Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Nata Minor

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kenavo
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MessageSujet: Nata Minor   Nata Minor EmptyDim 14 Juin 2009 - 10:09

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Née en Russie, Nata Minor suit très tôt ses parents dans leur exil vers la France. Psychanalyste, elle est aussi traductrice (sa traduction de l'Eugène Onéguine de Pouchkine a obtenu le prix Nelly Sachs), et l'auteur de plusieurs essais et de romans comme La Partie de dames (Le Reflet, 2001) ou Le chapeau de Monsieur Freud (Grasset, 2004), la première fiction ayant Sigmund Freud pour héros.
source: Editeur

Nata Minor ? Un p'tit brin de femme qui défie les grincheux et carbure à la dérision et, surtout, à l'autodérision. Nata Minor est née à Odessa et vit en France depuis qu'elle est toute petite. Elle ne veut pas que l'on dise son âge. Elle est rigolote. Nata Minor est psychanalyste, traductrice (de Pouchkine…), essayiste et écrivain. Dans ses romans comme dans ses nouvelles, elle brouille les pistes avec une légèreté confondante.
source: Télérama
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kenavo
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MessageSujet: Re: Nata Minor   Nata Minor EmptyDim 14 Juin 2009 - 10:11

En faisant les recherches pour ouvrir un fil pour Nata Minor, j'ai trouvé ceci.. Wink

Nata Minor 32e6d9d629a43c1faa970e51ea6d7e30

Nata Minor : prière de ne pas ranger
Nata Minor n'est pas femme à se formaliser, n'est pas écrivain à tergiverser. Télérama désire une photo de son bureau ? Elle pouffe. Qu'à cela ne tienne ! Il faut dire que sa table de travail ressemble à tout sauf à un bureau où il fait bon écrire, où l'esprit peut naviguer au calme, enfin, c'est ce que l'on imagine quand on songe à l'environnement d'un écrivain... Tout faux : la psychanalyste-traductrice-nouvelliste-essayiste-romancière Nata Minor reproduit son bazar (elle dit même « bordel ») partout où elle séjourne, à Paris comme à Trouville. Avec elle donc, dans ses différents chez-soi, les tables croulent sous le fouillis - clefs, téléphone, stylos rafistolés, cendrier pas vraiment vide, papiers barbouillés et même déchirés, tous pêle-mêle, comme s'il fallait surtout ne jamais les lire, les relire... Indice de taille : les tables de Nata Minor sont toutes petites, peuvent à peine accueillir un ordinateur portable... un peu comme si elles ne servaient à rien, sinon à donner l'impression de « non-travail ». C'est que la dame écrit... au lit ! Cahier et crayon, couette et oreillers, nuit et silence... Ecrire n'est pas travailler. Ecrire demande un écrin. Ecrire demande de la distance. Ecrire exige un tête-à-tête avec soi, avec le monde. Là, dans les dentelles ou les velours, à Paris ou à Trouville, dans « une chambre à soi » chère à Virginia Woolf, éclosent des textes mille fois triturés. Nata Minor écrit l'insolence de vivre. Avec la gaîté d'une toute jeune fille.

Martine Laval
Télérama n° 3054
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MessageSujet: Re: Nata Minor   Nata Minor EmptyDim 14 Juin 2009 - 10:18

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La coquetterie du malheur
Citation :
Editeur
La narratrice, une femme âgée, se promène dans un cimetière. Elle se remémore son enfance à Rome, à Paris, avec un père adoré et une mère ukrainienne un peu folle que des infirmiers sont venus chercher un jour pour l'interner. Passent aussi, dans cette valse lente de souvenirs, une grand-mère lettrée, la maîtresse du père, la crainte de la Russie soviétique, qui paraît menacer les émigrés de ses espions trop courtois. Dans le cimetière, la narratrice rencontre une femme fantasque qui lui remet un manuscrit en cyrillique…
Cette promenade dans le passé, on y entre peu à peu, comme dans un paysage sous la brume. Celle-ci s'éloigne à mesure que la réalité se précise, sous forme de souvenirs rapportés du passé par la conscience de la narratrice. On découvre par bribes la vie de cette femme qui, petite fille, aimait les parfums Guerlain et qu'on menaçait d'une vie frivole. C'est aussi, dans le style nostalgique et plein de charme de Nata Minor, un livre sur la difficulté de communiquer entre les êtres.

Lisant la 4e de couverture de ce livre, cela m’a rappelé Nina Berberova.. et du coup je savais que je voulais essayer.. que je voulais faire connaissance..
J’en ai eu un peu de cela – la nostalgie de la Russie perdu, les sentiments de l’exil.. mais une voix nouveau, une autre écriture, des souvenirs ‘sucrés’ de la grand-mère qui font que la narratrice reste en quelque sorte toujours cette petite fille (et on peut se demander combien d’autobiographie il y a dans ces pages – si on considère que la couverture montre Nata Minor comme enfant)
Pour moi une très belle découverte – mais je me retrouve aussi dans la phrase d’une bloggeuse qui en a dit :

Une lecture étrange, pleine de charme, mais qui nous conduit nulle part. J'ai bien aimé, mais sans comprendre pourquoi.

Moi je ne demande pas toujours le pourquoi.. si c’est aussi le cas pour vous – une lecture à faire.. Wink
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MessageSujet: Re: Nata Minor   Nata Minor EmptyDim 14 Juin 2009 - 10:20

Et puisqu'on y est: Une nouvelle inédite de Nata Minor


Porte de la Chapelle

De Stalingrad à la Porte de la Chapelle il n’y a qu’un pas. Mais de ligne de métro directe, il n’y en a aucune. S’il y en avait une, il est certain que les choses se seraient déroulées autrement. Je n’aurais pas longé d’interminables couloirs, je ne me serais pas assise sur le banc à attendre la correspondance et cette femme, je ne l’aurais jamais rencontrée. Ne se serait pas présentée non plus l’obligation dans laquelle je me mis de la retrouver tous les jours à la même heure dans cette station ingrate, oubliée, semble-t-il, des services publics.
Toujours est-il que ce fut là qu’un jour, sur le coup de trois heures, je vis l’inconnue pour la première fois. La course dans les couloirs m’avait harassée et je m’étais assise sur un banc, près de l’alarme. C’est alors que, regardant vers la gauche, je la vis pousser le portillon, traverser le quai d’un pas décidé et venir s’installer près de moi comme une vieille connaissance... Il était donc trois heures. Elle avait posé sur ses genoux une de ces sacoches en moleskine noire comme on en trouve encore dans certains marchés de province et se mit à en extraire des liasses de feuilles recouvertes d’une écriture serrée. A trois heures cinq, elle m’adressait la parole :
« Pouvez-vous me tenir ces feuilles, dit-elle en dévissant le capuchon de son stylo. Tant que je n’aurai pas fait de l’ordre, je ne pourrai pas continuer. »
Son ton était si naturel, si tranquille, qu’il n’y eut de ma part la moindre hésitation. Je tendis la main, pris les feuilles et restai silencieuse tandis qu’elle fourrageait dans son sac. De temps en temps, elle m’en tendait d’autres, en reprenait certaines qu’elle annotait. Il régnait dans cette station un bruit de fond continu et ouaté, régulièrement troué par le sifflement d’une motrice. Les voitures arrivaient, s’arrêtaient, repartaient, personne n’en descendait. Tout comme les services publics, les voyageurs semblaient ignorer cette correspondance qui peut-être ne correspondait plus à rien.
Je crois que j’étais gagnée par une sorte de torpeur losque sa voix me fit sursauter : « Voyez-vous, disait-elle, c’est ici le seul endroit où je puisse me livrer à ma recherche, depuis des mois j’essaye de retrouver un certain mot, je l’attends, il semble tout proche et sans cesse il m’échappe. Pourtant je suis sûre de l’avoir écrit à l’instant où il m’est venu. C’était ici même, sur ce banc, dans cette station. Le fait qu’il se trouve dans cet amas de papier ne fait aucun doute, mais voilà, il se dissimule, j’ai beau trier il ne se laisse pas voir... C’est ici le seul endroit où courir après ne m’angoisse pas. Les tickets de métro sont un bon support pour noter sur le vif les mots fugaces. » Elle m’en proposa une poignée.
– Il vaut mieux les remettre dans votre sac, nous risquons d’en faire tomber.
Elle me remercia, les refourra dans sa sacoche. Je laissai passer une rame, puis une seconde ; au moment où la troisième entrait sur le quai, je me levai.
– Ne partez pas encore, je vous prie, votre présence m’aide.
– Il faut m’excuser, ai-je dit, mais j’ai un rendez-vous.
Elle eut l’air navré :
– Vous serait-il possible de revenir demain ? A la même heure ? Vous devez me trouver bien exigeante, mais je n’ai pas le choix, voyez-vous.
Je ne voyais rien du tout et pourtant j’acquiesçai sans bien savoir ce qui me poussait à le faire. Le lendemain, le temps me parut long. Il y avait comme une hâte à retourner au métro jusqu’au moment où je m’aperçus que j’allais être en retard et je pris un taxi jusqu’à la station. Il n’y avait plus de couloir à longer. L’escalier roulant m’amena au quai et j’allai m’asseoir à la même place que la veille. Je la vis apparaître, son gros sac sous le bras. Je remarquai sa sveltesse, la coupe parfaite de ses vêtements, leur usure aussi. Jolie, elle ne l’était pas, mais il se dégageait d’elle un charme indéfinissable. Etaient-ce ses cheveux qui s’échappaient en mèches rousses de son bérêt ? Le petit col de fourrure qui ornait la veste de son tailleur ou le léger strabisme qui donnait à son regard quelque chose de flou, d’énigmatique ? Le fait est que ce jour-là, l’envie ne me vint pas d’interrompre ce qui, pour un certain temps, allait devenir un rituel.
En me voyant elle ne marqua aucune surprise, ne me salua pas et reprit une phrase sans doute commencée la veille, une sorte d’explication qu’elle voulait me donner :
– Parce que c’est ici, à cet endroit précis que m’est passé par la tête ce mot que je voulais lui dire. Il m’a manqué tout ce temps où nous nous sommes connus, j’en sentais la nécessité mais il ne me venait pas. Ce ne fut qu’après qu’il a surgi comme une évidence, je l’ai vite noté pour ne pas l’oublier et maintenant, il me faut le retrouver.
– De quoi, de qui me parlez-vous ?, ai-je demandé.
– Mais de cet homme dont j’ai un jour croisé le regard, juste croisé, il n’en a pas fallu davantage pour que je le suive. Je l’ai suivi et nous ne nous sommes pas quittés de toute une journée peut-être.
– Comment ça, « peut-être »
– Parce qu’il y eut aussi un peu de nuit. Mais voyez-vous, dans une histoire comme celle-ci, le temps n’a guère d’importance, ce qui se produit est comme un vêtement pour la vie, une doublure à demeure. Il s’agit d’en sortir, ne plus y penser tandis que le corps, lui, en garde l’empreinte. Seulement, pour y parvenir, il faut le mot de passe. C’est lui que je cherche, quand il manque il y a un trou dans la mémoire du corps. Le corps ne prend pas la relève des souvenirs, du coup on n’arrête pas d’y penser, de vouloir revivre les épisodes, d’essayer d’en recréer la douceur, la chaleur, la violence aussi. On veut refaire le voyage.
– A quoi avait-il trait, ce mot ?
– Oh, il avait affaire avec le regard, quelque chose comme une lutte que j’ai vue dans ses yeux à lui. Le mot se dessinait, imprécis d’abord, puis de plus en plus net, jusqu’à devenir décisif. Quand, au matin, je me suis retrouvée sur ce banc, attendant le premier métro, je l’ai vite noté. Et voilà, je l’ai égaré !
– Alors le mot reviendra à votre prochaine rencontre.
– Pourquoi voulez-vous qu’il y ait une prochaine rencontre ! Vous n’avez pas l’air de comprendre. C’était une fulgurance, ça ne se reproduit pas, des choses peuvent y ressembler mais ça n’est jamais pareil.
– Ce que je ne comprends pas, puisque vous n’avez pas l’intention de revoir cet homme, c’est la nécessité que vous éprouvez de retrouver ce mot.
– Précisément, pour me passer de ce souvenir, de ce défilé d’images, de cette obsession. Je crois que ce mot a fonctionné pour lui comme une invite à déglutition, après cela il pouvait partir. L’épisode était inscrit, il ne risquait plus de s’en souvenir.
– Et vous n’avez aucun doute, vous l’avez vraiment vu ? Peut-être que dans son regard vous avez simplement lu l’heure.
– Enfin, je vous parle d’un homme et pas d’un chat !
– Un chat ! Quel rapport ?
– Mais parce que les Chinois prétendent lire l’heure dans les yeux des chats, tout le monde sait ça, Baudelaire l’a même écrit.
– Vous aimez Baudelaire?
Elle haussa les épaules. Je risquai encorre une question :
– Ce mot a bien un synonyme qui vous aiderait ?
– Non, pas de synonyme à ce mot, il est unique et cessez de m’interrrompre, vous me retardez.

Elle se remit fébrilement à fouiller son sac, les wagons circulaient, pas plus que les autres jours personne n’en descendait... Non, c’est faux, tous les mercredis, à 16 heures trente, un homme descendait d’un wagon situé au milieu de la rame et allait s’asseoir sur un banc voisin. Par temps ensoleillé il portait un costume clair, un mackintosh et une casquette quand le temps était à la pluie. Son attaché-case posé sur ses genoux, il demeurait immobile et fixait sur le mur incurvé qui lui faisait face un emplacement vide où se trouvait autrefois l’affiche vantant les mérites de la peinture Soudé : « Les républiques passent, la peinture Soudé reste. » Comme moi, c’est ça, exactement comme moi, soudée à mon banc. Je m’ennuyais sérieusement, cette femme me devenait de plus en plus antipathique et je comprenais de moins en moins ce qui me poussait à une telle assiduité. J’avais envie de la quitter, d’interrompre son manège et me précipiter vers l’escalier roulant ; j’émergerais alors à l’air libre, il ferait jour, il ferait nuit, il y aurait du soleil, il pleuvrait. Qui sait ? Mais voilà, je restais et, sans me fier à sa recherche, je me livrais, pour mon propre compte, à une occupation oiseuse, guettant la virgule, jouant avec les guillemets, les trémas, trauma, trois mats, navire. Oui, il fallait fuir, qu’est-ce que je faisais prise dans cette lumière blafarde, auprès de cette personne filasse, falote, moi qui prétendait n’aimer que la beauté. Si c’était là mon reflet, il n’était guère flatteur.
Alors que la dépression me gagnait et que je sombrais dans la somnolence, il se produisit un incident cocasse que l’on pourrait même qualifier de tragédie : on était un mercredi, le monsieur en vêtements clairs (c’était la période des beaux jours) était assis à sa place habituelle quand soudain émergea de l’attaché-case un canari, mais un canari d’un jaune éclatant. Il sautilla, prit son élan et s’en alla de l’autre côté de la voie voleter contre le mur incurvé où se trouvait autrefois l’affiche proclamant que la peinture Soudé ne s’effaçait jamais.
Ce qui se passait était de plus en plus insolite, j’oubliai ma voisine et regardai le monsieur : il avait sorti de la poche de son veston un petit cornet en papier et en avait répandu le contenu dans sa main. Des graines sans doute ou quelque poussière de mouches et de vermisseaux ? C’était l’heure du goûter, le canari allait revenir picorer, le monsieur l’appela « cui-cui, cui-cui », le canari pencha sa tête menue un peu à droite, un peu à gauche, se prépara... Lentement, la motrice entrait en gare. Insouciant, intrépide, Cui-cui battit des ailes, s’élança, il n’y eut aucun choc, pas même une plume en souvenir. Il était cinq heures.
– Cui-cui, cui-cui ! C’est impossible !
La voix du monsieur porta jusqu’à nous. Ma voisine prêta l’oreille :
– « Impossible ». Le mot ! C’est !e mot ! Vous avez entendu ?
– Oui.
– C’est bien de dire « oui », mais où l’ai-je mis ?
– Peut-être n’avez-vous rien noté.
Elle releva la tête de dessus sa paperasse et pour la première fois me regarda droit dans les yeux :
– Rien n’est jamais Rien, vous devriez le savoir !
La chose dite, elle replongea dans ses papiers. C’en était trop, je me levai brusquement faisant tomber les quelques feuilles que j’avais sur les genoux et sans les ramasser, sans la saluer, je filai vers la sortie.

Un jour, en métro, je repassai devant la station, elle y était, assise à la même place. Près d’elle, une femme les mains encombrées de feuillets somnolait.
Elle n’était pas moi.
FIN


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