Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Hedi Kaddour

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kenavo
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Aeriale
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MessageSujet: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMar 18 Mai 2010 - 15:17

Hedi Kaddour Hedi_k10

Citation :
Hédi Kaddour est un poète et romancier français né en 1945. Agrégé de lettres modernes, il est traducteur de l’anglais, l’allemand et l’arabe. Il a enseigné la littérature française et la dramaturgie à l’École normale supérieure de Fontenay/Saint-Cloud/Lyon et l’écriture journalistique au Centre de formation des journalistes (CFJ) puis à l’Ecole des métiers de l’information (EMI-CFD).
Il est l'auteur de plusieurs recueils de poèmes dont « Passage au Luxembourg » (collection blanche, 2000). Son roman, « Waltenberg » (collection blanche, 2005)a reçu le Prix Goncourt du premier roman

-Savoir vivre-

Cela se passe à Londres dans les années 20...Toute l'histoire tourne autour d'un mystérieux Strether, héros de la guerrre de 14 et vif défenseur de la cause fascite qui pointait son nez à l'époque. L'enquête est racontée au travers du journaliste Max chargé de l'interwiever et reste très proche des faits réels, ce qui rend plus troublant l'intrigue.
On croise toute une galerie de personages sans comprendre clairement ce qui relie ces différents récits. Quelque uns m'ont pas mal interpellée (celle de Lena et de son jeune amant surtout) d'autres un peu moins. Mais l'auteur a vraiment capté ma curiosité à partir du personnage de Gladys...)

Sans dévoiler la chute qui est tout à fait réussie, ni trouver de faiblesse dans l'écriture, simple en apparence mais assez riche par ses annotations, je me suis un peu demandée quand même si, hormis l' évocation de cet entre deux guerres où tout pouvait se jouer, et un constat sur la condition des femmes de cette époque, il y avait autre chose. Vu que je n'ai pas trouvé, je reste donc sur un roman agréablement lisible (après ces derniers de la sélection plus opaques) mais pas forcément transcendant ou même incontournable.

Mon avis paraîtra du coup un peu tiède, mais j'attends un avis plus enthousiaste pour mettre en relief ce que j'ai peut-être loupé!


Dernière édition par aériale le Mar 18 Mai 2010 - 19:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMar 18 Mai 2010 - 19:12

Décidément, cette sélection inter .... pas terrible ! scratch
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMar 18 Mai 2010 - 19:24

Non Dom' j'en ai connues des meilleures! Encore que celui-ci (je suis d'ailleurs revenue tempérer un peu mon impression finale) n'est pas si mal en rapport au reste. Au moins l'histoire se tient, l'écriture coule d'elle-même et tient le lecteur (sans qu'il se mette à compter les pages restantes Hedi Kaddour 478921 )

Mais ce n'est toujours pas mon favori...Je suis très curieuse de savoir quel roman va finalement être élu Prix France Inter 2010 Hedi Kaddour 444104
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kenavo
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMar 18 Mai 2010 - 19:28

Merci pour ce fil... je ne sais pas quand je vais t'y rejoindre pour mes impressions.. mais il est là, et cela donne de la motivation Very Happy
J'ai lu il y a des années son premier roman Waltenberg et je garde si peu d'images et de souvenirs (c'était tout au début quand je me suis remise à lire en français) que je doute maintenant si je n'ai pas tout bien compris ou si c'était le roman
Celui dont tu parles, je l'ai commencé le moment qu'il est sorti, mais j'ai eu plus envie de le retrouver avec son premier roman pour me refaire une idée que je l'ai mit de côté pour l'instant..
comme je l'ai dis.. je vais revenir Wink
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMar 18 Mai 2010 - 19:34

Ah! Waltenberg a de très bonnes critiques...

kenavo a écrit:
comme je l'ai dis.. je vais revenir
J'y compte bien! J'aimerais bien partager avec un de vous cette fameuse sélection Hedi Kaddour Icon_wink
Mais toi je sais quel serait ton favori . Ca commence par Modia, ça finit par no Hedi Kaddour 28294
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMar 18 Mai 2010 - 21:06

J'ai eu personnellement beaucoup de mal avec Waltenberg. Et comme Kenavo, cela me l'a laissé presque aucun souvenir. Alors que je l'ai lu il n'y a pas si longtemps...
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMar 18 Mai 2010 - 22:40

Dites, j'aime bien quand vous dites du mal de certains auteurs ou de certaines oeuvres.
J'ai l'impression de gagner du temps...
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMer 19 Mai 2010 - 8:39

Waltenberg (prix du premier roman 2005)

Résumé : Un homme rêve de retrouver une femme qu'il a aimée. Un maître espion cherche à recruter une taupe. Leurs chemins se croisent. Cela s'est passé au XXème siècle.


Pour moi, Waltenberg est un roman sur la diplomatie de l'entre deux-guerres, avec ce que cela comporte de fascinant et d'ennuyeux. L'écriture lisse et polie (à part les dix premières pages sur une bataille durant la première guerre mondiale qui sont très bien rythmées mais qu'on ne retrouve pas ensuite...), ne frappe pas par son originalité ou son tempo, là n'est pas le propos. Le propos est d'écrire une fresque, celle qui mena les hommes de la première à la seconde guerre mondiale.

J'ai aimé ce livre pour ce qu'il m'a appris de cette période finalement assez peu abordée en littérature. H. Kaddour m'a donné envie de me replonger dans les écrits de Malraux, de partir à la découverte de M. Heidegger, mais parfois les références s'enchaînent à une vitesse frénétique et on frôle presque le catalogue quand sur une même page se cotoie Schubert, Yves Montand, Beria et Rosa Luxemburg (tentez de trouver des liens, vous verrez c'est ludique mais un peu indigeste).
L'histoire d'amour ne m'a laissée aucun souvenir particulier mais celle de la rencontre au sommet à Waltenberg de nombreux intellectuels, politiques, économistes ou philosophes européens est passionnante.
Pour conclure, je crois qu'il faut lire ce roman sous l'angle du récit géopolitique pour qu'il trouve une véritable dimension et ne surtout pas s'arrêter à une histoire d'espion ou d'amour qui n'est qu'un voile littéraire pour habiller la trame politique. Et vu sous cet angle, le roman de Kaddour est vraiment passionnant, d'ailleurs je viens de le racheter pour pouvoir le relire patiemment.
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMer 19 Mai 2010 - 9:11

Merci pour ton commentaire Shanidar.. cela me donne encore plus envie de le relire
Comme je l'ai dit, le moment de lire ce livre était tout au début de mon envie de recommencer à lire en français.. et je pense que je n'ai tout simplement pas tout compris.. donc, je veux au moins lui donner une autre chance Very Happy
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyMer 19 Mai 2010 - 18:20

D'après mes souvenirs Waltenberg ne s'arrêtait pas à la première guerre mondiale, il y avait la guerre froide, l'espionnage, la chute du communisme... Le roman du siècle, une très grande ambition donc. Peut être trop pour un premier roman.
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyDim 23 Sep 2012 - 12:19

Du bienfait des relectures :

j'ai dû lire Waltenberg à sa sortie en 2005, une époque où j'étais moins disponible qu'aujourd'hui. J'avais trouvé ce roman passionnant, touffu (à la milite de l'indigestion) et manquant un peu de… style.

Je reviens donc sur ces considérations après une relecture :

Le roman est toujours aussi passionnant

L'écriture journalistique, parfois même télégraphique, très orale est sans doute la seule possibilité offerte à l'écrivain pour garder du mouvement au texte, pour alléger, pour donner la sensation au lecteur que quelqu'un assis en face de lui, buvant un verre de vin blanc et dégustant une Linzer torte, lui raconte une histoire.

Quant à l'indigestion, cette sensation était sans doute due à ma propre fatigue de l'époque et au fait qu'il me manquait certaines pistes pour aborder le roman de Kaddour avec plus de connaissances.

Et en tout premier lieu la lecture de La condition humaine, qui permet d'appréhender avec délice et malice, l'un des instants pivots du roman, à savoir un dîner à Singapour avec Malraux. Il m'a donc été bien plus facile de lire la cinquantaine de pages liées à ce repas en sachant de quoi exactement il était question.

D'autres lectures m'ont sans doute aussi rendue le roman moins compliqué : Central-Europe de Vollmann, Démon de T. Hesse, Zone de M. Enard, mais aussi des livres traitant du nazisme et du XXème siècle : Binet, Haenel, Littell, Enzensberger… Le fait de posséder un bagage plus conséquent m'a permis de voyager avec un immense plaisir à travers le XXème de Kaddour. Reconnaissant certains passages, certains moments de vie également traités dans d'autres romans, l'accumulation faramineuse des anecdotes chez Kaddour m'a semblé moins monstrueuse et j'ai pu beaucoup mieux profiter de son talent de narrateur, de conteur, d'historien.
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyDim 23 Sep 2012 - 12:33

Et pour ceux qui voudrait en savoir un petit peu plus sur Waltenberg (j'insiste particulièrement sur l'épisode du livre avec Malraux, mais le roman est extrêmemnt riche et ne doit surtout pas être résumé à ce passage) :

Un style sec, précis, qui se permet quelques beautés quand il s'agit de décrire la douce allure d'une femme, la chaleur d'une nuque, une promenade sur une plage.
Un livre d'histoires et d'Histoire, exactement comme je les aime ; le genre de livre qui m'apprend plein de choses sur des évènements qui m'intéressent puisqu'ils ont fondé l'Europe actuelle et même un peu du monde dans lequel nous vivons. Un livre avec de beaux personnages, travaillés, sensibles, bavards, qui dessinent une première carte dans le récit, une autre étant celle des personnes connues qui portent leur vrai nom : Malraux, Staline, Poincaré et puis enfin ceux qui se cachent derrière des pseudonymes (par exemple André Gide qui devient le temps d'une seule évocation : Edouard Palude, Palude étant le titre du premier livre publié par Gide et Edouard le prénom du personnage principal des Faux Monnayeurs). Nous sommes dans un roman à clefs et dans un livre d'espionnage, avec des taupes, des retournés, des renseignés et c'est un jeu amusant de rechercher à qui ou à quoi correspondent certains pseudos. Waltenberg est la ville de Davos, Merken est sans doute Heidegger et ainsi de suite, jusqu'à cette énigmatique femme de lettres qui n'est pas nommée mais dont on devine qu'il s'agit d'Anna de Noailles. Sans jamais être fastidieuse, ni obligatoire pour comprendre le texte, la quête reste ludique.

Hédi Kaddour s'exprime dans Waltenberg à la fois comme écrivain mais aussi comme tacticien, spécialiste de géopolitique et de l'histoire des diplomaties mondiales, le livre en est particulièrement intéressant, il fourmille d'anecdotes, n'hésite jamais à raconter les à-côtés des vies de ceux qui décidèrent pour tous d'une guerre, d'une purge ou d'un renversement de l'histoire. L'Histoire du XXème siècle est lourde de ces décisions et nous sommes dans ce roman à la fois au cœur du politique et en même temps légèrement éloigné grâce au léger décalage que permet l'espionnage. Un peu à l'image de cette taupe que tout le monde veut trouver, le lecteur devient un peu voyeur, chercheur de confidences, à l'écoute de tout ce qui ne se dit pas dans la presse mais dans les conversations, les bavardages, les apartés. Roman sur les relations franco-allemandes, Waltenberg développe bien l'idée que la diplomatie agit plus souvent dans l'ombre des alcôves ou des Konditorei que dans les grands meetings.

Il est également important de noter que Kaddour s'appuie sur un nombre impressionnant de sources pour écrire son récit : faits historiques, preuves matérielles, récits écrits, récits oraux, témoignages rapportés, presse de l'époque, rapport de police ou des armées, rapports diplomatiques, livres d'Histoire et puis tout ce qui a été mis au jour depuis que l'U.R.S.S est tombée et que les documents de la C.I.A ont été déclassifiés. Mais j'insiste, loin d'être fastidieux, le livre de Kaddour se lit avec d'autant plus de plaisir que les personnages sont tirés par des fils humains.

Parce qu'il faut ajouter que Kaddour a une capacité de synthèse et d'organisation du récit très impressionnante. Il n'en fait jamais trop. Laisse entre chaque court paragraphe le temps de digérer le propos tout en donnant grâce à un rythme très alerte envie de poursuivre la lecture. Un livre que j'ai dévoré. Parce que j'aime ce genre d'ouvrage : historique, romanesque, touchant, qui raconte des vies, met en avant des ambiances (le harnachement des dragons pendant les charges de 1914 ; la longueur de la robe d'une femme patinant sur un lac gelé en 1910 ; une dîner à Singapour autour de la figure de Malraux ; la lutte interne des communistes du monde entier après le rapport de Khrouchtchev sur Staline…).

Impossible de tout dire sur ce roman à clefs, passionnant, effervescent, qui exige beaucoup du lecteur mais donne en retour tant de plaisirs.

Je poursuis. L'une des grandes audaces de Kaddour est de mélanger fiction et réalité. Prenons par exemple le personnage de Max Goffard (soldat puis journaliste, ami de deux écrivains, le premier Kappler est inventé, le second Malraux est réel). Mais ce serait trop simple pour Kaddour qui joue sur beaucoup plus de niveau entre fiction et réalité : Max (contraction facile de Ma(lrau)x) est un personnage de Waltenberg mais il est aussi l'inspirateur du personnage de Clappique de La condition humaine. D'ailleurs, dans Waltenberg, Kaddour raconte l'épisode d'un dîner à Singapour, un dîner auquel sont conviés Malraux et Max/Clappique. Pendant le dîner, il n'est pratiquement question que de La Condition humaine, la manière dont Malraux s'est servi de Max pour en faire Clappique, lequel est l'antithèse de Kyo (le héros du roman). Et Max ne cesse d'attaquer Malraux pendant tout le repas, frôlant presque l'incident diplomatique. La scène s'étire sur un nombre impressionnant de pages, entrecoupée par une autre situation avec deux autres protagonistes, la dissection de l'œuvre de Malraux est époustouflante et riche, essentiellement littéraire et profonde. Et la plus belle pirouette est de tout bousculer en insérant un personnage du roman de Kaddour (en l'occurrence de Vèze) dans le roman de Malraux :

Encaisse ! Se dit de Vèze, qui voit comme dans un rêve le roman de Malraux se peupler d'êtres inattendus, un rêve ou un vertige d'ivrogne, vieillard à tête de chat qui dit je vends des femmes, Russe à mine de Croquignol accoudé à un bar nickel, cadavre d'étranglé dansant la couverte, fou battu à mort, grosses filles aux seins énormes entassées les unes sur les autres, et c'est Clappique qui surgit du tas de filles comme d'une boîte de Pandore, transe de squelettes, Hercule habillé en femme, lapins mangeurs d'appareils photo, ah, si seulement l'alcool ne rendait pas malade, trains de prostituées lancés à toute vapeur vers le quartier général communiste par de grands connaisseurs de l'âme humaine, un monstre composé d'ours, d'homme et d'araignée qui vient vers vous, jeune femme debout au balcon d'un dernier étage, contemplant le coucher de soleil, de Vèze à genoux derrière elle, il lui a enlevé sa culotte, et dans la rue il y a un cocher qui pleure ses chevaux au milieu des victimes humaines et qui répète tout ça pour rien, pour rien, la jeune femme dit embrasse-moi.

La vérité du roman est dans ses détails, dans l'importance des images véhiculées. Je ne me souviens pas de toutes celles évoquées dans l'extrait, celle qui me marque est celle du cocher mais toutes racontent une partie du roman de Malraux, sans compter le rappel par Kaddour des chats et du kangourou et des deux dons : le cyanure (donné par Kapow à deux jeunes effrayés de mourir calcinés dans le four d'une locomotive) et celui des caramels mous (lors de la scène entre Ferral et les banquiers)… Et soudain apparait, lumineuse, l'idée que La condition humaine fonctionne par oppositions : le héros (Kyo), l'anti-héros (Clappique), l'ouvrier révolutionnaire, le banquier, le cyanure pour les uns, les caramels pour les autres...

Et cette citation de Nabokov (je ne sais pas si elle existe vraiment) :

"Pour Nabokov, poursuit Max, La Condition humaine, avec sa pluie chinoise, ses nuits chinoises, ses rues chinoises, ses foules chinoises, c'est la Compagnie Internationales des Grands Clichés, Nabokov recommande d'essayer avec du belge, ils sortirent dans la nuit belge."
De Vèze se dit que Goffard n'en a plus pour longtemps à être un personnage, on ne parle pas comme ça à Malraux.


Mais Malraux finit par expliquer (et il s'agit sans doute de la philosophie profonde de Kaddour qui s'exprime ici) que tout acte de littérature est d'abord un acte de pastiche, on reprend les clichés mille fois écrits par d'autres, on les affine, les transforme, les assimile et ils deviennent partie intégrante de l'œuvre de l'auteur.

En tout cas, si Kaddour brille par son analyse de l'œuvre de Malraux, il brille aussi par son art du détail, le petit couik qui fait voir l'histoire autrement, la petite défaillance, le petit manque, le petit plus qui fait basculer les choses et donne du sens à la flèche de l'Histoire.

Et souvent les détails chez Kaddour sont des détails intimes, des oublis, des pulsions, des liens qui vont faire agir un être d'une manière ou d'une autre (par exemple pour ce dîner raté avec Malraux, le consul pense qu'il aurait dû servir du gevrey-chambertin au lieu d'un mauvais beaujolais et les choses auraient sans doute tournées autrement). Ou peut-être que si Lilstein au moment de convertir la taupe n'avait pas vanté de manière si précise, si fine, si outrageusement décalée la Linzer torte (et non pas la Sacher torte) de leur hôtesse, peut-être que si cette tarte n'avait pas été légèrement parfumée au rhum, peut-être que la taupe n'aurait pas accepté de se laisser embarquer. Et ainsi de suite jusqu'à l'arrivée à la présidence de Poincaré ou …. c'est dans le détail, infime, méconnu, enfoui que peut surgir l'explication d'un comportement, d'un choix, d'un engagement…

sans parler de l'extraordinaire travail narratif de Kaddour : tenir 700 pages en arrivant à cacher la véritable identité de cette taupe, à qui tous les personnages parlent, qui existe sans cesse dans le roman et dont le nom ne survient qu'à la toute fin de l'histoire. Bel exploit !


Livre-monde, fin, érudit, brassant un siècle d'Histoire et soulevant les jupons pour mieux découvrir les vérités cachés, Waltenberg est un délice pour lecteur reposé.
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MessageSujet: Re: Hedi Kaddour   Hedi Kaddour EmptyDim 23 Sep 2012 - 14:29

les 700 pages pour lecteur reposé (ça veut dire qu'il faut être reposé longtemps) me font penser que ça va être difficile mais je verrai si je trouve un autre de l'auteur, des fois que. le tout va être de ne pas oublier d'ici le weekend prochain...

ça intrigue très fortement tout ça !
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