Derrière le personnage public de l'homme au passe montagne qui a passé plusieurs années aux cotés des indiens du Chiapas, au Mexique, se cache un véritable écrivain. Et pas seulement parce qu'il a écrit un polar en collaboration avec Paco Ignacio Taibo II.
Doté d'intelligence et de malice, il a inventé une créature animale, nommée Durito, qui apparait au milieu des communiqués officiels des insurgés zapatistes.
Durito est une bestiole du genre scarabée, et elle parle. Marcos et lui dialoguent donc au cours des nuits de veille dans la foret Lacandone.
Ce sont des contes pleins d'humour, de fraicheur, de poésie, et qui peuvent plaire aux adultes et aux enfants - qui n'ont pas oublié de l'etre. En cette période précédant Noel, une suggestion...
J'ai l'impression d'ailleurs que Marcos les a testés sur les enfants d'abord. Ces contes ont été rassemblés dans un petit livre intitulé :
Don Durito de la foret Lacandone (Ed. de la mauvaise graine). On doit trouver ça sur Amazone...
En voici un extrait figurant à la fin d'un communiqué à la presse. Il s'appelle:
PS qui parle de l'amour, du désamour et autres bétises "
Tonita (c'est une petite fille) revient me montrer sa nouvelle petite tasse à thé. Sans anesthésie préalable, elle me lache,...
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l'amour est comme une tasse à thé qui tombe par terre tous les jours et se casse en mille morceaux. A l'aube, les morceaux se rassemblent et, avec un peu d'humidité et de tendresse, se collent et revoila la petite tasse. Celui qui est amoureux passe sa vie à craindre l'arrivée du jour terrible ou la tasse sera tellement cassée qu'on ne pourra plus la recoller. Elle s'en va comme elle est venue.
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l'amour n'est qu'une balance, dit
Durito. D'un coté on met les bonnes choses, et de l'autre les mauvaises. L'amour durera le temps que le bon coté dépasse le mauvais coté.
Celui qui aime, passe sa vie à empiler des poids et des attentions du bon coté. Son attention est si concentrée sur ce poids qu'il en a oublié le mauvais coté. Il ne comprendra jamais comment un poids, à peine une plume de soupir, a pu faire pencher la balance vers le désamour de façon catégorique, définitive, irrémédiable....
Moi, je suis resté à réfléchir. La lune était un ongle nacré, une voile gonflée de lumière sur le bateau de la nuit. Elle a laissé poindre une arrete nue par dessus la cime des montagnes, puis s'est élancée avec tant de force que son passage a maltraité nombre d'étoiles."
Et si les enfants vous demandent si le conte est vrai, vous n'aurez qu'à leur répondre : comme Alice au pays des merveilles. Ce n'est pas compromettant...!