Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 José Emilio Pacheco [Mexique]

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eXPie
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MessageSujet: José Emilio Pacheco [Mexique]   José Emilio Pacheco [Mexique] EmptyDim 16 Fév 2014 - 21:58

José Emilio Pacheco
(Mexico, 30/06/1939 - Mexico, 26/01/2014)

José Emilio Pacheco [Mexique] Pachec10
José Emilio Pacheco en 1989, photo de Rogelio Cuéllar.


"José Emilio Pacheco est un écrivain, poète, essayiste et traducteur mexicain ainsi qu'un scénariste de cinéma. Spécialiste de la littérature mexicaine du XIXe siècle et de Jorge Luis Borges, il a enseigné dans de nombreuses universités (l'Université nationale autonome du Mexique, l'Université du Maryland, l'Université d'Essex, et quelques autres aux États-Unis, au Canada ou au Royaume-Uni) et a dirigé la Bibliothèque Universitaire de l'UNAM.

Il a reçu le prix Cervantes en 2009.
" (Wikipedia)
Il a également reçu le prix Octavio Paz en 2003 et, en 2004, le prix Pablo Neruda.

Il est considéré comme l'un des poètes mexicains les plus importants de la deuxième moitié du XX° siècle.

Il a écrit plusieurs scénarios pour Arturo Ripstein : Le château de la pureté (1973), El santo oficio (197), El lugar sin límites (1978).


Dernière édition par eXPie le Dim 16 Fév 2014 - 21:59, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: José Emilio Pacheco [Mexique]   José Emilio Pacheco [Mexique] EmptyDim 16 Fév 2014 - 21:58

José Emilio Pacheco [Mexique] Pachec11
En couverture : Combas, Le Pianiste, 1987.
- La Lune décapitée (El viento distante, 1963-1969). Nouvelles traduites de l'espagnol (Mexique) et préfacées par Gérard de Cortanze. 120 pages.
"[...] ses récits écrits entre 1958 et 1965 nous permettent d'appréhender le travail de l'écrivain « de l'intérieur » - sur une période de onze ans l'écriture change - et de nous livrer une approche féconde d'un des thèmes majeurs de Pacheco : celui de l'enfance." (Gérard de Cortanze, introduction, page 15).
Le recueil commence par une citation de Henry James : "I have the imagination of disaster - and see life as ferocious and sinister".

Le Parc (8 pages) est la première nouvelle :
Citation :
"- Ne mange pas si tu n'as pas envie. Mais après, je ne te permettrai pas d'aller fouiller dans le réfrigérateur.
Tante Florencia enleva l'assiette. Arturo but quelques gorgées de lait froid. Avec ses doigts il enleva les miettes qui étaient restées sur la nappe.
Il allait bientôt avoir neuf ans et le monde pour lui se réduisait à Florencia, à cette maison à un étage, à la chatte qui refusait de se laisser caresser et qui venait de tuer sa dernière portée, à l'école Juan A. Mateos, à Rafael Molina, son camarade, qui l'accompagnait au cinéma et à la pêche à la grenouille dans le parc." (pages 23-24).
Voici l'heure de se coucher.
Citation :
"La chatte sauta sur l'édredon et vint se blottir entre les oreillers. Puis Florencia embrassa Arturo et reprit doucement la chatte.
L'enfant en éprouva du dégoût et eut peur que les poils gris, brillants sur la blancheur immaculée des draps, ne pénètrent dans sa bouche et ne se faufilent jusqu'à ses poumons. Cette chatte est horrible. Je ne comprends pas pourquoi tante Florencia l'aime autant." (page 25).
Une très bonne nouvelle, réaliste et cruelle.

La nouvelle suivante, Après-midi d'août, n'est pas mal non plus, légèrement expérimentale avec quelques retours à la ligne peu habituels.

La troisième nouvelle, Le Vent distant, a une fin très bizarre.

Puis vient Parc d'attractions, nouvelle composite qui flirte avec le fantastique, avec un soupçon de Borges (pour la fin, surtout).
Voici un passage dans lequel une maîtresse d'école entre dans le jardin botanique du parc d'attractions à la tête d'une file d'élèves :
Citation :
"La jeune femme appelle les policiers par leur nom, puis, d'une voix affectant l'autorité elle ordonne aux enfants de s'aligner puis demande aux élèves Zamora et Lainez de faire un pas en avant. La maîtresse leur rappelle leur mauvaise conduite, leur manque d'intérêt pour les études [...]. La séance se poursuit et la maîtresse tire les enfants par l'oreille. Sourde à leurs hurlements, encouragée par les applaudissements et l'approbation des autres et l'attitude passive des gardiens, elle approche Lainez et Zamora de la tentacule d'une plante carnivore. Celle-ci les engloutit et, évidemment, commence sa succion. Bientôt, on ne voit plus que la tige qui enfle, et les féroces mouvements péristaltiques : on devine l'asphyxie, le travail de l'acide, la dissolution vorace des os. La maîtresse - résignée, lasse - fait enfin la leçon de botanique in vivo et explique à ses élèves en quoi le fonctionnement des plantes carnivores se rapproche de l'action digestive d'un boa constrictor." (pages 42-43).
C'est curieux, un peu cauchemardesque, assez original.

La nouvelle qui suit, la Captive, est plus classique, mais pas mauvaise.

Les deux nouvelles suivantes (Le Château et Achéron) ont une construction similaire, qui était déjà celle d'Après-midi d'août : une fin dans laquelle le protagoniste principal, après de grands espoirs, ressent de la honte.

On est à la page 66, c'est-à-dire en gros à la moitié du recueil.

Et c'est là que ça se gâte vraiment. La Reine m'a ennuyé un peu comme Moralités Légendaires (de Laforgue) : 12 pages interminables.

Puis La Lune décapitée : il doit me manquer pas mal de références de l'histoire mexicaine pour la comprendre.

Tu ne comprendras pas est une métaphore un peu trop évidente sur les rapports de violence entre les hommes ; Civilisation et barbarie mixe les époques de violence jusqu'à les fusionner ; Quelque chose dans l'obscurité montre un voisinage qui a du mal à accepter les nouveaux arrivants ; dans Jéricho, là encore on a le rapport animaux/hommes (mais bon, elle ne fait que 2 pages).


Les nouvelles du recueil mettent en scène la violence des hommes à travers des courts textes où le réel finit souvent par devenir légèrement absurde. Souvent, Pacheco prend une situation et la transpose, de sorte d'en faire ressortir l'horreur (que l'on ne ressentirait pas aussi fortement sinon, du fait que nous y sommes habitués) : animaux/hommes, ou bien monde de l'enfance/monde des adultes, ou encore situation du passé/situation actuelle (Civilisation et barbarie).

Le grand nombre de nouvelles (13 qui occupent 100 pages au total), et leur faible pagination font qu'on ressent un petit côté répétitif à la limite du procédé, un manque de matière. Il ne faudrait conserver que les premières nouvelles du recueil et, si on ne devait en garder qu'une, ce serait la première, Le Parc, qui est finalement à part.

Peut-être devrais-je tenter un roman (Batailles dans le désert ou Tu mourras ailleurs).
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