oeuvres musicales en littérature et poésie

quand Max rencontre Ada elle est en train de répéter en solitaire Pohadka/Märchen/Le conte de Janacek :







Le coeur de Max battait la chamade. Chaque fois, c'était aussi nouveau que la première. Il alla se poster de façon à n'être pas vu. Mais tandis qu'il l'écoutait et la regardait, quelque chose changea en lui. Sans que son excitation disparût, il lui sembla que derrière elle, un espace s'ouvrait peu à peu, comme au théâtre lorsque le rideau se lève. Absorbé en lui-même comme il l'était, il avait l'impression que la musique se composait en réalité de silence audible, d'un silence mis en forme, telle une figure géométrique que la violoncelliste eût construite autour d'elle. De temps à autre elle s'interrompait pour vérifier quelque chose dans la partition, de la pointe de son archet : un silence tombait alors dans le silence. Son visage encadré de noir; la lueur rougeoyante du bois de la caisse échancrée qu'elle tenait entre ses jambes, la main gauche sur le manche; à côté d'elle la boîte ouverte... Un vers de Mallarmé lui traversa l'esprit : Musicienne du silence... (...)

La découverte du ciel , Harry Mulisch

Après Janacek, Haruki Murakami fait découvrir à ses lecteurs une nouvelle oeuvre dans son dernier roman L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage (très bien jusqu'à présent!)

ah oui, on ne peut pas échapper à cette oeuvre qui revient plusieurs fois tout au long du livre... je m'étais aussi mise à la recherche et j'aime bien cette découverte, malheureusement pas trop le reste, mais je te souhaite que ta bonne impression va se poursuivre jusqu'à la fin...

Merci Kenavo!
J'en suis à la moitié et cela me plaît toujours autant. Certes il n'a pas la puissance de certains de ses romans mais il est bien mieux que 1Q84!

Mais je crois que tu n'es pas trop fan de Murakami à la base, ou je me trompe de parfumé ?

nezumi a écrit:

Mais je crois que tu n'es pas trop fan de Murakami à la base, ou je me trompe de parfumé ?

disons, oui et non... j'ai bien aimé les livres que j'ai lu de lui, mais dans ceux-là il n'y avait pas d'aspect fantastique, dont je ne suis pas si friande
en lisant le résumé de son dernier, je me suis dit que ce serait à nouveau un livre pour moi...
malheureusement ce n'était pas ça
mais ce qui est marrant, les passages du livre qui se déroulent en Finlande me restent en mémoire...
un auteur japonais qui me donne de belles images de la Finlande

nezumi a écrit:

Ça fait quand même un peu digest d'article d'un Diapason, par exemple. C'est d'une grande banalité, ce sont les lieux communs de l'interprétation de Liszt qu'il nous sort. On a l'impression qu'il n'a rien de personnel à dire, c'est triste. Juste des résumés de ce qu'on peut trouver un peu n'importe où.

Depuis quelque temps, dans chaque bouquin, il prend une oeuvre musicale, on a l'impression (il avait un peu insisté sur trio l'Archiduc dans Kafka sur plage ; beaucoup insisté sur la Sinfonietta de Janacek dans 1Q84)... à force, ça sent le procédé (mais j'écris ça sans avoir lu ce livre). Alors, quelle oeuvre va-t-il prendre dans son prochain livre ?
D'accord, le but est louable (faire connaître la musique classique), mais bon...

kenavo a écrit:

nezumi a écrit:

Mais je crois que tu n'es pas trop fan de Murakami à la base, ou je me trompe de parfumé ?

disons, oui et non... j'ai bien aimé les livres que j'ai lu de lui, mais dans ceux-là il n'y avait pas d'aspect fantastique, dont je ne suis pas si friande
en lisant le résumé de son dernier, je me suis dit que ce serait à nouveau un livre pour moi...
malheureusement ce n'était pas ça
mais ce qui est marrant, les passages du livre qui se déroulent en Finlande me restent en mémoire...
un auteur japonais qui me donne de belles images de la Finlande

Et pourquoi pas ? Un auteur japonais n'est pas voué à parler exclusivement du Japon, ni un Finlandais de la Finlande.

eXPie a écrit:

nezumi a écrit:

Ça fait quand même un peu digest d'article d'un Diapason, par exemple. C'est d'une grande banalité, ce sont les lieux communs de l'interprétation de Liszt qu'il nous sort. On a l'impression qu'il n'a rien de personnel à dire, c'est triste. Juste des résumés de ce qu'on peut trouver un peu n'importe où.

Depuis quelque temps, dans chaque bouquin, il prend une oeuvre musicale, on a l'impression (il avait un peu insisté sur trio l'Archiduc dans Kafka sur plage ; beaucoup insisté sur la Sinfonietta de Janacek dans 1Q84)... à force, ça sent le procédé (mais j'écris ça sans avoir lu ce livre). Alors, quelle oeuvre va-t-il prendre dans son prochain livre ?
D'accord, le but est louable (faire connaître la musique classique), mais bon...

Ben écoute, je n'ai jamais ouvert de Diapason, je connais très peu sur Liszt, sa vie, son oeuvre et donc encore moins sur son interprétation. Donc le manque d'originalité du commentaire du personnage (qui n'est pas Murakami) m'échappe à peu près. Peut-être que s'il avait écrit des lieux communs sur quelque chose que je connais à fond, cela m'aurait frappée, mais là ce n'est pas le cas.

Dans The Bone Clocks (excellent!) de David Mitchell:



L'auteur ne détaille pas de platitudes dessus, donc pas de citations.

Sibelius Merci Nezumi. Voilà qui attise ma curiosité pour le livre de Mitchell (même s'il se contente de le citer!).

Cette musique est vraiment magique en effet.

Sibelius est mentionné à plusieurs reprises dans ce livre, Mitchell aimant semer ce genre d'indices/fil conducteur dans ses romans à narrateurs et univers multiples. J'espère que celui-ci va être traduit bientôt!

Sibelius est aussi, à l'orée de sa mort, le sujet d'une superbe nouvelle de Julian Barnes dans La Table citron, un  recueil consacré à la vieillesse et la mort dont je garde un non moins excellent souvenir (je suis en veine de superlatifs aujourd'hui   ).

Super! je vais essayer de lire ça.

Un extrait du livre de Carlos Fuentes La tête de l'hydre :

- Tu étais triste pour cet anniversaire. Nous sommes allés danser. C'était quatorze ans après la guerre. Tu tenais à me montrer tout ce que j'avais perdu. Films et livres. Chansons et modes. Danses et autos. J'avais perdu tout ça, enfant en Allemagne. Alors l'orchestre s'est mis à jouer du Kurt Weill, la chanson de la Dreigrosschenoper. Louis Armstrong l'avait remise à la mode, tu te rappelles ? Alors il s'est passé quelque chose de très mystérieux. Tes vingt ans, mon enfance en Allemagne, cette chanson qui nous unissait magiquement comme rien auparavant ne nous avait unis.



- La chanson de Mackie, je me souviens.

- Toi tu me parlais d'une chanson à la mode en 56 et moi je me rappelais que mes parents la fredonnaient, ils avaient un disque chanté par Lotte Lenya, avant la guerre, avant les persécutions, un disque rayé. Tout s'unissait pour que ta mélancolie soit vraie. Cette nuit-là la tristesse nous a gagnés. Tu m'as dit une chose, tu te rappelles ?

- Bien sûr, Sara. Pour tout le monde la mort commence à vingt ans.



J'ajoute ici deux autres versions, la première que j'adore de Marianne Faithfull et la dernière de Nick Cave (léger hommage à nezumi qui est à l'origine de ce fil) :





Bonne écoute !!