Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Francesco Rosi

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Bellonzo
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MessageSujet: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyVen 19 Sep 2008 - 21:09

Francesco Rosi Rosi0210

Francesco Rosi est né en 22 à Naples.Si l'époque ne s'intéresse plus guère à son cinéma je pense que les spectateurs n'oublieront pas son courage et sa rigueur tout au long de sa carrière.Scénariste pour les premiers Visconti dont l'immortel La terre tremble il tournera des films pas toujours aboutis voire ratés comme Chronique d'une mort annoncée mais signera des pamphlets politiques et des réquisitoires passionnants sans jamais oublier qu'il fait du cinéma.J'aimerais vous en proposer quelques-uns,souhaitant que ce fil grandisse.
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyVen 19 Sep 2008 - 21:12

Sicile de sang


Francesco Rosi 1525910

On a oublié que la Sicile a tenté une sécession juste après-guerre.De cette terre bénie pour le cinéma qui vit Le Guépard, Kaos,contes siciliens,Le Parrain, Stromboli ou La terre tremble, excusez du peu,Francesco Rosi a exhumé l'histoire controversée de Salvatore Giuliano.Controversée et compliquée.Je la connaissais très mal avant d'avoir vu le film.Je ne la connais guère mieux,Francesco Rosi n'apportant aucune vérité indiscutable.Il s"en explique fort bien et en français dans un assez long entretien en supplément du DVD.Tourné en noir et blanc juste avant Main basse sur la ville Salvatore Giuliano (1961) est tout aussi austère.De plus Rosi n' a pas misé sur une chronologie linéaire. C'est néanmoins un film bien intéressant par le regard sur cette Sicile,île d'extrême et d'extrémités,de haute civilisation et de bien basses besognes.On pourra aussi revoir le film de Cimino Le Sicilien(1987),qui lorgne plus vers la superproduction sans être dénué de qualités pour autant qu'il m'en souvienne.

Ce que l'on retient de Salvatore Giuliano c'est le cri des femmes en noir,ces mères italiennes, non, siciliennes.C'est la montagne palermitaine et ses chèvres faméliques gardées par des bergers illettrés dont l'un deviendra colonel ou général,peu importe dans ce pays où sévit l'amalgame brûlant de paysans,de mafieux,de soldats ou de carabiniers,tous contre tous et chacun pour soi. Giuliano,probablement plus utilisé que stratège,est mort à 28 ans.Complices d'hier, traîtres d'aujourd'hui, repentis de demain,les hommes ne sont que de passage en cette glèbe ensoleillée et épuisante,où démêler le vrai du faux s'avère insoluble,et presque sans intérêt.Il semble que la Sicile,que ce soit celle du Prince Salinas, des pêcheurs du Néoréalisme, des mafiosi,même s'ils vivent là-bas à Little Italy,ou des pauvres diables des contes de Pirandello,ne soit née de la mer que pour faire du cinéma, douloureux,le meilleur.
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyMar 23 Sep 2008 - 20:02

Tranche napolitaine

Tranche de travaux bien sûr dans la Naples du début des années soixante.Lion d'Or à Venise en 1963 Main basse sur la ville est le film qui a révélé Francesco Rosi,spécialiste du pamphlet politique courageux que l'on s'évertue bien sûr à trouver obsolète.


Francesco Rosi Immpg110

Film tourné sans grande vedette,l'américain Rod Steiger alors peu connu,Main basse sur la ville n'est qu'un constat,qui a la sécheresse d'un procès-verbal et le lyrisme d'un permis de construire.Cette oeuvre dont l'essentiel se passe en palabres et négociations ardus et un brin austères touche en fait à cette gangrène si marquée dans la Campanie des années soixante où la ville étend ses tentacules sans trop se soucier des gens qu'elle écrase moralement voire physiquement.Et cette ville c'est Naples,presque entière dans son affairisme et sa corruption,grands vainqueurs finalement de cette lutte à armes inégales.Un mot du Néoréalisme,mon péché mignon de toujours.Des films comme Le voleur de bicyclette ou,plus tard,Le toit(si méconnu) de De Sica,avaient ouvert la brèche d'un cinéma du courage et de la conscience, probablement décuplé par la digestion douloureuse des années noires.Mais en 1963 le NR est éteint depuis assez longtemps.Rosi saura prendre en quelque sorte une certaine relève avec entre autres Elio Petri et Gian Maria Volonte.

Mani sulla citta est un grand film auquel il manque peut-être un minimum de démagogie.Je m'explique,moi qui déteste la démagogie si présente partout,y compris sur le blog de La Comtesse à doses que j'espères infintésimales.Mais absolument personne n'y échappe totalement,souvent avec les meilleures intentions.Bref si Rosi et ses scénaristes avaient nanti Main basse sur la ville d'un peu plus de chair et de coeur ce film serait devenu pour l'Italie non seulement un beau film intelligent et fier,mais aussi une oeuvre populaire au sens le plus noble.Evidemment les coupeurs de cheveux en quatre,dont je fais parfois partie,lui auraient sûrement reproché.Jamais content celui-là.Après ce bel exercice non exempt de tartufferie je ne peux que vous engager à voir ce film et les autres de Rosi,quand le cinéma italien saura enfin de doter d'une véritable politique du DVD.Je pense à Lucky Luciano,Le Christ s'est arrêté à Eboli qui a ma préférence, Cadavres exquis,Trois frères,etc...
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyMar 21 Oct 2008 - 22:26

Trois visages d'Italie


Francesco Rosi A0011110
.
Italie du Sud,1980,trois frères qui se sont perdus de vue ou presque ,se retrouvent pour les obsèques de leur mère. Raffaele est juge à Rome.Rocco éducateur à Naples.Nicola ouvrier à Turin.Le Nord industriel,la capitale administrative,le Sud déshérité.Toute notre Italie.J'aime beaucoup Tre fratelli,une oeuvre majeure à mon avis dans la filmo de Rosi,qui a su mêler émotion et intelligence,la première ayant peut-être manqué à Francesco Rosi pour devenir populaire au lieu d'être seulement respecté,ce qui n'est déjà pas si mal.Le père,marmoréen et impressionnant Charles Vanel,accueille dans sa maison à la campagne ses trois fils,si différents et qui n'ont plus grand-chose en commun.Pas sûr d'ailleurs car petit à petit en ce temps rétréci,quelques jours,ils vont se retrouver partiellement, presque subrepticement.Une différence d'âge assez importante et des vocations très diverses les ont éloignés.Pourtant Rafaele,Rocco et Nicola sont bien frères,bercés chacun d'étranges inquiétudes,tous trois proches de Francesco Rosi,qui en parle très bien dans le document joint à ce beau coffret DVD.

Les dialogues,sages et réfléchis,en disent long sur l'éternelle déliquescence italienne,qui n'en finit pas de renaître de ses cendres.Les Brigades Rouges,la lutte des classes,la délinquance sont au coeur du dossier car Rosi est l'un des rares réalisateurs à savoir vraiment parler de la justice.Nanti de quelques retours en arrière et d'un zeste d'onirisme,Trois frères touche au coeur du spectateur, l'humanité héritée du lointain Néoréalisme baignant le film et lui conférant une sorte de légitimité pour qui s'intéresse à l'histoire de l'Italie.Et comme il me semble impossible de séparer les deux termes cinéma et Italie...

Le juge,Philippe Noiret,renvoie à peu près dos à dos les violences,sans circonstances atténuantes au terrorisme. L'éducateur, Vittorio Mezzogiorno,excellent acteur tôt disparu,doux et grave dans sa naîveté et l'ouvrier instable et divorcé,Michele Placido,complètent la fratrie dont je ne peux que vous inviter à faire la connaissance. Dans ce coffret baptisé Civilita contadina incivilita urbana nous reparlerons bientôt d' Oublier Palerme et de Le Christ s'est arrêté à Eboli,à mon sens le plus beau film de Francesco Rosi.
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyLun 10 Nov 2008 - 21:33

Le Christ s'est arrêté à Eboli

Francesco Rosi Eboli10

Je conservais un magnifique souvenir du Christ s'est arrêté à Eboli,film de Francesco Rosi d'après le récit autobiographique de Carlo Levi,film sorti en 80.J'avais un peu idéalisé ce film qui reste néanmoins un beau film,à défaut d'être un très grand film.Passé un petit sentiment de déception Le Christ s'est arrêté à Eboli se voit presque comme un document ethnologique.C'est ainsi que Rosi en parle dans son entretien en français avec Michel Ciment,passionnant et d'une totale clairvoyance malgré le grand âge du metteur en scène.

Carlo Levi,année 1935,est assigné à résidence en Lucanie,ce Mezzogiorno sinistre où règnent ignorance, corruption et malaria.Dans ce bout du monde au milieu de nulle part cet homme du Nord,cultivé et ouvert,va trouver une vérité qu'il ne soupçonnait pas.Francesco Rosi a ausculté l'histoire de son pays depuis cinquante ans.Il est un de ceux qui m'ont donné le gôut de ce cinéma,hérité du Néoréalisme cette merveille.L'authenticité du film n'est pas discutable,tourné en grande partie avec les paysans de 1980,pas très différents de ceux de 1935.Le jeu intériorisé du grand Gian Maria Volonte nous remue et l'âme et le coeur.Bien reçu et Rosi évite habilement tout manichéisme,sauf peut-être sur la fin et j'y reviendrai,Carlo Levi,peintre et médecin,se lie d'amitié avec les bergers et les villageois.Même le podestat représentant de Mussolini ne semble pas si méchant.Certes il y a la censure de son courrier et les limites du cimetière à ne pas franchir.Mais il y a surtout une humanité que le grand bourgeois nordiste éclairé ne s'attendait pas découvrir dasn cette grisaille pierreuse dont on dit que même le Christ l'a évitée.

Parmi ces gens simples et rudes l'homme va toucher du doigt la pauvreté et la tristesse,celle des enfants,celle des vieux dont les fils ont tenté l'Amérique.Car dans ce bled presque infâme les yeux se brûlent à rêver de l'autre côté de la mer,dont pourtant pas mal d'hommes sont revenus,pas tous bien riches.A moins que ces mêmes yeux ne dévorent l'illusion africaine que la propagande fasciste prétend mettre à leur portée,là-bas,à Addis-Abbeba.Levi va vivre là plusieurs années.Et le danger guette alors l'homme,et guette aussi le film,de tomber dans une sorte d'exotisme de l'austérité.La fin du film n'évite pas tout à fait ce piège qui voit le bon Dr.Levi devenir mi Robin des Bois,mi Dr.Schweitzer.J'en ai été un peu gêné lors de cette seconde vision,28 ans après la première et ceci explique sûrement cela.Pas assez gêné pourtant pour ne pas recommander Le Christ s'est arrêté à Eboli,film marquant et modeste,sans thèse mais pas sans émotion.
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyMar 11 Nov 2008 - 14:18

Voilà un cinéaste que j'ai presque complètement zappé et que tu me donnes envie de découvrir.

J'avais vu Chronique d'une mort annoncée à sa sortie et, bien que pas très bon, il a eu le mérite de me donner envie de lire Garcia Marquez. Anthony Delon tentait de lancer sa carrière et qui sait ce qu'il est devenu maintenant? Je garde le souvenir de ce récit en boucle, dont j'avais aimé le principe hérité du roman lui-même, les grands thèmes sud-américains de la prédestination et de la fatalité, l'atmosphère de tragédie antique et le soleil écrasant...
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyMar 11 Nov 2008 - 14:26

Comme tu l'as compris je suis passionné du cinéma italien depuis longtemps et j'essaie de toutes les manières de le faire mieux connaître,que ce soit en blog,en forum ou par des actions cinéphiles dans ma bonne ville.Tu te doutes que ce n'est pas facile.Rosi souffre d'être souvent réduit à des pamphlets politisés.A mon avis cela va bien au delà.J'ai une DVDthèque assez fournie qui est à ta disposition.
Effectivement Chronique... est à mon avis l'un des moins bien et ne m'a même pas donné,à moi,l'envie de lire L'Amérique du Sud,une de mes nombreuses lacunes.
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyMar 11 Nov 2008 - 14:39

Tout ce qui est de nature à nourrir ma cinéphilie m'enchante ! Et je vais explorer cette nouvelle voie...Je connais mieux Pasolini (dont Tommy aimerait discuter aussi je sais), Rossellini ou Visconti évidemment et quelques cinéastes plus récents ( ma découverte du cinéma démarrant forcément à la fin des années 70)
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyVen 26 Déc 2008 - 19:31

New York-Palerme,aller simple

Francesco Rosi Oublie10

Francesco Rosi adapte en 90 une petite partie du Goncourt d'Edmonde Charles-Roux Oublier Palerme que je n'ai pas lu.Le film,co-produit,ce qui est souvent synonyme d'alourdissement,n'est pas un très grand opus de Rosi mais n'est pas du tout indifférent. Encore un film sur la Mafia,diront certains.Cela me paraÎt normal que tant de films traitent de ce thème,de Scarface à Gomorra,la lutte entre le bien et le mal ne datant pas d'hier. Un politicien italo-américain brigue la mairie de New York (James Belushi très crédible).Avec l'idée d'éradiquer,vaste programme,la Pieuvre.Une jeune journaliste italienne l'incite à un voyage en Sicile sur la trace de ses aïeux.Si la partie campagne électorale est très classique le retour à Palerme ,très bien orchestré,nous fait passer subrepticement d'une Sicile plutôt touristique,très couleur locale à une île au versant bien sombre,archaïque et ancestrale,avec tout ce qu'il fait d'un obscurantisme misérable contre lequel l'Institution semble être le rempart.Question éternelle.

Un moment déstabilisé sur le crucial sujet d'une certaine légalisation de la drogue Carmine Bonavia assumera-t-il? Dans ce beau coffret dont j'ai déjà évoqué les deux autres film Le Christ s'est arrêté à Eboli et Trois frères Francesco Rosi répond au critique Michel Ciment et c'est clair, concis, passionnant.Vous avez peut-être remarqué l'omniprésence du cinéma italien en cet endroit.On ne se refait pas.Au fait il y a dans Oublier Palerme un personnage inoubliable,le Prince,le grand Gassman,qui a la permission de vivre à condition, qu'il ne sorte pas du palace où il est assigné par l'Organisation,suite à un très vieux litige.Filiation avec Visconti,un peu,car Rosi utilise aussi la valse de Verdi et l'immense salle de bal du Guépard.
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptyJeu 22 Avr 2010 - 0:52

Francesco Rosi 49261

Le moment de la vérité (Il momento della verita, 1964).
Entre le formidable Main basse sur la ville et le médiocre La belle et le cavalier, Rosi tourne un film entièrement espagnol autour de la tauromachie. Surprenant ? Pas tant que cela étant donné que le cinéaste napolitain a un peu de sang hispanique dans les veines et qu'il réalisera plus tard Carmen puis Chronique d'une mort annoncée. Le moment de la vérité ne brille pas par son scénario, assez basique -une jeune paysan monte à la ville, se révèle doué pour toréer, gagne argent et gloire avant de finir comme on l'imagine- et est assez proche d'un documentaire dans sa description de l'environnement des corridas et des fêtes de Séville et San Sebastian. Une grande partie des images a été tournée lors de véritables corridas et donne au film un côté réaliste très fort. Un film apolitique donc, ce qui est rare chez Rosi, ni apologie ni plaidoyer contre le spectacle des arènes, et pas davantage une oeuvre anti-franquiste. On retrouve les qualités de Rosi essentiellement dans le montage pour un film qu'on qualifiera faute de mieux de mineur et d'atypique dans sa carrière.

Francesco Rosi 57681_MIGUELIN
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MessageSujet: Re: Francesco Rosi   Francesco Rosi EmptySam 10 Jan 2015 - 18:28

Citation :
Le réalisateur italien Francesco Rosi est mort

Selon le Corriere della Sera, le réalisateur et scénariste, qui gardait le lit depuis plusieurs semaines en raison d'une bronchite, est décédé au cours de son sommeil.

C’est à lui que l’on doit les chefs-d’œuvre Main basse sur la ville et L'Affaire Mattei. Le grand réalisateur italien Francesco Rosi est mort, samedi 10 janvier à Rome, à l'âge de 92 ans, d'après les médias italiens.
Selon le Corriere della Sera, le réalisateur et scénariste, qui gardait le lit depuis plusieurs semaines en raison d'une bronchite, est décédé au cours de son sommeil.

(totalité de l'article à lire sur : http://www.lemonde.fr/cinema/article/2015/01/10/le-realisateur-italien-francesco-rosi-est-mort_4553415_3476.html )
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