Riad Sattouf

Au départ, rien ne m'attirait dans Les beaux gosses, et surtout pas son thème. Les films d'ados, j'ai déjà donné et la plupart me donnent des boutons. Les élogieuses critiques ont tout de même titillé ma curiosité et...au bout du compte, je suis conquis !


Tout le monde en dit du bien et tout le monde a raison. Oubliez vos préventions contre les teen movies, souvent trop gras ou à l'inverse bien insipides (LOL), et courez voir Les beaux gosses de Riad Sattouf, qui, sans dynamiter le genre, le nettoie du sol au plafond. D'où vient cette réussite, alors que tant de cinéastes se cassent les dents sur ce type de films hyper codifiés ? De l'expérience de Sattouf en tant qu'auteur de BD, qui sait dire l'essentiel en deux plans, trois mouvements, sans s'attarder outre mesure. Les clichés (peau grasse, fantasmes adolescents, masturbation compulsive, opposition aux adultes, aliénation de l'école), il les transcende avec volupté via un dialogue décalé (souvent hilarant) et un montage diabolique qui ignore les temps morts. Interprétation al dente des ados et composition délectable des parents ou des profs : ce Bienvenue dans l'âge ingrat, réaliste et poétique à la fois, est la jolie surprise du cinéma français de ce printemps. Film culte en vue....

Les beaux gosses

Mmmmouais! Très franchement je ne comprends pas le délire critique sur ce film. Sympa, souvent rigolo et ultra caricatural. On le présente comme un truc super nouveau avec un regard lucide sur l'ingratitude et la maladresse de l'adolescence boutonneuse et cruelle... Franchement j'ai ri bien davantage avec "Du poil sous les roses" en 2000 qui jouait la carte du prisme déformant à fond en racontant un peu la même chose mais avec plus d'invention et de drôlerie dans les situations. Idem chez Doillon avec Le Jeune Werther... Il y a quelques bons moments et d'autres nettement plus faibles, comme la scène du jeu de rôles, qui rompent le rythme. Un plus pour Noémie Lovsky qui est toujours excellente et le jeune acteur principal qui ne tombe pas dans le travers du gentil maladroit au grand coeur. Il sait être aussi parfaitement antipathique. La poésie je ne l'ai pas beaucoup trouvée...

Il faut dire que j'ai vu dans la même journée Tokyo Sonata et que c'est le grand écart.

Jacky au royaume des filles

Citation :

En république démocratique et populaire de Bubunne, les femmes ont le pouvoir, commandent et font la guerre, et les hommes portent le voile et s’occupent de leur foyer. Parmi eux, Jacky, un garçon de vingt ans, a le même fantasme inaccessible que tous les célibataires de son pays : épouser la Colonelle, fille de la dictatrice, et avoir plein de petites filles avec elle. Mais quand la Générale décide enfin d’organiser un grand bal pour trouver un mari à sa fille, les choses empirent pour Jacky : maltraité par sa belle-famille, il voit son rêve peu à peu lui échapper...

Riad Sattouf a le mérite de prendre des risques mais le film ne trouve jamais son équilibre : entre la comédie pure, la satire politico-religieuse et le principe poussé à l'extrême de l'inversion sexuelle (jusque dans le langage), Jacky au royaume des filles effleure toujours ses sujets. Le scénario montre bien vite ses limites et ne tient que par l'enchaînement mécanique des rebondissement, frôlant le non-sens et l'insignifiance. Si la tentative de bousculer des stéréotypes est louable, le résultat est largement décevant à force d'hésitations et d'inconsistance. L'utilisation de symboles (voile, icônes, drapeaux) renvoyant aux excès des régimes reste alors une coquille vide au milieu d'un décor qui ne se prend jamais au sérieux.