États-Unis d'Amérique. Moyenne ville (Athens, Géorgie. Ville où le réalisateur a grandi). Des lycéens.
Sutter Keely est un mec cool, drôle, sociable. Il aime faire la fête, se marrer, et sa petite copine.
C'est un bon gars (il étudie raisonnablement, a un boulot, de bons rapports avec sa mère, sait "amuser la galerie"), un bon pote (il aide son freluquet de copain à avoir sa première petite amie, tout en restant hypra discret), un bon petit ami (complice, proche, amoureux et fidèle).
Puis, PatraTrac.
Sur un malentendu sa copine le laisse tomber (ça arrive brutalement, avec un chouia d'incohérence - la meuf qui fait tout un drame sans écouter l'explication - mais ça a une justification au milieu du film). Il essaye deux minutes de la récupérer (confiant, il se bourre la gueule, va à une soirée, la voit avec un autre type, et lui balance plein de débilités), ça foire, il décide de passer à autre chose.
Un drôle de situation fait qu'il apprend à connaître Aimee Finicky (chouette nom !).
Aimee : la fille bosseuse, timide, rangée, mais gentille et sympa. Genre insignifiante et transparente.
Entre un faux prétexte et le temps pour, ils vont se voir de plus en plus.
Love Story en marche.
Et ça marche !
Chouette film.
Acteurs aux gueules ahurissantes : y'en a pas un de "beau", ils sont tellement normaux, au début on pense à une sale erreur de casting, puis on s'habitue, puis plus on les connaît plus on leur trouve du charme, le petit truc, l'étincelle.
Force du film : fond et forme se collent sur le dépassement des apparences.
Simplicité et justesse totales des dialogues et des situations.
Peut-être, aller, des trucs pas crédibles dans le scénario : aucun vrai "drame", sans que ce soit léger, les choses même dégueulasses sont comme encaissées et acceptées. Troublant. En même temps, ça change. D'habitude, par exemple, quand John laisse tomber Ginger, c'est larmes de crocodiles, ivrognerie, conneries sur conneries. Là, des choses durs à prendre en pleine face mais... prises la tête haute.
Un film au regard intelligent sur plein d'aspects de la vie d'ado, sans traîner dessus (on pourrait encore trouver que c'est traité avec trop de légèreté, mais c'est une pudeur qui fait du bien, pas de tire-larme, tout en gardant l'émotion. Après, vois qui veut voir) : l'alcoolisme, el trauma des enfants par rapport à leurs parents (le poids que ceux-ci font peser sur leurs enfants), des parents qui foirent (la peur de leur ressembler), d'autres qui s'en sortent, la petite faille parfois tellement difficile à franchir entre l'adolescence et l'âge adulte, les fêtes toutes simples (ça ne croule pas sous dix milles tonnes d'alcool, pas d'exubérance, une fête quoi), l'image qu'on se trimballe, la confiance en l'autre, la confiance en soi, les défis personnels, les rêves, les peurs.
Et le film dégage une douceur pendant les 3/4 de sa durée vraiment agréable. Tellement smooth qu'on a envie d'aller leur tenir la main aux deux, et de les suivre en virée, d'être leur poto.
La réalisation a la force de sa discrétion. Pas de plan à se rouler parterre, mais une justesse dans le ton, le montage, le rythme, la place des gens dans le paysage, les décors, qui fait qu'on y croit très vite, et qu'on s'y sent très vite à l'aise.
Bon, niveau scénario... faut pas en demander 10 millions. Rien d'original, c'est pas mal cousu de fils blancs et on n'a pas de grande surprise (si ce n'est cette absence de mélodramatisation, ce qui est en soi assez énorme !), mais ça colle un doux sourire sur les lèvres. Ce film, jusqu'à, la fin est truffé de scènes qu'on attend, qu'on espère, et qu'on est heureux de voir se faire comme on s'y attendait.
Une tellement bonne surprise qui fait du bien.