Ferzan Ozpetek

Le premier qui l'a dit de Ferzan Ozpetek

Citation :

Grande réunion chez les Cantone, illustre famille de Lecce dans les Pouilles, propriétaire d'une célèbre fabrique de pâtes.
Tommaso, le benjamin, veut profiter du dîner pour révéler à tous son homosexualité. Mais alors qu'il s'apprête à prendre la parole, Antonio, son frère aîné, promis à la tête de l'usine, le précède pour faire… la même révélation.

Lecce, 100 000 habitants, magnifique cité des Pouilles. Et tout la saveur du sud de l'Italie, son conservatisme provincial, aussi. Joli théâtre pour Le premier qui l'a dit, une comédie italienne dont le point de départ est un coming out, en plein dîner familial. Celui-ci en cache en autre et c'est toute la trame de ce vaudeville moderne qui a pour principal défaut de donner systématiquement au spectateur trois pas d'avance sur ses protagonistes. Tout est un peu cousu de fil de blanc, le père qui ne se remet pas de l'homosexualité de son fils, la mère à côté de la plaque, la grand-mère qui a tout compris et qui cache un lourd secret etc. Quelques scènes très italiennes (les repas, en particulier) enchantent mais d'autres sont franchement de mauvais goût (quand une bande de gays romains débarque). Il y a la pasta, le vin, une très jolie fille (Nicole Grimaudo, vue aussi dans Baaria) et un air estival qui invitent à l'indulgence. Comment pourrait-on rester malheureux longtemps dans une ville comme Lecce ?

Très bonne surprise en ce qui me concerne alors que je redoutais une caricature épouvantable. J'y suis quand même allé parce que j'aime bien les précédents films d'Ozpetek et celui-ci propose une galerie de personnages très réjouissante. C'est un peu "8 femmes" d'Ozon (le personnage de la tante alcoolique en particulier qui rappelle Isabelle Huppert) et certains films d'Almodovar à la sauce italienne. 3 réalisateurs homosexuels qui adorent les femmes et en proposent quelques portraits jubilatoires (quelles trognes!). C'est un peu bordélique, on passe du rire aux larmes, il y a des clichés et des moments surprenants beaucoup plus subtils. Lecce est une ville magnifique qui donne envie de partir immédiatement en vacances. Ces hommes et femmes sont très agréables à regarder et il joue à fond de cette séduction latine. Je n'ai pas trouvé de "mauvais goût" comme dit Traversay. Ok les amis gay débarquent et font un peu les folles mais ça fait partie d'une des facettes de réalité de ce petit monde qu'il décrit et il ne s'y attarde pas vraiment. C'est un tout et j'aime ce côté exubérant, stimulant. Le "secret" de la grand-mère ne m'a pas non plus vraiment convaincu mais c'est un personnage attachant et ce film dégage une énergie et une vie qui font du bien.

La petite phrase du film dite par la grand-mère à son petit fils: "Vis tes propres erreurs" ça me plait bien comme injonction!

Le premier qui l'a dit de Ferzan Ozpetek

Je suis aussi assez mitigée.
Au début je souriais, je riais, j'étais contente. La lumière donnait des airs de vacances, la petite ville et la super demeure donnaient un peu d'authenticité, les acteurs jouaient bien, et l'histoire filait toute seule. Tranquille.

Et puis ça a finit par me barber.

Le réalisateur utilise trop les gros plans, trop le tourbillonnage de caméras autour des acteurs pour montrer que c'est plein de vie, dans une spirale infernale... Au bout d'un moment, j'avais envie de lui dire : mais arrêtes, laisse faire un peu les choses, pose ta caméra et fait vivre le moment.

Ben non. Il peut pas, alors ça tourne, ça avance, ça recule, ... et ça me donne la nausée.

S'il n'y avait pas eu cette réalisation j'aurais un peu plus accrochée jusqu'au bout... mais faut aussi reconnaître que l'histoire n'a absolument rien d'originale, qu'il joue à nous montrer des clichés mais il parvient pas vraiment à en faire un truc intense, vraiment drôle et émouvant (alors que dans 8 femmes ou les films d'Almodovar, oui, y'a ce truc too much, hyper vivant, bordélique, et en même temps émouvant).

Bofbof.

Cela dit l'épisode des gays romains ne m'a pas choqué, ils en font des tonnes, comme beaucoup de gays sont. C'est comme ça. C'était assez juste.

Beaucoup aimé le personnage d'Alba qui semble bien complexe (ainsi que sa relation avec Tommaso), mais dont on n'en saura pas plus finalement.

Citation :

traversay a écrit:

Le premier qui l'a dit de Ferzan Ozpetek
[..]Tout est un peu cousu de fil de blanc, le père qui ne se remet pas de l'homosexualité de son fils, la mère à côté de la plaque, la grand-mère qui a tout compris et qui cache un lourd secret etc. Quelques scènes très italiennes enchantent mais d'autres sont franchement de mauvais goût (quand une bande de gays romains débarque)

C'est marrant, je ne l'ai pas ressenti comme cela, je me suis laissée prendre par cette caméra qui tourbillonne un peu trop peut-être (vers la fin?) mais qui saisit parfaitement les regards lourds de sens, tous les sentiments tus ou au contraire surjoués (par le père ou la tante si extravagante à sa façon, je l'ai adorée elle)

En fait j'y suis allée par défaut un peu, légèrement titillée par l'avis de Marko quand même. Je m'attendais à ça: un vaudeville un peu clinquant sur les déboires de cette famille, avec un thème qui s'y prêtait amplement. Et puis non, le début m'a tellement surprise que je pensais me tromper de salle. De bonnes idées avec l'entrée en scène d'Alba, assez renversante! Et surtout le très beau rôle de Tommaso coincé dans la tourmente.

A vrai dire aucun rôle n'est laissé de côté, une galerie de portait réjouissante d'accord avec Marko, je n'ai pas vu de clichés, le metteur en scène Ozpetek y rajoute sa touche personnelle à chaque fois. Il y a une maîtresse mais elle est 'trop' à sa façon, un père réac mais drôlissime dans sa manière de faire comme si en public, une tante un peu barje et en marge mais pas si bête ("Il est plus difficile de se taire que de dire ce que l'on pense" dit elle) Et puis la mère toujours parfaite qui veut maintenir l'ordre mais a aussi du répondant en cas de besoin plus la grand mère forcément complice.
Comme Queenie j'ai aimé le rôle d'Alba, cette relation entre eux sans cesse sur la ligne si subtile, très prenante, leurs échanges en disent beaucoup. Alors perso, je l'ai préféré et de loin à 8 femmes trop fouilli pour moi et qui ne m'avait pas émue.

Ici je suis sortie toute pensive, j'avais envie d'en parler. A côté une dame était bouleversée, elle m'a avouée que ca lui avait renvoyé plein de choses, on en a discuté un moment, c'était juste un de ces instants de grâce. C'est ça aussi un film réussi pour moi, qu'il relie des sensibilités, qu'il soit révélateur ou simplement vecteur d'une empathie entre des gens différents. Je pense que c'est un film qui réunit ces qualités: humanité, subtilité, fantaisie et parfois truculence mais jamais de vulgarité.

L'épisode des amis gay ne m'a pas non plus génée, j'imagine que tout le monde peut se lâcher, cela casse un peu le rythme qui peut tourner au mélo et c'est pas si mal. Et surtout Ozpetek nous surprend souvent je trouve (je n'ai as vu le fil blanc moi, traversay, mais c'est parce que j'étais embraquée!)

Spoiler:

Merci à vous pour vos com' (relus plus attentivement maintenant) et surtout à Marko sans qui j'aurais raté ce petit moment de bonheur.

Heureux que tu aies aimé, aériale. Moi, j'ai dû trop voir de films italiens, en particulier des années 70. Ceci dit, il y a une vraie renaissance du cinéma italien, ces temps-ci, et en plus les films sont distribués en France (enfin, pas tous, La sconosciuta de Tornatore est toujours inédit). Après Question de coeur, Le premier qui l'a dit et L'heure du crime, c'est Ce que je veux de plus de Silvio Soldini qui sort la semaine prochaine. En attendant La nostra vita de Daniele Luchetti, présenté cette année à Cannes.

PS : j'espère que tu iras voir Un poison violent !!!!

aériale a écrit:

Ici je suis sortie toute pensive, j'avais envie d'en parler. A côté une dame était bouleversée, elle m'a avouée que ca lui avait renvoyé plein de choses, on en a discuté un moment, c'était juste un de ces instants de grâce. C'est ça aussi un film réussi pour moi, qu'il relie des sensibilités, qu'il soit révélateur ou simplement vecteur d'une empathie entre des gens différents. Je pense que c'est un film qui réunit ces qualités: humanité, subtilité, fantaisie et parfois truculence mais jamais de vulgarité.

Ça c'est vrai.
Malgré mon petit ennui, je reconnais qu'on sent une sincérité dans ce qu'il cherche à montrer, à dire. Autant chez les acteurs, que dans la façon dont les choses sont traitées.

Je regrette vraiment ce côté "bricolé" dans la réalisation, et ce bizarre équilibre qui ne m'a pas accroché entre "est-ce que j'en fais trop ?" "est-ce que j'en fait assez ?".

J'en profite pour rajouter que les précédents films d'Ozpetek sont à voir ou revoir. Notamment Hammam qui sur un ton plus dramatique raconte l'histoire d'une italien marié (Alessandro Gassman) qui hérite du hammam de sa tante en Turquie et tombe amoureux à la fois du lieu, de ses habitants et surtout d'un jeune homme qui est le fils de ses hôtes dans une maison voisine. L'épouse inquiète d'être sans nouvelles débarque à son tour en Turquie... Quelques langueurs mais une émotion croissante et un climat envoûtant. Quelques points communs avec le cinéma et les thématiques de Fatih Akin en moins brillant.



Et puis une autre comédie assez proche de "Le premier qui l'a dit" (quel titre débile!), Tableau de famille où une femme découvre à la mort de son mari que celui-ci avait un amant. Elle part à sa rencontre et reprend goût à la vie auprès de ce garçon et de ses amis hauts en couleur. Cette fois on est plus du côté du Almodovar de "Tout sur ma mère"en mode mineur.



Donc presque à chaque fois ces thèmes du secret, de la bisexualité, des cultures et des contraires qui se rencontrent...

Je n'ai pas vu ses autres films et j'avais laissé en plan La fenêtre d'en face dont on m'a pourtant dit du bien. J'y reviendrai peut-être. Je ne sais plus ce qui ne m'avait pas accroché (esthétique de téléfilm peut-être?).

Marko a écrit:

[...]Quelques langueurs mais une émotion croissante et un climat envoûtant.

Ouuuuh le lapsus révélateur !

Citation :

Quelques points communs avec le cinéma et les thématiques de Fatih Akin en moins brillant.

Citation :

Cette fois on est plus du côté du Almodovar de "Tout sur ma mère"en mode mineur.

Citation :

Je ne sais plus ce qui ne m'avait pas accroché (esthétique de téléfilm peut-être?).

Peut-être que ça flirte à chaque fois du côté de (Akin - Almodovar) mais toujours en "moins bien"... Du coup : quel intérêt ?

Queenie a écrit:

Marko a écrit:

[...]Quelques langueurs mais une émotion croissante et un climat envoûtant.

Ouuuuh le lapsus révélateur !

Ben non j'ai bien écrit "langueurs" volontairement...

Queenie a écrit:

Peut-être que ça flirte à chaque fois du côté de (Akin - Almodovar) mais toujours en "moins bien"... Du coup : quel intérêt ?

Il n'a pas leur niveau mais il a sa petite musique bien à lui. Je compare juste pour le situer et parce qu'on y pense. C'est sûr qu'il lui manque un truc... Le dernier est quand même pas mal du tout et très dense sous des airs légers et agités.

Marko a écrit:

Queenie a écrit:

Marko a écrit:

[...]Quelques langueurs mais une émotion croissante et un climat envoûtant.

Ouuuuh le lapsus révélateur !

Ben non j'ai bien écrit "langueurs" volontairement...

Petit malin (coquin) !

Marko a écrit:

Queenie a écrit:

Peut-être que ça flirte à chaque fois du côté de (Akin - Almodovar) mais toujours en "moins bien"... Du coup : quel intérêt ?

Il n'a pas leur niveau mais il a sa petite musique bien à lui. Je compare juste pour le situer et parce qu'on y pense. C'est sûr qu'il lui manque un truc... Le dernier est quand même pas mal du tout et très dense sous des airs légers et agités.

Je pense que je vais attendre son prochain pour voir, plutôt que de regarder les précédents, qui doivent être encore moins bien affirmés (dans une logique de plus on avance plus on progresse).

Magnifique présence (Magnifica presenza, 2012)
Un jeune acteur en devenir, pâtissier faute de mieux, emménage à Rome. Surprise, il n'est pas seul dans la maison ! Toute une troupe de théâtre, censée avoir été liquidée par les nazis en 43, a un service à lui demander. Etrange sujet que Ozpetek traite en grande partie en comédie, surchargeant son script de détails superflus. Le mélange des genres est osé, pas vraiment convaincant, plutôt bancal, porté cependant par une naïveté et une sincérité qui ne laissent pas indifférent.

Il est sorti en salles?

Marko a écrit:

Il est sorti en salles?

Non, DVD italien. Tu serais déçu, Marko.

traversay a écrit:

Magnifique présence (Magnifica presenza, 2012)
Un jeune acteur en devenir, pâtissier faute de mieux, emménage à Rome. Surprise, il n'est pas seul dans la maison ! Toute une troupe de théâtre, censée avoir été liquidée par les nazis en 43, a un service à lui demander. Etrange sujet que Ozpetek traite en grande partie en comédie, surchargeant son script de détails superflus. Le mélange des genres est osé, pas vraiment convaincant, plutôt bancal, porté cependant par une naïveté et une sincérité qui ne laissent pas indifférent.

 Sortie en salles (quelques unes), depuis mercredi