LA VIE DEVANT SOIMise en scène de Didier Long
Avec Myriam Boyer, Aymen Saïdi, Xavier Jaillard, Magid Bouali
Adaptation de Xavier JaillardAdaptation du roman d'Emile Ajar (Romain Gary), lauréat du Goncourt en 1975.
C’était une gageure d’adapter ce roman pour la scène mais l’adaptation est vraiment réussie.
C’était aussi un défi pour Myriam Boyer d’incarner au théâtre le personnage de Madame Rosa quand personne n’en a oublié l’interprétation éblouissante de Simone Signoret au cinéma. (réalisateur : Moshé Mizrahi en 1977).
Avec sa voix, sa gouaille et son physique, avec sa force et sa fragilité, avec l’extrême générosité de son jeu surtout, Myriam Boyer campe une Madame Rosa juste et tout simplement bouleversante.
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Il s’agit d’un texte d’une richesse insoupçonnée et tenter de faire exister l’impossible sur un plateau représente un travail lourd et difficile. Or, cette fois-ci, c’est le contraire : l’évidence est déjà là. L’évidence du texte, de mon personnage, de la situation… Tout est présent, concret, lumineux, dans ma chair, comme si finalement incarner Madame Rosa allait juste revenir, pour moi, à faire du théâtre, à jouer sur scène. Je crois qu’en puisant dans mes expériences, je trouverai aisément le chemin menant à cette femme que je connais bien, pour laquelle je ressens une grande tendresse, beaucoup d’amour."disait Myriam Boyer
Ce « chemin » elle l’a trouvé !
Momo, un adolescent, raconte sa vie auprès de Madame Rosa. Il est arabe, fils d’une prostituée assassinée par son amant proxénète jaloux, le père de Momo. C’est cet homme qui a confié l’enfant tout petit à Madame Rosa, avant de disparaître.
Madame Rosa est juive, une ancienne prostituée elle aussi (elle l’était avant Auschwitz). Momo n’est pas le seul enfant de prostituées qu’elle a élevé. Mais à Momo elle s’est profondément attachée. Et l’amour est réciproque.
Lorsque la pièce commence Madame Rosa est vieille,mais surtout malade et fatiguée.Momo remonte, de façon poignante, le temps de cet amour.
On en voit se dérouler les épisodes importants et parfois l’image se fige et le temps est remonté plus vite par la voix off de Momo.
Le texte est parfois drôle…drôle seulement à sourire...car les peurs, terribles, la tristesse et la misère sont très présentes. Alors j’avoue que j’ai été gênée parfois par les rires peu subtils excessifs, déplacés, d’une partie du public. J’avais plutôt envie de pleurer devant tant de tendresse et de mélancolie.
"C'est pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur, Momo."
"Les cauchemars, c'est ce que les rêves deviennent toujours en vieillissant."Le jeune Aymen Saïdi joue le rôle ingrat de l’enfant. Ingrat parce qu’il n’y a rien de plus dur que de composer sans ridicule au théâtre un personnage d’enfant quand on en a passé l’âge. Passées les premières minutes, on finit par oublier, convaincus par l’espièglerie, la tristesse et la tendresse infinie qu’il dégage.
Xavier Jaillard investit paternellement le rôle d’un bon docteur.
Par contre, Magif Bouali, interprète le père de Momo de façon inutilement dérangeante, excessive…Il surjoue sans nuances. On se serait bien passé de sa venue…
Extraits et commentaires:
ici
Si vous avez l’occasion de voir cette pièce, ne la ratez pas…
J’aime ce théâtre du sensible, de l’humain, de la simplicité, qui repose seulement , sans aucun artifice, sur le texte et le jeu des comédiens.