Sous les pavés, la plage

Sous les pavés, la plage. Quel lecteur etes-vous ?

Quel lecteur je suis ?

Passionné avant tout. Une passion qui a commencé avec l' enfance et qui persiste. Surtout en ce qui concerne la fiction.

Passionné, mais exigeant. C' est ce que je suis devenu. Parfois rétif. Ou pret à prendre le mors aux dents. Mon imagination ne demande qu' à s' enflammer, encore faut-il qu' elle en ait l' occasion. Ou qu' elle puisse l' inventer. Je crois qu' aimer vraiment quelque chose, quelqu' un, c' est inventer en partie ce qui n' existe que par la force de notre imagination et de notre regard.

C' est aussi la part active du lecteur complétant ainsi ce que l' auteur propose. Le livre écrit appartient à son lecteur. Et la lecture d' un texte romanesque peut etre une belle infidèle. L' important étant qu' elle soit belle.

Une fiction doit servir de tremplin à mes exigences de lecteur actif et imaginatif. Que ce soit sur le moment ou ensuite. Et, si, bien entendu, certains textes résistent à mon esprit de libre lecteur, j' essaye toujours de savoir pourquoi. Et si la logique, la cohérence interne l' emportent, je les suis.

Il m' arrive parfois de penser que je lis un peu à la manière de Don Quichotte, qui réinventait les romans de chevalerie au point de les transposer dans sa vie. Sa "folie" était aussi sa sagese à lui et sa santé.. Meme si les médeçins, ses parents, ses amis le tenaient pour fou. Il finira par se ranger à leur avis, ou plutot, il a fait semblant. Par faiblesse, par fatigue...

A une sagesse qui nous pèse et nous normalise, pourquoi ne pas préfererer un brin de folie qui nous rend temporairement gai et vivant. Inventif et chimérique.

C'est intéressant, ce que tu dis là, Bix. mais l'idée du fil, c'est quoi?

Avec un titre pareil, slogan de mai 68, j'ai cru que tu étais en train de ré-ouvrir ton fil des coups de sang citoyens!

A lire ce que chacun dit, écrit sur ses lectures, je me suis rendu compte que la manière de lire de chacun est presque aussi interessante que ce qu' il lit.

L' idée m' est venue d' essayer de me définir en tant que lecteur en espérant que d' autres pourraient avoir envie de le faire. Mais sans oser le proposer....

Et pourrais-tu expliquer un peu plus le lien avec le titre du fil ?

colimasson a écrit:

Et pourrais-tu expliquer un peu plus le lien avec le titre du fil ?

Je peux essayer en tout cas. Les slogans de mai 68 avaient l' avantage d' etre poétiques et spontanés. Des métaphores qui mettaient l' accent sur l' imagination, l' exaltation des moment fugaces et qui permet de décoller de ce qu' on appelle réalité. Une réalité qui se réduit le plus souvent aux nécesssités, aux contraintes, au pouvoir subi des hiérarchies. Au carcan des habitudes et des contraintes. D' un pseudo rationalisme économique qui, sous une forme de plus en plus tyrannique et globalisante nous entraine dans une logique suicidaire...

Ces slogans étaient une création collective que tout le monde pouvait compredre et partager aussi individuellement sans avoir à la décrypter. Parce que tous y étaient immergés et donc forcément imprégnés. Et qu' ils pouvaient la reprocuire selon leur désir et leurs possibilités. La plupart de ces slogans étaient anonymes...Mais révélateurs.

Si on les regarde avec le recul sagace et rationnel de l' age adulte ou qui se veut tel, on trouve cela naif, narcissique, primaire. Je crois que ça ne l' était pas. Il s' agissait d' un mouvement plus poétique que politique. Quoique... Pourquoi l' un sans l' autre ? En tout cas très profond. Et qui n' a pas fini d' habiter l' imaginaire des générations qui ont suivi l' évenement.

Le mouvement fut lancé par des jeunes, étudiants d' abord, mais ouvriers aussi. On n' en a pas suffisamment parlé. Et ensuite d' autres couches de la population y participèrent qui, une fois dans leur vie imaginèrent des possibilités qui ne se heurtaient qu' aux limites de leur propre imaginaire.

Dans une France en grève, pendant plus d' un mois, un vent de liberté sans précédent souffla sur le pays. Le pouvoir était vacant, à bout de souffle et de compréhension, de ruses et de compromis. Les ouvriers occupaient pacifiquement les usines, les étudiants leurs facs. On défilait dans les rues. Et je pense qu' au début, ce fut la joie qui domina. Une impression de liberté ludique.

La joie de l' écolier qui fait l' école buissonnière, de l' ouvrier qui retrouve un état d' esprit remontant à une enfance trop tot passée, et qui se traduisit aussi bien par des parties de boules que des discussions à perte de vue. A perdre le souffle. Les barrières de l' age, des sexes, les barrières sociales étaient provisoirement abattues. Plus symboliquement que réellement, bien entendu. C' était le moment vrai de l' utopie et des reves à voix haute.

La joie des commencements, qui fait leur force et leur passage éphémère. Et qu' on a peine à imaginer ensuite. Meme si on se souvient que des mouvements d' émancipation flamabèrent, concernant les femmes, les homos, les blacks, les minorités, les "fous"...

C' est ainsi à peu près que j' imagine les choses et j' en ai bien souvent discuté ensuite pour savoir qu' au delà des lendemains qui déchantent, il y a eu bel et bien un moment entre parenthèses presque hors du temps où le champ des possibles l' emporta sur tout le reste. Où les moments de grace dépassaient une imagination qui ne s' était sans doute jamais déployée. Faute d' etre solliciitée. Sinon peut etre à l' orée d' une révolution. J' imagine.

Le déroulement "normal" d' une vie donne souvent tort aux reveurs et aux imaginatifs. Aux utopistes et aux poètes. J' ai été bien placé pour le savoir et le payer. Je ne le regrette pas. Ce que j' ai eu dure toujours.

bix229 a écrit:

L' idée m' est venue d' essayer de me définir en tant que lecteur en espérant que d' autres pourraient avoir envie de le faire. Mais sans oser le proposer....

Ben voilà ! C'est fait!

"lire c'est quoi pour moi?" "Quel lecteur suis-je?"" Moi et le livre".et toute cette sorte de choses? C'est ça?

Travail d'introspection à prévoir...

Sympas le titre et le développement, mais c'est vrai que le lien est ... ténu avec le sujet en tout cas à mes yeux cartésiens. (et pas forcément hyper-pratique pour retrouver le fil ultérieurement).

topocl a écrit:

bix229 a écrit:

L' idée m' est venue d' essayer de me définir en tant que lecteur en espérant que d' autres pourraient avoir envie de le faire.

"lire c'est quoi pour moi?" "Quel lecteur suis-je?"" Moi et le livre".et toute cette sorte de choses? C'est ça?

Travail d'introspection à prévoir...

Ohlala...Pas pour moi cette idée!...Je trouve qu'il faut déjà pas mal de temps pour lire, et parfois commenter les lectures dans l'espoir de partager un peu sur le forum...Je n'ai ni l'envie ni le temps de m'analyser en lectrice...Et de le mettre en mots en plus!...Je ne suis pas sûre non plus que cela intéresserait!...

C' est pour cela que je ne l' ai pas proposé. De crainte que ça soit un exercice pesant et imposé.

Ce qui n' est pas le cas pour moi, bien au contraire. Le lecteur que je suis a évolué. De la passion de tout lire, née de l' enfance, de ce qu' on m' avait conté et lu, puis de mes premières lectures, est née une passion nouvelle qui consiste à deviner un peu ce qui me conviendra. Et de dresser des listes de mes envies. J' y travaille tous les jours. Le temps passe et l' on ne peut pas tout lire pas plus qu' on ne sait quand nous disparaitrons...

Le moteur principal reste le désir de connaitre, d' etre étonné, émerveillé, épouvanté. Bref de nourrir mon imagination et ma curiosité. Mais je le répète, la façon de lire des autres m' interesse autant que ce qu' ils lisent. Ou ne lisent pas.

Cette nuit, j' ai revé que je voyageais en train et que j' avais un livre avec moi. Un livre que j' avais envie de lire depuis longtemps. Au réveil, j' ai essayé de savoir de quel livre il pouvait bien s' agir....

Je trouve ce fil intéressant. Par contre, je suis d'avis que le titre ne m'évoquait pas cela, au début j'ai cru qu'il s'agissait de nouvelles idées de grosl ivres pour les vacances d'été, je croyais qu'il y avait un fil comme ça et qui avait ce titre

shéhérazade a écrit:

Je trouve ce fil intéressant. Par contre, je suis d'avis que le titre ne m'évoquait pas cela, au début j'ai cru qu'il s'agissait de nouvelles idées de grosl ivres pour les vacances d'été, je croyais qu'il y avait un fil comme ça et qui avait ce titre

Question de génération! Tout le monde n'a pas fait mai 68!

shéhérazade a écrit:

Je trouve ce fil intéressant. Par contre, je suis d'avis que le titre ne m'évoquait pas cela, au début j'ai cru qu'il s'agissait de nouvelles idées de grosl ivres pour les vacances d'été, je croyais qu'il y avait un fil comme ça et qui avait ce titre

En effet, c'est "Les pavés sur la plage".

[quote="shéhérazade"]Je trouve ce fil intéressant. Par contre, je suis d'avis que le titre ne m'évoquait pas cela, au début j'ai cru qu'il s'agissait de nouvelles idées de grosl ivres pour les vacances d'été, je croyais qu'il y avait un fil comme ça et qui avait ce titre

Je trouve aussi ce fil intéressant !
Dans" l'ici et maintenant "auquel nous appartenons , nos lectures sont différentes et rétrospectivement on se rend compte que ce qui a pu plaire à un moment devient insipide par la suite ...Ou l'inverse ..... Et ça peut (peut- être) nous apprendre plein de choses sur le "nous-même en devenir" .....
Bon "tripotage de nombril" ....On peut penser ....
Si ça reste stérile , je ne vois pas pourquoi s'appesantir dessus en effet ! Mais si ça apporte d'une manière ou d'une autre , je trouve ça excellent le "tripotage de nombril" ....Et ma foi , je pense (à tort ou à raison) que ça peut aider !
Et savoir y mettre des mots pour le partager , c'est bien aussi !

shéhérazade a écrit:

Trop drôle schéhérazade !
J'adore ces Smileys décidément !!!!
A quand les Smileys dans la littérature ?