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 Jacques Lacan [Psychanalyse]

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Marko
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MessageSujet: Re: Jacques Lacan [Psychanalyse]   Jacques Lacan [Psychanalyse] - Page 2 EmptyDim 2 Sep 2012 - 14:19

Constance a écrit:
il lui caressa lentement la joue, la rassurant par un "Geste à peau" (tout en prononçant ces mots), et cette polysémie
Comme Marko, je ne pense pas qu'un tel geste et une telle parole puissent être miraculeuses. En revanche, je suis convaincue qu'elles peuvent établir un contact, celui qui peut s'avérer si difficile, parfois, dans une relation thérapeutique. Mais toujours au-delà de l'aspect thérapeutique, on touche, avec l'expression "Geste à peau", à un "jeu" que Lacan a emprunté à la grammatologie de Derrida (la science de l'écriture, sa déconstruction) et étendu à tout discours, quel qu'il soit : écrit, parlé, rêvé...

« Sa vie sexuelle, il faudrait écrire ça avec une orthographe particulière. Je vous conseille beaucoup l’exercice qui consiste à essayer de transformer les façons dont on écrit les choses. Ça visse exuelle, voilà où nous en sommes.
C’est un exercice assez révélateur, et puis, c’est à l’ordre du jour. Pour allécher les gens friands, ceux qui sont pour l’instant en train d’entendre comme des échecs qu’on aurait tout foutu en l’air dans la linguistique, M. Derrida a inventé la grammatologie. Il faut lui donner des applications. Essayez de jouer avec l’orthographe, c’est une certaine façon de traiter l’équivoque, qui n’est pas du tout vaine. Vous verrez, si vous écrivez la formule
ça visse exuelle, ça peut aller loin. Ça éclairera certaines choses, ça pourra faire venir une petite étincelle dans les esprits. » (Lacan, Mon enseignement)

Comme le dit Lacan : Essayez... vous verrez. Wink
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Marko
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MessageSujet: Re: Jacques Lacan [Psychanalyse]   Jacques Lacan [Psychanalyse] - Page 2 EmptyDim 2 Sep 2012 - 15:03

MezzaVoce a écrit:
Constance a écrit:
il lui caressa lentement la joue, la rassurant par un "Geste à peau" (tout en prononçant ces mots), et cette polysémie
Comme Marko, je ne pense pas qu'un tel geste et une telle parole puissent être miraculeuses. En revanche, je suis convaincue qu'elles peuvent établir un contact, celui qui peut s'avérer si difficile, parfois, dans une relation thérapeutique.
Etablir un contact en caressant une joue est loin d'être anodin. La compassion est une chose et elle peut s'exprimer par les mots et surtout le regard et tout un langage non verbal qui est perçu favorablement s'il est sincère et bienveillant. Le toucher comme un père rassurerait son enfant peut aussi être perçu comme une intrusion insupportable, surtout si l'histoire personnelle est traumatique. Même une main sur une épaule pour encourager, rassurer, ne doit pas être un geste utilisé à la légère. Le lien s'établit souvent plus facilement si on se sent réellement écouté et accompagné avec générosité et attention. Et une phrase magique comme celle citee au-dessus peut tomber à plat ou susciter de la méfiance. Même s'il y a de l'humour et un message se voulant apaisant. Dans la situation de cette femme on pourrait aussi se demander quel est ce gugusse qui fait un jeu de mot vaseux en caressant la joue! Lacan s'autorisait beaucoup de choses parce qu'il était Lacan. On savait en allant le voir qu'il était un thérapeute très original et un peu mystérieux qu'on consultait comme une sorte de sorcier.

Desplechin montre bien ce côté fascinant de certains psychanalystes singuliers dans son film Rois et Reine où Amalric attend fébrilement l'avis de cette femme noire impressionnante (Dr Devereux en hommage à Georges Devereux un des pionniers de l'ethnopsychiatrie) qui a l'air à moitié folle mais lui renvoie des choses très pertinentes. Parfois (trop) directive même ! Ça marche si on cherche une figure paternelle ou maternelle contenante. Mais ça peut aussi enfermer dans un lien de dépendance pas forcément souhaitable.

P.S. J'ai vu que le prochain film de Desplechin, Jimmy Picard, s'inspire d'ailleurs de Psychothérapie d'un indien des plaines de Georges Devereux.

Jacques Lacan [Psychanalyse] - Page 2 97822110

P.S.2: Desplechin représente aussi pour moi la limite d'une approche trop psychanalytique du cinéma (de l'art en général). Ses scénarios sont nourris de cette culture. Il a du passer du temps sur les divans des analystes mais je trouve que sa façon d'utiliser cet angle d'approche est trop systématique et appauvrit plus qu'elle n'ouvre l'espace de représentation. Christophe Honoré fait mieux dans "Non ma fille tu n'iras pas danser" parce qu'il laisse place à d'autres dimensions plus littéraires et romantiques. D'une façon plus générale je trouve plus de profondeur et de justesse psychologique chez un auteur comme Proust ou Dostoïevski que dans n'importe quelle oeuvre psychanalytique trop théorique. Comme si on avait besoin de cette dimension poétique pour atteindre au plus vrai (au plus intime en tout cas).
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odrey
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MessageSujet: Re: Jacques Lacan [Psychanalyse]   Jacques Lacan [Psychanalyse] - Page 2 EmptyDim 2 Sep 2012 - 23:39

Marko a écrit:
Mezzavoce a écrit:
Comme Marko, je ne pense pas qu'un tel geste et une telle parole puissent être miraculeuses. En revanche, je suis convaincue qu'elles peuvent établir un contact, celui qui peut s'avérer si difficile, parfois, dans une relation thérapeutique.
Etablir un contact en caressant une joue est loin d'être anodin. La compassion est une chose et elle peut s'exprimer par les mots et surtout le regard et tout un langage non verbal qui est perçu favorablement s'il est sincère et bienveillant. Le toucher comme un père rassurerait son enfant peut aussi être perçu comme une intrusion insupportable, surtout si l'histoire personnelle est traumatique.

Entièrement d'accord. Quand j'ai été opérée, l'anesthésiste m'a caressée la joue pour me dire bonjour alors que j'étais en position gynécologique. J'ai trouvé ça intrusif, violent. Du coup j'ai cherché l’infirmière du regard, un peu flippée à l'idée de me retrouver endormie seule avec deux hommes (lui et le gynéco) alors qu'avant ça j'étais très calme. Certes le contexte n'est pas celui d'une psychanalyse, mais chez le psy aussi on se met à nu. Si l'anecdote du "geste à peau" est vraie, c'était quitte ou double.
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MessageSujet: Re: Jacques Lacan [Psychanalyse]   Jacques Lacan [Psychanalyse] - Page 2 EmptyLun 3 Sep 2012 - 9:44

Il vaut mieux ne pas sous-estimer les mots : ils peuvent être tout aussi intrusifs qu'un geste, voire bien plus.

Et puis, en ce qui concerne le contact, lorsqu'on est en grande souffrance, tout devient quitte ou double, tout est risqué.

Mais le problème de cette anecdote, c'est qu'on n'en sait quasiment rien. Est-elle vraie ? Dans quel contexte ? On peut y réfléchir, bien sûr, comme une situation hypothétique. Dans la réalité, on peut quand même imaginer que Lacan savait ce qu'il faisait, en tout cas plus que ce que nous nous en savons. jypeurien
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MessageSujet: Re: Jacques Lacan [Psychanalyse]   Jacques Lacan [Psychanalyse] - Page 2 EmptyVen 15 Mar 2013 - 11:16

Marko a écrit:
Lorsqu'on apprend une langue étrangère on doit commencer par le b.a. ba avant de pouvoir élaborer une pensée plus abstraite et complexe. Pour comprendre les équations d'Einstein il faut d'abord maîtriser les mathématiques, la physique puis la physique quantique... sinon on est incapable d'appréhender ce qu'il nous montre. Lacan a élaboré son propre langage qui rend compte de concepts abstraits impossibles à traduire en mots du langage courant. Le symbolisme est parfois la seule voie pour dépasser ce que le langage ne peut exprimer ou concevoir de façon satisfaisante. Quand on suit un séminaire de Lacan on apprend progressivement ces signes, ces symboles qui permettent un cheminement progressif vers des concepts très abstraits. Petit à petit on s'immerge dans ce néolangage et on perçoit une nouvelle façon d'envisager la psyché humaine, l'inconscient... Cela peut prendre des mois ou des années comme lui-même a mis une vie entière à créer sa théorie. Le résultat peut sembler aussi kabbalistique que l'équation d'Einstein (toutes proportions gardées) mais il y a un cheminement qui peut faire sens et enrichir sur le plan théorique. Reste à savoir ce qu'on en fait en pratique et là aussi il a inventé ou approfondi des grilles de décrytpage dont certaines apparaissent limpides et aident dans une prise en charge psychothérapeutique et d'autres laissent sceptique. Je n'adhère pas par exemple à son concept de "forclusion du nom du père" dans la schizophrénie mais d'autres intuitions me séduisent davantage...

Ensuite il a aussi compris la part de pensée magique chez l'être humain, cette propension à l'irrationnel, à la suggestion. Et il a créé ce personnage de gourou un peu fou qui se permet d'étranges fantaisies comme certains sorciers ou chamans pouvaient en manifester. C'est un aspect contestable ou agaçant mais qui fait partie d'un tout. Tobie Nathan a montré que différentes formes d"'influences" peuvent "guérir" ou agir sur l'autre. En matière de psychologie cela peut parfois avoir un impact utile. C'est malheureusement moins vrai en ce qui concerne de nombreuses pathologies mentales qui reposent davantage sur des anomalies neurobiologiques que sur des facteurs psychologiques et environnementaux qui néanmoins jouent un rôle. D'où l'intérêt d'intégrer des approches multiples à partir du moment où elles nous aident à progresser et à aider l'autre bénéfiquement. La théorie lacanienne ne me guide pas au quotidien mais son approche de l'humain et de la psyché apporte un sous-texte qu'il est utile de connaître. Je ne suis qu'un béotien par rapport à Lacan mais j'entrevois tout ce qu'on peut y puiser si on prend le temps de le connaître mieux. Je n'en ai pas le temps et j'ai d'autres priorités, d'où l'importance de collaborer avec des psychologues qui ont pris des années à acquérir cet apport.



Désireuse d'approcher la théorie Lacanienne sans avoir aucune connaissance de base , je souhaiterais trouver des ouvrages de vulgarisation peut-être pour m'initier à son langage et ainsi essayer de comprendre sa conception de la psyché humaine .....
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