Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Paul Rebeyrolle

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Comus
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MessageSujet: Paul Rebeyrolle   Paul Rebeyrolle EmptyDim 26 Jan 2014 - 13:53

Paul Rebeyrolle

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Paul Rebeyrolle, né le 3 novembre 1926 à Eymoutiers (Haute-Vienne) et mort le 7 février 2005 à Boudreville (Côte-d'Or), est un peintre français de tendances naturaliste, expressionniste et matiériste.
Paul Rebeyrolle est atteint dans son plus jeune âge d’une maladie osseuse qui l’oblige à l’immobilité, et passe son enfance et son adolescence à dessiner. Il étudie à Limoges avant de rejoindre Paris à la Libération. Il sait déjà qu’il veut devenir peintre.
Homme de liberté et d’indépendance, Rebeyrolle se forme seul, en s’imprégnant de l’art des anciens, loin de toute école.
Il n'a pas fait les Beaux-Arts. Il n'a été l'élève d'aucun peintre. Il s'est construit tout seul, comme il dit. Mais, d'entrée de jeu, il s'est senti en communion avec Rouault, Picasso et Soutine, avant d'accomplir son éducation artistique, des années durant, en passant ses après-midi au musée du Louvre, devant les toiles des grands maîtres : Goya, bien sûr (« J'adore son goût du paroxysme »), mais aussi, dans le désordre, Zurbarán (« C'est au-dessus de tout ce qu'on peut espérer dans la peinture »), le Caravage (« Il peint les bras et les cuisses comme s'il couchait avec »), Delacroix (« J'aime ses délires et ses dos de femme »). Sans parler de Courbet, ou Géricault.  
A l’époque où triomphe l’abstraction gémoétrique, puis lyrique, le peintre se concentre sur une peinture figurative expressionniste, d’un réalisme cru. Sa première exposition personnelle a lieu en 1951.
Dès 1963 Rebeyrolle quitte le microcosme parisien pour installer son atelier en Bourgogne, dans la nature, dont il s’inspire puissamment pour des scènes animalières ou des paysages.
Membre du parti communiste français à partir de 1953, Rebeyrolle rompt avec ce dernier en 1956 lors de l'invasion russe en Hongrie.

En 1959, à 33 ans, il exécute à Eymoutiers Planchemouton, un grand tableau commandé par le comité de la Première Biennale de Paris, pour orner l'escalier du Palais des Beaux-arts. En 1963, il quitte Paris et s'installe à la campagne pour y vivre et y travailler, d'abord dans l'Aube puis en Côte d'Or.

À partir de 1968, il commence un cycle de séries souvent définies par le terme de « politique », que l'on peut énumérer par leurs titres1:
1968 « Guérilleros »
1970 « Coexistences »
1972 « Les Prisonniers »
1973 « Faillite de la Science Bourgeoise »
1975 « Natures mortes et Pouvoir »
1980-1982 « Les Évasions manquées »
1983 « Le Sac de Madame Tellikjian »
1984-1985 « On dit qu'ils ont la rage »
1986 « Germinal »
1987 « Au Royaume des aveugles »
1990-1991 « Les Panthéons »
1993 « Splendeur de la Vérité »
...

Citation :
Quand on lui demande les raisons de sa colère, il répond : « Je pense que nous vivons une époque particulièrement tragique.
- L'Histoire n'a-t-elle pas toujours été tragique ?
- Sans doute. Mais la condition humaine ne s'arrange pas, au contraire. Nous vivons dans une société autophage où nous passons notre temps à nous bouffer les uns les autres, au nom du pouvoir et de l'argent.
- Allons, il y a d'autres choses qui font courir l'homme. L'art, par exemple.
- Vous rigolez ? Aujourd'hui, une toile est un investissement financier, un nouveau mode de spéculation. Ça pervertit tout. C'est pourquoi j'évite les marchands. Ils n'achètent que pour revendre et faire leur culbute. »
Moraliste, Rebeyrolle ? L'ancien communiste s'insurge contre cette image. Il se considère comme « un peintre naturaliste qui aime la vie et les gens » . Il reconnaît bien volontiers son goût de la provocation et de la dénonciation, qui est sa marque de fabrique. Mais il revendique, aussi, « un amour forcené de la nature, de la matière, des bêtes et des personnes ».
Son œuvre, immense, toujours figurative, est marquée par la violence, la rage, la révolte face à l'oppression ou l'engagement politique. Elle est ponctuée de tableaux animaliers et paysagers, ainsi que de tableaux employant des matières collées sur la toile (terre, crin, ferraille...).
Peu médiatisée de son vivant, méconnue du grand public ainsi que de certaines institutions, cette œuvre a néanmoins été appréciée par les philosophes Jean-Paul Sartre ou Michel Foucault ainsi que par certains collectionneurs, tel François Pinault.
En 1979, Rebeyrolle eut droit à une rétrospective au Grand Palais, à Paris, et, en 2000, à la Fondation Maeght.
Paul Rebeyrolle est mort le 7 février 2005 dans son atelier bourguignon, à l’âge de 78 ans.

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Implosion No III
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Nu Aux Ecchymoses (Série les évasions manquées)
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Homme Saignant du nez
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La Liberté Perdue
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Les animaux malades de l'eugenisme (1)
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Les animaux malades de l'eugenisme (2)
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Informations, les Nouvelles (série Clones)
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LE CENTRE PAUL REBEYROLLES EN BOURGOGNE
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Didier Sicard a écrit:
Paul Rebeyrolle ne s'attend pas à des exclamations louangeuses immédiates de la part de ceux qui regardent sa peinture. Il ne peint pas pour reposer l'oeil ou simplement le faire jouir. Son pinceau ne cherche pas la touche qui fera pâmer. Il n'est pas un peintre du « temps libre », car son art n'est pas fait seulement pour l'oeil. Il sollicite avec vigueur la pensée et en particulier la réflexion sur la condition humaine.A friser le malaise. Le cerveau n'aime pas être confronté à sa vérité, à la vérité de l' humanité. Il passe son temps à contourner, à se réfugier dans la transcendance, peut être même plus que jamais. Car la trivialité du corps blesse sa conscience. La mort à l'oeuvre dans la vie est obscène. Mais peut-être faut-il descendre dans la mine très profondément pour chercher des diamants. Ceux-ci ne scintillent pas sur les autoroutes du conformisme. Pourquoi faut-il aller si loin pour révéler son humanitè à l'homme ? Parce que tout est fait dans notre monde pour éluder, gommer, marquer, tromper la pensée. Le corps est soumis à la pesanteur. L'esprit non, ou plutôt le croit-il, en pensant se debarrasser du corps. Ne serait-ce pas le contraire ? En acceptant notre matière organique comme le fondement même de notre pensée, en acceptant notre pauvre peau tannée par les ans, nos viscères si merveilleusement dévoués à notre pulsion vitale pourtant si inconsciente de sa machinerie, nos articulations qui grincent comme un vieux bateau prêt à reprendre la mer. Bref en acceptant notre animalité.
Quel rapport avec les clones demande le lecteur agacé, dans cette façon d'asséner des vérités bien désagréables à entendre ? Simplement un rapport de lucidité. Nous avons poussé des cris d'orfraie à l'annonce du projet d'enfantement par clonage. Chacun a rivalisé dans ses références à l'humain, d'insulte à la personne, de « crime cont l'humanité », de blessure du divin, etc...
Et si tout ce tintamarre n'arrivait pas trop tard ? Que le clonage soit possible ou non techniquement chez l'homme (je reste bien sceptique sur le sujet), la question se pose beaucoup plus en amont. Le jour où Dolly est née, il était peut être plus urgent de crier, de dire que l'on ne clone pas un mammifère, parce que nous sommes des mammifères. Un tel mépris de l'animal nous prépare au mépris de l'humain. L'exploit nous aveugle, instrumentalise l'animal à ce point d'en faire un produit conforme et nous prépare à notre propre instrumentalisation. Et Paul Rebeyrolle nous plaque le visage sur cette réalité d'un monde asexué, qui ne communique plus que par ses viscères. Les sexes sont vains. Ils n'enfantent plus. Ils ne servent plus au plaisir. L'humanité se reproduit comme des poulets sous l'éclairage livide d'une ampoule à faire éclore, (les oeufs humains sont de plus en plus sommés d'éclore sous rayonnement laser). Cette oeuvre ne parle pas d'une humanité insolite. Elle parle de nous mêmes avec cette violence nécessaire à la gravité des enjeux.
Il est étrange de regarder comment cette peinture est faite. On ne comprend pas comment le pinceau peut faire émerger une forme. C'est très mystérieux. Simplement peut être en canalisant le flux de la pensée, en étant au service du fonctionnement neuronal. La main si proche du cerveau, comme ces mots d'un poème court-circuitent tout raisonnement logique. L'oeuvre de Rebeyrolle n'est pas faite pour les tièdes ou les « amateurs d'art ». Elle existe pour ceux qui veulent comprendre ce qu'est notre monde pour mieux le surmonter. La lucidité rageuse avec laquelle Paul Rebeyrolle taille dans la chair avec une peinture aussi étrangement sensuelle, organique, violente et minérale, suscite autant d'effroi que d'interrogations fascinantes. Car les tableaux nous regardent dans leur générosité et leur détresse, comme le Saturne de Goya continue d'impressionner notre mémoire par sa cruelle et implacable dévoration du temps.
Ses œuvres sont dévorantes. Les rapports entre humains n'existent plus, sinon par leur dévoration mutuelle. Cette autophagie d'êtres lémuriens seuls ou à deux ou trois (poussant à son comble le malentendu de la relation), animée de peinture blanche, blafarde, rougie par le sang rappelle l'inanité même de ce narcissisme mortel. La consommation ventilatoire du temps présent qui disperse sans fin toutes les informations comme autant de molécules d'air, sans cesse effacées par le flux neutre et indifférent du tournoiement électrique des palettes, est exprimée par la place des mesures et de l'appaneil qui remplace la conscience. Le ventilateur convoque l'humanité à son bourdonnement. Sans ventilateur, l'humanité meurt comme durant la canicule 2003... Le totem ventile. Il ne dit plus rien. Le vent est la nouvelle réalité du monde («l'information »). l'ampoule est l'origine de la vie (« en couveuse »). Cette virtualité jubilatoire permet le discours sur l'apparente maîtrise du monde. Le futur sera ce que nous voulons avec cette terrifiante naïveté du bricolage du vivant qui fait surgir tout, sauf l'harmonie du monde (« les animaux malades de l'eugénisme ») : l'union de la carpe et du lapin dans un accouplement vain ne rend simplement que plus visible et terrifiant notre machine à outil qui refuse les limites (« le mariage de la carpe et du lapin »). C'est le blanc porcelaine qui dit la mort, comme dans la plupart des cultures du monde, le livide qui maintient la forme ; le rose, le mauve et le vert disent la violence à l'oeuvre. L'œuvre de Paul Rebeyrolle nous oblige à pénétrer dans cet univers que nous ne voulons pas voir; dans ces ténèbres des pires cauchemars. Le miracle de cette peinture, c'est le rejet-passion qu'elle suscite, comme si en traversant les apparences, la beauté qu'elle fait entrevoir se méritait ; c'est celle de la grande peinture, de la vraie, de celle qui nous met face à nous-mêmes.
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MessageSujet: Re: Paul Rebeyrolle   Paul Rebeyrolle EmptyDim 26 Jan 2014 - 17:15

tu en as vus en vrai ?

ça a l'air impressionnant.

après quelques hésitations mon esprit raccroche aussi avec Tuymans (nettement moins charnel cependant et dont je n'ai jamais rien vu en vrai).
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Comus
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MessageSujet: Re: Paul Rebeyrolle   Paul Rebeyrolle EmptyDim 26 Jan 2014 - 17:33

Non, je n'ai pas eu la chance de voir ses toiles de près (je n'habite pas en Bourgogne).
Quant à Luc Tuymans, je ne connais pas.
Rebeyrolles, je le rapproche plutôt de Bacon, et lui je l'ai vu en vrai au centre Pompidou, vraiment impressionnantes ses toiles sous verre grandeur nature. Je suis resté scotché.
Rebeyrolle travaille sur de plus petits formats, si je ne me trompe pas.
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MessageSujet: Re: Paul Rebeyrolle   Paul Rebeyrolle EmptyDim 26 Jan 2014 - 19:37

le fantomatique, l'inquiétant, le mal défini... et puis je focalise sur les faïences des suicides.

pas grand chose sur le fil Luc Tuymans () mais ça persiste dans certaines sensations et pas seulement parce que j'ai la tranche du Relevé de la mort sous les yeux quand je m'endors.

nous aurons peut-être l'occasion de reparler de l'un ou de l'autre.
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