Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Fadéla Hebbadj

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Emmanuelle Caminade
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MessageSujet: Fadéla Hebbadj   Fadéla Hebbadj EmptyVen 24 Sep 2010 - 19:49

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Fadéla Hebbadj est née en 1966 et enseigne la philosophie au lycée Colbert à Paris depuis plusieurs années.
Elle a publié chez Buchet-Chastel en 2008 un roman plus que prometteur , L'arbre d'ébène,un livre écrit dans une langue poétique qui vous happe dès les premières lignes . Elle confirme son talent d'écrivain avec Les ensorcelés , un récit autobiographique marquant qui vient de sortir fin août 2010.
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MessageSujet: Fadéla Hebbadj   Fadéla Hebbadj EmptyVen 24 Sep 2010 - 19:55

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Fadéla Hebbadj, L'arbre d'ébène, Buchet-Chastel 2008


C'est un roman très abouti et d'une grande richesse, un premier roman généreux et exempt de tout narcissisme qui comporte plusieurs niveaux de lecture :

C'est d'abord un émouvant récit qui s'attaque au réel avec force et sans misérabilisme en décrivant la dure vie des sans-papiers par la voix de Nasser, un jeune enfant malien entré clandestinement en France avec sa mère.

Et, plus largement, c'est une réflexion sur l'émancipation qui, au-delà d'un héros s'affranchissant d'une mère qui lui a donné « la vie mais aussi la peur et la mort », indique le chemin pour affronter le monde et devenir adulte : celui de la compassion qui permet de « ressentir les autres comme soi-même ».

C'est aussi , au travers de ce Candide noir, de cet enfant innocent brutalement arraché à l'Eden par l'enfer d'une traversée sur un « cayuco », le récit d'une libération et d'un enracinement dans le monde par la littérature. Car c'est la rencontre avec le livre d'un Blanc parlant « de lui, des autres et du destin » qui délivrera Nasser de ses fantômes et lui montrera la voie : écrire pour exprimer pleinement son amour pour sa mère, même au-delà de la mort.

Enfin, l'ombre de Romain Gary, celui de La vie devant soi et de La promesse de l'aube , auquel se réfère explicitement l'auteure, plane sur ce livre . Et Fadéla Hebbadj y rend , avec une grande maîtrise, un très bel hommage à cet écrivain qui a revêtu pour elle une importance capitale.




EXTRAIT p. 119/120

(...)

Il faut aimer, disent les grandes histoires. Je commençais à douter de mon livre pathétique parce que je n'avais plus envie d'aimer personne, je ne savais même plus ce que ça voulait dire. Je voulais aimer Mama aussi fort que Momo aimait Mme Rosa, mais je n'y arrivais pas et j'en ai pleuré tout le chemin tellement je voulais l'aimer Mama. Comment je pouvais l'aimer alors que je n'avais plus envie de rentrer chez moi ? La seule chose qui m'intéressait, c'était de me perdre comme Mario dans Paris et de rencontrer des gens dans la rue. Mais je suis sûr que l'amour, ce n'est pas avoir un grand lit et un réfrigérateur plein de bonnes choses. Pour moi l'amour, ce serait trouver le sourire de Mireille sur le visage de Mama. Mais il n'était pas là, alors chez moi j'y retournais avec des larmes, soutenu par un grand livre qui me renvoyait ce message. Quand je pleurais, c'était sur mon sort et pas sur celui de Mama et on n'apprend pas l'amour comme ça. Dans le fond, je suis un peu comme elle, jamais je donnerai un sourire contre un porte-monnaie avec des pièces à l'intérieur. J'avais une piste... J'avais au moins compris que l'amour ne s'achète pas, c'est tout ce que je savais sur lui . Calculer l'amour, c'est un truc de con. Et Mama se trompe quand elle dit que les Blancs sont des cons à force d'oublier leurs parents, si parmi eux certains sont capables d'écrire comme ça.
(...)

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MessageSujet: Fadéla Hebbadj   Fadéla Hebbadj EmptyVen 24 Sep 2010 - 20:01

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Les ensorcelés, Fadéla Hebbadj, Buchet-Chastel , août 2010, 190 p.

Après L'arbre d'ébène , un premier roman prometteur dédié à son père qui dénonçait le scandale des sans-papiers tout en rendant hommage à Romain Gary/Ajar, Fadéla Hebbadj reprend son combat dans Les ensorcelés en rendant cette fois-ci hommage et justice à son père.
Car ce dernier vit sa femme et sa fille aînée innocentes doublement assassinées par un voisin algérien jaloux et par une institution judiciaire ensorcelée par l'assassin , sur fond de racisme et d'indifférence.
Dans ce récit autobiographique, Fadéla Hebbadj surmonte d'emblée l'écueil du pathos et de la complaisance . Elle réussit à faire du « cri de son histoire » un chant épique en hissant un fait divers sanglant, doublé d'un déni de justice révoltant, à la hauteur du mythe. Et elle nous embarque dans un voyage non exempt de secousses grâce à une écriture variée, ample ou syncopée, passant de l'exubérance à la sécheresse du constat, du lyrisme flamboyant à l' ironie cinglante.


EXTRAIT :

p.11/12

(...)
J'ai d'abord étouffé le cri par honte et par peur d'effrayer les gens, puis je me fis peur, seule, dans la montagne, au-dessus des forêts de chênes-lièges  que le vent débusquait en s'attaquant aux branchages.
J' ai vu un torrent de sang ruisseler sur l'écorce et sur le rocher. L'enfer noya mon corps de résine noire qui me donnait le pouvoir de détruire. Rien ne fut acquis, tout fut détruit. J'exerçais ma puissance sur mes créations et mes rencontres, me privant de leur avenir. Le cri incrusté me rendit sauvage puis magicienne. Là, je m'étendis sur le couchant pour pleurer ma mère, exhalant des plaintes comme un haret sourd au milieu des arbres.
Reposant alors mes oreilles sur la mousse, j'ai détartré les traces de cris muets sur mes os dans l'espoir de ne plus jamais permettre aux injustices de flétrir ma peau. 
J'allais donc vers cet espoir inaugural à la poursuite d'attestations, jurant par ma foi que leurs morts devaient être vengées. En chemin, ma peine disparut et je devins enchanteresse d'histoires. Mes réserves de compassion épuisées, j'empruntai le chemin solitaire. Et je pris mes os pour y déraciner des plaintes, celles du passé de ma mère puis de ma grand-mère et de mon arrière-grand-mère. Elles y avaient déposé ce qu'elles n'avaient jamais pu exprimer. Des paroles se mirent à fredonner une musique ancienne et envoûtante. Leur coeur s'ouvrit sur mes esquilles et j'entendis enfin ce que je cherchais depuis longtemps.
Un cri en sortit, le cri d'un enfant. Le cri s'est infiltré sous le seuil de ma maison, il s'est libéré sous la porte.
Un cri, puis un mot puis un chant. Ma bouche s'est mise à articuler les mots du cri de mon histoire.
Je conquis la cuirasse implacable d'une adversaire, l'habit du diable, pour gagner  en chevalier l'énonciation de la vérité, travaillant à affiner ma langue  comme une épée. Lame légère ou lourde, je l'ai exercée à ne plus maudire, à ne plus injurier, mais  à parler.   
(...)

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