(NB: avant d'abandonner potentiellement la lecture qui ne convaincra pas tout le monde, je "conseille" tout de même un petit tour sur les premiers liens vidéo en bas
)
Une chose qui me tient à coeur que de vous présenter cet artiste.
Arte diffusait la semaine passée sur lui un documentaire qui aurait sans doute était plus parlant que je ne saurais l'être, mais il m'a échappé. Soit.
C'est avant tout un homme discret - et une des voix les plus belles et sensibles qui soient - qui ponctuellement depuis ces 30 dernières années nous offre un peu de lui. La première fois, c'était en 68 avec
Soft Machine. La dernière à ce jour date d'il y a quelques mois, un album solo intitulé
Comicopera que certains ont peut-être croisé.
.
Autrement, ses seules apparitions "médiatiques" sont la participation à la bande originale du
Peuple Migrateur, ainsi que quelques prestations lors de concerts du guitariste
David Gilmour (cf. Pink Floyd)
Musicalement, le hasard des rencontres et de la vie ont eu sur lui une influence essentiellea.
Tout commence en 66 à Canterbury lorsque quatres amis et personnalités fortes décident de former
Soft Machine (au nom inspiré de Burroughs). Il s'agit de
Wyatt (batterie, chant),
Mike Ratledge (claviers),
Kevin Ayers (guitare, basse et chant) et
Daevid Allen (guitare).
Entre parenthèses, la légende veut que, bloqué en France par les douanes en se rendant à une répétition du groupe, Allen décide d'y rester et fonde le très grand Gong. Quant à Ayers, sa carrière solo lui fera débusquer un virtuose de 16 ans, Mike Oldfield.Quant-à Soft Machine, à l'avant garde du mouvement progressif, oscillant entre pop et free jazz avec, pour les deux premiers albums, une grande place donnée aux chant et aux paroles - souvent teintées d'humour - de Wyatt; dès 70 peu à peu les membres se diviseront quant-à l'avenir musical à donner au groupe. De leader peu à peu Wyatt est relayé au simple rôle de batteur. En 71 Après quatre albums, n'arrivant plus à donner sens à l'orientation prise par le groupe, il le quitte, aigri et étouffé.
=> écouter
Soft Machine: Volume One (1968)
Enthousiaste de pouvoir donner libre cours à son inspiration il entreprend une carrière solo en 70 (
The End of an Ear, album dense et halluciné), et fonde peu après son départ
Matching Mole, transcription phonétique de la traduction française de "Soft Machine".
=> Ecouter Matching Mole (1972)
1974 est une année décisive pour
Wyatt. Il rencontre puis épouse
Alfreda Benge (qui l'accompagne encore aujourd'hui et écrit d'ailleurs pour lui de nombreuses chansons), et entreprend un second album solo.
Bien avant que ce dernier soit concrétisé, Wyatt lors d'une soirée trop alcoolisée chute du troisième étage et cruellement, perd l'usage de ses jambes. Finie la carrière de batteur.
S'en suivent des mois de rétablissement, durant lesquels l'artiste peaufinnera ses idées
(pour l'anecdote grâce à un petit clavier offert par sa femme). Si la plupart des compositions sont déjà écrites, cette évenement leur donnera un tout nouveau sens, un caractère plus intime, mais aussi plus difficile. Entouré de toute la crème anglaise (Mike Oldfield, Hugh Hopper, Fred Frith, Nick Mason...), Wyatt parviendra à concrétiser ce projet. C'est
Rock Bottom , artistiquement à mes yeux l'une des plus grandes, belles et touchantes choses qui soient.
Ma non-concision ayant déjà ou étant sur le point d'en rebuter certains, je ne développerai pas (... tout de suite) davantage.
Simplement vous pouvez l'écouter ici.
J'ai un rapport très particulier avec cet album. Beaucoup ne comprendront certainement pas pourquoi, mais je suis heureux de pouvoir faire partager ce sentiment. C'est simplement un album qui demande du temps.
Au-delà de la simple experience musicale,
Rock Bottom ne constitue pour les néophytes absolument pas une porte d'entrée idéale vers l'univers de l'artiste! Au contraire.
Le plus évident - et pas le moins savoureux - et de commencer par la fin, plus sage. Depuis 85 à peu près, la musique de Wyatt s'est stabilisée en une sorte de pop éthérée aux orchestrations riches à résonnance jazz. A la fois très libre et réglé, simple et touchant, grâcieux.
Shleep (1997),
Cuckooland (2003) et
Comicopera (2007)
Liens & vidéos (2nde période: >85)
6 chansons de Cuckooland
et puis en vrac:
September the Ninth
Freewill and Testament
Sea Song
Gharbadzegi
Shipbuilding
Et puis pour ceux que celà ennuie, il y a aussi
Soft Machine:
avant 1970, orienté pop/psyché
Lullabye letter
Hope for Happiness
Why am I so Short
avec
Third (1970) davantage orienté free-jazz
Facelift part I & part II, ou un autre concert ici
Slightly all the time
Out Bludy Rageous Pt I & Pt II
Moon in June
En somme une oeuvre assez riche. Je développerai certains albums une autre fois car il se fait tard, mais il y en a déjà bien assez ici pour une première approche. En espèrant que ça puisse interesser quelques personnes
Pour l'information, c'est de
Rock Bottom que proviennent mon pseudo, ma signature (autrement insignifiants), ainsi que l'avatar que j'exhibais jusqu'à peu (cf. pochette).