ANNA ET MARTHATexte de Dea Loher (Traduction de l’allemand par Laurent Muhleisen)
Mise en scène Robert Cantarella
Avec Catherine Hiegel, Catherine Ferran, Nicolas Maury et Valérie Vivier.
On est dans ce qui pourrait être le sous-sol d’une maison. Au centre de l’espace deux vieilles femmes sont assises, Anna et Martha, respectivement couturière et cuisinière de Madame dont il sera sujet tout au long de la pièce et qu’on ne verra pas. Et pour cause !
A côté des deux femmes, un congélateur ronronne, donnant des signes de faiblesse qui les alarment. Car Madame se trouve à l’intérieur. Et la vie des ces « bonnes » (on pense au texte de Genet bien sûr) est suspendue au fait que cette situation puisse perdurer. Sinon, que feraient-elles ? Madame, congelée en ce lieu, c’est mieux que
plus de Madame du tout, car toute leur existence a été depuis toujours conditionnée par leur travail pour cette femme. Elle les a humiliées, elles la haïssent, mais elles ne sauraient se passer d’elle.
Alors elles font comme si…Et la vie continue… Elles parlent, sans arrêt, et ce qu’elles se disent nous fait revivre leur douloureux passé.
Mais plutôt que la tristesse c’est la haine et la violence qui habitent leurs mots et leurs comportements. Ces deux-là sont dures.
Elles se vengent sur une jeune bonne, Xana, venue d’un pays de l’Est, sans papiers, engagée au noir pour faire les basses besognes.
Cette dernière, touchante de fragilité, de candeur et d’espoir est interprétée par Valérie Vivier, comédienne permanente du CDN Le Fracas à Montluçon.
Et qui pouvait mieux interpréter les deux « vieilles » en duo que Catherine Hiegel et Catherine Ferran ? Remarquable performance de ces deux grandes dames du théâtre français. Tout passe dans leur jeu, du plus drôle au plus dramatique, de la violence à la douceur, de la puissance à la fragilité.
Côté jardin de la scène, le garage. La voiture de Madame y est couverte d’une bâche. Et dans cet espace, un homme-chien, oui, un homme-chien! Il faut accepter ce personnage-là qui n’est pas réaliste certes contrairement à tout le reste, mais qui possède une puissance onirique et dramatique bouleversante.
Waouh…Nicolas Maury, sa gestuelle mais surtout ce qu’il dit, de sa voix sensible et avec son phrasé si particulier m’a menée au bord des larmes.
* Photos du spectacle: Christophe Brachet – à Le Fracas, CDN de Montluçon/Auvergne.
C’est un grand moment de théâtre que cette pièce de Dea Loher mise en scène par Robert Cantarella. Elle conjugue différentes formes de théâtre, du réalisme au fantastique, à l’onirique, à l’épopée, de l’humour au drame.
Création et tournée :
Mardi 14, mercredi 15 et jeudi 16 janvier 2014 au CDN Le fracas de Montluçon
Jeudi 13 et vendredi 14 février au CDN de Nice
Jeudi 20 février à la scène nationale Evreux-Louviers
du Mardi 4 mars au jeudi 13 mars au Théâtre 71 de Malakoff