Des filles en noir [Jean-Paul Civeyrac]

Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac

Citation :

Noémie et Priscilla, deux adolescentes de milieu modeste, nourrissent la même violence, la même révolte contre le monde. Elles inquiètent fortement leurs proches qui les sentent capables de tout...

Il arrive parfois d'aimer un film pour ses défauts mêmes et d'avoir envie de le défendre becs et ongles, parce qu'il est fragile et critiquable, parce qu'il vous touche profondément et qu'il a des résonances intimes que vous ne soupçonniez pas.

Des filles en noir est, a priori, un film sur le suicide juvénile. Mais Le sujet ne se résume pas à cet énoncé brutal. Le réalisateur, Jean-Paul Civeyrac, le relie à une époque sans rêves, à un contexte social sans espoir. Noémie et Priscilla sont en quête d'absolu. Qu'elles ne trouvent nulle part. Autour d'elles que des vies qu'elles jugent étriquées et laides, rien qui justifie de continuer à (sur)vivre. Il est honnête de dire que le cinéaste peine parfois à décrire ce qui meut les deux jeunes filles, d'où vient leur révolte, et ce qui les pousse vers le vide. Mais, il essaie. Le fil est ténu. Le rythme est tenu.

La mise en scène, d'une douceur étonnante, ne relâche jamais son étreinte. Les plans dialogués sont courts, les scènes de silence, axées sur les visages des jeunes filles, se prolongent. Là est la clé, pour comprendre, tenter de comprendre, plutôt, l'indicible. Les deux actrices débutantes sont magnifiques, tout en tension et intensité grave. Là encore, leur jeu est sur le fil du rasoir, il faudrait peu pour qu'il verse dans le grotesque. Il est presque toujours bouleversant.

D'autres éléments viennent se greffer sur le thème central : l'amitié quasi amoureuse qui unit ces adolescentes, leur même soif de beauté, de romantisme morbide (voir la citation de Von Kleist). Et puis, la musique, source de guérison envisageable. S'il n'est pas trop tard.

Des filles en noir est une oeuvre farouche, singulière, austère, dont la pureté rappelle certaines opales. Noires, évidemment.

Note personnelle : j'ai aimé Noémie et Priscilla, compris leur envie de s'échapper de ce monde. Je conçois parfaitement qu'on n'y voit qu'un film maladroit et raté. Si son ton est sec, il est tout sauf tiède. A vous de juger.

traversay a écrit:

Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac

[...]

Des filles en noir est une oeuvre farouche, singulière, austère, dont la pureté rappelle certaines opales. Noires, évidemment.

Note personnelle : j'ai aimé Noémie et Priscilla, compris leur envie de s'échapper de ce monde. Je conçois parfaitement qu'on n'y voit qu'un film maladroit et raté. Si son ton est sec, il est tout sauf tiède. A vous de juger.

J'hésitais à aller le voir, je vais peut-être bien me laisser tenter finalement.
Merci Traversay !

Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac

Traversay a écrit:

Il est honnête de dire que le cinéaste peine parfois à décrire ce qui meut les deux jeunes filles, d'où vient leur révolte, et ce qui les pousse vers le vide. Mais, il essaie. Le fil est ténu. Le rythme est tenu.

La mise en scène, d'une douceur étonnante, ne relâche jamais son étreinte. Les plans dialogués sont courts, les scènes de silence, axées sur les visages des jeunes filles, se prolongent. Là est la clé, pour comprendre, tenter de comprendre, plutôt, l'indicible. Les deux actrices débutantes sont magnifiques, tout en tension et intensité grave. Là encore, leur jeu est sur le fil du rasoir, il faudrait peu pour qu'il verse dans le grotesque. Il est presque toujours bouleversant.

Je suis d'accord avec tout ce que tu dis là, Traversay.
Ce film est honnête, à juste essayer de montrer, de comprendre, d'écouter une souffrance.
Les gros plans sur les visages, silencieux, les corps qui se touchent un peu, comme essayant de se raccrocher à la seule chose qui leur restent pour ne pas sombrer : c'est fait avec beaucoup de simplicité, de tendresse, de peur, de sobriété.
Le style est un peu redondant par contre, et au bout d'un moment on a l'impression de savoir à l'avance comment et où Civeyrac va poser sa caméra.

Et les actrices sont vraiment pile comme tu le décris. A chaque fois on a peur qu'elles tombent dans le too much. Mais non, elles tiennent, sur le fil. A se découper lentement des lambeaux d'émotions.

Traversay a écrit:

Des filles en noir est une œuvre farouche, singulière, austère, dont la pureté rappelle certaines opales. Noires, évidemment.

Note personnelle : j'ai aimé Noémie et Priscilla, compris leur envie de s'échapper de ce monde. Je conçois parfaitement qu'on n'y voit qu'un film maladroit et raté. Si son ton est sec, il est tout sauf tiède. A vous de juger.

Le ton est sec, c'est vrai. Austère, et on arrive peu à s'accrocher à des émotions, parce que tout est intériorisé.

Par contre, c'est un peu ce qu'il y a de dommage. Ça manque de violence, de vrai cri. Mais finalement, c'est peut-être un peu trop réaliste pour moi. J'aime quand les films (surtout d'ado) sont un peu rock n'roll, avec de vrais moments de bordel, de hurlements, de colère, et de délires.
Là, tout est quotidien, et tout entraîne lentement vers le sombre.
Ce film ne déchire pas par son envie de tout avaler, il respire par à coups. Soupire. Jusqu'au dernier souffle.

Queenie a écrit:

Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac
Par contre, c'est un peu ce qu'il y a de dommage. Ça manque de violence, de vrai cri. Mais finalement, c'est peut-être un peu trop réaliste pour moi. J'aime quand les films (surtout d'ado) sont un peu rock n'roll, avec de vrais moments de bordel, de hurlements, de colère, et de délires.
Là, tout est quotidien, et tout entraîne lentement vers le sombre.
Ce film ne déchire pas par son envie de tout avaler, il respire par à coups. Soupire. Jusqu'au dernier souffle.

Je comprends ça. Il y a quelques moments de révolte (au supermarché) mais vite étouffés.
Ca me donne envie de voir d'autres films de Civeyrac, cinéaste pour le moins méconnu.

traversay a écrit:

Queenie a écrit:

Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac
Par contre, c'est un peu ce qu'il y a de dommage. Ça manque de violence, de vrai cri. Mais finalement, c'est peut-être un peu trop réaliste pour moi. J'aime quand les films (surtout d'ado) sont un peu rock n'roll, avec de vrais moments de bordel, de hurlements, de colère, et de délires.
Là, tout est quotidien, et tout entraîne lentement vers le sombre.
Ce film ne déchire pas par son envie de tout avaler, il respire par à coups. Soupire. Jusqu'au dernier souffle.

Je comprends ça. Il y a quelques moments de révolte (au supermarché) mais vite étouffés.
Ca me donne envie de voir d'autres films de Civeyrac, cinéaste pour le moins méconnu.

Ah ouais, je ne pensais pas qu'il avait tant de films à son actif.


La bande annonce de Le nom des gens m'avait bien tiltée quand je l'avais vue !

Queenie a écrit:

Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac

Traversay a écrit:

Il est honnête de dire que le cinéaste peine parfois à décrire ce qui meut les deux jeunes filles, d'où vient leur révolte, et ce qui les pousse vers le vide. Mais, il essaie. Le fil est ténu. Le rythme est tenu.

La mise en scène, d'une douceur étonnante, ne relâche jamais son étreinte. Les plans dialogués sont courts, les scènes de silence, axées sur les visages des jeunes filles, se prolongent. Là est la clé, pour comprendre, tenter de comprendre, plutôt, l'indicible. Les deux actrices débutantes sont magnifiques, tout en tension et intensité grave. Là encore, leur jeu est sur le fil du rasoir, il faudrait peu pour qu'il verse dans le grotesque. Il est presque toujours bouleversant.

Je suis d'accord avec tout ce que tu dis là, Traversay.
Ce film est honnête, à juste essayer de montrer, de comprendre, d'écouter une souffrance.
Les gros plans sur les visages, silencieux, les corps qui se touchent un peu, comme essayant de se raccrocher à la seule chose qui leur restent pour ne pas sombrer : c'est fait avec beaucoup de simplicité, de tendresse, de peur, de sobriété.
Le style est un peu redondant par contre, et au bout d'un moment on a l'impression de savoir à l'avance comment et où Civeyrac va poser sa caméra.

Et les actrices sont vraiment pile comme tu le décris. A chaque fois on a peur qu'elles tombent dans le too much. Mais non, elles tiennent, sur le fil. A se découper lentement des lambeaux d'émotions.

Traversay a écrit:

Des filles en noir est une œuvre farouche, singulière, austère, dont la pureté rappelle certaines opales. Noires, évidemment.

Note personnelle : j'ai aimé Noémie et Priscilla, compris leur envie de s'échapper de ce monde. Je conçois parfaitement qu'on n'y voit qu'un film maladroit et raté. Si son ton est sec, il est tout sauf tiède. A vous de juger.

Le ton est sec, c'est vrai. Austère, et on arrive peu à s'accrocher à des émotions, parce que tout est intériorisé.

Par contre, c'est un peu ce qu'il y a de dommage. Ça manque de violence, de vrai cri. Mais finalement, c'est peut-être un peu trop réaliste pour moi. J'aime quand les films (surtout d'ado) sont un peu rock n'roll, avec de vrais moments de bordel, de hurlements, de colère, et de délires.
Là, tout est quotidien, et tout entraîne lentement vers le sombre.
Ce film ne déchire pas par son envie de tout avaler, il respire par à coups. Soupire. Jusqu'au dernier souffle.

Hyper vite .. on y a été hier, 4 dans la salle, comme tous les films qui ne sont pas des gros trucs.
J'ai trouvé ça pas mal... avec deux reproches :
- la première partie du film est un peu longuette
-

Spoiler:

.

Par contre, les actrices sont vraiment bien, et crédibles je trouve.


Bizoue.