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 Ramine Kamrane et frédéric Tellier

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AuteurMessage
Ezechielle
Sage de la littérature
Ezechielle


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MessageSujet: Ramine Kamrane et frédéric Tellier   Ramine Kamrane  et frédéric Tellier EmptyVen 21 Aoû 2009 - 1:37

L'Iran, les coulisses d'un totalitarisme Ramine Kamrane, Frédéric Tellier.

Dans ce livre, les deux auteurs tentent de nous avertir de ce qu'ils considèrent être la véritable nature du régime iranien. En effet, les médias occidentaux sont relativement muets quant au statu de cet état: une république, se voulant démocratique, organisant des élections, régie par un islamisme extrémiste, lançant de violentes attaques verbales à l'Occident... Quel est cet était qui, dans la forme, semble démocratique et, dans le fond, paraît animé d'une violence qu'il faut maintenir à tout prix? Quelles sont ses intentions? Comment les Iraniens le vivent-ils? Jusqu'à quel point l'Iran est-elle une démocratie?

Avant toute réponse, Kamrane et Tellier annoncent leur "conclusion": la République Islamique d'Iran est une totalitarie.
Selon eux, depuis la chute de l'URSS, personne n'ose qualifier un état de "totalitaire" pour la simple raison que se serait contredire la vision selon laquelle notre monde se dirige inexorablement vers la démocratie véritable (vision soutenue par des oeuvres telles que "La fin de l'histoire" de Fukyama et "Le choc des civilisation" de Huntington). Comment imaginer qu'un nouveau totalitarisme puisse encore exister alors que le plus grand ennemi de celle-ci est tombé? Il en reste bien des résidus à Cuba et en Corée du Nord, mais l'Iran n'y ressemble point! De plus, l'arrivée au pouvoir des islamistes en 1978 est encore un grand mystère pour ce pays, l'un des plus occidentalisé de la région. Certains évoquent alors une "évolution iranienne" originale, due à la particularité de ses habitants, perses, chiites, dépositaires d'une culture millénaire. L'occidentalisation était une rupture, l'islamisme, un retour aux sources. Ainsi, le régime iranien, s'il n'est pas démocratique comme nous l'entendrions en Occident, correspond parfaitement aux attentes des iraniens et ne les oppresse en rien.

Pour Kamrane et Tellier, ces théories sont invalides car se basent sur des prémisses fausses ou insuffisantes. La première est fausse car influencée par une vision positiviste qui se décompose au fil du temps (la "fin de l'histoire" dont parle Fukyama fait l'impasse sur les tensions actuelles en les réduisant à une "agonie" des ennemis de la démocratie). La seconde inclue une donnée sociologique, anthropologique et historique importante, souvent niée par les raccourcis faciles des médias, mais dont les universitaires abusent parfois, niant de ce fait l'actualité. A force de vouloir tout "réduire" au passé en niant les données actuelles, les influences extérieures qu'a pu subir l'Iran, on finit par produire une vision biaisée de la réalité. En voyant la RII (République Islamique d'Iran) comme l'expression d'une évolution iranienne ininterrompue depuis des siècles, les autoproclamés "spécialistes", les "orientalistes" (dont le régime iranien est très friand, et pour cause...) justifient son existence et son action.

La RII est un totalitarisme dans la mesure où, comme tout totalitarisme, il agit en se proclament défenseur d'une "démocratie" véritable (ou une variante de celle-ci) ou au contraire comme alternative à la démocratie, seul système viable conservant l'unité du peuple et ses libertés. La RII (rien que par son nom) fait clairement partie des totalitarismes se revendiquant de la démocratie, son nom suffit à s'en convaincre, mais d'un genre "alternatif" puisque "islamique". Ainsi, la RII, sensée être dans la parfaite continuité de l'histoire de l'Iran, se trouve guidée par des conceptions très occidentales...
La démocratie? Pas plus qu'en URSS. Si en Russie, c'était le parti communiste qui se trouvait derrière chaque agissement de l'Etat, en Iran, c'est l'Ayatollah et ses collaborateurs qui tiennent les rennes. En effet, c'est lui qui, en dernier lieux, prend toutes les décisions importantes. Et si le président veut faire bande à part, il n'en a aucunement les moyens, l'Etat étant dominé par une milices non-gouvernementale répondant directement à l'Ayatollah: les gardiens de la révolution, qui assurent la pérennité du régime (un peu à la manière de la SS en Allemagne nazie).
Les élections, quant à elles, ne sont qu'un simulacre sensé répondre aux aspirations démocratiques des Iraniens. Les débats, les "partis", les rivaux politiques "réformistes" ou "extrémistes" ne sont pas, si ce n'est pour distraire le peuple iranien. En réalité, tous ont en commun une certaine vision de la RII qu'ils n'abandonneraient pour rien au monde. S'il existe sans doute possible des dissensions parmis les "dirigeants", celles-ci s'effacent devant le pouvoir de l'Ayatollah.
Le régime, quant à lui, fait élire un dirigeant appartennant à la frange prétendument "extrémiste" afin de focaliser toute la haine sur lui. Mahmoud Ahmadi Nejad n'est qu'une marionnette que l'on voudrait faire passer pour le manipulateur, l'Ayatollah serait impuissant face à lui...
La réalité est tout autre: l'Ayatollah, s'il ne peut contrôler absolument tout, en a au moins l'intention et formellement le pouvoir: la structure même du régime le lui permet.

Voici grosso modo le résonnement de Kamrane et Tellier.
D'une manière générale, je partage leur vision des choses, mais certaines affirmations sont à relativiser au regard des dernières élections iraniennes, comme par exemple la très forte minimisation du rôle des dissensions entre dirigeants iraniens. Ces élections montrent que, d'une manière ou d'une autre, le régime à peur de l'arrivée au pouvoir d'une personne qui se présente comme "réformiste". En étant manipulé par le régime, il ne pourra faire passer ses "réformes", si bien que l'absence de différences nettes entre réformistes et islamistes radicaux (et donc l'absence de pluralité lors des élections) sera révélée au grand jour, dirigeant toutes les critiques vers l'Ayatollah. Il était donc indispensable pour le régime de s'assurer la victoire d'un extrémiste afin de maintenir son visage. La pluralité existe bel et bien, ne serait-ce que virtuellement puisqu'elle régit toute la vision que le régime désire donner de lui et sans laquelle il ne peut survivre. Il fallait cependant faire passer Ahmadi Nejad car il est le seul à permettre au régime de montrer son véritable visage tout en restant caché. Les méthodes radicales du régimes sont mises sur les épaules de son président. Il n'importe pas, ici, de savoir ce qu'en pensent les divers candidats au présidentielles ou le président lui-même, mais précisément de se rendre compte que ce n'est qu'en jouant à fond la carte de la démocratie que le régime se maintient, mais aussi qu'il prépare sa chute. Les élections de 2009 ont montré l'impuissance du régime, pris au piège par son système "démocratique" (comme l'avait été l'URSS). En suivant le résultat réel, le régime était obligé de changer de politique, sans quoi il révélerait toute la manipulation, en maintenant Ahmadi Nejad, il reste tel qu'il est. Malheureusement, c'est Khatami qui était le favori et non Ahmadi Nejad. Il a donc fallu forcer les choses, corrompre la démocratie, afin d'assurer la survie du régime.

Bref, je voulais présenter le livre et je suis parti dans une analyse de l'actualité Laughing

Je vous le conseille fortement, même si je lui fais deux reproches:

1) Kamrane et Tellier critiquent énormément "l'orientalisme" qui, selon eux, tend à cacher la nature véritable du régime mais oublient qu'une partie de l'explication ne peut se trouver que dans la longue durée et que, au moins à un moment, la RII a semblé répondre aux attentes des Iraniens (comme le IIIème Reich l'a fait pour les Allemands). Leur relativisation du travail universitaire sur le sujet s'apparente parfois à un rejet pur et simple qui, selon moi, amène à une autre extrême.

2) Suite aux élections de 2009 (j'avais lu le livre un ou deux mois avant) j'ai dû relativiser certaines de leurs affirmations, notamment à propos du pluralisme, de l'effectivité de la démocratie, mais surtout de la toute puissance de l'Ayatollah.


Dernière édition par Ezechielle le Dim 23 Aoû 2009 - 22:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ramine Kamrane et frédéric Tellier   Ramine Kamrane  et frédéric Tellier EmptyVen 21 Aoû 2009 - 15:43

Tu nous donnes envie de nous intéresser à ce débat!
De mon côté je ne suis pas assez informée pour avoir un avis défini là-dessus.
Mais j'écoute, je lis, je regarde, quand les occasions se présentent.
Du coup je note ce livre-là.
Wink
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