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| Miura Kiyohiro | |
| | Auteur | Message |
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Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Miura Kiyohiro Ven 5 Oct 2007 - 18:38 | |
| Peu d'éléments sur la biographie de cet auteur. Kiyohiro Miura (三浦清宏, Miura Kiyohiro) est un écrivain japonais, né le 10 septembre 1930. Il a reçu le prix Akutagawa en 1988 pour son roman (le seul traduit actuellement en français) Je veux devenir moine zen (Chônan no shukke, 長男の出家). (Source Wikipedia) | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Miura Kiyohiro Ven 5 Oct 2007 - 18:41 | |
| "Je veux devenir moine zen !"
Mr. Kimura n'en revient pas. Son fils, âgé de huit ans lui a fait part de son souhait de devenir moine. Pourquoi cet enfant turbulent, amateur de séries télévisées et de trash-food déclare-t-il sans préambule à son père ce désir de se retirer du monde et de s'adonner à la méditation ? Mr. Kimura s'interroge. A-t-il bien fait de laisser régulièrement son fils l'accompagner lors des séances de zazen dominicales qu'il s'accorde, séances de méditation régies par l'abbesse du Zenkaiji ? Pourquoi ce désir soudain de devenir moine, de tourner le dos au monde contemporain, à la réussite sociale et à la vie de famille? Mr. Et Mme Kimura ne voient dans tout cela qu'un caprice d'enfant, une lubie passagère, et décident finalement de ne pas prendre au sérieux la déclaration de leur fils. Seule l'abbesse semble encourager les voeux du jeune Ryôta mais pour ses parents il est préférable d'assurer son avenir en travaillant à l'école . Mais le jeune garçon ne tarde pas à faire parler de lui : ses notes baissent de manière vertigineuse et il semble sombre peu à peu dans la délinquance. Ne sachant plus quelle solution adopter ni vers qui se tourner, les parents décident de suivre les conseils de l'abbesse. Ryôta intégrera un collège réservé aux enfants de religieux et pourra, une fois achevé son cursus scolaire, devenir bonze et prendre la succession de l'abbesse dans l'administration du temple Zenkaiji. Le crâne rasé, il se dépouillera de ses possessions terrestres ainsi que de son nom : il se nommera désormais Tamaizumi Ryôkai.
Quelque peu inquiets, Mr. et Mme Kimura s'interrogent sur les futures conditions de vie de leur rejeton, sur la dure et austère vie de moine partagée entre séances de méditation et travaux domestiques fastidieux. Ils s'inquiètent également de la solitude à laquelle sera confronté le jeune homme, du manque d'affection et de biens matériels qui découleront de ce choix de vie, de la capacité qu'aura Ryôta à surmonter ces épreuves.
Mais finalement, qui apparaîtra comme plus démuni face à cette décision ? Le jeune Tamaizumi Ryôkai ou bien ses parents ? Car ceux-ci vont vivre de par ce fait une expérience à laquelle ils ne s'étaient pas préparés et qu'ils ne soupçonnaient même pas. Pour eux aussi, bien qu'ils soient laîques, l'enseignement du bouddhisme et la mise en pratique de ses lois, s'avérera un cheminement long et compliqué mais aussi un moyen efficace de surmonter les obstacles de l'attachement aux illusions du monde sensible.
Construit comme un Kôan Zen, le roman de Miura Kiyohiro est une formidable leçon de vie où l'on apprend que les êtres les plus démunis face à l'existence ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit. D'une brièveté et d'une concision remarquables, ce court roman est un petit bijou d'humour et de sagesse. Sous l'aspect anodin d'un récit mettant en scène les petits tracas d'une famille japonaise confrontée au choix déconcertant du fils aîné, Miura Kiyohiro nous offre, dans la plus pure tradition du bouddhisme zen, un enseignement spirituel sur la notion toute illusoire de l'attachement aux choses et aux êtres (illusoires eux aussi) qui nous entourent, dont nous échouons le plus souvent à déceler la nature ultime qui n'est en fait qu'une manifestation de la vacuité. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Miura Kiyohiro Ven 5 Oct 2007 - 20:57 | |
| Merci pour cette belle critique :) .
J'ai bien aimé ce petit roman, qui a le mérite de donner du bouddhisme une image à rebours des idées reçues (sérénité, zen etc). J'avais remarqué que le titre français pouvait induire en erreur, laisser penser que le récit allait être celui du garçon, et qu'on allait vivre de l'intérieur cette initiation à la vie spirituelle, au quotidien monastique . Il n'en est rien, le narrateur étant le père et c'est plutôt son chaotique cheminement spirituel à lui qui est au centre du roman. Comme sa femme et lui sont strictement tenus à l'écart de leur fils devenu moine, les contacts étant réduits au minimum , on en saura très peu sur les motivations du garçon et sa vie au temple. Mais on en apprend beaucoup sur les doutes identitaires du père qui a vécu un temps aux USA et qui, à son retour au Japon, s'est mis à la méditation zazen pour retrouver ses racines, entraînant son jeune fils aux séances.
Ici, le cheminement spirituel ne débouche pas comme par miracle sur la sérénité, il est fait de malaise et de questionnement intime, comme celui provoqué par les fameux kôan. Le doute est aussi jeté sur les méthodes de l'abbesse qui pourraient s'apparenter à un endoctrinement un peu suspect. Son emprise sur le garçon semble motivée par des raisons matérielles (assurer la reprise du temple, comme une entreprise) plutôt que spirituelles. La décision du garçon est-elle donc vraiment personnelle ? La réalisation de soi n'est-elle possible qu'en rompant avec sa famille et ses proches ? J'ai vu en ce roman une réflexion assez troublante, car universelle, sur le lien parents-enfant. Un petit extrait:
Le passage du collégien en uniforme et cheveux longs au garçon en vêtement blanc et crâne rasé est théâtral, comme au kabuki les changements de décor instantané. J'ai remarqué que ma femme avait les yeux rouges. Il m'est impossible de nier qu'en voyant mon fils ainsi vêtu de blanc, j'ai eu l'impression qu'il appartenait désormais à un autre monde, hors de notre portée. Cependant, la métamorphose était trop brutale, il me semblait que j'avais plongé dans l'irréel. Les liens entre nous étaient-ils véritablement rompus? Etaient-ils de si peu de poids? Suffisait-il de dire "Père, merci pour tout", "Mère, merci pour tout" pour que le passé soit effacé d'un trait? C'était quoi alors au juste les parents et les enfants ? Mais oui enfin, c'était quoi? Les liens qui unissent les parents et les enfants n'étaient-ils qu'une illusion? S'agissait-il d'une idée toute faite, forgée par l'habitude? Les gens se contentaient-ils donc de tenir le rôle qui de parents, qui d'enfants?
Par contre, à l'époque je m'étais interrogée sur l'humour promis par la 4e de couverture et que tu évoques aussi. Je n'en ai pas vraiment trouvé ici, sauf peut-être une ironie assez amère. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Miura Kiyohiro Sam 6 Oct 2007 - 11:35 | |
| Je note dans ma liste Je ne connaissais pas du tout le roman, j'ai peu de connaissances sur le sujet et vos commentaires m'enthousiasment |
| | | Antigone Posteur en quête
Messages : 72 Inscription le : 19/01/2009 Age : 51 Localisation : Drôme
| Sujet: Re: Miura Kiyohiro Mar 20 Jan 2009 - 21:34 | |
| Je veux devenir moine zen ! est un petit livre à l'écriture limpide et toute simple (bien que truffée de mots en référence à la philosophie zen... Heureusement pour ceux comme moi qui n'y connaissent rien, il y a un petit lexique bien utile à la fin !). L'histoire, comme le titre l'indique bien, nous parle d'un garçon qui tout jeune, parce qu'il a suivi son père à des séances de zazen (méditation zen), veut devenir moine zen. Il paraît cependant bien étrange car à côté de cela il est un peu voyou et voleur. Nous n'en saurons pas beaucoup plus sur ses motivations car, et c'est ce qui est intéressant, nous suivons les pensées de son père qui ne comprend pas tout. Cette décision va petit à petit bouleverser sa vie (celle du père) et ses relations avec le reste de la famille. Il faut dire que moine zen, c'est "pire" que carmélite chez les catholiques ! Le jeune ne voit plus sa famille, il est adopté par d'autres personnes membres du monastère (les parents signent un acte d'abandon ...). Nous voyons donc que le père ne maitrise pas grand chose, il subit plutôt avec étonnement et ses certitudes vont vaciller peu à peu puis sombrer dans le doute et le chaos...
un extrait :
"- Pourquoi donc n'avons-nous pas le droit de voir son classement ? a demandé ma femme. Ca n'a rien à voir avec le fait de lui apporter quelque chose ou de lui donner de l'argent de poche ! Il n'y a que nous qui regarderions ! Depuis quand les parents ne sont-ils pas autorisés à connaître les résultats de leur enfant ?
- Mais justement ! Nous ne sommes plus ses parents !
Les mots étaient sortis de ma bouche, et j'ai moi-même été stupéfait de leur poids après les avoir prononcés.
- Qu'est-ce-que tu racontes? Je l'ai mis au monde, moi, cet enfant ! Oui, et dans la douleur même figure-toi ! Jamais je ne l'oublierai. Evidemment, l'autre, elle ne peut pas comprendre !
C'était la première fois que ma femme parlait de l'abesse en disant l'autre." | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Miura Kiyohiro Mar 20 Jan 2009 - 22:02 | |
| Tiens, je n'avais pas posté sur ce fil. Comme tu le dis bien, Antigone : - Antigone a écrit:
- Nous n'en saurons pas beaucoup plus sur ses motivations car, et c'est ce qui est intéressant, nous suivons les pensées de son père qui ne comprend pas tout.
C'est d'autant plus intéressant que le titre français est à la première personne du singulier. C'est singulier. J'avais griffonné il y a quelque temps ce qui suit (je ne vais pas résumer ce qui l'a déjà bien été) : C'est là que réside l'originalité du livre : les motivations du fils, son côté un peu Dr Jekyll/Mr Hyde ne sont pas explicitées. Il est une sorte de bloc compact, quasiment incompréhensible (même si on peut lui trouver des explications, elles sont fragiles). Plutôt qu'un exposé "tendance" sur les bienfaits de la spiritualité, le lecteur est amené à partager l'incompréhension du père, incompréhension d'autant plus définitive, si l'on peut dire, que le roman est écrit comme si le père, confortablement assis dans un fauteuil en face du lecteur, un bon cognac à la main, nous racontait tout ce qui s'était passé, ce qui impliquerait qu'il ait un minimum de recul. Mais il s'avère que ce père est tout de même pas mal naïf, et qu'il ne voit pas venir les événements ; la mère, elle, le laisse faire mais en lui faisant des reproches par la suite (si le narrateur ne déforme pas la réalité !). Donc, si le fils a une personnalité opaque, on pourrait dire qu'il le tient de ses deux parents. Si l'histoire était racontée du point de vue du fils, on aurait certainement beaucoup de mal à comprendre les motivations et les étonnements du père… Tout ceci est d'ailleurs rendu d'autant plus curieux que le roman, nous apprend la quatrième de couverture est "largement autobiographique". En conclusion : un livre au récit classique, qui ne révolutionne pas la littérature, mais qui est intéressant, ne serait-ce par ce qu'il nous apprend sur ce qu'est le zen au Japon à notre époque… | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
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| Sujet: Re: Miura Kiyohiro | |
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| | | | Miura Kiyohiro | |
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