Le dernier pour la route [Philippe Godeau]

Marie a écrit:

Le dernier pour la routede Philippe Godeau: c'est bien fait, bien vu ( et pour cause!)et c'est une bonne idée.. un peu trop scolaire et appliqué?

Scolaire je ne trouve pas trop. C'est didactique puisque c'est une expérience bien réelle et il nous la décrit littéralement mais sans en faire trop. Mis à part le fait que le cadre apparait fabuleusement luxueux (quel endroit! J'y pars tout de suite!), j'ai trouvé la reconstitution et l'ambiance d'un centre de cure parfaitement rendues. Et pourtant c'est toujours acrobatique de faire jouer des "malades" (qu'ils soient alcooliques ou autres) par des comédiens. Ils sont plutôt bons. Cluzet est magistral comme toujours. Le récit est touchant et filmé à la bonne distance je trouve. La jeune Mélanie Thierry est une révélation. Je ne me suis pas ennuyé une seconde et il a l'intelligence de ne rien "expliquer" ou résoudre. Pas de guérison miraculeuse, juste le temps d'une réflexion sur soi-même et le grand pas vers l'inconnu. Le récit autobiographique de Cluzet (Hervé Chabalier) est un beau moment. A voir qu'on se sente concerné ou pas!

Marko a écrit:

Marie a écrit:

Le dernier pour la routede Philippe Godeau: c'est bien fait, bien vu ( et pour cause!)et c'est une bonne idée.. un peu trop scolaire et appliqué?

Scolaire je ne trouve pas trop. C'est didactique puisque c'est une expérience bien réelle et il nous la décrit littéralement mais sans en faire trop. Mis à part le fait que le cadre apparait fabuleusement luxueux (quel endroit! J'y pars tout de suite!), j'ai trouvé la reconstitution et l'ambiance d'un centre de cure parfaitement rendues. Et pourtant c'est toujours acrobatique de faire jouer des "malades" (qu'ils soient alcooliques ou autres) par des comédiens. Ils sont plutôt bons. Cluzet est magistral comme toujours. Le récit est touchant et filmé à la bonne distance je trouve. La jeune Mélanie Thierry est une révélation. Je ne me suis pas ennuyé une seconde et il a l'intelligence de ne rien "expliquer" ou résoudre. Pas de guérison miraculeuse, juste le temps d'une réflexion sur soi-même et le grand pas vers l'inconnu. Le récit autobiographique de Cluzet (Hervé Chabalier) est un beau moment. A voir qu'on se sente concerné ou pas!

J'ai donc choisi Le dernier pour la route et bof, bof, bof, je suis moins convaincue que vous.
Je sais que c'est tiré d'un récit autobiographique mais je trouve l'itinéraire d'Hervé (F. Cluzet) trop linéaire, trop convenu : l'alcoolique dans le déni => prend les autres pour des fous et des "pas comme lui" => groupes de parole => prise de conscience => "je suis alcoolique" => les autres deviennent mes copains => je m'en sors peu à peu.
Impression de déjà vu.
Convenu aussi dans la représentation de l'opposition entre l'avant noir et l'aujourd'hui beau et chantant comme la nature, les lacs, la forêt et ses belles couleurs. Des facilités dans l'explication de l'alcoolisme

Spoiler:

du pote super sympa, clown triste qui rechute puis meurt...
Heureusement, Magalie (Mélanie Thierry) vient casser un peu ce parcours linéaire.

Le récit est tout de même émouvant grâce à François Cluzet, remarquable.

Li a écrit:

Je sais que c'est tiré d'un récit autobiographique mais je trouve l'itinéraire d'Hervé (F. Cluzet) trop linéaire, trop convenu : l'alcoolique dans le déni => prend les autres pour des fous et des "pas comme lui" => groupes de parole => prise de conscience => "je suis alcoolique" => les autres deviennent mes copains => je m'en sors peu à peu.

Des facilités dans l'explication de l'alcoolisme

Spoiler:

du pote super sympa, clown triste qui rechute puis meurt...

Il décrit son parcours tel qu'il l'a vécu et il est effectivement passé par tous ces stades. C'est comme ça que ça se passe pendant une cure et je ne vois pas comment on pourrait le montrer autrement. L'hôpital est souvent vécu au départ comme un endroit malfaisant et devient ensuite un refuge.

Le récit de son enfance n'est pas montré comme "l'explication", il est une étape et le début d'une tristesse qui l'a poursuivi ensuite dans sa vie d'adulte. Il montre aussi qu'il a vécu tous les grands conflits de sa génération comme journaliste de terrain et l'impact traumatique que cela a pu avoir en même temps qu'un besoin d'adrénaline. Il y a ensuite la mort de son père. Il évoque aussi son anxiété sociale et le pouvoir désinhibiteur de l'alcool. Il montre aussi que l'engrenage de la dépendance touche des gens très différents pour des raisons multiples et elles-mêmes différentes.

C'est un beau témoignage filmé avec simplicité. Il n'avait pas d'autre ambition je pense.

Je ne me place pas au niveau du comment montrer le processus de guérison de la maladie, du comment ça se passe dans la réalité, je ne dis pas qu'on aurait pu le montrer autrement, j'ai seulement eu un sentiment de "déjà vu" en regardant ce film. Il est simple, il reflète sûrement au plus près une expérience vécue, mais je ne lui trouve pas grand intérêt en fait (un peu dur dit comme cela mais...)

Li a écrit:

Je ne me place pas au niveau du comment montrer le processus de guérison de la maladie, du comment ça se passe dans la réalité, je ne dis pas qu'on aurait pu le montrer autrement, j'ai seulement eu un sentiment de "déjà vu" en regardant ce film. Il est simple, il reflète sûrement au plus près une expérience vécue, mais je ne lui trouve pas grand intérêt en fait (un peu dur dit comme cela mais...)

Ah, le sentiment de déjà bu (je ne le connais pas). Hors sujet, ok, je pars...

Li a écrit:

Je ne me place pas au niveau du comment montrer le processus de guérison de la maladie, du comment ça se passe dans la réalité, je ne dis pas qu'on aurait pu le montrer autrement, j'ai seulement eu un sentiment de "déjà vu" en regardant ce film. Il est simple, il reflète sûrement au plus près une expérience vécue, mais je ne lui trouve pas grand intérêt en fait (un peu dur dit comme cela mais...)

Je comprends ce que tu veux dire même si je trouve intéressant de découvrir cet univers à travers les yeux de quelqu'un qui l'a réellement vécu. Ce qui me plait en fait c'est que pour une fois, justement, on te raconte ce type d'histoire sans donner d'explication réductrice ou de solution facile. Il sait que la guérison n'existe pas et qu'il reste en sursis. Et c'est la première fois que je vois un huis clos dans un lieu de soins qui ne soit pas un cliché. Les encadrants sont d'anciens alcooliques, pas de hiérarchie, pas de sadisme, pas de gourou sentencieux, pas de miracle... Mis à part le fait que des établissements d'un tel luxe il ne doit pas y en avoir beaucoup!

Mais bon c'est pas non plus le film du siècle !