectateur sur ce qu’il attend, sur la honte du regard. Regarder n’est pas un acte innocent. L’acteur est le fondement du théâtre, à chaque représentation. Il peut être un homme, une femme mais aussi un animal, un son, un objet, une lumière…

La musique semble de plus présente dans votre œuvre.

R. C. : La musique est encore pour moi une terre à explorer. Certains compositeurs comme Schubert me bouleversent totalement, je suis touché depuis l’intérieur de mon corps, c’est-à-dire que je ressens une intimité terriblement troublante avec leur œuvre. Je n’ai gratté que la surface de ce monde. Il me reste encore beaucoup à découvrir…

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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyLun 27 Oct 2014 - 13:15

Tu vas devoir nous raconter ce spectacle en détails Marko! content
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyLun 27 Oct 2014 - 16:50

coline a écrit:
Tu vas devoir nous raconter ce spectacle en détails Marko! content
Je suis impatient de voir quelles visions fulgurantes il va encore nous proposer.
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyLun 27 Oct 2014 - 18:08

Marko a écrit:
coline a écrit:
Tu vas devoir nous raconter ce spectacle en détails Marko! content
Je suis impatient de voir quelles visions fulgurantes il va encore nous proposer.

J'ai hâte aussi de voir son travail sur Le sacre du Printemps.
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyMar 11 Nov 2014 - 18:22

Go Down Moses
 - Romeo Castellucci - Page 6 14102310

Salle comble pour accueillir le nouvel opus du grand manitou Castellucci. Sa notoriété est à son apogée. La sidération sera au rendez-vous, les questionnements aussi forcément. Un commentaire entendu à la sortie: "Faut que je décante, je vais demander à Kubrick ce qu'il en pense". Idée d'ailleurs plutôt pertinente puisque le réalisateur américain est explicitement cité dans la 2e partie du spectacle.

Que voit-on sur scène:

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Pendant que les spectateurs s'installent, une bande son électronique distille une atmosphère d'inquiétante étrangeté technologique qui contraste avec les personnages qui déambulent déjà sur scène dans un espace clair et vaporeux lui-même séparé de la salle par un écran de tulle blanc. Costumes vaguement datés des années 50, rituels en boucle de ces hommes et femmes explorant l'espace où ils se trouvent, semblant chercher ce qui se passe derrière, au-dessus, au-delà, effectuant des figures géométriques qui les relient les uns aux autres, s'accroupissant comme des animaux... On dirait un nouveau fragment d'espace temps échappé du trou noir du précédent spectacle "Four Seasons Restaurant".

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La salle s'éteint progressivement jusqu'au noir total. Puis la musique de Scott Gibbons démarre à un assez haut niveau sonore en créant une tension palpable. C'est parti pour un tour! Dans le cadre immaculé de la scène apparaît une sorte de longue turbine blanche horizontale qui se met à tourner de plus en plus vite en accentuant le volume sonore encore davantage. Une sorte de tête noire poilue, mi-humaine mi-animale, sans visage ou regard reconnaissable, descend des cintres pour venir à la rencontre de la turbine dont la vitesse est démente avec le son qui va avec. Lorsque les deux entrent en contact la tête est comme aspirée par le mouvement circulaire et se met à épouser le contour de la turbine (comme une pâte autour d'un rouleau à pâtisserie). Retour au noir et au silence.

Un pièce carrée apparaît au centre de la scène et révèle le cabinet de toilettes d'un restaurant dont on entend le brouhaha à l'extérieur. Une jeune femme est enfermée dans cet espace hyperréaliste et semble progressivement prise d'un malaise assez dérangeant. On se rend compte qu'elle est en train de perdre du sang, beaucoup de sang. Elle tente de contenir cette hémorragie avec du papier hygiénique. On se demande s'il s'agit des conséquences d'un viol, d'un avortement ou de menstruations pathologiques... La séquence dure un bon moment et rappelle l'incontinence du vieillard dans "Sur le concept du visage du fils de Dieu". Même situation dérangeante mais qui pousse à la compassion après avoir fait détourner le regard. Etrange douceur qui se dégage de la plus grande violence.

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On comprend au plan suivant, qui montre un container à ordures d'où émerge un cri de nouveau-né, que cette femme a probablement accouché seule et abandonné l'enfant avant de se réfugier dans les toilettes d'un restaurant.

Scène suivante... Une sorte de commissariat où la même jeune femme est interrogée par un inspecteur qui tente de lui faire avouer où elle a mis le corps de l'enfant. Elle est d'abord mutique puis se met à exprimer des propos délirants où elle dit que son enfant est appelé à devenir le nouveau Moïse qui viendra sauver l'humanité en la libérant d'un esclavage invisible mais bien latent. La rencontre avec un nouveau Dieu lui semble nécessaire et vitale. On entend le gospel "Go Down Moses" qui faisait de Moïse le symbole du libérateur face à l'esclavage. Elle est prise d'un malaise.

 - Romeo Castellucci - Page 6 45837111

On conduit cette femme vers un scanner immaculé qui occupe le centre de la scène en arrière plan. Elle s'allonge puis les bruits électroniques sont amplifiés par des nouveaux accords de la musique de Scott Gibbons. La femme est absorbée par le scanner comme dans un trou noir... Fin de la partie narrative.

Le dernier tableau qui occupe plus du tiers du spectacle est un moment hallucinatoire comme Castellucci en a le secret. Sur une bande son à la fois puissante et enveloppante, presque new age, on devine dans une semi-obscurité vaporeuse des formes qui s'animent. Sorte de bas relief dont les figures seraient humaines. Les silhouettes nues forment une chaine qui rappelle une des formes géométriques des personnages du début. Par un jeu d'éclairages incroyables on devine peu à peu une sorte de grotte primitive comme dans 2001 L'Odyssée de L'espace. Les personnages apparaissent plus clairement comme des hominidés au visage simiesque. On observe à nouveau d'étranges rituels.

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Une femme découvre son enfant mort (à moins que ce ne soit l'enfant de la jeune femme du début comme dans un rêve) et lui offre ce qui pourrait être la première sépulture de l'humanité. Moment extrêmement beau et émouvant. Comme si on assistait à l'émergence des fondements de la culture, de la religion et de l'art.

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De fait, cette femme après avoir enterré son enfant s'accouple avec son partenaire puis, dans une sorte de transe quasi chamanique, se rapproche de l'écran qui la sépare des spectateurs de la salle. Elle semble deviner notre présence de l'autre côté. Elle pose à plusieurs reprises sur l'écran ses mains qui créent à chaque fois une déflagration sonore en même temps qu'elles dessinent les premiers témoignages de l'art rupestre.

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 - Romeo Castellucci - Page 6 80eb0810

Plus troublant encore, dans un anachronisme qui abolit l'espace-temps comme une prophétie, elle trace avec son doigt un énorme SOS. La femme qui a abandonné l'enfant semble avoir assisté à cette scène dans une forme de transe onirique ou hallucinatoire. A moins que ce ne soit le scanner qui ait décrypté à travers son corps et son cerveau les vestiges de notre héritage primitif...

 - Romeo Castellucci - Page 6 Go-dow16

Fin du spectacle dans un retour au silence et au noir.

Un moment d'une grande beauté plastique et d'une grande force comme à chaque fois. De ces spectacles qui nous accompagnent encore longtemps après leur vision. Qui créent des questionnements sans réponses univoques et surtout une expérience intellectuelle et sensorielle stupéfiante.

Go Down Moses est peut-être plus lisible que d'autres. On comprend ce que les rares dialogues se sont  finalement contentés de surligner (c'est mon seul bémol). Mais surtout on ressent des choses bien plus profondes, inconscientes, que la raison ne peut circonscrire. Un dispositif scénique qui abolit les frontières temporelles et spatiales. Qui permet de faire communiquer de façon quasi télépathique et chamanique une femme de notre époque et son double primitif dans la grotte utérine des commencements de l'art et de l'humanité.

Je m'interrogeais sur la turbine et la tête du début et finalement je crois que l'explication réside dans cette rencontre de temporalités distinctes. La turbine d'un monde futuriste et technologique fusionne avec cet artéfact hominidé venu de la préhistoire. Comme le théâtre de Castellucci permet d'ouvrir les portes de la conscience, de nous faire voyager dans un espace mental et de nous faire vivre l'expérience du mystère et du sacré. Achoppement de la plus grande technologie et du plus intime archaïque à travers l'art. Est-ce qu'il est là ce nouveau Dieu capable de nous délivrer? Peut-être pas mais il nous aura au moins ouvert l'esprit et élevé à des dimensions que peu de spectacles sont capables de proposer aujourd'hui. Vous avez dit sublime?


Dernière édition par Marko le Dim 16 Nov 2014 - 16:52, édité 8 fois
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyMar 11 Nov 2014 - 22:18

J'ai oublié de parler des smileys et du lapin mais c'est encore une autre histoire...

Je viens de voir que Castellucci s'est intéressé au thème de Moïse notamment parce qu'on lui a proposé de mettre en scène à l'opéra Moses und Aron d'Arnold Schönberg (en remplacement d'un certain Patrice Chéreau). Ce sera à Paris à l'opéra Garnier pour la saison prochaine et je serai évidemment au rendez-vous.

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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyMer 12 Nov 2014 - 0:00

Merci Marko de ce commentaire si fouillé, et de ces mots si expressifs qui me livrent plein d'images...
Le regret de n'avoir pu y aller...L'attente du Sacre du Printemps en décembre...et rendez-vous peut-être à l'Opéra Garnier pour Moses und Aron.
Castellucci est un génie!
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 EmptyMer 12 Nov 2014 - 0:24

Quand je pense que j'ai manqué plus de 20 ans de ses créations!
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MessageSujet: Re: Romeo Castellucci    - Romeo Castellucci - Page 6 Empty

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