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| Juan Marsé [Espagne] | |
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Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Juan Marsé [Espagne] Lun 1 Déc 2008 - 20:13 | |
| Juan Marsé est né à Barcelone le 8 janvier 1933. Écrivain (romans, nouvelles), traducteur, scénariste espagnol. Il a reçu le Prix Planeta en 1978 pour La muchacha de las bragas de oro et le Prix Cervantes en 2008. Biographie Né Juan Faneca Roca, orphelin de mère, il est adopté par le couple Marsé. À l'âge de treize ans, il travaille comme apprenti joaillier. Lors de son service militaire à Ceuta en 1955, il projette l'écriture de son premier roman, publié en 1961. Entre 1960 et 1965, il travaille à Paris comme garçon de laboratoire à l'Institut Pasteur, et donne des cours d'espagnol à la fille du pianiste Robert Casadesus. Últimas Tardes con Teresa reçoit le Prix Biblioteca Breve en 1965, et Marsé entre au Parti communiste espagnol. De retour en Espagne, il écrit des scénarios pour le cinéma. Inspiré de son enfance pauvre dans les bas-fonds de Barcelone, Si te dicen que caí est censuré en Espagne et ne peut sortir qu'au Mexique. Il continue cependant de consacrer ses romans suivants à dépeindre Barcelone après la guerre d'Espagne, ce qui ne l'empêche pas de recevoir le prix Planeta en 1978, pour La Muchacha de las bragas de oro, adapté au cinéma par Vicente Aranda en 1980 (ce dernier tournera également Si te dicen que caí, et El Amante bilingüe en 1992). En 1997, il reçoit le Prix Juan Rulfo pour l'ensemble de son œuvre. En 2004, Fernando Trueba adapte El Embrujo de Shangai au cinéma Source: Wikipedia.fr | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Lun 1 Déc 2008 - 20:14 | |
| Teresa l’après-midi - Citation :
- Maison d'édition
Juin 1956, un surnommé «Bande-à-part», voleur de motos de son état, s'introduit dans une soirée où il rencontre Maruja et Teresa. Après avoir séduit la première, domestique dans une famille bourgeoise, et s'être servi d'elle dans l'espoir de voler des bijoux, il se tourne vers la seconde, jeune et belle étudiante : une «fille de bonne famille» qui lui réservera bien des surprises...
Amour et ambition sociale, rêves et mensonges, avec pour toile de fond les révoltes étudiantes dans la Barcelone des années 60, mènent une danse à la fois tendre et cruelle dans ce grand roman de Juan Marsé, qui est déjà un classique de la littérature contemporaine. J’en ai lu d’autres de cet auteur.. mais la lecture date d’un moment et donc je ne pourrais pas vous faire un commentaire trop détaillé. Il y a un moment que je ne vous ai pas parlé d’un auteur espagnol - et ayant appris que Juan Marsé a eu le Prix Cervantès la semaine passé était une bonne motivation de lui ouvrir un fil. Juan Marsé est autodidacte et écrit souvent de ce que lui-même a le mieux connu – la situation des pauvres gens à Barcelone après la guerre civile. La répression dans une dictature. Teresa l’après-midi est un roman ‘léger’ – tout en montrant la différence des classes sociales, il ne sort jamais le doigt pour nous faire la leçon.. il raconte une histoire dont on veut croire qu’elle pourrait se terminer autrement.. mais les règles du jeu ne sont pas faciles à apprendre – surtout pas pour ceux qui veulent s’introduire dans les classes au dessus des leurs.. Il me reste encore des lectures à faire de cet auteur.. et ce sera avec plaisir que je reviendrais. | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Mer 17 Juin 2009 - 22:49 | |
| As-tu aimé Térésa l'après-midi?
C'est un des rares livres que j'ai abandonnés dans ma vie de lectrice; je l'ai trouvé trop démodé, j'en ai même un souvenir à la Harlequin. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Mer 17 Juin 2009 - 22:55 | |
| - Sophie a écrit:
- As-tu aimé Térésa l'après-midi?
C'est un des rares livres que j'ai abandonnés dans ma vie de lectrice; je l'ai trouvé trop démodé, j'en ai même un souvenir à la Harlequin. oui.. j'ai bien aimé.. démodé? hm.. un jeune homme qui vient d'une classe sociale inférieure à celle de la fille, s'intéresse à elle, veut la conquérir.. et pense qu'il va parvenir à sortir de sa situation à cause d'elle.. et surtout qu'il "utilise" une autre fille pour arriver à son but.. toujours valable.. toujours lisable.. à la Harlequin - tu veux dire B.C? Beaucoup trop de critique sociale pour cela Certes il y a des romans et surtout des auteurs espagnol que je préfère.. mais quand même pas désagréable à découvrir.. | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Mer 17 Juin 2009 - 23:33 | |
| Je ne parle pas de l'histoire qui m'a semblé démodée mais du style. Je me souviens de phrases qui transcendaient la beauté des personnages, le jeune rebelle brun sur sa moto. Ce que j'écris est caricatural mais j'ai vraiment ce souvenir. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Jeu 18 Juin 2009 - 10:29 | |
| - Sophie a écrit:
- Je me souviens de phrases qui transcendaient la beauté des personnages, le jeune rebelle brun sur sa moto. Ce que j'écris est caricatural mais j'ai vraiment ce souvenir.
oui.. là dessus tu as raison.. mais moi je l'ai lu en tant que procédé de style de l'auteur pour raconter son histoire | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Ven 22 Juin 2012 - 22:16 | |
| Calligraphie des rêvesC'est l'histoire d'un jeune garçon, à l'aube de passer à l'âge adulte, dans l'Espagne de l'après-guerre. Rêveur, solitaire. Raisonnable… qu’ils disent ! Ringo traîne sa mélancolie désabusée dans sa petite rue Torrente de las Floeres et au bar Rosales dans un monde qui fait penser à l'Amarcord de Fellini, croisé avec le Belleville de Malaussène. Ringo, qui a bien compris que ses rêves de pianiste virtuose lui étaient interdits, se construit des mondes, et, grand amateur de romans et de films d'aventure, élabore ses propres fictions, mêlant indiens, lions sauvages, et belles inconnues. Il scrute les adultes d'un oeil finement observateur mais aussi poétique, et ces adultes cachent aussi des secrets. - Citation :
- C'est peut-être la première fois que ce garçon pressent, ne serait-ce que de façon imprécise et fugace, que ce qui est inventé peut avoir plus de poids et de crédit que la réalité, plus de vie propre et plus de sens, et par conséquent plus de possibilités de survie face à l'oubli
L’intrigue qui sous-tend le roman, à la fois tendre et loufoque, parle de Mme Mir, à la fois touchante et vulgaire, qui cherche désespérément ou « un peu de tendresse extra, » court après « cette sucrerie amoureuse qui constitue sa vie » . Le père aussi, ce tueur de « rats bleus », «un écervelé et un hérétique », « un rouge et un blasphémateur », « crâneur au dehors et doux au-dedans comme le velours… » a ses mystères qu'on ne découvrira pas tous… L'intérêt du livre ne tient pas tant dans l'histoire, les réponses (et je trouve que Juan Marsé aurait pu se passer de l'épilogue, le livre en aurait gagné en mystère et en intensité) que dans le regard du jeunes Ringo, sa façon de laisser traîner l’oreille, de recouper, de capter le détail observé avec précision : les personnages, les intonations, les attitudes, les petits détails quotidiens qui fixent le décor, les personnages secondaires, comme ce petit garçon qui passe sur son vélo, qui n'ont rien à faire dans l'intrigue mais construisent une ambiance tout à fait réjouissante. - Citation :
- Elle s’enroule sur elle-même très lentement, avec un air d'abandon et de complaisance étudié, et s'attarde tant au balancement de son bras avant que celui-ci n'atteigne le bas, que la couture, sans que la main ne la touche et comme par magie, s'est remise en place toute seule. Et la voir aussitôt après se diriger vers le bar en se dandinant sur ses extravagantes chaussures à hauts talons, et en remuant les fesses, c'est pour lui le comble. C'est précisément parce que le personnage est si réel, si proche et si quotidien, qu'il l’irrite et le trouble ; il le trouve trop lié à la grisaille du quartier, aux petits artifices, aux petites simulations et aux petites misères que la fréquentation d'autrui impose irrémédiablement chaque jour
Il ne faut pas être pressé, le livre met un peu de temps à démarrer, la multiplication des détails nous fait promener à droite, à gauche, parfois touchante, parfois drôle, c'est vraiment un livre de sensations, où qui aime observer ne s'ennuie pas une seule minute. (Si vous êtes de ceux qui passez vos trajets en train ou en métro à observer vos voisins, imaginer leur destin, vous serez servis…) C'est un livre sur le rêve, sur les constructions de l'enfance, la confrontation de l'imaginaire et de la réalité, un livre du regard porté sur soi-même et sur les autres. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Sam 23 Juin 2012 - 0:05 | |
| Un commentaire qui donne envie... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Sam 23 Juin 2012 - 7:09 | |
| - Marko a écrit:
- Un commentaire qui donne envie...
dito, il va défintivement passer de ma LAL sur ma PAL merci Topocl | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Sam 23 Juin 2012 - 10:06 | |
| Calligraphie des rêves (suite)
En fait, je me disais en me levant ce matin que j'avais fait mon commentaire trop vite, en effet c'est souvent comme ça pour moi, une bonne nuit porte conseil)
Je ne sais pas si j'ai vraiment fait ressortir le caractère fondamentalement mélancolique, mais sans être désespérée, la grande solitude de tous ces personnages, qui vivent leur petite vie apparemment sans relief, mais sont profondément bouleversés, en le sachant ou sans le savoir, par la pression permanente du régime franquiste (lequel apparaît très peu de façon vraiment objective, mais est en permanence là en filigrane). Ils sont perdus, ils sont dans le trou du cul du monde, personne ne s'intéresse à eux, tout le monde fait comme si de rien n'était, comme si tout cela était normal, tout le monde regarde avec un certain mépris amusé cette pauvre foldingue hystérique qui se jette sous les roues d'un tramway-fantôme à la première page, mais c'est bien elle pourtant qui exprime le mieux le désespoir, l'appel au secours qui reste muet chez les autres, cette notion d’avenir bouché qui est un maitre-mot de l’adolescence de Ringo. Tout ce que dit avec une douceur, un humour, qui rendent le livre très attachant
Il y a aussi un style particulier, envoûtant, avec une recherche du détail signifiant je pourrais par exemple plus parler en effet de ce petit garçon qui passe sur un vélo, que j'ai évoqué plus haut, qui n'est vraiment qu'un élément du décor, qui n'a rien à voir avec l'histoire, mais qui est décrit sur plusieurs pages, ses petites roulettes qui le stabilisent, son envie de s'en débarrasser, comment il y arrive, le regard qu'il pose à droite et à gauche sur les gens qu'il observe, et on va le voir repasser un peu plus loin dans le récit, on le reconnaît c'est tout à fait drôle qu'il soit encore là. Il y a plusieurs personnages comme ça qui ont droit à une description magnifique sur quelques pages, qui ne sont que de passage, mais créent toute une ambiance pour le roman. Juan Marsé a un talent du portrait, (j'ai particulièrement aimé sa façon de décrire les attitudes des corps), mais aussi des situations, on pourrait tirer certains passages de son récit pour en faire autant de nouvelles, chacune racontant sa petite histoire, et ces petites histoires accolées contribuant à la cohérence de sa description de la vie dans cette petite rue ordinaire de Barcelone.
Enfin j'ai été séduite par le fait que, comme dans la vie, les mystères sont en partie expliqués, mais pas tous et on ne sait pas tout, que des doutes persistent, et ça, c'est très fort car ce n'est pas de la négligence, c'est un choix réel et en même temps on ne sait pas tout, mais on n'a pas l'impression de rester sur sa faim. Cela contribue au côté totalement poétique du livre.
Voilà c’est un livre pris absolument par hasard sur le rayon des nouveautés de la médiathèque, qui m’a vraiment offert une excellente surprise, livre tendre et mélancolique, drôle par moments, d'un ton très originale. Et je pense en effet qu'il pourrait te plaire, Kenavo.
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Sam 23 Juin 2012 - 15:23 | |
| J' apprécie beaucoup l' oeuvre de Marsé et notamment ses premiers romans où l' on sentait encore bien présentes les séquelles du franquisme. Marsé y parle des petites gens, des femmes aussi. Et comme le remarque Topocl avec tendresse et mélancolie. Celle des déceptions, des espoirs déçus et de la nosalgie. En fait, ses livres sont souvent des mélos mais qu' il accomode bien. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Sam 23 Juin 2012 - 15:42 | |
| - bix229 a écrit:
- J' apprécie beaucoup l' oeuvre de Marsé et notamment ses premiers romans où l' on sentait encore bien présentes les séquelles du franquisme. Marsé y parle des petites gens, des femmes aussi. Et comme le remarque Topocl avec tendresse et mélancolie. Celle des déceptions, des espoirs déçus et de la nosalgie. En fait, ses livres sont souvent des mélos mais qu' il accomode bien.
j'ai en effet pensé à toi, Bix, avec ce jeune garçon. Mais... 400 pages assez serrées! Je sais que tu n'es pas très tenté par les gros livres. Je ne dirais pas du tout que celui-ci est mélo. Il y a le personnages de la femme qui se jette sous le tramway qui est mélo, mais tout le monde se moque d'elle, et en outre les secrets qu'elle cache ne sont pas forcément si mélos que ça! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Sam 23 Juin 2012 - 16:20 | |
| - topocl a écrit:
- Et je pense en effet qu'il pourrait te plaire, Kenavo.
et elle enfonce le clou (merci pour ton ajout de commentaire) il se trouve en commande! | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Sam 21 Juil 2012 - 12:24 | |
| Teresa l'après-midi
Une lecture estivale par l'ambiance qu'il s'en dégage. Kenavo a évoqué la tension des classes sociales et c'est en effet un des aspects essentiels de ce roman de Juan Marsé...chaque personnage veut sortir d'un cocon, d'une voie tracée et ne pourra le faire qu'en se brûlant les ailes. La ville de Barcelone, dans le contraste des quartiers et le poids d'un vécu, apparait comme la source d'émotions violentes et dessine plusieurs espaces intimes. La tonalité de l'oeuvre est très emphatique et des effets de répétitions peuvent agacer...difficile tout de même de délimiter ce qui relève de la traduction. En l'état, il reste la trace d'instants absolus et de rendez-vous manqués, une sensation éphémère qui s'évanouit dans l'illusion d'une soirée. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] Sam 21 Juil 2012 - 12:52 | |
| En somme, ton impression est plutôt positive ou négative? | |
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| Sujet: Re: Juan Marsé [Espagne] | |
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| | | | Juan Marsé [Espagne] | |
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