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| Gunnar Staalesen [Norvège] | |
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Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Ven 28 Déc 2007 - 8:52 | |
| Le roman de Bergen /L'Aube tome 1 et 2/ traduit par Alexis Fouillet /Gaïa A l'aube du premier janvier 1900 un agent vient réveiller l'inspecteur Morland et le chercher en urgence : un crime a été commis, et qui plus ait, la victime est un homme riche et en vue de la société de Bergen, le commissaire Krohn-Hansen a donc décidé de faire appel à tous les hommes et de ne pas leur accorder le repos tant qu'un coupable n'a pas été trouvé. Et si possible un coupable n'appartenant pas aux notables de la ville que le commissaire fréquente. Assez vite un suspect apparaît, fiancée quitté de la maîtresse du défunt. Il se suicide, ce qui signe pour les autorités sa culpabilité. Mais les inspecteurs Morland et Berstad gardent un doute sur ce coupable idéal et qui n'a jamais pu donner sa version des faits, ce doute et cet interrogation vont constituer une sorte de fil rouge au roman, qui nous conte 32 ans d'histoire de ce début de vingtième siècle. De la grande histoire, sont ainsi évoqués entre autres, l'indépendance de la Norvège, le grand incendie de Bergen, l'arrivée de Mussolini au pouvoir... Mais aussi les petites histoires des nombreux personnages, leur amours, ambitions, difficultés et joies. Les deux sont mêlées habillement par l'auteur, qui nous montre par exemple comment un engagement politique peut être influencé par des événements personnels. Les personnages sont nombreux, dans tous les âges et milieux sociaux, et reflètent tous les aspects importants et significatifs de ce début de siècle en Europe. D'autant plus que nous voyons vivre sous nos yeux au moins deux générations, par exemples les tous jeunes enfants de l'inspecteur Morland deviennent à leur tout des adultes qui font des choix et agissent sur le monde tandis que leurs parents glissent petit à petit vers la vieillesse et la passivité. Il s'agit donc d'une vaste fresque qui décrit le premier tiers de siècle à Bergen en Norvège, avec de multiples personnages et de nombreux rebondissements et les lecteurs qui aiment ce genre littéraire seront comblés car Staalesen maîtrise à mon sens complètement son sujet. Tous les ingrédients y sont, l'auteur sait entretenir l'intérêt du lecteur et on a toujours l'impression qu'il sait exactement où il veut nous amener. L'écriture est sobre, l'auteur s'abstient de porter des jugements de valeur sur les personnages, même les moins sympathiques, il se content de montrer leurs actes et même si d'une certaine façon on ne doute pas de ce qu'il pense de tel ou de tel, ses descriptions sont assez fines et fouillées pour qu'il n'ait pas besoin d'alourdir le récit avec des opinions explicites et qui seraient d'une façon ou d'une autre moralisatrices. Il s'agit à mon avis d'un livre extrêmement agréable à lire, mais dans lequel il faut rester attentif, car le nombre important de personnages, en particulier des générations successives d'une même famille font qu'il faut suivre et retenir les noms pour savoir à qui ont à faire lorsque certaines silhouettes apparue quelques dizaines de pages avant reviennent et jouent un rôle plus important. Je pense donc que pour garder le fil, je ne vais pas attendre trop longtemps pour me plonger dans la deuxième et troisième partie du roman de Bergen. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Ven 28 Déc 2007 - 21:55 | |
| - arabella a écrit:
- Il s'agit à mon avis d'un livre extrêmement agréable à lire, mais dans lequel il faut rester attentif, car le nombre important de personnages, en particulier des générations successives d'une même famille font qu'il faut suivre et retenir les noms pour savoir à qui ont à faire lorsque certaines silhouettes apparue quelques dizaines de pages avant reviennent et jouent un rôle plus important. Je pense donc que pour garder le fil, je ne vais pas attendre trop longtemps pour me plonger dans la deuxième et troisième partie du roman de Bergen.
Je suis bien d'accord avec toi, mais je ne compte pas pour autant me jeter sur tous les tomes en un minimum temps, j'aime trop diversifier mes lectures J'ai déniché un arbre généalogique de tous les protagonistes sur le site de l'éditeur : c'est iciJe pense qu'il me sera bien utile |
| | | Arabella Sphinge incisive
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| | | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Sam 2 Fév 2008 - 22:18 | |
| Le Roman de Bergen / 1950 Le Zénith / traduit par Alexis Fouillet Cette deuxième partie est consacrée à la période qui va du début des années 30 jusqu'au milieu des années 60. Nous retrouvons nos personnages de départ, ainsi que leurs fils et petits fils, dont le nombre a sérieusement augmenté, ce qui demande un certain effort pour s'y retrouver. Le roman débute comme le précédent, par une enquête criminelle, simplement l'inspecteur Ole Berstad est maintenant associé à Svend Atle Morland, le fils de Christian. Et dans le dernier chapitre Berstad va léguer à Svend Atle ses notes concernant l'affaire Frimann, toujours non résolue. Entre les deux, tous les événements qui ont marqué l'histoire, la deuxième guerre mondiale, l'occupation de la Norvège, la guerre froide, les luttes à l'intérieur du parti communiste.....Nos nombreux personnages prendre position, choisir leur camp. C'est toujours fort intéressant à suivre, on ne s'ennuie pas une minute, néanmoins j'ai un peu moins accroché qu'à la première partie. Peut être parce que la partie historique prend le pas sur les destins individuels, qui ne deviennent finalement que des illustrations, des exemples de tel ou tel choix politique ou d'un moment de l'histoire. Je trouve que les personnages sont moins fouillées et riches, peut être aussi qu'ils deviennent un peu trop nombreux pour qu'on puisse s'y intéresser autant. Toutefois quelque beaux portraits apparaissent encore, à mon sens un peu moins que dans la première partie. J'ai quand même très envie de lire la troisième partie et de découvrir enfin l'assassin du consul Frimann.... | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Dim 3 Fév 2008 - 11:00 | |
| Merci Arabella pour ces comm'.....que je ne fais que survoler car "Le roman des Bergen" est dans mes projets de lecture Il était temps pour moi, de montrer que le modérateur que je suis ne perd pas de vue les échanges ...même s'il n'intervient pas à chaque fois En un mot comme en mille....ce fil sur la littérature nordique est une source inépuisable d'envies de lecture et de découvertes d'auteurs! Je vous remercie tous de l'alimenter avec passion et à propos | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Dim 3 Fév 2008 - 22:11 | |
| Chatperlipopette, tu est vraiment parfait en tant qu'animatrice, surtout ne change rien Je pense que le Roman de Bergen devrait te plaire, et je comprends bien que tu n'a pas envie de lire trop en détail nos commentaires, je fais pareil dans la même situation. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Lun 25 Fév 2008 - 21:36 | |
| Le roman de bergen / Le crépuscule / traduit par Alexis Fouillet C'est la dernière partie de cette vaste fresque historique, qui a commancée au début du XXem siècle et qui se clôt au début du XXiem, plus de 100 ans de l'histoire de la ville de Bergen, de la Norvège, de l'Europe, et de quelques familles, les Morland, Brekke, Gade, Pederson, Brandt, Veum et tant d'autres. Nous suivons ici les destinées des plus jeunes, et aussi les derniers moments des plus âgés, entre autres de Cecilie Frimann, bébé au début de l'historie, maintenant vieille dame centenaire dans une maison de retraite, mais qui se demande toujours qui a tué son père, un siècle plus tôt. Et bien sûr nous aurons enfin le fin de l'histoire, grâce à Varg Veum, privé habituel de romans policiers de Staalesen, et dont nous avons suivi l'histoire familiale, comme celle de tant d'autres au fil de nombreuses centaines de pages. Nous savons même des choses que ce privé de choc ne connaît pas sur sa propre histoire, et lorsqu'il trouve dans les affaires de sa mère une photo mystérieuse nous savons quels sont les liens de ce personnage avec Varg, et que ce dernier ignorera à jamais... Cette dernière partie a très bien commencé, avec des épisodes plus récents et très percutants, l'auteur a très bien observé à mon sens un certain nombre de soubresauts de l'histoire, il a parfaitement bien décrit les régressions sociales de ces dernières années, qui à cause de la mondialisation sont très proches dans beaucoup de pays. J'ai été moins convaincue par la fin, l'intervention de Varg Veum m'a paru quelque peu artificielle, même si très bien écrite. Finalement, après tout ce temps, je me moquais un peu de savoir qui a tué le consul Frimann, ce mystère policier était loin de constituer pour moi la partie la plus intéressante du livre. Mais j'ai passé de très bons moments à lire les 6 volumes du Roman de Bergen, ville que je n'ai jamais vu et que pourtant j'ai l'impression de très bien connaître.... | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Dim 16 Mar 2008 - 16:35 | |
| J'ai enfin pu réserver les deux premiers tomes du "Roman de Bergen" Quelle lecture Bien entendu, arabella, je n'ai pas lu tes posts sur la suite....histoire de griller encore plus Le XXè siècle, à Bergen, commence par la découverte du corps d'un notable de la ville: le consul Frimann. Les inspecteurs Moland et Berstad sont dilligentés par le commissaire Krohn-Hansen sur les lieux du crime pour récolter indices et témoignages. Seulement, en ce siècle naissant, il n'est pas aisé d'enquêter sur les puissants personnages d'une ville et encore moins bien vu de mettre son nez de policier dans leurs affaires....surtout quand une jeune et jolie femme, Maren Kristine Pedersen, peu avare de ses charmes se trouve connaître nombre d'entre eux! Mais il faut absolument trouver le coupable ou du moins un coupable pour que le petit cercle des notables recouvre paix et tranquillité! Les pauvres inspecteurs Moland et Berstad vont donc se lancer dans une recherche impossible et finalement alpaguer un pauvre lampiste (qui aura le bon goût, ?, de se suicider lors de son arrestation) d'origine modeste, Jens Andreas Hauge. L'affaire est close et la vie reprend son cours dans la ville de Bergen. On pourrait croire que Gunnar Staalesen amorce ainsi un roman policier d'anthologie. Or, peu à peu, derrière l'intrigue policière, filigrane ténu mais récurrent, commence une narration particulière: l'épopée d'une ville norvégienne qui aborde l'aube du XXè siècle avec plus ou moins de soubresauts historiques, économiques et sociaux! Nous sommes dans une saga, non pas islandaise, mais norvégienne, moderne et étonnante! Gunnar Staalesen entraîne son lecteur dans les dédales de l'Histoire, des histoires de multiples personnages qui se croisent, s'éloignent et se rapprochent les uns des autres parfois l'espace d'un instant, parfois pour tout une vie! On côtoie les grandeurs et petitesses des hommes en vue de Bergen: leurs habitudes amoureuses auprès de la belle et troublante Maren Kristine Pedersen, qui au fil du récit s'avère être tout sauf une vulgaire "cocotte" (moi, elle m'a beaucoup plu et beaucoup émue), leurs privautés sur les jeunes bonnes qui voient en peu de temps leur vie sociale partir en fumée , leurs côtés "requin" et sans pitié dans les affaires. L'inspecteur Moland, de loin en loin, aura plusieurs fois l'occasion de se remettre sur la piste du véritable assassin du consul Frimann: des questions sont soulevées, des doutes s'installent....une histoire de masques qui change tout. Puis un coup de théâtre qui hélas n'apportera que frustation aux inspecteurs comme au lecteur: le suicide d'un notable, acteur principal (mais sur le déclin) du théâtre de Bergen, Robert Gade. Pas de lettre mais le lecteur sait qu'il en a écrit une à son ancienne maîtresse, Melle Pedersen, une lettre dans laquelle il lui révèle le nom du véritable assassin! Là, le lecteur est aux prises avec les pires souffrances: il est à deux doigts de savoir et la toute-puissance de l'auteur vient lui refuser l'indice qui le mettrait sur la voie! Diantre, quelle habilité de la part de l'auteur, quelle maestria!!! En effet, ce dernier recommencera ce manège, terrible pour les nerfs, une seconde fois et sans lasser son lecteur dans le récit de l'histoire de Bergen! Le temps de connaître et reconnaître les différents personnages, le temps défile, le siècle naissant voit une première guerre mondiale ravager l'Europe continentale, les sousmarins allemands régner sur la mer du Nord, la Manche et la mer Baltique, la révolution russe teindre en rouge la Russie, la conquête de la Norvège par le rail, les émeutes et les grèves former une lutte des classes, l'exode rurale s'accentuer, les prédicateurs itinérants prêcher et berner les jeunes filles en fleurs, les incendies ravager puis remodeler Bergen, les dynasties croître et devenir puissantes, les alliances se faire et se défaire et les mouvements fascistes prendre leur essor. Dans le premier tome, les patriarches familiaux sont au faîte de leur puissance, Moland succombe aux charmes de Maren Krisitine, les épouses délaissées prennent leur mal en patience, les enfants grandissent. Dans le deuxième volet, les premiers laissent peu à peu la place aux seconds, certains masques tombent, on frôle par deux fois la révélation de l'identité de l'assassin, le suspense est à son comble malgré l'intensité des données historiques et sociales sur une ville qui voit un siècle mourir pour s'ouvrir et s'épanouir au suivant. Ces deux premiers volets du "Roman de Bergen" sont impossible à résumer et d'ailleurs, serait-ce vraiment utile? Ce qui compte, c'est l'ambiance, l'atmosphère trouble, épique et sublime que met en place Gunnar Staalesen: tous les ingrédients d'une excellentissime saga historico-policière sont présents. Le lecteur ne s'ennuie pas une seule seconde même si l'enquête devient inexistante parfois! Les portraits des personnages, tant secondaires que principaux, sont d'une justesse extraordinaire, d'une véritable complexité psychologique, les descriptions sont une vraie mine de renseignements sur la vie quotidienne des norvégiens citadins comme ruraux, riches comme pauvres. On entend les bruits des rues, les voix des personnages, on sent les odeurs des bureaux, des bateaux, de la mer, des montagnes. On hume les hivers rigoureux, les printemps pluvieux ou radieux, les étés fugaces mais ensoleillés. On se retrouve dans les maisons bourgeoises, on tremble pour la vertu des jeunes bonnes, on se voile la face devant les actes impardonnables des jeunes messieurs avinés sur une Tordis désespérée d'effroi, on sent la chaluer du brasier qui avale Bergen une nuit de décembre. Le lecteur est et vit dans Bergen, en Norvège, en ce début de XXè siècle! Que dire d'autre sinon que j'attends avec impatience de lire la suite du "Roman de Bergen", de retrouver les personnages hauts en couleurs ou détestables et surtout de connaître l'auteur du crime de la nuit de la St-Sylvestre 1899! | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Dim 23 Mar 2008 - 1:10 | |
| une pause après avoir lu le tome 1 de L'Aube Si comme vous tous, j'ai apprécié que l'auteur me conte l'histoire de cette ville ,j'ai un peu plus de mal avec les personnages. Il y a un côté fabrication qui me gêne toujours.. Nécessaire sans doute, mais un peu schématique. Enfin, à mon gré. Espacer va sans doute me permettre de moins le ressentir. Vais-je m'y retrouver, ça c'est une autre histoire! Mais je crois que oui... | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
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| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Mer 26 Mar 2008 - 13:40 | |
| Moi aussi je fais une pause j'ai 4 semaines pour lire les 2 tomes de "zénith"! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Mer 26 Mar 2008 - 13:51 | |
| - Marie a écrit:
- une pause après avoir lu le tome 1 de L'Aube
Si comme vous tous, j'ai apprécié que l'auteur me conte l'histoire de cette ville ,j'ai un peu plus de mal avec les personnages. Il y a un côté fabrication qui me gêne toujours.. Nécessaire sans doute, mais un peu schématique. Enfin, à mon gré. Espacer va sans doute me permettre de moins le ressentir. Vais-je m'y retrouver, ça c'est une autre histoire! Mais je crois que oui... Ce côté préfabriqué m'a également un peu gênée mais vu la longueur de la saga, je pense aussi qu'il était difficile de faire autrement. Cela va faire quelques semaines que j'ai lu le premier tome, je ne sais pas non plus si je vais pouvoir m'y replonger facilement dans le deuxième |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Sam 12 Avr 2008 - 7:59 | |
| "Le roman de Bergen - Le zénith - " J'avais quitté Bergen et ses protagonistes à l'aube de grands changements politiques en Europe, j'ai retrouvé tout mon petit monde dans la tourmente de la montée du nazisme et les affres de la Seconde Guerre mondiale. Hjalmar Brandt est allé séjourner dans la jeune, turbulente et sanglante URSS où les purges staliniennes font des coupes sombres dans l'élite intellectuelle, militaire et politique. Son admiration pour le communisme reste encore intacte malgré une défiance due aux exactions du Petit Père des Peuples. En Norvège, le parti communiste se scinde en deux factions, l'une se rapprochant plus du socialisme, l'autre se radicalisant sur ses positions. Brandt se retrouve dans l'incapacité de choisir son camp, comme naguère il l'a été lors de la funeste de soirée qui scella le sort de Tordis. Brandt, champion de l'indécision, éternelle indécision qui rongera son talent et son inspiration. Les échos de la Guerre d'Espagne parviennent en Norvège tandis que Wilhelm Helgesen, en compagnie de la belle Sigrid, part assister aux Jeux Olympiques de Berlin. Le choc est immense pour les deux époux: le prestige nazi les fascine et les beaux yeux bleu d'acier d'un beau jeune homme, Friedrich Schneider font chavirer Sigrid dans les délices de l'adultère et la sensation enivrante d'accéder à une part de pouvoir de la race des seigneurs. Ils reviennent à Bergen subjugués et ne rêvant qu'à faire partie du grand empire germanique, seul capable de refouler et abattre le spectre communiste incarné par l'URSS. Gunnar Staalesen fait vivre son lecteur au rythme de l'Histoire et des histoires en marche: les conflits sociaux, l'exode rurale, la modernisation d'une civilisation, l'amour, la haine, la passion, le courage et la lâcheté sans que l'attention se relâche! J'attends avec gourmandise les indices, un peu plus conséquents, au sujet du fameux meurtre du consul Frimann: Staalesen lâche quelques pistes tout en faisant disparaître, un à un, les protagonistes de l'époque bien lointaine du début de XXè siècle! Moland et Kristine Pedersen se font bien vieux et ne vont pas tarder à achever leur partition...le suspense est à son comble d'autant que l'ancien collègue de Moland, l'inspecteur Berstad, quitte aussi la scène. Le lecteur est soumis à la torture et commence à se douter qu'elle ne prendra fin qu'au bout de la saga (ahhhh, les cruautés sadiques des auteurs de polar sont grandioses et à la limite de la perversité!)....la maison de Kristine revient à une de ses nièces et on apprend que dans le grenier de nombreux souvenirs, chers au coeur de Kristine, sont précieusement conservés: y aura-t-il quelqu'un pour y mettre le nez et offrir au lecteur avide et presque désespéré quelques pièces maîtresses de ce puzzle infernal? Il va sans dire que le troisième volet de ce triptyque littéraire est attendu avec convoitise et délectation! L'écriture de Staalesen est toujours aussi puissante, aussi évocatrice et matrice d'images, d'odeurs et de bruits: le lecteur est toujours en plein coeur de l'action et suit avec angoisse le malaise de plus en plus étouffant vécu par la communauté juive de Bergen qui jusqu'au bout n'ose croire au pire. La famille Liebermann en fera la triste et amère expérience: seul le frère aîné, Josef, en reviendra car il a su avoir le courage de fuir au bon moment. Il reviendra, la rage au coeur et l'envie terrible et irrépréssible de se venger sur la fille de Wilhelm et Sigrid. Mais l'appartement sera toujours orphelin des notes du piano de Ruth et Rebekka. L'après-guerre est la lente convalescence de la Norvège qui panse ses blessures et se met en route vers la reconstruction. Le quotidien sordide revient en force, malgré les horreurs de la guerre et de l'Occupation, les atrocités ne semblent jamais s'achever: une fillette a disparu, les forces de police, dont Christian Moland, se lancent à sa recherche.... Christian Moland aura-t-il à porter une affaire trouble non résolue, comme son père a porté le mystère de la mort du consul Frimann? C'est sur cette note qui inquiète tout en provoquant curiosité et multiples interrogations que s'achève "Le Zénith". Bergen est presque au faîte de son apogée, les rejetons des protagonistes de "L'aube" sont au mitan de leur vie et se retrouvent à l'heure des bilans: qu'ont-ils fait de leur vie, regrettent-ils leur jeunesse, leurs engagements, leurs idées? Les uns furent des Icares modernes (le soleil nazi a brûlé plus d'une paire d'ailes) et durent choisir entre la mort ou la fuite aux antipodes, les autres réussirent à suivre la voie qui s'est avérée être la bonne et purent construire et bâtir leur avenir. Le souffle épique attise les braises du mystère et le lecteur ne peut qu'être admiratif devant tant de brio dans la construction d'une oeuvre de haute tenue. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
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| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Ven 2 Mai 2008 - 18:52 | |
| "Le roman de Bergen: le crépuscule" "Le crépuscule" achève la saga de la ville de Bergen à l'aube du XXIè siècle. Bergen et ses habitants, à travers quelques familles de notables ou d'ouvriers, a traversé le siècle au rythme des chaos de l'Histoire et des grandeurs et misères des histoires: les rides du temps se voient sur les bâtiments qui ont résisté aux incendies et à la guerre, sur l'évolution du port et de son activité, sur les nouveaux quartiers qui grandissent autour de Bergen mais surtout sur les vieux quartiers où les maisons sont en attente de démolition....un pan, des pans d'Histoire cèdent peu à peu la place à la modernité et au confort. Même dans les villages reculés, le temps adoucit les conditions de vie et de travail. Les enfants de l'après guerre reconstruisent la nation norvégienne tandis que leurs enfants écoutent avec délices la musique venue d'Amérique: le Rock'n Roll fait tourbillonner la jeunesse et les engagements politiques. La guerre froide sépare l'Europe en deux blocs, l'Ouest et l'Est, le capitalisme et le communisme. Les années 60, à Bergen, sont marquées par l'enlèvement d'une fillette Veslemoy Heggoy, retrouvée par de jeunes gens en goguette un samedi soir, perdue, grelottante, sanglotante et muette. Elle ne se souvient de rien et son mutisme est comme un refuge. Elle est suvie par une femme policier qui tente de faire émerger des oubliettes de la mémoire des indices, des bribes de ce qui lui est arrivé. Une seule certitude, Veslemoy n'a pas été violée...consolation certes mais maigre car le coupable court toujours et courra longtemps avant que la justice ne le rattrape. Un peu à l'image de l'enquête concernant le meurtre de consul Frimann (eh oui, n'oublions pas ce mystère qui ressurgit de temps à autre au cours du roman!), l'enquête sur l'enlèvement de Veslemoy est le fil conducteur du premier opus de "Crépuscule". Veslemoy, lentement, se reconstruit, retourne sur les bancs de l'école, très surveillée, n'étant jamais seule. Une nuit l'imprègne sans qu'elle puisse y mettre des mots ni trouver un chemin jusqu'au jour où, en plein cours à l'université, elle étouffe d'angoisse et se traîne pour rentrer chez elle. Veslemoy a entendu parler de psychanalyse mais n'a jamais franchi le pas: elle se contente de consulter un médecin qui lui prescrit des décontractants. Tout rentre dans l'ordre, Veslemoy devient maman et la sérénité semble être de retour. Mais c'est sans compter sur la persistance des messages de l'inconscient et leur ressurgissement au moment où l'on s'y attend le moins. Comme elle ne peut continuer à raser les murs ni à changer sans cesse d'itinéraire, elle se décide à consulter une psychiatre. Lentement elle reprendra goût à la vie, elle apprendra à affronter ses peurs et à regarder les images que son cerveau, terrorisé, avait censuré au plus profond de son insconcient. Enfin, Veslemoy aura la force nécessaire pour aller déposer son témoignage et donner enfin les indices qui permettront l'arrestation du coupable. Le dénouement de cette affaire est malgré tout bien mené ainsi que la chute qui permet de constater, une fois encore, combien les fils des vies de nos famille bergenoises sont intimement liés et tissés et combien Staalesen sait insérer, l'air de rien, des indices dans le récit qui n'apparaissent clairs que lorsque la solution arrive (oui, mais c'est bien sûr!)! Les années 80 et 90 seront pour Bergen ternies par une tragédie humaine et industrielle: la catastrophe off shore de la plate-forme pétrolière Alexander Kielland et son tragique sauvetage nocturne. La course au profit de notre nouvelle ère industrielle a fait fi de la dépense pour sécuriser les installations dites sensibles: la manne pétrolière est trop importante pour investir dans ce qui peut paraître superfétatoire....jusqu'au jour où le drame humain et les séquelles psychologiques secoue les consciences. Staalesen sait bien mettre en valeur, par son talent de conteur, les petits détails qui sont importants ainsi que les menus faits historiques qui font la société dans laquelle on évolue. Là encore, les destins croisés sont de mise: on se rappelle la brève liaison entre Ingrid et le prédicateur Peder Paulus Haga; Ingrid rencontrera au soir de sa vie sa fille qu'elle abandonna bébé. La fin des années 70 fut celles du combat des femmes pour le droit à la liberté de procréer ou non et au droit à l'avortement: les héros de la saga sont confrontés à ces débats et prennent position. Puis c'est l'accès à la fonction de pasteur pour les femmes après moult batailles et les droits à l'immigration. Enfin, les années 90 seront celles des yuppies qui amassent des fortunes en quelques heures et qui peuvent les perdre aussi vite qu'ils les ont gagnées! Et notre affaire du consul Frimann? Où en est-elle? Sera-t-elle un jour élucidée? Cécilie Brandt est devenue une vieille dame qui souhaite savoir ce qui est arrivé 100 ans plus tôt à son père. Ce drame l'a suivie toute sa vie. La famille de Christian Moland a reçu un lourd héritage: le secret de la liaison de Christian et Kristin Pedersen et les indices, concernant le meurtre de Frimann, glanés au fil du siècle. Arrive un jour entre les mains d'un détective privé les carnets de Hjalmar Brandt, époux de Cécilie, et les notes cumulées de Christian Moland et son collègue Berstad. Et si la clé se trouvait dans la maison occupée autrefois par Kristin Pedersen? Et c'est ainsi qu'en remontant le temps, Staalesen, après avoir bien baladé son lecteur au coeur de l'histoire de Bergen et de la Norvège, offre les clés du mystère à son lecteur! Ouf! Car j'ai bien cru que je ne saurai jamais le fin mot de l'histoire. Au final, dans ce roman-fleuve, on retrouve ce qui caractérise le roman nordique: l'amour défendu ( Kristin en est le catalyseur dès le début puis la relation amoureuse entre Sigrid et Friedrich ou encore les amours de Veslemoy avec le pasteur Ragnard Moland), la mémoire des familles, la trahison, le suicide (notamment celui du premier suspect et celui du comédien Robert Gade), le goût désespérant, lancinant proche de la pathologie, du secret. Ce qui peut obscurcir la vision globale du roman c'est aussi un ensemble de faits relatés comme s'ils étaient des affaires obscures élucidées de manière peu satisfaisante. Il est vrai que la vérité faite sur la disparition de Veslemoy est très embrouillée mais percutante malgré tout grâce au petit détail (le tableau seul souvenir conservé de l'ancien chalet) qui éclaire l'ensemble. Une fresque longue et palpitante malgré quelques temps morts, une oeuvre ambitieuse réussie et agréable à lire! Bref, en un mot comme en mille, je suis conquise par l'écriture de Staalesen... "Une femme dans le frigo" m'attend sur les étagères de ma bibliothèque. | |
| | | Bellonzo Sage de la littérature
Messages : 1775 Inscription le : 22/07/2008 Age : 75 Localisation : Picardie
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Dim 10 Aoû 2008 - 7:24 | |
| Je ne me suis pas encore frotté au Roman de Bergen mais voici mon avis sur l'un de ses polars.
Le privé,version nordique ou Le loup dans la bergerie. Le privé Vrag Veum mérite de rejoindre le Wallander de Mankell et le héros de l'Islandais Indridason, dont j'ai oublié le nom,devenus des célébrités dans le petit monde du norpolar(quel barbarisme). L'enquête qu'il mène dans sa Norvège natale est certes de facture classique mais bien ficelée et d'une lecture aisée. Ce roman a été publié en Norvège il y a quand même trente ans,ce qui lui donne l'avantage de ne pas crouler sous une overdose de technologie parfois fatiguante.
Dans les rues norvégiennes la filature se fait à l'ancienne dans une petite voiture discrète et toussotante. Veum sait faire la planque pendant des heures et ne roule pas sur les couronnes.L'intrigue n'est pas bouleversante d'originalité mais allez donc tuer de manière inédite de nos jours.Une villa,une maison avec une porte verte qui s'ouvre sur l'horreur,de cette horreur qui hante hélas nos quotidiens.Et l'éternelle et universelle rivalité souvent haineuse entre le flic et le privé,qui nous fait toujours un peu marrer.Humour présent aussi à travers quelques portraits de sous-fifres ou de spadassins.Au pays de Sam Spade et Philip Marlowe bienvenu à l'ami norvégien Varg Veum qui carbure raisonnablement à l'aquavit, version septentrionale de la gnôle,fidèle amie de l'enquêteur. | |
| | | Nathria Sage de la littérature
Messages : 2867 Inscription le : 18/06/2008 Age : 57
| Sujet: Re: Gunnar Staalesen [Norvège] Dim 30 Aoû 2009 - 12:17 | |
| Les chiens enterrés ne mordent pas
Varg Veum est détective privé à Bergen, en Norvège. Un homme, redevable d’une grosse somme d’argent à une espèce de parrain local, lui demande de le protéger lors de la remise de cette somme car il a une journée de retard et ne peut pas rembourser les intérêts abusifs du prêt. L’affaire faite, Varg met son client dans le train du retour et lui souhaite bonne route… Le client n’arrivera jamais à destination. Varg s’interroge et veut comprendre le pourquoi du meurtre, la société où a eu lieu le rendez-vous n’existe plus. Par ailleurs, Varg découvre une photo vieille de vingt ans où son client se trouve accompagné de trois hommes qui ont une fâcheuse tendance à disparaître l’un après l’autre.
Une enquête de Varg Veum qui nous emmène à travers Oslo (Visite et comparaison d’avec l’Oslo d’il y a vingt ans), nous explique ce pourquoi c’est Oslo qui a été choisie pour capitale malgré le fort potentiel de Bergen et nous dépeint la population ainsi que son mode de vie.
Extraits :
P200 : « Un baiser, c’est la caresse la plus intime qui soit. Faire se rencontrer des organes génitaux, c’est à la portée de n’importe quel animal. Le baiser, c’est la lettre de noblesse de l’être humain. Après, tout se vaut. Quand on a embrassé une femme, on n’a pas besoin de coucher avec elle. On porte sa bannière sur son armure pendant tout le reste du tournoi. »
P266 : « Je bus une gorgée de mon verre. Les écossais ont le don d’extraire le miel de l’eau des marais et de l’épicer par une fermentation assez longue. Le whisky s’étala comme de la bruyère sur ma langue, une lande dans la brise d’une fin de journée d’automne ; seuls les glaçons rappelaient le mois de novembre. »
P317 : « De grandes villes réduites à n’être que des machines à circulation le jour et des arènes pour combat de nuit. Des jeunes qui dorment dans des containers et des cages d’escaliers parce que leurs parents se droguent, sont beurrés et ne vivent de toute façon plus ensemble. Des singes rasés qui répètent le salut hitlérien en enquiquinant les étrangers et en criant « Juif ! Juif ! » aux vieilles dames. Pendant que nous, qui avons survécu, quittons les villes aussi vite que nous le pouvons, l’après-midi, pour retrouver nos maisons planquées derrière une haie, avec un petit jardin en pente douce vers la rivière. Et là, on se sert un verre, on se sert autour du feu de camp de toutes nos chaînes de télé, on choisit l’un de ces cent jeux à fric qu’on nous propose en nous berçant de la certitude que ce que nous ne voyons pas, nous ne l’avons pas vu, ce que nous ne savons pas ne peut pas nous nuire, et ce que nous n’entendons pas… En bref : la nouvelle fracture sociale. »
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