Béatrix Beck [Suisse]

Arabella a écrit:

darkanny a écrit:

[b]L'enfant chat

Celui-ci il me tente trop, je sens que ne tarderai pas à succomber....

Vous êtes tous des vils tentateurs.

Succombe succombe ma fille

darkanny a écrit:

L'enfant chat

Il est sur ma liste, forcément

(il est tout petit en plus).

encore plus envie de la lire je crois bien avec tous ces commentaires

Ca doit bien être la première fois que je lis l’auteur du mois, mais, c’est une sorte de coïncidence, étant donné que j’avais commandé le mien il y a déjà quelques semaines. Mais tant mieux, pour une fois que je suis dans le moule. Je l’ai commencé ce weekend, fini cette nuit (sic !), et pourtant, mes paupières étaient lourdes comme des paupiettes de veau. J’ai même eu un moment de tristesse au moment de le refermer. Ce pincement de cÅ“ur qui n’arrive pas si souvent. Deuxième coup de déprime ; quand je vois la date de mort de Mme Beck, et que je réalise qu’une fois encore, je me suis réveillée tard (en 2008, je savais lire pourtant).

Mon choix s’était porté sur Barny, son premier roman, parce que le résumé avait l’air fort aguichant.

Les premières pages n’ont pas été faciles pour moi… de nombreuses ellipses, des liens de parenté ou de voisinage que j’avais du mal à retenir. Et l’impression de lire, à chaque paragraphe, une mini-nouvelle (avec une bonne chute ! ). Ensuite, je m’y suis faite. J’ai appris à me laisser guider et ne pas avoir un récit linéaire. De reconnaitre que la vraie vie est une succession de personnes que l’on rencontre et que l’on perd aussi vite, même si cela fait un mal de chien.
Barny est terriblement touchante, de part sa solitude, et sa détermination à défier le destin (ou Dieu). Ses remarques sont à la fois pleines de poésie, et/ou de cruauté. Tour à tour martyr et bourreau. Certains personnages qu’elle croise (la fameuse Donique qui rentre dans les ordres) sont poignants. Il s’agit presque d’une expérience mystique de lire ce roman (j’ai peur d’entrer dans les ordres si je lis Leon Morin, prêtre).

Je vous aurais bien recopié des extraits, mais mon enthousiasme juvénile m’a poussé à le poster aux aurores ce matin : je ne pouvais pas le laisser sur mon étagère. Il doit aller charmer d’autres cÅ“urs.

Autant dire qu’il est prévu que je continue la découverte. Et pire encore, depuis hier je suis OBSEDEE par Beatrix Beck. J’ai peur de finir comme Animal : toute poilue.

B.B., l’essayer, c’est l’adopter.

Maryvonne a écrit:

Et pire encore, depuis hier je suis OBSEDEE par Beatrix Beck. J’ai peur de finir comme Animal : toute poilue.

Si cela a ce genre d'effets secondaires je vais laisser tomber

Bah oui, je suis scotchée derrière mon écran, à écouter interview sur le site de l'INA. Donc mes poils poussent, et ce n'est pas ce soir que je vais m'épiler.
Donc fais attention.

Ils mettent Bernanos dans les mots clés, c'est marrant, parce que je suis presque sûre que ça plairait à mon reup,
qui est fan de Bernanos (que je n'ai pas lu, honte sur sa fille).

AH LES ENFLURES, JE N'AI LE DROIT QU'A 10 MINUTES !!!!!

VDM !

Au lit, c'est un signe.

Et voilà.
J'ai envie de lire L'enfant chat et Barny. Et j'écoute les dix minutes d'itv. (Alors que je devrais m'épiler les aisselles!)

J'ai fini "La decharge"
Le style de Beatrix Beck est inimitable! C'est d'une précision dans le choix des mots et des expressions que j'ai dû lire certaines phrases plusieurs fois pour en comprendre le sens. Un bijou absolu en ce qui concerne l'écriture. Une belle lecture, mais surtout une découverte d'un écrivain remarquable.
Merci, Queenie, c'etait un vrai cadeau dans mes lectures!
Je vais encore un peu reflechir sur le sujet et le reste dans le livre. Et revenir peut-etre.

Ca va devenir difficile de ne pas lire B.Beck....je sens que je ne finirais pas le mois de juin sans lire un livre d'elle.....

Noemie Duchemin - de "La decharge" - une fille sublime dans cet univers d'apocalypse - entre la decharge-terrain d'immomdices et le cimetiere-autre endroit de decomposition. Noemi est en soi-meme un cri de revolte face aux bien-pensants de la societe d'apres-guerre. Noemie, heureuse dans sa famille ou toutes les valeurs morales sont a l'envers, porte une grande affection a son institutrice, Mlle Minnier qui lui suggere d'ecrire. A la mort de sa "bienfaitrce", Noemi decouvre ses mensonges et son hypocrysie, decoouvre que pour Mlle Minnnier, ne l'a traitee que d'un phenomene de foire. Cela n'a que de bonnes consequences pour Noemie - endiurcie, elle fonce en avant.
Quelle personnalite originale, combattive, drole si je peux dire, cette Noemie! Toujours entre le normal et l'anormal - elle a toujours le courage de lutter contre la societe toute-puissante et sa mesquinerie avec ses armes a elle - sa rage et son ecriture.
Quel langage incroyable maitrise Beatrix Beck - tellement appropriee a chacun de ses personnages!
A quand mon autre lecture de cette auteure surprenante?

Charlie a écrit:

Ca va devenir difficile de ne pas lire B.Beck....je sens que je ne finirais pas le mois de juin sans lire un livre d'elle.....

C'est claire. Y'a un sacré lobbying là.

BB a encore frappé , avec Barny dont je brûle de vous parler , ce que je fais :

Barny est une petite fille qui vit seule avec sa mère , veuve et psychologiquement fragilisée , leur existence est pauvre , frustre je dirais même , on les accompagne bon an mal an de village en village , au fil des événements dont le fil conducteur est cette pauvreté et cette carence de solidarité familiale qui leur collent à la peau jusqu'à la maturité de Barny et son entrée à l'université.

Au départ la forme du roman surprend , pas de trame ni de fil précis , tout s'enchevêtre , on parle des voisins qui sont souvent des voisines , des pommes de terre qu'on pèle , du bois ramassé , des jeux et des jouets de bric et de broc qu'on s'invente pour tuer cette misère , cette solitude à deux que vivent ces deux êtres si différents mais ô combien soudés.

Sans m'avancer beaucoup , on est en plein dans cette période de l'entre deux guerres, très proche de "la guerre des boutons " ou de "poil de carotte" surtout quand Beatrix Beck décrit ce monde de l'enfance si dur à cette époque .
Ah on est loin de l'enfant roi d'aujourd'hui , ici il s'attend plus souvent à une torgnolle mémorable ou une fessée ou encore la bonne vieille règle assénée sur les doigts et forcément quand on reçoit des coups on en donne aussi beaucoup , ce qui fait que Barny se complait parfaitement en martyr ou tyran c'est selon , côté pile:

Chez des amis, on me conduisit dans la chambre des enfants.Là, un garçon despotique, dès que nous prenions un jouet, nous l'arrachait des mains.Il nous parlait avec mépris , nous donnait des ordres que je m'empressais d'exécuter.Les autres protestaient essayaient de s'insurger.Je faisais semblant d'être de leur côté, mais je jouissais d'être persécutée.Pendant le trajet du retour , je me répétai intérieurement:
- J'ai trouvé mon tyran.J'ai trouvé mon tyran

Pas pu m'empêcher d'éclater de rire avec cette dernière phrase , même les instants les plus tragiques sont souvent teintés de cet humour un peu sardonique chez Beatrix Beck

Et donc notre petite Barny peut se révéler un tyran , très à son affaire, côté face:
Elle possède un lapin qu'elle nomme Pimpanichon (là aussi il y aurait à dire sur les noms que donne Barny à ses jouets humains ou animaux , son ours en pluche appelé Mérovée , cette gamine fait preuve d'une fantaisie et d'une imagination débordante )

Voici ce qui arrive à Pimpanichon :

J'emportais Pimpanichon dans le jardin, je m'asseyais avec lui sous le cogniassier, je regardais autour de moi pour vérifier que nous étions bien seuls, et tenant d'une main Pimpanichon par les oreilles , de l'autre je le rouais de coups.

C'est pourtant pas très drôle mais rien qu'à l'évocation de cette scène , ça me fait plutôt sourire , car on a beau dire , quel gosse n'a pas tapé sur sa poupée comme un cinglé ou tiré sur les poils du chat ?

Contexte social , contexte historique , c'est la période de l'école communale , Barny est avide de tout , de Dieu , de livres , de connaissances .
Le certificat d'études est le passeport pour la reconnaissance et l'amour du maitre ou de la maîtresse , ce n'est pas rien , et de plus il évite encore une paire ce claques en rentrant à la maison si échec.

C'est une lutte sa vie à la petite Barny , que sa mère surhabille maladroitement (fragilité pulmonaire) provoquant la risée de ses camarades pourtant pas beaucoup plus reluisantes , mais quand même.
Et Barny s'enflamme , tour à tour pour Dieu , ses copines de classe mais rejette aussi vite le lendemain ce qu'elle a adulé hier avec comme elle dit "une joie extatique".

Je pourrais en parler des heures , c'est tout simplement d'une grande humanité , drôle , touchant , et rendre un personnage comme celui de Barny aussi attachant , avec ses mini crises , ses sautes d'humeur , ses reniements mais aussi sa faiblesse et sa fragilité , c'est une performance.
Bravo Madame Beck et merci Maryvonne pour m'avoir transmis le flambeau aussi vite , il va tourner ce livre , je l'espère.

Comme dit Maryvonne

Citation :

B.B., l’essayer, c’est l’adopter.

Pas encore fini La décharge, mais je me régale.
C'est drôle, irrévérencieux, chaleureux, on ne peut pas ne pas tomber sous le charme.
Tout comme Shanidar et je ne sais pas pourquoi au juste (à cause de Léon Morin prêtre avant de le lire?) je m'imaginais une auteure un peu prise de tête, avec tout plein de questionnements un peu ronflants sur la foi entre autres, et je l'ai découverte à l'opposé, ne s'encombrant pas de fioritures ni de bienséance.
Elle écrit comme elle ressent, ses mots coulent tout seul sans apparât mais quelle élégance derrière cette touche d'insolence. Alors au risque de devenir poilue moi aussi comme Maryvonne (tu m'as écroulée sur ce coup) je poursuis de plus belle...
Merci, merci le forum . Animal tu as ma reconnaissance éternelle!

J'ai toujours pas compris cette histoire de poils , c'est quoi le rapport avec la lecture de Beatrix Beck ?