Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Parfum de livres… parfum d’ailleurs

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 Hélène Cixous

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MessageSujet: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptySam 26 Jan 2013 - 14:34

Hélène Cixous

Hélène Cixous Cixous10

Professeur, écrivain, poétesse, auteur dramatique, philosophe, critique littéraire et grande figure du féminisme!…
Hélène Cixous, que Marine Landrot (Télérama) désigne comme la philophécrivaintelligenthéatralchimiste, et dont Derrida a dit qu’elle était « le plus grand écrivain vivant de langue française » n’avait pas encore son fil sur Parfum de Livres !
Comme je viens de lire, enthousiasmée, Messie, mon premier ouvrage parmi ses nombreuses publications j’ouvre donc ce fil!

Hélène Cixous est née à Oran en 1937.
Son premier succès, en 1968, fut un essai : L'Exil de James Joyce ou l'art du remplacement ( Grasset).

En 1969, avec le roman autobiographique Dedans (Grasset), elle obtient le Prix Médicis.
C’est aussi en 1969 qu’elle fonde la revue Poétique, avec Tzvetan Todorov et Gérard Genette.
Ses œuvres très nombreuses furent éditées aux éditions Grasset, Gallimard, Des femmes et Galilée.

Outre les romans et les essais, elle écrit aussi des pièces de théâtre dont certaines furent mises en scène par Simone Benmussa (Portrait de Dora), Daniel Mesguich (L’Histoire qu’on ne connaîtra jamais), Ariane Mnouchkine (L’Indiade, ou l’Inde de leurs rêves, Tambours sur la digue, Et soudain, des nuits d'éveil, La Ville parjure ou le réveil des Erinyes, Le Dernier Caravansérail, et traduction des Euménides d’Eschyle et adaptation de Jules Verne pour Les naufragés du fol espoir).

Sa rencontre avec Jacques Derrida a eu lieu en 1963, rencontre amicale, politique, intellectuelle. Ils vont s’associer pour des publications communes comme Voiles, en 1998, avec des dessins d’Ernest Pignon-Ernest, (Galilée)
Hélène Cixous Helene10
Chacun dressera le portrait de l’autre :
- Portrait de Jacques Derrida en jeune saint juif, en 2001 (Galilée) fut écrit par Hélène Cixous
- H. C. pour la vie, c'est à dire…fut rédigé par Jacques Derrida

Hélène Cixous a écrit d’autres essais sur les œuvres de Clarice Lispector, Maurice Blanchot, Franz Kafka, Heinrich von Kleist, Michel de Montaigne, Ingeborg Bachmann, Thomas Bernhard, et la poétesse russe Marina Tsvetaeva.

En féministe, elle a écrit son essai sur Le rire de Méduse qui a été traduit dans des dizaines de langues

Bibliographie (colossale!)

Fictions
Le Prénom de Dieu (Grasset, 1967)
Dedans (Grasset, 1969)
Le Troisième Corps (Grasset, 1970)
Les Commencements (Grasset, 1970)
Neutre (Grasset, 1972)
Tombe (Seuil, 1973, 2008)
Portrait du Soleil (Denoël, 1974)
Révolutions pour plus d'un Faust (Seuil, 1975)
Souffles (Des femmes, 1975)
La (Gallimard, 1976)
Angst (Des Femmes, 1977)
Anankè (Des femmes, 1979)
Illa (Des femmes, 1980)
Limonade tout était si infini (Des femmes, 1982)
Le Livre de Prométhéa (Gallimard, 1983)
Déluge (Des femmes, 1992)
Beethoven à jamais ou l'Existence de Dieu (Des femmes, 1993)
La Fiancée juive de la tentation (Des femmes, 1995)
Osnabrück (Des femmes, 1999)
Le Jour où je n'étais pas là (Galilée, 2000)
Les Rêveries de la femme sauvage (Galilée, 2000)
Manhattan (Galilée, 2002)
L'Amour du loup et Autres remords, 2003
Tours promises (Galilée, 2004)
Rencontre terrestre (avec Frédéric-Yves Jeannet, Galilée, 2005)
L'amour même : dans la boîte aux lettres (Galilée, 2005)
Hyperrêve (Galilée, 2006)
Si près (Galilée, 2007)
Cigüe : vieilles femmes en fleurs (Galilée, 2008)
Philippines : prédelles (Galilée, 2009)
Ève s'évade : la ruine et la vie (Galilée, 2009)
Double Oubli de l'Orang-Outang (Galilée, 2010)

Essais
L'Exil de James Joyce ou l'art du remplacement (Grasset, 1968)
Prénoms de Personne (le Seuil, 1974)
La Jeune Née (U.G.E., 1975)
Le Rire de la Méduse (L'Arc, 1975 - rééd. Galilée, 2010)
La Venue à l'écriture (U.G.E., 1977)
Entre l'écriture (Des femmes, 1986)
L'Heure de Clarisse Lispector (Des femmes, 1989)
Hélène Cixous, photos de racines (avec Mireille Calle-Gruber, Des femmes, 1994)
Voiles (avec Jacques Derrida, Galilée, 1998)
Portrait de Jacques Derrida en jeune saint juif (Galilée, 2001)
Le Voisin de zéro : Sam Beckett (Galilée, 2007)

Théâtre
La Pupille (Cahiers Renaud-Barrault, 1971)
Portrait de Dora (Des femmes, 1975)
La Prise de l'école de Madhubaï (Avant-Scène, 1984)
L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge (Théâtre du Soleil, 1985; nouvelle édition corrigée 1987)
L’Indiade, ou l’Inde de leurs rêves, et quelques écrits sur le théâtre (Théâtre du Soleil, 1987)
Les Euménides d’Eschyle (traduction, Théâtre du Soleil, 1992)
La Ville parjure ou le réveil des Erinyes (Théâtre du Soleil, 1994)
Et soudain, des nuits d'éveil (Théâtre du Soleil, 1997)
Tambours sur la digue, sous forme de pièce ancienne pour marionnettes jouée par des acteurs (Théâtre du Soleil, 1999)
Rouen, la Trentième Nuit de Mai '31 (Galilée, 2001)
Les Naufragés du fol espoir (Théâtre du soleil, 2010)

Prix et récompenses
1969 : avec le roman autobiographique Dedans (Grasset), le Prix Médicis.
2010 : Prix du Syndicat de la critique
2009 : meilleure création d'une pièce en langue française pour Les Naufragés du Fol Espoir

Son dernier ouvrage (je pense): Luc Tuymans. Relevé de la Mort

Hélène Cixous 97827210 Hélène Cixous La-pei10


Dernière édition par coline le Dim 27 Jan 2013 - 23:43, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyDim 27 Jan 2013 - 17:43

Messie

J’étais partie pour rédiger hier mon commentaire de cet ouvrage qui m’a subjuguée !

Pour le fond, une pensée juste et profonde, et la forme, un style incomparable, je me disais qu’Hélène Cixous n’avait pas usurpé le jugement que Jacques Derrida fit d’elle : « Le plus grand écrivain vivant de la langue française. »
Je ne sais pas si elle est la plus grande mais pour ce que je connais de la littérature française d’aujourd’hui, je vais maintenant la classer incontestablement parmi les plus grands !

J’aime lire dans ma langue et la désaffection des lecteurs pour la littérature française actuelle me peine parfois, même si je dois reconnaître qu’elle me fait rarement tomber sur le chef-d’œuvre, le futur classique.
Il en va un peu de notre littérature comme de notre cinéma. Pas mal de bonnes choses mais pas beaucoup de chefs-d’œuvres !

Mais voilà…comment rendre hommage à un tel talent ?
Les mots me manquaient, je me suis sentie tellement pauvre que j’ai eu presque peur de la desservir par mon commentaire.
Je n’étais pas loin de me sentir dans la position de sa narratrice dans Messie au moment où, devant parler de la poésie à un public, elle qui aime tant la poésie, dit :

« Je suis perdue errante suffoquée. Je suis une bête et sans intelligence, je vois les fils de fer barbelés invisibles partout, je ne trouve ni lumière ni savoir ni couloir ni fuyant, je suis un sac de néant et j’ai la gorge scellée de mots secs mon âme intérieure pèse des tonnes et pour la soulever je n’ai aucune force, personne ne peut imaginer la lenteur de mon char de pensée. […] C’est ma vérité profonde, c’est mon destin, c’est le devenir pâteux de mon cerveau dès qu’un membre de la société civile a le malheur involontaire de me demander de répondre à une question qui commence par « qu’est-ce que » ou de m’inviter à prendre la parole dans une scène circulaire, autre façon d’attendre de moi que je réponde à un Qu’estceque. […] Mon esprit est vraiment une mouche ficelée dans la nuit d’une toile d’araignée, et vivante totalement désespérée d’elle-même, totalement incapable d’attraper la moindre parole, d’ailleurs il n’y en a pas.»

Et pourtant ce livre n’a rien d’inaccessible, ni même de difficile! J’en ai tourné les pages avec un vrai bonheur, le bonheur de voir mis en mots, de façon si poétique et créative et juste, des expériences éprouvées, des pensées connues…

Je me retrouvais toujours dans les mots de sa narratrice un peu plus loin, désemparée alors qu’elle doit faire sa conférence sur le thème Questceque la Poésie ? :
« Un jour j’ai entendu un beau savant répondre à l’énigme qu’estceque la Poésie : la Poésie est un hérisson ; et j’eus alors une vision merveilleuse. […] Je vis cela et j’eus pour moi-même la compréhension du mystère. »

Pour moi la question était Qu'estceque cet ouvrage?
Seulement, comme sa narratrice, je me trouvais devant la difficulté d’exprimer ce que j’avais vu et compris…

Aujourd’hui je tente …Mais je crois qu’il me faudra l’aide de ses mots si particuliers… Very Happy
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyDim 27 Jan 2013 - 17:50

Messie

Messie est un conte philosophique et poétique.
Pourquoi Messie ?
Messie dans le sens « personnage providentiel », envoyé des dieux donc.
Le personnage « envoyé » dans ce récit est un chat !

Au début il y a un couple d’amoureux, passionnés, menant une vie très riche, heureuse, animée. Ils sont sans noms.
« ils allaient tous deux l’un vers l’autre sur leurs quarante ans, par tous les temps et tout le temps avec la même urgence et la même patience qu’au premier jour. Leurs noms ? Je ne les dirai pas, j’ai juré.
Ce serait grande et vaine violence que de les appeler, car eux-mêmes ne s’appelaient jamais, ils ne se jetaient jamais aucun nom de calendrier entre leurs personnes, ils ne s’étaient jamais porté des coups de nom […] ils se touchaient simplement par un « c’est moi » « c’est toi » d’une grande délicatesse. »


Lui est auteur de fameuses pièces de théâtre.
Elle se dit « porteuse de trésors sans valeur », ou « messager ».

Ils sont toujours en mouvement, comme répondant à un appel, comme s’ils avaient reçu une Lettre (« Lancée il y a trente millions d’années », « ils sont de type ancestral ») et « L’ordre de la Lettre était « Survivez. Et sans tuer. »
Ils n’ont pas de plan, ils sont en mouvement vers, ils vont, guidés seulement par leurs émotions, « Sans maître et cependant inspirés par une Obéissance. »

Ils ont beaucoup de chance.
Mais lui, de temps à autres, « Il se plaignait de bonheur, il se plaignait d’amour, il se plaignait de tous ces biens qui lui venaient et s’en iraient. Lui venant s’en iraient. […] Le bonheur tournait vers lui ses tridents le malheur faisait tourner ses trois mille bras armés de faux au-dessus de sa tête, et vivre était survivre à vivre. »

Alors il y avait crise et séparation, toujours en août, mais jamais de haine, de méchanceté ou de ressentiment entre eux.
C’était seulement une trêve : « trêve de miracle, trêve de facilité, trêve de triomphe de la bonté. »
Ils se renvoyaient et la porte claquait et c’était « la fête de la terreur. »
« Elle partait en vacillant vide, ruinée, vers la porte, le choc était si grand qu’elle ne pleurait pas, elle glissait vers la sortie à quatre pattes, elle était une morte qui perdait son sang, elle était une autre, lui était un autre, ce n’était pas lui, et tout était achevé. »

Mais à chaque fois qu’ils se retrouvaient, ils étaient plus vivants, sans regret, et plus heureux encore car
« Il faut savoir que et nous savons que :
Nous ne pouvons pas être sans tomber. »

Car :
« S’aimer c’est mêler le fer et peut-être le faux avec la fonte du cœur jusqu’à obtenir une liqueur d’une douceur presque insupportable, appelée euphore.»
Et :
« ah ! que ce cher amour lui coûte cher. Mais tout se paie, n’est-ce pas, et elle voulait l’amour le plus cher, alors elle se faisait payer jusqu’à sentir le frôlement de la faux. »

Un jour, sans qu’ils l’aient voulu, surtout pas elle, un chat entra dans leur vie, une petite chatte, Théa.
Et alors qu’elle n’aurait surtout pas voulu que cela arrive, la femme se mit à l’aimer!
Mais voilà que la chatte veut vivre, et prendre des risques. Elle ne se sait pas mortelle. Vivre !... Là-haut !... Je veux !... Aller !... C’est ce qu’elle fait comprendre à la femme.
Cette dernière a peur pour elle. Elle veut la protéger mais lui dresse une prison. Et la chatte « crie, elle devient le cri elle devient la grande colère de l’être vivant, elle devient la trompe et le mugissement, laisse-moi aller vers, elle sonne pour tous les êtres nés animés, elle chevauche la lumière, laisse-moi aller chez mes airs. Ne mets pas tes murs, tes barreaux, tes frayeurs entre mon destin et moi ! »
Alors la femme dit :
« Mais pourquoi vivre est-il si près de mourir ? »
« Comme pour l’empêcher de mourir je l’empêche de vivre ! »
« Pardonne-moi de t’aimer parce que l’amour interdit toujours de conduire la vie à la vitesse du mourir. […] Pardonne-moi de t’aimer parce que j’ai pitié de moi comme de toi et je plains à mourir celle qui t’aurait perdu. »
« L’amour étant venu, la souffrance lui avait emboîté le pas.
[…] – Tu m’as mis la mort dans la vie ! caressait la femme. »


Et peu à peu la femme réalise : « Je n’aime pas un chat : j’aime un homme. »
Le chat a des pouvoirs psychiques !
« Ce n’est pas un chat, c’est un envoyé. C’est l’incarnation. C’est notre personnage. […] L’animal intérieur nous est sorti du cœur et il s’est présenté à nos yeux en plein jour. »
La chatte est l’allégorie charnelle de leur amour.
"- Elle est venue de ta part n’est-ce pas ? C’est toi là, ce chat, qui me fait tout sentir et prévoir ? »
La chatte a apporté le message...

Ne croyez surtout pas que je vous ai raconté tout le livre…Je ne sais pas faire court et j’espère en avoir un peu restitué l’atmosphère.
Si vous suivez mon invitation à le lire, vous allez traversez bien des passages étonnants, intelligents, poétiques et merveilleux…aussi bien sur la myopie, que sur le téléphone ou Prague, etc…

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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyDim 27 Jan 2013 - 20:30

C'est assez surprenant (quand même) à quel point c'est ressemblant avec son livre sur Tuymans dans la phrase et les articulations avec rebonds. Et avec ses cours extraits je retrouve la même peur que devant le bouquin sur Tuymans du "où ça mène si ça mène quelque part ?" la réponse n'est peut-être pas si évidente. Je suis en tout cas curieux, et j'espère qu'on va voir le fil se développer.

C'est anecdotique mais je remets ce que j'ai posté sur le fil Tuymans (ici)

Citation :
Hélène Cixous 97827210

Luc Tuymans, relevé de la mort de Hélène Cixous

J'en ai donc terminé la lecture (intermittente) et je confirme mes bonnes impressions de cette lecture sur un peintre qui m'intéresse mais que je connais peu. Une découverte au fil d'œuvres choisies et mises en mouvement par les sensation provoquées, essentiellement malaise et reconnaissance partielle. Une vraie découverte du peintre donc qui dépasse l'énumération de toiles et la biographie. Les thèmes sont suivis et enchainés autour de retournements de phrases, de mots (on pourrait citer le titre lui même pour commencer) et rattachés à un contexte culturel global, plutôt que des comparaisons contemporaines on assiste à un tissage choisi par citations avec Proust ou van Eyck. Par là-même ce qu'il y a de chronologie et de citations ou d'entretiens avec le peintre gagne en densité pour sortir de l'anecdotique.

ça pourrait avoir l'air tiré par les cheveux dans la présentation très mobile et très poussée mais la précision des transitions et des thématiques et impressions qui durent tout le long du texte l'emporte facilement.

forcément remarquable le lien particulier entre l'image "moderne mais pas que" et un sentiment d'histoire contemporaine (passée et en cours).

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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyDim 27 Jan 2013 - 21:10

animal a écrit:
C'est assez surprenant (quand même) à quel point c'est ressemblant avec son livre sur Tuymans dans la phrase et les articulations avec rebonds. Et avec ses cours extraits je retrouve la même peur que devant le bouquin sur Tuymans du "où ça mène si ça mène quelque part ?" la réponse n'est peut-être pas si évidente. Je suis en tout cas curieux, et j'espère qu'on va voir le fil se développer.

C'est anecdotique mais je remets ce que j'ai posté sur le fil Tuymans (ici)


Merci Animal d'avoir ajouté ce lien sur le fil d'Hélène Cixous.

Je crois que la phrase chez Hélène Cixous doit finir par être reconnaissable entre toutes.
J'aborde sans "peur" la question du "où ça mène si ça mène quelque part ?"
Personnellement je ne me la suis pas posée et Hélène Cixous m'a menée en terrain qui ne m'est pas si étranger même si je l'arpentais sous sa conduite pour la première fois.

Moi aussi j'espère que le fil va s'étoffer...Et ce soir je parcours sur le Net ce que je peux trouver sur Luc Tuymans.

En complément de ton commentaire sur Luc Tuymans, relevé de la mort, un lien vers un article de Télérama qui en intéressera plus d'un je pense:
La peinturlire d'Hélène Cixous
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyDim 27 Jan 2013 - 21:41

cette phrase est assez juste :

L'écriture d'Hélène Cixous n'est pas impénétrable, elle est au contraire sable mouvant.

qui me permet au passage d'insister sur le mouvement, le développement, l'enchainement, la suite dans les idées qui vient dans sa lecture de tableaux et de ce qui immanquablement vient et vit avec.

(je ne vais pas tarder à céder et à m'équiper dans un prochain passage à la librairie...)

et je profite du lien du lien : interview
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyDim 27 Jan 2013 - 23:40

animal a écrit:
cette phrase est assez juste :

L'écriture d'Hélène Cixous n'est pas impénétrable, elle est au contraire sable mouvant.


En effet elle n'a rien d'impénétrable...et elle est une surprise à tout moment.

Merci pour cet autre lien où je lis:
"Polyglotte depuis son enfance en Algérie, entre un père d’origine espagnole et une mère juive allemande, c’est une guerrière à la voix douce qui n’a toujours eu qu’un leitmotiv : résister.
Résister aux modes, en imposant une écriture poétique toujours énigmatique et mouvante."

Cette écriture "mouvante" et poétique pourrait venir du fait qu'elle est polyglotte...Ce qui donne parfois un merveilleux métissage linguistique à ses tournures, et ses créations lexicales.


Animal a écrit:
(je ne vais pas tarder à céder et à m'équiper dans un prochain passage à la librairie...)
Et moi je compte bien ne pas m'arrêter à Messie! content

Qui va nous accompagner?
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyDim 27 Jan 2013 - 23:53

J'ai lu quelques uns des romans d'Hélène Cixous dès de leur sortie et, surtout, j'ai vu et ensuite lu toutes les pièces de théâtre qu'elle a écrites pour le théâtre du Soleil (à part la toute dernière, Les Naufragés du Fol Espoir d'après Jules Verne, et je le regrette encore).
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyLun 28 Jan 2013 - 0:00

Maline a écrit:
J'ai lu quelques uns des romans d'Hélène Cixous dès de leur sortie et, surtout, j'ai vu et ensuite lu toutes les pièces de théâtre qu'elle a écrites pour le théâtre du Soleil (à part la toute dernière, Les Naufragés du Fol Espoir d'après Jules Verne, et je le regrette encore).

Quels romans as-tu lus? Pourrais-tu me conseiller pour la suite?
Je vais m'intéresser de près à ce qu'elle a écrit pour le théâtre. Wink
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyLun 28 Jan 2013 - 0:04

Il faut absolument que je la découvre
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyLun 28 Jan 2013 - 0:05

Marko a écrit:
Il faut absolument que je la découvre
Sans plus attendre! content
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyLun 28 Jan 2013 - 0:08

coline a écrit:
Merci pour cet autre lien où je lis:
"Polyglotte depuis son enfance en Algérie, entre un père d’origine espagnole et une mère juive allemande, c’est une guerrière à la voix douce qui n’a toujours eu qu’un leitmotiv : résister.
Résister aux modes, en imposant une écriture poétique toujours énigmatique et mouvante."

Cette écriture "mouvante" et poétique pourrait venir du fait qu'elle est polyglotte...Ce qui donne parfois un merveilleux métissage linguistique à ses tournures, et ses créations lexicales.

J'ai trouvé une réponse à ma suggestion plus loin dans l'article. C'est Hélène Cixous qui la donne elle-même dans l'interview:

"L’écriture puise au réservoir bouillonnant des langues. Pour écrire, il faut avoir une langue qui a des langues. Il se trouve que j’ai été dotée dans mon enfance de langues au pluriel. J’ai eu ça dans la bouche, dans l’oreille, dans le corps. La pensée ne peut aller plus loin qu’elle-même que si on lui fournit le plus vite possible les mots qui vont lui permettre de traduire ce qui est d’abord perçu comme une lumière lointaine."

Plus loin encore dans l'article, à propos de ses créations lexicales:
"Ce qu’on apprend à faire, c’est à ne pas résister, à ne pas être un juge arbitraire disant « on doit écrire comme ci et pas comme ça ». Il n’y a pas de loi. C’est la raison pour laquelle j’invente parfois des mots. Ainsi, dans Or (1), je fais apparaître un mot composé : « oublire ». Pour moi, lire et oublier vont ensemble. Je peux lire vingt-cinq fois Le Joueur, de Dostoïevski. Non que je sois amnésique. A chaque lecture, je trouve la même chose et autre chose, le temps la change. Pourquoi parler de lire, alors que c’est oublire ?"

Comme c'est juste!
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptySam 23 Fév 2013 - 22:44

Les Rêveries de la femme sauvage (Galilée, 2000)

Citation :
Comment se séparer ?
Tout le temps où je vivais en Algérie mon pays natal je rêvais d’arriver un jour en Algérie, je poursuivais l’Algérie et elle n’était pas loin, j’habitais d’abord à Oran puis à Alger au Clos-Salembier au bord du Ravin de la Femme Sauvage et elle m’échappait sur sa terre sous mes pieds elle me restait intouchable, je me serrais contre le corps d’Aïcha et elle me laissait serrer son pays en riant pendant un mince instant sans suite autre que les centaines de portes qui par delà le grillage du jardin tournaient vers mon frère et moi leurs paupières baissées.
Le plus insupportable c’est que nous étions assaillis par les êtres mêmes que nous voulions aimer, dont nous étions lamentablement amoureux, auxquels nous étions liés par toutes les parentés de destin, de mémoire, de toucher, de goût, il y avait erreur et confusion de tous les côtés je voulais être de leur côté mais c’était un désir de mon côté de leur côté le désir étant sans côté, je pouvais passer des heures accroupie à quelques mètres d’eux sans bouger, espérant démontrer mes bonnes intentions, une patience que je n’eus jamais avec le camp des Français. Moi, pensais-je, je suis inséparabe.

Pas simple de venir parler de cette lecture. Moment autobiographique sur un mode paradoxalement direct. L'écriture, l'expression est stupéfiante d'immédiateté et en même temps le souvenir suit un chemin de souvenir, il y a des ancres, des allers retours et des retours. Plus encore il s'agit dans le même temps de décrire par, et, un portrait en négatif. Portrait en négatif ou par l'absence du pays et portrait de l'auteure par cette absence.

Et rarement avec cette langue merveilleusement fluide, vive, assemblée autour de mots qui rebondissent et réinventent un rythme, un souffle je n'ai lu une telle évidence de la complexité de la mémoire, du rapport au monde ou même de l'expression. Tout est un tout dans ces descriptions incisives et un rien fuyantes.

La somme de ce que j'aurais appris en suivant ces lignes entre Oran et Alger me reste inconnue. En partant du frère et du Vélo, du chien, en revenant à la maison. L'alternance, un don pour écrire une opposition tout opposée mais constructive. Les lieux se peuplent. Autant on ne peut pas re-décrire les images qui ne sont pas décrites autant notre esprit de lecteur est habité par les présences des lieux, un envahissement distinct très alternatif et très concret.

Il y aurait moyen de raconter la famille, le frère et la sœur, le décès du père, la mère sage-femme, les histoires, l'aventure simple, inévitable...

Je vais préférer insister sur les bienfaits de la lecture de cette écriture qui donne l'impression de faire vivre un peu autrement la langue et donc de partager dans le même autrement son sens. ça fait beaucoup de bien, ça ne ressemble pas à un artifice (j'insiste encore), le moyen devient l'évidence du contenu.

L'autre soir je disais que ça me rappelait d'une manière la langue anglaise, il y a de ça, et d'autres choses, et ce n'est pas un empêchement d'un français plus commun (littéraire ou non), ça vit avec.

Je ne sais pas si on peut parler de cruauté, ou presque. C'est très puissant, sans faux semblants, derrière le glissement des mots.

J'ai du mal à expliquer. L'impression d'avoir avancé d'une case à me plonger ou replonger (presque) dans cette écriture et de ce qu'elle dit. Ce n'est pas tous les jours comme ça. et ça signifie la place un peu à part dans les lectures avec Béatrix Beck et d'autres dans mon cas.

Extrait plus tard.
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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyDim 24 Fév 2013 - 16:45

animal a écrit:
Les Rêveries de la femme sauvage (Galilée, 2000)

Citation :
Comment se séparer ?
Tout le temps où je vivais en Algérie mon pays natal je rêvais d’arriver un jour en Algérie, je poursuivais l’Algérie et elle n’était pas loin, j’habitais d’abord à Oran puis à Alger au Clos-Salembier au bord du Ravin de la Femme Sauvage et elle m’échappait sur sa terre sous mes pieds elle me restait intouchable, je me serrais contre le corps d’Aïcha et elle me laissait serrer son pays en riant pendant un mince instant sans suite autre que les centaines de portes qui par delà le grillage du jardin tournaient vers mon frère et moi leurs paupières baissées.
Le plus insupportable c’est que nous étions assaillis par les êtres mêmes que nous voulions aimer, dont nous étions lamentablement amoureux, auxquels nous étions liés par toutes les parentés de destin, de mémoire, de toucher, de goût, il y avait erreur et confusion de tous les côtés je voulais être de leur côté mais c’était un désir de mon côté de leur côté le désir étant sans côté, je pouvais passer des heures accroupie à quelques mètres d’eux sans bouger, espérant démontrer mes bonnes intentions, une patience que je n’eus jamais avec le camp des Français. Moi, pensais-je, je suis inséparabe.

[...]
cette langue merveilleusement fluide, vive, assemblée autour de mots qui rebondissent et réinventent un rythme, un souffle je n'ai lu une telle évidence de la complexité de la mémoire, du rapport au monde ou même de l'expression. Tout est un tout dans ces descriptions incisives et un rien fuyantes.


bonjour

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MessageSujet: Re: Hélène Cixous   Hélène Cixous EmptyJeu 28 Fév 2013 - 22:39

Extrait de souvenir au pluriel (j'essaierai de repasser avec un extrait de dialogue avec le frère) :

Citation :
Tonpère n'a jamais eu l'idée du Clos-Salambier dit ma mère si j'avais été consultée tout aurait été différent, tonpère ne connaissait pas le Clos-Salambier venant d'Oran. Nous n'avons habité au Clos-Salambier que par hasard, une insistance de hasards, qui nous ont conduits finalement au Clos-Salambier un endroit qui m'a tout de suite beaucoup plu à première vue. Dans la vie on ne sait pas toujours sauter sur l'occasion. C'est pour cela que nous avons habité au Clos-Salambier parce que tonpère n'a pas sauté sur les occasions. Quant à moi je n'ai jamais voulu forcer quelque chose. Autre erreur. Dans la vie on doit aussi forcer. Sauter ou forcer. Nous ne l'avons pas fait quand il fallait, ensuite tonpère est mort et j'ai commencé à sauter sur les occasions. Le fait est qu'il voulait s'installer à Alger. Mon père voulait le bonheur. La beauté. La grandeur. De 1945 jusqu'au déménagement il nous a peint et chanté la Ville d'Alger, j'ai vu de mes yeux enchantés par le cantique de mon père de nombreuses visions de la Ville en or en ivoire en ifs sombres en fontaines en art en jardins, j'ai vu la Ville voulue et j'ai toujours en moi le dernier tableau en lequel toutes les visions appelées par mon père s'étaient radieusement fondues. Il y avait une villa superbe juste au coin du boulevard Bru dont la vue survolait toute la Ville et qui était une possibilité sans aucun empêchement. Il est allé là-bas pour la louer il faut me payer un acompte dit la dame et tonpère a oublié son carnet de chèques. Quand il est revenu quelqu'un d'autre a eu le carnet de chèques avant lui. Un autre hasard dit ma mère. La deuxième maison que nous n'avons pas eue avait un jardin avec des palmiers et elle aussi une vue merveilleuse que j'ai regrettée mais quelqu'un était venu avant tonpère. La troisième maison était l'appartement mitoyen de La Clinique, une merveille à la porte même qui était à la vente, j'ai pensé que ce serait extraordinaire l'appartement à côté de La Clinique. Mais tonpère a refusé d'emprunter. Et ça a été sa perte. Parce que si j'avais été à côté j'aurais pu voir ce qui se passait à l'intérieur et l'aider, il aurait pu s'appuyer sur moi. Alors qu'au Clos-Salambier on est loin, on ne voit rien, on ne sait rien. De plus après sa mort j'aurais pu avoir cet appartement au lieu d'être obligée d'habiter au septième dans un deux-pièces sans fenêtre. Alors tonpère s'est rappelé la dernière possibilité et c'était le Clos-Salambier, dont jusque-là il n'avait jamais entendu parler. Les hasards nous ont gouvernés, mais le fait est que tonpère n'a pas sauté sur les autres maisons et moi venant d'Allemagne je n'ai rien voulu forcer.
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